De l unité à la pluralité : le paysage urbain en Gaule du Ve au IXe siècle - article ; n°2 ; vol.8, pg 159-172
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De l'unité à la pluralité : le paysage urbain en Gaule du Ve au IXe siècle - article ; n°2 ; vol.8, pg 159-172

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1953 - Volume 8 - Numéro 2 - Pages 159-172
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J. Lestocquoy
De l'unité à la pluralité : le paysage urbain en Gaule du Ve au
IXe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 8e année, N. 2, 1953. pp. 159-172.
Citer ce document / Cite this document :
Lestocquoy J. De l'unité à la pluralité : le paysage urbain en Gaule du Ve au IXe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 8e année, N. 2, 1953. pp. 159-172.
doi : 10.3406/ahess.1953.2157
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1953_num_8_2_2157tfô
Dé l'unité à la pluralité
LE PAYSAGE URBAIN EN GAULE
DU Ve AU IXe SIÈCLE*
Les villes romaines s'étendaient pacifiquement, largement dans les
campagnes. Leurs dimensions pouvaient se comparer, en bien des cas, à,
celles des villes modernes. Mais, toutes les fouilles le confirment, lors des
invasions de la fin du 111e siècle, elles se resserrèrent prodigieusement, pour
mieux organiser la défense. Il est vrai qu'il conviendrait probablement de
nuancer le tableau de la paix romaine : on trouve en certaines villes des
traces de destructions considérables dont l'origine reste obscure. Il y fau
drait un examen de ces faits qui contredisent l'idée trop simple d'une paix
romaine totale pour toutes les villes de la Gaule.
* *
Quoi qu'il en soit, les grandes lignes de ce schéma restent hors de discus
sion. Autun, qui présente un des cas les plus notables de transformation,
voit au xxe siècle ses 11 000 hab. contenus, ou peu s'en faut, dans l'enceinte
antique qui mesurait près de 6 km. de long ; elle fut réduite à 1 300 m. au
ine siècle. A Bordeaux le quartier considérable où se trouve le « Palais Gai-
lien » est abandonné au même moment. Périgueux, la Vésone antique,
aurait mesuré 50 ha. et se voit réduit à 5,5.
La suite des événements est beaucoup moins simple. Les textes méro
vingiens ne parlent que d'une façon très épisodique des villes : peu abon
dants déjà,, ces textes sont tous originaires de chartriers d'établissements
religieux — en général d'abbayes, et dans les meilleurs cas, des Gestes des
évêques. Cette origine même des textes n'est pas sans intérêt ; elle enregistre
* On pense bien qu'il faudrait à cet article une série de plans de ville. Je puis renvoyer
aux livres de M. Blanchet, Les enceintes romaines de la Gaule (Paris, 1907) ; du chanoine
Chaume, Les origines du Duché de Bourgogne, Géographie historique, fasc. 1 (Dijon, 1926) qui
donne des croquis précieux, mais s'arrête trop tôt pour la fin de notre enquête; au volume
capital de M. Vercauteren, Les cioitates de la Belgique seconde (Académie royale de Bel
gique, Mémoires, in-8°, Bruxelles, 1934), qui comporte une série de plans ; enfin à celui de
M. F. L. Ganshof, Étude sur le développement des villes entre Loire et Rhin au moyen âge (Paris-
Bruxelles, 1943). Mais je dois dire que le lecteur de ces pages pourra dans une grande partie des
cas se reporter, en ce qui concerne les plans, au Guide Michelin ; on y reconnaît généralement
sans difficulté le tracé ancien parmi les lignes droites des rues du xixe et du xxe siècle. La
confrontation entre les diverses époques jusqu'à la plus récente est loin d'être sans fruit. 160 ANNALES
involontairement la place de plus en plus grande de l'Église dans la société
mérovingienne. A partir du début du vie siècle l'évêque devient le prin
cipal personnage de la cité. Dès le milieu du vne siècle, les abbayes, de plus
en plus nombreuses, reçoivent des donations immenses : on a remarqué que
les rois voient ainsi leur patrimoine et leur puissance diminuer énormément ;
les abbayes attirent un nombre important d'hommes de valeurs ; elles
constituent des organismes dont la continuité, la richesse, l'influence morale
dépassent de loin celle des évêchés.
Ëvêques et moines, ces deux éléments vont constituer les pôles d'activité
des villes mérovingiennes et de leur banlieue. Il est vrai que la ville méro
vingienne offre souvent un tableau assez lamentable. Toutes les villes, à
beaucoup près, n'avaient pas eu l'importance de Lyon dans l'Antiquité —
mais on a pu voir en plus d'un endroit une évolution comparable à la sienne.
« Au sommet de la colline de Fourvière et sur les pentes avoisinantes s'était
installée la puissance romaine. Là étaient le forum, les bâtiments publics,
l'amphithéâtre et les résidences des principales familles.... Mais voici que
l'Église change peu à peu les conceptions de la vie urbaine.... Avec le ve siècle,
le véritable centre de l'autorité épiscopale s'organise tout au pied de la
colline, le long de la rivière et du fleuve, dans un quartier plus humble de
marchands, d'artisans, de bateliers1. » Rien de plus saisissant que le plan de la
large enceinte d'Autun, abandonnée pour une sorte de refuge formé par un
angle de murs anciens où se trouve blottie la cathédrale. Aux premières
années du ve siècle, saint Amâtre, évêque d'Auxerre, abandonne le cimetière
du Mons Autricus, emplacement primitif de la ville et se retire dans le cas-
trum qui vient d'être construit2. Reims s'étendait largement ; elle ne conserve
que le centre de la ville, « une ellipse d'environ 2 200 m. de pourtour et de
20 à 30 ha. de superficie»3. On y aurait trouvé un peu moins de 6 000 hab.
et, comme l'a dit Ferdinand Lot, ce chiffre est bien le maximum atteint par
une ville comme Bordeaux, Reims ou Sens. Amiens aurait possédé 2 000 âmes
comme Soissons, et Châlons-sur-Marne 575 * ! Périgueux, dans son enceinte
elliptique de 959 m., peut contenir 1 500 hab.
Villes minuscules par conséquent. Elles conservent certains fonctionnaires
qui évoquent encore le pouvoir impérial. Ils s'occupent de police, d'admi
nistration militaire ; la tâche ne devait pas être écrasante dans des villes
dont une grande quantité avait 2 ou 3 000 hab. Il ne semble pas qu'ils aient
eu au vie siècle la moindre action sur le décor urbain ; ils ne créent aucun
édifice, ne donnent aucun mouvement économique à la ville.
Mais à partir du vie siècle, la personnalité de l'évêque grandit. Au
1. Coville, Recherches sur l'histoire de Lyon duVe au IXe siècle (450-800), Paris, 1928, p. 55.
Au ixe siècle l'ensemble du forum inutilisé s'écroula.
2. Chaume, op. cit., p. 318.
3. Vercauteren, op. cit., p. 38.
4.op. p. 359. La précision apparente du chiffre concernant Châlons est
le résultat d'un calcul et comporte donc une part assez large d'approximation. PAYSAGE URBAIN EN GAULE 161 LE
vne siècle elle passe au premier plan. Il est remarquable de constater l'acti
vité de ces personnages qui dut plus d'une fois ressembler à celle dont les
documents d'Auxerre nous ont conservé le souvenir1. Saint Germain (429-448)
a déjà fait édifier une basilique dans l'ancien cimetière abandonné 30 ans
plus tôt ; il bâtit un oratoire dans sa maison de campagne : c'est la future
abbaye de Saint-Germain ; il érige une église à, Saint Côme de l'autre côté
de l'Yonne, construit la basilique de Saint-Alban. Quel changement dans
l'aspect de la ville et de ses environs ! Ralentissement au cours du vie siècle ;
une seul fondation. Mais de 611 à 751 les évêques fondent de l'autre côté
de l'Yonne Saint-Gervais (entre 611 et 624), le monastère Saint-Julien et
de Saint-Eusèbe (entre 624 et 660), N.-D. d'Hors, avec son hospice (entre
660 et 682). Dans le même temps deux autres églises naissent dans la cité.
Regardons-nous vers Cahors? Saint Didier, évêque entre 630 et 655,
relève la ville de ses ruines et l'entoure de remparts renforcés de tours, tâche
facilitée par la position de la cité dans une boucle du Lot. Il fonde une série
d'églises : Saint-Urcisse et Saint-Barthélémy, qui existent toujours et celles,
détruites, de Saint- Jacques, Saint-Just et Saint-Pasteur, Saint-Remy,
Saint-Eugène. C'est une foule de sanctuaires dans une minuscule enceinte.
Aux portes de la ville, il édifie le monastère de Saint-Amand. A Périgueux
l'évêque Chronope, qui vit au milieu du vie siècle, relève les églises renversées
par les Ariens : il en est loué par Fortunat dans son épita

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