Crise ivoirienne, envois de fonds et pauvreté au Burkina Faso - article ; n°183 ; vol.46, pg 651-673
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Tiers-Monde - Année 2005 - Volume 46 - Numéro 183 - Pages 651-673
Jean-Pierre Lachaud — The horion crisis, remittances and poverty in Burkina Faso Based on the data of household surveys in Burkina Faso, the study shows a fall and a new relative distribution of the remittances from Ivory Coast during the period 1998-2003. Whereas more than half of the households getting transfers benefited from redistribution from Ivory Coast in 1998, they were no more than a quarter in 2003. The study suggests a significant relation between the decline of remittances from Ivory Coast and the rise of national poverty, especially transient poverty, during the same period.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Pierre Lachaud
Crise ivoirienne, envois de fonds et pauvreté au Burkina Faso
In: Tiers-Monde. 2005, tome 46 n°183. pp. 651-673.
Abstract
Jean-Pierre Lachaud — The horion crisis, remittances and poverty in Burkina Faso Based on the data of household surveys in
Burkina Faso, the study shows a fall and a new relative distribution of the remittances from Ivory Coast during the period 1998-
2003. Whereas more than half of the households getting transfers benefited from redistribution from Ivory Coast in 1998, they
were no more than a quarter in 2003. The study suggests a significant relation between the decline of remittances from Ivory
Coast and the rise of national poverty, especially transient poverty, during the same period.
Citer ce document / Cite this document :
Lachaud Jean Pierre. Crise ivoirienne, envois de fonds et pauvreté au Burkina Faso. In: Tiers-Monde. 2005, tome 46 n°183. pp.
651-673.
doi : 10.3406/tiers.2005.5598
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2005_num_46_183_5598CRISE IVOIRIENNE,
ENVOIS DE FONDS ET PAUVRETÉ
AU BURKINA FASO
par Jean-Pierre Lachaud*
À l'aide des enquêtes prioritaires du Burkina Faso, l'étude montre
une baisse et une nouvelle distribution relative des envois de fonds de
Côte-d 'Ivoire au cours de la période 1998-2003. En effet, alors que plus
de la moitié des ménages ayant des transferts bénéficiaient d'une redis
tribution en provenance de Côte-d'IvoIre en 1998, ils n'étaient plus que le
quart en 2003. En même temps, l'étude suggère une relation significative
entre le déclin des envois de fonds de Côte-d'Ivoire et la hausse de la
pauvreté nationale au cours de la période, notamment en ce qui concerne
la pauvreté transitoire.
Les mouvements de population, internes ou externes, constituent
une dimension majeure des transformations structurelles inhérentes au
processus de développement, compte tenu de l'impact escompté en te
rmes de bien-être. En effet, la théorie du capital humain considère la
migration comme « un investissement augmentant la productivité des
ressources humaines » (Sjaastad, 1962, p. 83), une idée implicite au
«processus de Kuznets». En même temps, les effets en termes de
croissance économique, de bien-être et d'équité des envois de fonds,
engendrés par les migrations internationales, sont fréquemment mis en
évidence (Ratha, 2003)1, bien que l'évaluation du rôle des transferts
dans le cheminement du développement conduise à des conclusions
théoriques et empiriques contrastées (Stark, Taylor, Yitzhaki, 1986 ;
Adams, 1989, 1991, 1993 ; Hoddinott, 1994 ; Barham, Boucher, 1998 ;
Lachaud, 1999, 2000 ; Adams, Page, 2003 ; Suro, 2003). De plus, les
* Professeur, directeur du Centre d'économie du développement (Membre de TiFReDE-GRES), Univ
ersité Montesquieu-Bordeaux IV (France).
1. En 2002, les envois de fonds des migrants des pays en développement représentaient environ
l'équivalent de l'aide publique au développement, soit 80 milliards de dollars.
Revue Tiers Monde, t. XLVI, n° 183, juillet-septembre 2005 652 Jean-Pierre Lachaud
migrations internationales représentent une composante du processus
d'intégration des économies, et les pays en développement ont récem
ment souhaité une libéralisation du mouvement transfrontalier et tem
poraire des personnes physiques (ocde, 2001 ; Mattoo, Carzaniga,
2003). Ainsi, le fort courant d'émigration de certains pays d'Afrique
subsaharienne - Burkina Faso, Mali, Niger, Nigeria - vers les pays
voisins ou industrialisés - Côte-d'Ivoire, Ghana, et Europe - a permis,
jusqu'à une époque récente, de contenir une croissance démographique
rapide, tout en assurant à ces pays des ressources financières import
antes (Sander, Maimbo, 2003).
Or, en Afrique subsaharienne, la « crise ivoirienne » a perturbé ce
processus d'intégration. En effet, depuis une dizaine d'années, la Côte-
d'Ivoire, premier pays d'immigration en Afrique de l'Ouest - 26%
d'étrangers en 1998 -, connaît une crise politique, économique et
sociale sans précédent au cours de son histoire. La réduction des mar
ges de manœuvre du modèle fondé sur la distribution de la rente agri
cole, consécutivement aux chocs externes et à la mise en œuvre des
programmes d'ajustement structurel, ainsi que les dysfonctionnements
des institutions politiques1 - accentuant la mauvaise gouvernance -,
ont engendré une déstabilisation politique et économique du pays2.
Cette situation a conduit à la partition géographique de ce dernier et à
un renforcement du conflit entre le Nord et le Sud3, encore latent
en 2005, malgré les tentatives d'adaptations institutionnelles et de
réconciliation nationale en 2004. À cet égard, le pib par tête a diminué
annuellement de 0,2 % au cours de la période 1993-2003 - respective
ment, — 3,6 et 5,6 % en 2002 et 20034.
Ce contexte, cristallisé par l'idéologie d'exclusion politique et une
recrudescence du nationalisme5, notamment vis-à-vis des ressortissants
du Nord, a conduit à une forte inversion des flux migratoires et à une
réduction des transferts privés internationaux dans les pays limitro
phes, une situation susceptible d'avoir un fort impact sur le niveau de
bien-être des populations. Tel est le cas du Burkina Faso, où, malgré
un fort taux de croissance économique annuel - estimé à 4,4%
1 . La promotion du concept ď « ivoirité », révélatrice de la montée du nationalisme, et les modalités
des différentes transitions politico-militaires ont révélé la fragilité des institutions politiques.
2. Les événements des 24-26 octobre 2000 - à Abidjan et dans l'ensemble du pays -, et les incidents
des 4 et 5 décembre de la même année ont entraîné de nombreuses exactions. Nations Unies (2001).
3. Les de septembre 2002 ont conduit à la partition entre le Nord,
soutenu par les « rebelles », et le Sud, rattaché au pouvoir. Sur la crise ivoirienne, voir le n° 89 de 2003 de
Politique africaine.
4. World Bank (2004). S'agissant des perspectives 2005-2006, voir AFD/DIAL (2005).
5. Le nationalisme ivoirien revendique une régulation des flux migratoires, une réforme du système
libéral d'accession à la terre, en faveur des ivoiriens de souche, et une régulation de la participation des
étrangers aux élections. Crise ivoirienne 653
entre 1993 et 2003 -, la stabilisation du progrès social semble avoir
prévalu entre 1998 et 2003 (Lachaud, 2003 b). D'une part, on observe
une légère augmentation de la pauvreté nationale : 45,3 à 46,4 % en
termes d'individus. D'autre part, cette persistance des privations s'a
ccompagne d'une baisse de la pauvreté durable et d'une hausse de la
pauvreté transitoire1.
La présente étude s'inscrit dans cette perspective, et propose
d'examiner les changements quant à l'impact des envois de fonds sur
la pauvreté au Burkina Faso, au cours des années 1998-2003, consécu
tivement à la diminution relative des transferts privés en provenance
de Côte-d'Ivoire. Après avoir spécifié les sources statistiques et la
méthode d'analyse - première partie -, la distribution et la dynamique
des transferts privés en direction des ménages sont présentées
- deuxième partie. Par la suite, la relation entre les envois de fonds de
Côte-d'Ivoire et la pauvreté est explorée - troisième partie.
I. SOURCES STATISTIQUES ET MÉTHODE D'ANALYSE
L'étude utilise principalement les bases de données des deux derniè
res enquêtes prioritaires, exécutées par l'Institut national de la statis
tique et de la démographie du Burkina Faso. Tout d'abord, il s'agit de
la deuxième enquête prioritaire nationale, effectuée entre mai et
août 1998, auprès de 8 478 ménages. Ensuite, la recherche mobilise les
bases de données de l'enquête prioritaire réalisée entre avril et juil
let 2003 auprès de 8 500 ménages ; cette dernière présente des caracté
ristiques proches de la précédente, mais comporte un module spéci
fique à l'impact de la crise ivoirienne2.
L'utilisation de ces sources statistiques appelle plusieurs commenta
ires. Premièrement, ces deux investigations se caractérisent par une
très bonne qualité des informations, notamment en ce qui concerne
l'agrégat rela

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