De l art indigène à l art algérien - article ; n°1 ; vol.75, pg 35-49
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

De l'art indigène à l'art algérien - article ; n°1 ; vol.75, pg 35-49

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1988 - Volume 75 - Numéro 1 - Pages 35-49
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 71
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

Monsieur Mustapha Orif
De l'"art indigène" à l'art algérien
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 75, novembre 1988. pp. 35-49.
Résumé
De l'"art indigène" à l'art algérien.
Racim, avec l'aide des grands orientalistes français, a introduit la perspective dans la miniature persane ; si les orientalistes
admiraient l'"art musulman", ils évoquaient toutefois son "retard" par rapport aux apports de la civilisation occidentale et
encourageaient, dans le projet artistique de Racim, le développement d'un art oriental occidentalisé, démarche de pensée qui, à
l'analyse, apparaît de même nature que le fonctionnement de la catégorie de l'"indigène" dans la pensée coloniale ; celle-ci ne
peut saisir dans ce qu'elle nomme l'"indigène" que l'Arabe occidentalisé, c'est-à-dire l'Arabe appréhendé à travers les limites de
l'entendement colonial. C'est pourquoi le destin de la miniature de Racim, qui est devenue paradoxalement un art national alors
même qu'elle répond entièrement à la définition de l'art indigène ou de l'art colonial, peut surprendre.
Citer ce document / Cite this document :
Orif Mustapha. De l'"art indigène" à l'art algérien. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 75, novembre 1988. pp.
35-49.
doi : 10.3406/arss.1988.2867
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1988_num_75_1_2867orif mustapha
..¿feos»
Coran à la mosquée. Censé avoir reçu une
formation qui doit lui permettre de deve
nir artisan, il préfère n'en pas faire un
usage immédiat et s'intéresse surtout à la
religion et à la politique (en 1903, Omar
était l'un de ceux qui reçurent à Alger le
Cheikh Abdou, un réformiste égyptien).
Quant à Mohammed, il entre à l'école pr
imaire en 1903. Celle-ci est une école dite
"pour indigènes" où il suit des études fo
rtement orientées vers le travail manuel,
développant notamment le dessin, le but
de cette école n'étant pas de produire des
gens cultivés, aptes à occuper des posi
tions élevées, mais des gens habiles. Mo
hammed Racim, qui s'est familiarisé avec famille du miniaturiste avait une posi le dessin dans l'atelier paternel, est rtion sociale relativement élevée dans l'Al- emarqué par son aptitude et son goût pour gérie pré-coloniale. D'après une cette activité. biographie consacrée au père de Mohamm
ed, la famille de ce dernier est considéCe texte présente le premier bilan d'une r rée "comme digne du plus grand respect". echerche en cours de réalisation et provisoi A l'origine, famille d'artisans, elle a étenrement interrompue en raison des activités "indigène" du ensuite ses activités au commerce, ce L'art professionnelles de l'auteur ; l'originalité et qui lui a permis de posséder une propriétla généralité des questions que ce texte sou C'est en 1900 que l'Algérie, colonie frané dans les environs d'Alger. Avec la lève nous ont incités à le publier, sans plus çaise jusqu'alors sous le régime de l'aconquête, en 1830, cette position sociale attendre, tel quel, c 'est-à-dire sans qu 'il soit dministration directe (le budget dépendait est remise en cause par la politique de assorti de tout l'appareil de références et de de Paris), change de statut et acquiert mise sous séquestre des biens des Algédocuments propre à lui donner toute sa l'autonomie financière. Cette autonomie riens, pratiquée par les militaires. Le force démonstrative. résulta de la pression exercée par les cogrand-père de Racim, qui avait donné à
lons, qui supportaient mal que leurs amson fils Ali toute l'éducation nécessaire
bitions fussent contrariées par pour reprendre l'affaire, est contraint de
l'administration parisienne. La politique le faire embaucher comme ouvrier dans L'invention de la "miniature algérienne" des colons était en effet de marginaliser une fabrique de tissus dirigée par un qu'incarne Mohammed Racim (1896- au maximum les "indigènes". Ils avaient Français. 1975) ne résulte ni d'une volonté polit travaillé la terre, lui avaient donné un Situation vécue comme proviique militante, qui se serait opposée aux "autre visage" ; ils devaient donc en profsoire : le biographe raconte qu'à ses mogenres artistiques imposés par la coloni iter exclusivement, selon eux. ments perdus Ali Racim continuait à sation, comme l'affirme en Algérie la cri Pressentant que ce type de situasculpter le bois ou ciseler le cuivre, tique actuelle, ni du réveil "d'un monde tion, pouvoirs exorbitants des colons et comme s'il s'entraînait pour reprendre endormi en lui", comme le suggéraient marginalisation des "indigènes", pouvait l'activité qui avait fait le nom et le renom certains spécialistes de la période colo entraîner des affrontements entre les de la famille. En outre, au même moment, niale. L'étude de la biographie de Racim, deux communautés, certains hommes poun artiste-peintre, Bransoulie, qui s'était des différentes étapes de sa carrière ain litiques métropolitains préconisaient installé à Alger et avait ouvert une école si que de l'évolution de sa "manière" en une autre politique : persuadés qu'il était de dessin pour inculquer le "goût des fonction des réactions du public (artistes, illusoire d'assimiler les "indigènes", ils choses artistiques" aux enfants de la critiques, acheteurs) à sa peinture per cherchaient à dégager et à former une bourgeoisie locale, le remarque et l'insmet de voir à l'oeuvre les processus so élite qui ne fût ni trop proche des domincrit dans son école. C'est ainsi qu'il apciaux qui ont favorisé l'émergence de la prend les principes du dessin. Cette ants, ni trop proche des dominés en les miniature dans l'espace artistique colo civilisant à l'intérieur de leur propre culrencontre permet à Ali Racim de quitter nial et sa constitution comme art - ou ture. C'est ainsi que Jonnart, gouverneur la condition d'ouvrier et très vite il ouvre, tout au moins comme "art indigène". général, qui était traité de 'Turc" et avec son frère, un atelier dans la Casbah Mais en s'en tenant à la période qui cor d'"Arabe" par les colons, tenta d'applid'Alger. Il y fabrique des meubles sculptrespond à la vie de Racim, cette étude quer cette politique dont les effets se fés, des objets en cuivre ciselé, tandis que laisse intacte la question de savoir com irent sentir dans plusieurs domaines : son frère s'occupe de graver des pierres ment cette forme d'art, produite dans et tombales. La clientèle, d'abord privée, est amateur d'art et aimant s'entourer d'arpour un contexte colonial et frappée du constituée de Français "arabisés" et d'Al tistes, il fut très tôt sensible au discours stigmate de l'indigénat, bref dotée d'une gériens "francisés". L'atelier devient vite d'un petit groupe de pression qui voulait identité colonisée, a pu paradoxalement un lieu de rencontre entre ces gens "épris sauvegarder la culture indigène et même être récupérée par le nouvel Etat algérien de culture musulmane" et jouit déjà d'un la rénover. Après quelques actions poncet y acquérir une légitimité posthume en certain renom entre 1880 et 1900 ; la tuelles (souhait de voir la population devenant "art national algérien", libéré clientèle s'élargit encore, et l'atelier re construire des habitations dans un style du caractère ambigu qu'il tenait de ses "mauresque", organisation d'une exposiçoit, peut-être grâce aux relations d'Ali, origines coloniales. des commandes officielles (décoration tion "d'art musulman", organisation de
grandes réceptions avec orchestre "indides pavillons algériens des expositions gène" où étaient conviés les représentants universelles, décoration d'édifices pu
de toutes les communautés), Jonnart blics, etc.). C'est alors qu'il devient très
créa en 1908 un "service des arts indiconnu et apprécié à Alger. La famille de Racim gènes" qui fut rattaché au rectorat de l'En 1896, naît le dernier enfant
Tout donne à penser que les prédisposi Académie d'Alger et qui était dirigé par un d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents