Croissance et perceptions démographiques. Une politique démographique intégrée, quelques interrogations préalables - article ; n°106 ; vol.27, pg 297-308
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Tiers-Monde - Année 1986 - Volume 27 - Numéro 106 - Pages 297-308
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Christian Thibon
Croissance et perceptions démographiques. Une politique
démographique intégrée, quelques interrogations préalables
In: Tiers-Monde. 1986, tome 27 n°106. pp. 297-308.
Citer ce document / Cite this document :
Thibon Christian. Croissance et perceptions démographiques. Une politique démographique intégrée, quelques interrogations
préalables. In: Tiers-Monde. 1986, tome 27 n°106. pp. 297-308.
doi : 10.3406/tiers.1986.4462
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1986_num_27_106_4462CROISSANCE
ET PERCEPTIONS DÉMOGRAPHIQUES
UNE POLITIQUE DÉMOGRAPHIQUE INTÉGRÉE,
QUELQUES INTERROGATIONS PRÉALABLES
par Christian Thibon*
En moins de trois décennies, les populations des Etats de l'Afrique
des Grands Lacs ont quasiment doublé, la croissance démographique
s'est par ailleurs accélérée puisqu'elle s'achemine et dépasse aujourd'hui
le seuil des 3 % de croissance annuelle. A l'image de l'évolution kenyane,
les prévisions tablent sur le maintien d'un tel niveau : à l'horizon 2000,
les perspectives courantes, c'est-à-dire les projections médianes, estiment
à 40 millions l'effectif total des trois principaux Etats (en 1980, le Burundi,
l'Ouganda et le Rwanda totalisaient 22,15 millions d'habitants). Si cette
évolution est commune aux pays de l'Afrique centrale orientale (Kenya,
Zambie, Tanzanie et Zaïre), la situation du Burundi et du Rwanda, voire
de l'Ouganda et du Kivu est particulière : les densités « asiatiques » du
Burundi et du Rwanda tranchent avec le potentiel théorique de peuple
ment existant à leurs frontières, ces pays semblent échapper, du moins
éviter, pour l'instant, l'inflation urbaine et la spirale attractive des
métropoles.
Avec la cascade des progressions géométriques1, l'avenir a de quoi
paniquer les esprits les plus lucides. Certes, dans un passé récent l'inten
sification du système agraire a supporté le doublement de la population,
mais un bon nombre de questions restent en suspens, plus particulièr
ement celle concernant la flexibilité de la production agricole et les risques
de césure alimentaire; les effets d'une surcharge migratoire ne sont ni à
* Assistant flsh à l'Université de Pau.
1. On dispose de plusieurs projections, onu, déclarations du pays au cea ; pour plus de
précisions consulter n° 55. Etudes et documents, juillet 1983 ; ministère des Affaires étrangères,
Coopération et Développement, Perspectives démographiques à l'an 2000 en Afrique, Paris.
Revue Tiers Monde, t. XXVII, n» 106, Avril-Juin 1986 298 CHRISTIAN THIBON
exclure, ni à sous-estimer. Les récents événements africains et régionaux
nous incitent à beaucoup plus de prudence.
Les menaces que fait peser la pression démographique sur les équi
libres économiques, écologiques et politiques, sont d'autant mieux res
senties qu'à première vue une certaine pesanteur semble bloquer toute
évolution. Principalement mises en cause, les mentalités natalistes, des
valeurs culturelles tant familiales que religieuses, autant traditionnelles
qu'importées rendent délicate toute politique démographique. Bien sou
vent, il découle de ce constat deux attitudes, l'attentisme teinté de fata
lité ou son opposé tout aussi préjudiciable, le volontarisme. Le débat
concernant les politiques de la population n'échappe pas à cette problé
matique, la définition d'une politique démographique tente pourtant
d'échapper à un tel enchaînement.
QUELLE POLITIQUE INTÉGRÉE DE LA POPULATION ?
Au Burundi et au Rwanda, pays principalement concernés, les pro
blèmes démographiques ont acquis ces derniers temps une certaine
prééminence. Cette prise de conscience est intéressante à un double
titre : d'une part, elle témoigne d'un revirement peut-être prémonitoire
dans l'Afrique francophone et catholique, historiquement la plus distante
des questions démographiques, d'autre part elle suscite une réflexion
dont les hypothèses débordent largement des cadres nationaux.
Il nous suffit de rappeler qu'au Burundi, au début des années 80,
l'action envisagée se résumait à un objectif principal, alléger la pression
de la population ressentie dans les régions densément peuplées ; les pro
blèmes démographiques n'étaient appréhendés qu'en des termes d'espace
et de peuplement : les orientations consistaient à encourager les migrat
ions, équilibrer les pôles urbains et renforcer le développement rural2.
La planification des naissances ne fut mise à l'ordre du jour
qu'en juillet 1983, à l'instigation du parti uprona. Or, depuis cette date,
la prise de conscience affirmée au plus haut niveau descend dans le corps
social ; le relais des organismes et institutions gouvernementales,
publiques et privées fut à ce sujet déterminant3. Le Rwanda connaît une
2. Cf. IVe Plan quinquennal de développement économique et social du Burundi, 1983-
1987.
3. Il faut signaler l'éclairage donné aux conférences internationales et panafricaines sur
la population, les activités des mouvements intégrés ou non se référant à la femme, les
interventions institutionnelles et l'intérêt porté aux variables démographiques par les diffé
rents services de planification... CROISSANCE ET PERCEPTIONS DÉMOGRAPHIQUES 299
évolution similaire et se situe comme le Burundi dans une phase de
définitions et d'applications.
La démarche choisie reste prudente et pratique : cette méfiance
vient des échecs des premières politiques démographiques, de modèles
importés aux propositions pas suffisamment adéquates. Les observations
planétaires renforcent le doute puisqu'elles envisagent dans un moyen
terme, la perspective d'une transition démographique mais également
l'évolution à contre-courant du continent africain.
Par ailleurs, même dans une perspective bien optimiste d'un infl
échissement de la fécondité, la croissance de la région des
Grands Lacs en sera peu ralentie, elle se poursuivra dans la mesure où il
existe un très puissant élan démographique, un potentiel d'accroissement
représenté par une majorité de classes d'âge jeune. Ainsi la population
du Burundi, dans l'hypothèse d'une stabilisation progressive de la
fécondité à 3 enfants par femme, avoisinerait les 5 ,7 millions en l'an 2000
(base 1980, 4,1 millions); dans l'hypothèse d'un maintien de la fécondité
actuelle elle atteindrait à cette même date 7,3 millions4.
Le problème n'est donc pas simple : il nécessite de maîtriser la
croissance démographique et de définir des mesures d'accompagnement.
En effet « l'explosion démographique », image quelque peu journalis
tique conserve au Burundi et au Rwanda sa signification puisque le
maintien de la croissance au niveau actuel dégagera en l'an 2000 des
densités moyennes nationales voisinant les 265 habitants par kilomètre
carré au Burundi (1972 : 122 hab./km2), 310 au Rwanda (148 hab./km2)
et 97 hab./km2 en Ouganda (44 hab./km2)5. Compte tenu de cette
situation de fait, les politiques de population s'orientent vers un « déve
loppement intégré de la population » qui, en raison de l'inertie des
phénomènes démographiques, ne compte sur des résultats qu'à moyen
terme et composera dans le court terme, d'ici la fin du xxe siècle avec
une croissance forte et ses implications économiques et alimentaires.
L'objectif de freiner la croissance par une politique de régulation des
naissances devient alors vital; dans l'hypothèse d'un succès d'un tel
programme, le cap de l'an 2000, le défi de l'indépendance alimentaire
pourraient être surmontés, la contrainte démographique allégée.
Toutefois, si la décision d'une politique de planification des naissances
4. Cf. Rapid, Les effets îles facteurs démographiques sur le développement social et économique.
Burundi, The Future Group, aid, 1983.
5. Estimations médianes (hypothèse d'une faible baisse delà fécondité et de la mortalité),
Perspectives démographiques à l'an 2000 en Afrique, ministère des Affaires étrangères, Paris,
1983. 3OO CHRISTIAN

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