De la pensée de la CEPAL au néo-libéralisme, du néo-libéralisme au néo-structuralisme, une revue de la littérature sud-américaine - article ; n°140 ; vol.35, pg 907-926
21 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

De la pensée de la CEPAL au néo-libéralisme, du néo-libéralisme au néo-structuralisme, une revue de la littérature sud-américaine - article ; n°140 ; vol.35, pg 907-926

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
21 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1994 - Volume 35 - Numéro 140 - Pages 907-926
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hector Guillen Romo
De la pensée de la CEPAL au néo-libéralisme, du néo-
libéralisme au néo-structuralisme, une revue de la littérature
sud-américaine
In: Tiers-Monde. 1994, tome 35 n°140. pp. 907-926.
Citer ce document / Cite this document :
Romo Hector Guillen. De la pensée de la CEPAL au néo-libéralisme, du néo-libéralisme au néo-structuralisme, une revue de la
littérature sud-américaine. In: Tiers-Monde. 1994, tome 35 n°140. pp. 907-926.
doi : 10.3406/tiers.1994.4929
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1994_num_35_140_4929LE POINT SUR.,.
DE LA PENSÉE DE LA CEPAL
AU NÉO-LIBÉRALISME,
DU NÉO-LIBÉRALISME
AU NÉO-STRUCTURALISME,
UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE
SUD-AMÉRICAINE
par Hector Guillen Romo*
L'IMPORTANCE DU DÉVELOPPEMENT NATIONAL
Au début du XXs siècle, les pays latino-américains s'efforcent de développer et
de consolider les contours d'un capitalisme autochtone1. Il s'agit d'économies for
tement sous-développées, où l'agriculture est de loin l'activité économique princi
pale. Les rapports de production sont tellement arriérés que certains les ont qualif
iés de marchands mais précapitalistes, ou plus précisément de semi-féodaux. Dans
ces conditions, les propriétaires fonciers et les paysans sont les classes fondament
ales de ces pays. Ces économies sont fortement liées au marché mondial par l'e
xportation de produits agricoles. Ces activités donnent naissance à la bourgeoisie
compradora qui occupe l'espace de circulation de marchandises. Le capital indust
riel (au sens de Marx) s'investit dans les secteurs d'exportation comme les mines
où il joue le rôle d'une enclave étrangère. Grâce à la croissance urbaine, on peut
trouver aussi de petits capitaux industriels nationaux qui sont orientés exclusiv
ement vers le marché national. Ces derniers capitaux constituent les fondations de la
bourgeoisie nationale. Au niveau politique, le bloc au pouvoir est constitué par les
propriétaires fonciers, la bourgeoisie compradora et les capitalistes étrangers.
L'intérêt économique de la bourgeoisie nationale réside dans la conquête et
l'élargissement du marché intérieur. Cela implique, d'une part, de briser les rap
ports de production ruraux arriérés, ce qui déclencherait un conflit avec les pro-
* Maître de conférences, Département Economie et Gestion, Université de Paris VIII.
1. Cf. José Valenzuela Feijoo, Critica delmodelo neoliberal, Mexico, UNAM, 1991, p. 115-119.
Revue Tiers Monde, t. XXXV, n° 140, octobre-décembre 1994 908 Hector Guillen Romo
priétaires fonciers et le ralliement des paysans ; d'autre part, de mettre en place
des droits de douane et autres obstacles au libre commerce, afin de remplacer
les importations, ce qui entraînerait des frictions avec les puissances hégémoniq
ues. Sur le plan politique, la bourgeoisie nationale doit accéder au pouvoir. Sa
faiblesse est évidente vis-à-vis du pouvoir traditionnel mais elle peut la surmont
er dans la mesure où elle est capable de nouer des alliances avec les couches
populaires (paysans, ouvriers, classes moyennes salariées et indépendantes).
Dans ces conditions, selon Valenzuela, le projet de la bourgeoisie nationale vise
à la constitution d'un capitalisme industriel et autochtone qui dissout les rap
ports de production semi-féodaux dominants à la campagne, redéfinit fortement
les rapports avec le capital étranger et agit avec un appui populaire très fort. En
Amérique latine, c'est sans doute la cep al qui a le mieux formulé et essayé de
mettre en pratique les thèses visant à une industrialisation nationale, en particul
ier à travers l'Argentin Raul Prebisch, un de ses plus grands théoriciens.
La période 1930-1943 a été cruciale dans la formation des idées économiques
de Prebisch à propos des pays en voie de développement. La sévérité de la réces
sion mondiale a mis en cause les idées économiques orthodoxes dominantes et a
provoqué une polémique entre ceux pour lesquels la solution à la crise obligeait
au libre jeu du marché et au rétablissement de l'étalon or, afin de récupérer la
confiance et renouer avec l'investissement, et les partisans de la combinaison des
forces du marché avec un certain degré de régulation étatique, désireux d'appli
quer des politiques expansives sans provoquer de déséquilibres trop forts de la
balance des paiements. Prebisch a contribué à donner à ce courant une formula
tion technique cohérente. Confronté à la réalité en tant que vice ministre des
Finances de l'Argentine et haut fonctionnaire de la Banque centrale argentine, il a
abandonné l'orthodoxie à laquelle il s'attachait en 1930 et est devenu « un conser
vateur illustre » partisan de combiner l'action privée et publique1. Son processus
de transformation intellectuelle est très semblable à celui qu'a suivi Keynes, mais
différent aussi dans la mesure où Prebisch a compris que, pour un pays exporta
teur de produits agro-alimentaires, le problème n'est pas seulement de surmonter
la récession mais de diversifier sa production et ses exportations grâce à une
industrialisation lui permettant de devenir moins vulnérable et dépendant des
pays développés. Il l'a exprimé ainsi : « Pendant ces années agitées de la dépress
ion, j'ai exercé une certaine influence sur la politique économique de mon pays,
l'Argentine... Dans les années 30, j'ai conseillé des mesures anti-inflationnistes
orthodoxes pour éliminer le déficit fiscal et diminuer les tendances inflationnistes.
En même temps, je me suis éloigné de l'orthodoxie quand j'ai dû faire face à un
grave déséquilibre de la balance des paiements, alors j'ai conseillé une ferme poli
tique d'industrialisation et d'autres mesures orientées dans la même direction. »2
C'est sans doute dans cette étape que Prebisch a commencé à se poser une série de
1 . Norberto Gonzales et David Pollock, Del ortodoxo al conservador ilustrado. Raul Prebisch en la
Argentina, 1923-1943, Desarollo económico, v. 30, n° 120, janvier-mars 1991.
2. Raul Prebisch, Cinco etapas de mi pensamiento sobre el desarrollo, El trimestre Econômico, n° 198,
avril-juin 1983, p. 1077. Une revue de la littérature économique sud-américaine 909
questions fondamentales : Pourquoi faut-il s'éloigner tout de suite de l'orthodoxie
apparemment si bien enracinée ? Pourquoi est-il nécessaire que l'Etat joue un rôle
actif en faveur du développement? les politiques élaborées dans les
pays centraux ne peuvent-elles pas être appliquées dans les pays périphériques ?
C'est à ces questions que Prebisch va essayer de répondre à partir de 1949, date de
son entrée à la Commission économique pour l'Amérique latine, organisme des
Nations Unies (cepal). Dans ce cadre, avec d'autres brillants économistes latino-
américains tels que Furtado, Pinto, Noyola, il a contribué à construire la théorie
du sous-développement de la cepal1, en particulier la conception du système
centre-périphérie (1949-1950), l'interprétation du processus d'industrialisation
(1949-1955) et de ses obstacles (1960-1963), la théorie de l'inflation (1953-1964) et
la théorie de la détérioration des termes de l'échange dans ses trois versions
(comptable : 1949-1950, cycles : 1949-1950, industrialisation : 1959).
En matière de politique économique, la cepal est favorable à l'intervention de
l'Etat afin d'encourager le processus d'industrialisation : il doit planifier le déve
loppement, en particulier fixer des critères d'allocation de ressources entre la pro
duction pour les exportations et celle destinée au marché intérieur, distribuer les
ressources entre les différents secteurs et branches d'activité dans le cadre d'une
planification indicative plus proche du modèle français que soviétique. En matière
de relations économiques internationales, la cepal encourage la protection du
marché intérieur, l'intégration latino-américaine, l'obtention de financement
extérieur et l'assistance technique internationale. Elle conseille de suivre une poli
tique anticyclique capable de compenser les fluctuations du rapport d&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents