De l aphasie - article ; n°1 ; vol.11, pg 243-257
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1888 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 243-257
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1888
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Ploix
De l'aphasie
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 11, 1888. pp. 243-257.
Citer ce document / Cite this document :
Ploix . De l'aphasie. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 11, 1888. pp. 243-257.
doi : 10.3406/bmsap.1888.5367
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1888_num_11_1_5367•*- DE L'APHASIE. 243 PL01X.
détruit si malheureusement et peut-être entièrement, au
grand préjudice de la science.
He l'aphasie ;
PAR M. PLOlX.
Les auteurs qui se sont occupés de l'aphasie rangent les
phénomènes pathologiques compris sous cette dénomination
en quatre classes, distinctes par leurs symptômes et leurs
sièges.
Dans la maladie qu'on a nommée surdité verbale, le malade
ne comprend pas les paroles qui sont prononcées devant lui,
bien que son appareil auditif continue à fonctionner; mais il
peut encore parler, lire et écrire^
Dans la cécité verbale^ le malade comprend ce qu'on lui
dit; il parle et il écrit; mais il ne sait plus lire, bien que sa
vue soit toujours bonne. Il ne reconnaît plus le sens des mots
imprimés ou écrits, qu'il continue cependant à voir.
Dans l'aphasie dite motrice, le malade entend, lit et écrit;
mais il ne sait plus parler, articuler des phrases ou des mots
pour rendre sa pensée.
Enfin, dans Vagraphie, le mafade entend, parle et Ut; mais
il ne sait plus écrire, bien que les mouvements de sa main
soient libres.
Ces quatre états pathologiques se rapportent tous à ce que
l'on peut appeler la faculté du langage; on a cru pouvoir les
réunir sous la dénomination générale d'aphasies ; mais il est
évident que cette expression, qui signifie impossibilité de
parler, devrait être réservée pour l'aphasie motrice ; elle ne
s'applique nullement aux autres cas, et, si l'on veut un
terme général, il faudrait en créer un nouveau.
L'autopsie a montré que les lésions correspondantes à
chacune des maladies précitées affectaient une partie diff
érente de la surface cérébrale ; on en a conclu qu'on était en
présence de quatre organes distincts»
Quelles peuvent être les fonctions de ces organes ? 244 SÉANCE DU 5 AVRIL 1888.
On a supposé que si l'on n'entendait pas, la raison en était
qu'on avait perdu la mémoire des représentations verbales
auditives ; que, si l'on ne pouvait pas lire, on avait perdu la
mémoire des représentations verbales visuelles ; que, si l'on
ne pouvait pas parler ou pas écrire, on avait perdu la mé
moire des mouvements de la langue et du pharynx dans le
premier cas, ou des mouvements de la main dans le second.
Et alors, on a défini les organes lésés de la manière sui
vante :
1° Organe de la mémoire auditive verbale, c'est-à-dire de
la mémoire des représentations verbales auditives ou des
idées correspondantes aux sons articulés ;
2° Organe de la mémoire visuelle [verbale, c'est-à-dire de
la mémoire des représentations verbales visuelles ou des idées
correspondantes aux mots imprimés ou écrits;
3° Organe de la mémoire motrice verbale, c'est-à-dire de
la mémoire des mouvements nécessaires pour émettre des
sons articulés ;
4° Organe de la mémoire motrice graphique, c'est-à-dire
de la mémoire des mouvements à exécuter pour exprimer sa
pensée par l'écriture.
Cette interprétation des phénomènes pathologiques me pa
raît soulever de sérieuses objections.
En premier lieu, je ne crois pas que les organes lésés
soient des organes de mémoire.
En admettant même que la mémoire soit une faculté spé
ciale, que les phénomènes de relèvent d'un ou plu
sieurs organes, est-il vraisemblable de croire que quatre
organes distincts soient nécessaires pour conserver le souven
ir de sensations qui se rapportent uniquement au langage?
Combien faudra-t-il alors d'organes de mémoire pour con
server le souvenir de tous les ordres de faits que nous pou
vons observer et de tous les d'idées que notre cerveau
peut enfanter? Si la mémoire est une faculté spéciale, comme
le pensaient autrefois les psychologues, elle devrait avoir un
organe unique, dont la fonction, comme celle de tous les — DE L'APHASIE. 245 l'LOIX.
organes, devrait être abstraite et qui s'appliquerait par con
séquent à tous les souvenirs quelconques. Si, au contraire, la
mémoire n'est pas une faculté simple (comme on le reconnaît
aujourd'hui) ; si chaque a sa mémoire particulière,
pourquoi ne pas reconnaître simplement dans la mémoire
une propriété inhérente à tous les organes cérébraux? Il n'est
pas nécessaire de supposer, à côté de chaque organe corre
spondant à une faculté, un second organe chargé des phéno
mènes de mémoire qui s'y rapportent ; on doublerait ainsi le
nombre des* organes, et fort inutilement. Lorsqu'on dit que
le pied de la troisième circonvolution frontale est l'organe de
la mémoire des mouvements de la parole articulée, on laisse
supposer qu'il existe à côté un organe de ces mouvements.
Mais, dans ce cas, le premier n'est plus un véritable organe;
c'est un simple magasin de sensations, où le second va pui
ser, quand il en a besoin, ses éléments d'action. Sans discu
ter ici à fond cette question de la mémoire, je crois plus
rationnel d'admettre que chaque organe, en même temps
qu'il a sa fonction spéciale, a la propriété de conserver la
mémoire des sensations relatives à cette fonction, et, comme
on l'a déjà remarqué, que la mémoire n'est autre chose que
le résultat de la loi de l'habitude, loi commune à tout le sy
stème nerveux.
Broca disait, en parlant des aphasiques * : « Ce qui a péri
en eux, ce n'est pas la faculté du langage ; ce n'est pas la
mémoire des mots; ce n'est pas non plus l'action des nerfs
et des muscles de la phonation et de l'articulation, c'est la
faculté de coordonner les mouvements propres au langage
articulé. » L'organe lésé serait donc l'organe de la coordina
tion de ces mouvements.
Si donc les quatre maladies aphasiques sont dues à1 des
lésions, de quatre organes distincts, ces organes devaient être
définis comme il suit :
1° (Surdité verbale). Organe chargé de traduire par
i Cité dans la conférence de M. Mathias Duval {Bull, de la Soc. d'anthr.,
1887, p. 758). SÉANCE DU 5 AVRIL 1888. 246
des idées les sons articulés que perçoit l'appareil auditif ;
2° (Cécité verbale). Organe chargé de traduire par des idées
les caractères ou figures conventionnels que perçoit l'appar
eil visuel;
3Q (Aphasie motrice). Organe présidant aux mouvements
musculaires qui produisent des sons articulés ;
4° (Agraphie). Organe présidant aux mouvements qu'exé
cute la main lorsqu'elle écrit.
Mais l'existence de ces quatre organes me paraît elle-même
très problématique.
On ne les a certainement imaginés que parce que l'autopsie
a fait reconnaître pour chaque maladie aphasique une loca
lisation spéciale. A priori, on eût difficilement pensé que
l'organe qui perçoit les idées correspondant aux sons trans
mis par l'appareil auditif fût différent de celui qui détermine
les mouvements nécessaires à l'articulation des sons lorsque
nous voulons exprimer les mêmes idées. La mémoire de la
représentation verbale auditive semble aussi nécessaire pour
comprendre la parole que pour l'exprimer.
Quant aux organes 2 et 4, relatifs à la lecture et à l'écri
ture, leur existence ne pouvait guère être supposée. Ils sont
fort singuliers. Remarquons qu'il s'agit ici de comprendre et
de tracer des signes purement conventionnels (l'aveugle ver
bal qui ne comprend plus le sens du mot trois, par exemple,
quand il est écrit, perçoit l'idée de ce nombre si on lui met
trois doigts sous les yeux). Si l'homme n'avait pas inventé
des signes écrits conventionnels, les deux organes (ou si Ton
veut les deux mémoires) seraient demeurés complètement
inutiles. Ils le sont encore po

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