De l anomie de la gestion du social aux représentations de l insécurité - article ; n°3 ; vol.15, pg 275-292
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De l'anomie de la gestion du social aux représentations de l'insécurité - article ; n°3 ; vol.15, pg 275-292

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Déviance et société - Année 1991 - Volume 15 - Numéro 3 - Pages 275-292
Cet article rend compte d'une recherche réalisée dans un quartier de Rou- baix objet d'une opération de Développement Social des Quartiers. L'enquête sur les habitants met en évidence deux grands types d'attitudes qui organisent les stratégies des acteurs sociaux dans le quotidien. Le premier idéal-type, le «médiateur anti-insécure» s'inscrit dans le cadre du refoulement de la peur, élément de positivation dans la construction de l'identité. Face à cette première représentation idéalisante, beaucoup d'autres acteurs sociaux, et c'est une majorité dans l'espace étudié, ont une lecture plus noire face aux mêmes dangers dont le pôle extrême est constitué par le «déclassé insecure».
This papers gives an account of a research conducted in a neighborhood of Roubaix (France), where a Social Development program was operated. Two main types of attitudes are shown to organize everyday life strategies of the social actors. One idealtype, refered to as «anti-insecure», constructs a positive social identity by repressing fear. In contrast with this social representation, many other social actors — and a majority of them in this neighborhood — give a darker interpretation of the same dangers: their idealtype is referred to as the «downgraded-insecure».
Dieser Artikel berichtet von einer Untersuchung, die in einem Viertel von Roubaix vorgenommen wurde, wo ein Sozialentwicklungsprogramm durchgeführt wurde. Dabei stiess man auf zwei TVpen von Verhaltensweisen, die die Strategien der sozialen Akteure im Alltagsleben bestimmen. Der erste Idealtyp, der « Anti-Unsichere » zeichnet sich dadurchaus, dass er die Angst zuruckweist und sich so eine positive Identitat schafft. Im Gegensatz zu dieser ersten idealisierenden Darstellung geben viele andere soziale Akteure — und eine Mehrheit in der untersuchten Nachbarschaft — eine wesentlich schwärzere Lesart, deren extremer Pol als «abqualifizierter Unsichiderer» bezeichnet wird.
Dit artikel behandelt een onderzoek over de woonwijk van Roubaix (Frankrijk), die het voorwerp uitmaakte van een project ter ontwikkeling van de sociale woonwijken. Een enquête, gehouden bij de bewoners van deze sociale woonwijk, toont aan dat er twee grote types van attitude terug te vinden zijn in de organisatie van het dagelijks leven. Een eerste ideaal-type, de «antionveiligheid », houdt een verdringing van angst in, wat een positieve benadering is in het vormen van de identiteit. Tagenover deze eerder idealistische voostel- ling, heeft de meerderheid van de respondenten van dit onderzoek een negativer beeld van dezelfde gevaren. De meest extreme benadering hierin wordt onschre- ven als de « minder waardige onveiligheid».
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dominique Duprez
De l'anomie de la gestion du social aux représentations de
l'insécurité
In: Déviance et société. 1991 - Vol. 15 - N°3. pp. 275-292.
Citer ce document / Cite this document :
Duprez Dominique. De l'anomie de la gestion du social aux représentations de l'insécurité. In: Déviance et société. 1991 - Vol.
15 - N°3. pp. 275-292.
doi : 10.3406/ds.1991.1228
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1991_num_15_3_1228Résumé
Cet article rend compte d'une recherche réalisée dans un quartier de Rou- baix objet d'une opération de
Développement Social des Quartiers. L'enquête sur les habitants met en évidence deux grands types
d'attitudes qui organisent les stratégies des acteurs sociaux dans le quotidien. Le premier idéal-type, le
«médiateur anti-insécure» s'inscrit dans le cadre du refoulement de la peur, élément de positivation
dans la construction de l'identité. Face à cette première représentation idéalisante, beaucoup d'autres
acteurs sociaux, et c'est une majorité dans l'espace étudié, ont une lecture plus noire face aux mêmes
dangers dont le pôle extrême est constitué par le «déclassé insecure».
Abstract
This papers gives an account of a research conducted in a neighborhood of Roubaix (France), where a
Social Development program was operated. Two main types of attitudes are shown to organize
everyday life strategies of the social actors. One idealtype, refered to as «anti-insecure», constructs a
positive social identity by repressing fear. In contrast with this social representation, many other social
actors — and a majority of them in this neighborhood — give a darker interpretation of the same
dangers: their idealtype is referred to as the «downgraded-insecure».
Zusammenfassung
Dieser Artikel berichtet von einer Untersuchung, die in einem Viertel von Roubaix vorgenommen wurde,
wo ein Sozialentwicklungsprogramm durchgeführt wurde. Dabei stiess man auf zwei TVpen von
Verhaltensweisen, die die Strategien der sozialen Akteure im Alltagsleben bestimmen. Der erste
Idealtyp, der « Anti-Unsichere » zeichnet sich dadurchaus, dass er die Angst zuruckweist und sich so
eine positive Identitat schafft. Im Gegensatz zu dieser ersten idealisierenden Darstellung geben viele
andere soziale Akteure — und eine Mehrheit in der untersuchten Nachbarschaft — eine wesentlich
schwärzere Lesart, deren extremer Pol als «abqualifizierter Unsichiderer» bezeichnet wird.
Dit artikel behandelt een onderzoek over de woonwijk van Roubaix (Frankrijk), die het voorwerp
uitmaakte van een project ter ontwikkeling van de sociale woonwijken. Een enquête, gehouden bij de
bewoners van deze sociale woonwijk, toont aan dat er twee grote types van attitude terug te vinden zijn
in de organisatie van het dagelijks leven. Een eerste ideaal-type, de «antionveiligheid », houdt een
verdringing van angst in, wat een positieve benadering is in het vormen van de identiteit. Tagenover
deze eerder idealistische voostel- ling, heeft de meerderheid van de respondenten van dit onderzoek
een negativer beeld van dezelfde gevaren. De meest extreme benadering hierin wordt onschre- ven als
de « minder waardige onveiligheid».Déviance et Société, 1991, Vol. 15, No 3, pp. 275-292
DE L'ANOMIE DE LA GESTION DU SOCIAL
AUX REPRÉSENTATIONS DE L'INSÉCURITÉ
D. DUPREZ*
L'anomie est dans la gestion des rapports sociaux et non dans les rapports
sociaux eux-mêmes. Cette idée force fut tirée dès 1982 d'une série de travaux
que nous avions réalisés sur des questions liées à l'habitat social (Duprez et
Autès, 1985). Elle nous a conduit à analyser la mise en œuvre des politiques
sociales et leurs effets sur les rapports sociaux. Plus explicitement, ont été inter
pellées dans nos recherches, les pratiques du travail social et, plus largement,
de la gestion du local.
La participation des acteurs au changement social, la négociation par eux
de ce changement est ce qui caractérise notre propre démarche. D'inspiration
sociologique, insistant sur les contraintes institutionnelles et les limites impos
ées par le jeu social, nous essayons aussi, au niveau du quotidien, d'être attent
ifs à l'implication des personnes non seulement en tant qu'acteur, mais aussi
en tant que sujet.
Les perceptions, la subjectivité de l'acteur, ne sont plus pour nous les pre
mières images qui s'imposent au sociologue, les obstacles à l'étude des «vraies»
conduites des acteurs sociaux, elles sont au contraire leur expérience quoti
dienne.
I. Le cadre d'une recherche: Roubaix
Cet article s'appuie sur une enquête très approfondie (Duprez, 1991) portant
sur un quartier de Roubaix, le Cul-de-Four, classé administrativement comme
«très sensible», avec un habitat ancien, très dégradé. Ce secteur est l'objet d'une
opération de Développement Social des Quartiers.
La problématique générale est que le sentiment d'insécurité est la product
ion d'une béance de l'intervention de l'Etat1 d'une part, la résultante d'une
transformation de l'habitat, de l'espace local et des relations sociales d'autre
part. Le cadre bâti, le peuplement, les équipements, l'environnement, l'histoire
du quartier et de ses îlots, le type de liaison ou de préoccupation du pouvoir
* Laboratoire de Sociologie du Travail de l'Education et de l'Emploi (L.A.S.T.R.E.E.),
C.L.E.R.S.E. - C.N.R.S., Université de Lille I.
1 Cette idée est notamment développée par Ph. Robert (198S).
275 par rapport à lui, ou leur absence, produisent des contextes locaux qui local,
ont leur problématique et leurs complexités propres, lesquelles cependant ne
peuvent être comprises que restituées dans des contextes plus vastes. La recher
che prend donc comme objet cette production du local, afin d'en montrer les
mécanismes et ses résultantes, dont le sentiment d'insécurité n'est qu'une
expression particulière.
A cette problématique, on peut associer deux hypothèses de travail.
Le lien entre le sentiment d'insécurité et la violence objective est générale
ment très faible: il n'y a que très rarement de relation directe entre cette peur
de l'agression, cette angoisse diffuse et la violence vécue par soi-même ou ses
proches. Cela ne signifie pas que l'on néglige tout ce qui a trait à la délinquance
réelle, mais ceci indique que le sentiment d'insécurité renvoie pour partie à
d'autres dimensions de la vie sociale que celle de l'exposition au risque.
La seconde hypothèse développe une thèse déjà présente chez Chesnais
(1981): la prolifération des dispositifs et l'information sur ces dispositifs ont
pour résultat de créer de nouveaux réflexes de peur. A ce postulat général, on
peut adjoindre une hypothèse complémentaire: le recours à l'insécurité comme
élément stratégique d'une démarche d'acteurs sociaux.
La collaboration équipe de praticiens spécifie la particularité de la
stratégie de recherche. La réflexion de travailleurs sociaux sur le sens et les effets
de leurs actions ne situe pas l'analyse dans une position d'extériorité.
C'est la gestion du local dont les pratiques du travail social sont une dimens
ion, qui est interpellée dans cette recherche. L'analyse de la politique urbaine
et des transformations de l'habitat est centrale, car elle est au cœur de la consti
tution des identités individuelles et collectives, du moins dans ces quartiers
anciens d'habitat dégradé.
Le sentiment d'insécurité a pour effet de produire des désignations sociales.
En ce sens, il contribue à mettre à l'index certaines catégories de population sus
pectées d'être auteurs d'actes de délinquance: le jeune d'origine immigrée étant
la figure de proue des catégories désignées. Il est postulé que ces désignations
ont un sens2 : elles contribuent à normaliser le tissu social, à recomposer un lien
social amputé par le recul des réseaux de sociabilité traditionnels dans les
milieux populaires et la désuétude des formes d'encadrement spécifique.
A partir des données des recensements de 1968, 1975 et 1982, on arrive à cer
ner l'évolution démographique et sociale du quartier du Cul-de-Four: quartier
populaire, le Cul-de-Four apparaît aussi comme un des pôles roubaisiens de
concentration de la popul

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