De la violence au djihâd - article ; n°6 ; vol.49, pg 1315-1333
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Annales. Histoire, Sciences Sociales - Année 1994 - Volume 49 - Numéro 6 - Pages 1315-1333
From Violence to the Djihad. MOUSSAOUI. October 1988 was the beginning of cycle of confrontations between opposing forces. It was the official birth date of islamism as political movement in Algeria. The mosque played an important role in this equation. It became the ideal space for protest and it produced new leaders who were both more credible and more representative than before. These leaders were the imam-s often university educated and young as are three quarters of the population of Algeria. Their argument involves essentially radical denunciation of those who in the process of governing have deviated from the behavior proned by their own very ideological discourse i.e justice equality and respect for the moral values which religion inspires. The new imam-s basing their arguments on the culture of the djihad transmitted by the schools and other ideological institutions for the past thirty years incite the population and the young people in particular to reenact the exploits of the war of liberation against those who marginalise them. In order to understand this behavior only anthropology offers the necessary insight According to the holistic culture of Algeria which is still strong honor is one of the highest values. This concept is at the basis of the order to fight against the big man in this case the State which has failed in its mission of necessary generosity. The combat for honor is therefore imperative Its goal is not necessarily victory to resist at the risk of dying is sufficient. As they have nothing to lose here on earth the young people who have rallied to the call hope that at least they will earn place for themselves in the hereafter.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Abderrahmane Moussaoui
De la violence au djihâd
In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 49e année, N. 6, 1994. pp. 1315-1333.
Abstract
From Violence to the Djihad.
October 1988 was the beginning of cycle of confrontations between opposing forces. It was the official birth date of islamism as
political movement in Algeria. The mosque played an important role in this equation. It became the ideal space for protest and it
produced new leaders who were both more credible and more representative than before. These leaders were the imam-s, often
university educated and young as are three quarters of the population of Algeria. Their argument involves essentially radical
denunciation of those who in the process of governing have deviated from the behavior proned by their own very ideological
discourse: i.e justice, equality and respect for the moral values which religion inspires.
The new imam-s basing their arguments on the culture of the djihad transmitted by the schools and other ideological institutions
for the past thirty years incite the population and the young people in particular to reenact the exploits of the war of liberation
against those who marginalise them.
In order to understand this behavior only anthropology offers the necessary insight According to the holistic culture of Algeria
which is still strong honor is one of the highest values. This concept is at the basis of the order to fight against the big man in this
case the State which has failed in its mission of necessary generosity. The combat for honor is therefore imperative Its goal is not
necessarily victory to resist at the risk of dying is sufficient. As they have nothing to lose here on earth the young people who
have rallied to the call hope that at least they will earn place for themselves in the hereafter.
Citer ce document / Cite this document :
Moussaoui Abderrahmane. De la violence au djihâd. In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 49e année, N. 6, 1994. pp. 1315-
1333.
doi : 10.3406/ahess.1994.279329
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1994_num_49_6_279329DE LA VIOLENCE AU DJIHAD
Abderrahmane MOUSSAOUI
Les hommes les meilleurs ont perdu toute
foi Les plus mauvais étouffent une folle pas
sion YEATS Le second achèvement)
Depuis les années 1980 ébullition sociale pas cessé le printemps
berbère 1980) les manifestations des lycéens et des étudiants Oran
1982) celles de la casbah Alger les émeutes de Sétif et de Constantine
1987 embrasement général de 1988 constitue aboutissement un cycle
de violences urbaines où la mosquée était un simple élément de la
dynamique générale
partir octobre 1988 cette violence prend de la vigueur et les convul
sions sociales se succèdent une fréquence de plus en plus rapprochée dans
une atmosphère politique relativement permissive- Ce qui était que des
émeutes somme toute traditionnellement connues au Maghreb devient un
véritable mouvement social organisé objectif est plus de réajuster le
pouvoir mais de le prendre Les revendications sont de plus en plus pré
cises les stratégies de moins en moins aléatoires La violence est alors utili
sée comme moyen expression Elle est plus anarchique elle organise
pour frapper des moments précis en juin 1991 et en janvier 1992
elle devient puissante est-à-dire la veille des premières élections
législatives pluralistes et après arrêt du processus électoral est le signe
un redoublement de forces dû la convergence des intérêts de plusieurs
parties
Cependant cette violence meurtrière est de plus en plus ressentie
comme légitime aux yeux de ses auteurs Intégrée dans des logiques large
ment partagées elle est normalisée et instituée comme expression une
volonté politique Quand le pouvoir parle de violence de sabotage et de ter
rorisme Benhadj1 lui répond Est-ce de la que de prescrire le
bien et de pourchasser le mal dans les limites des normes dhawâbit ash
Le jeune imam de la célèbre mosquée libre as sunna de Bab el oued Alger est
avec Mädani la figure emblématique du Front Islamique du Salut
1315
Annales HSS novembre-décembre 1994 no pp 1315-1333 VIOLENCES ET RELIGION
)2 Plus une polémique casuistique est le monopole de la vio
lence Weber qui est contesté au pouvoir islamisme se considère en
tant que défendeur de ordre divin plus en droit exercer la violence que
ceux qui ses yeux ne défendent un ordre terrestre
Désormais la rupture est consommée entre les deux camps Les qualifica
tifs accusateurs ils attribuent mutuellement sont significatifs cet égard
Pour le pouvoir les auteurs des attentats sont des terroristes et des inté
gristes pour opposition ceux qui gouvernent sont des tyrans tughât) des
mécréants kuffâr et des juifs de islam yahûd Muhammad Manifeste
ment chaque partie est sur un site différent leurs paradigmes sont puisés
dans des matrices opposées
La mosquée fut pour beaucoup dans la re)formation de cette disposition
mentale
Le rôle de la mosquée
La mosquée devient très tôt un espace-enjeu en matière de violences
urbaines et est tout naturellement que la mouvance islamiste en saisit
Puissamment incrustée dans le tissu social et bien répartie dans le tissu
urbain la mosquée constitue arrière-base du djihâd Le ministre de Inté
rieur du gouvernement Hamrouche réagit trop tard pour reconquérir ces
espaces par le biais de ses fameux décrets3 Les mosquées pour certaines
étaient devenues des poudrières échappant totalement tout contrôle Le
gouvernement Ghozali se veut plus déterminé et tente de mettre en applica
tion ces textes Le 20 janvier 1992 le jour même où le gouvernement Gho
zali se réunissait avec pour ordre du jour la gestion des mosquées) un
arrêté de la wilaya Alger est promulgué Son objectif est de mettre fin
toute activité partisane dans les mosquées et de réduire de la sorte son
impact dans la ville Son premier article stipule Les abords de la mosquée
les rues et ruelles qui lui sont adjacentes ne peuvent aucunement être assimi
lées des prolongements de celle-ci Toute exhibition aux alentours de la
mosquée est formellement interdite quels que soient le jour et heure En
fait est par rapport au jour du vendredi et heure de la prière que arrêté
est pris Le pouvoir vient de décider affronter la mouvance islamiste sur
son propre terrain Les vieilles dissensions momentanément remisées der
rière un unanimisme de fa ade se réveillent Elles se cristallisent encore
une fois autour des deux grandes tendances habituelles celle du courant
sala/iste partisans du salâf les anciens représenté par Benhadj et celle
de la dj ara algérianiste incarne Mädani4 Mais en absence des
Voir Hmida AYACHI Al islâm iyyûn al djazâ iriyyûn bayn as sulta wa ar rassâs Les isla
mistes algériens entre le pouvoir et les balles) Alger Dar el hikma 1992 318
Ces décrets exécutifs promulgués le 23 mars 1991 sont au nombre de trois le décret
no 91/81 relatif la construction de la mosquée son organisation et son fonctionnement et
qui fixe sa mission le no 91/82 portant création de la fondation de la mosquée le 91/83 por
tant création de la NIDHARA des affaires religieuses et déterminant son organisation et son
fonctionnement
Les salafistes se veulent les continuateurs des pieux savants de islam tandis que les algé-
rianistes militent pour une expérience tenant compte de la spécificité de histoire algérienne
1316 LES ENJEUX DU DJIH MOUSSAOUI
deux leaders emprisonnés ce sont les nouveaux membres du bureau provi
soire qui affrontent par le biais de communiqués contradictoires Kebir
exprime le point de vue des salafistes qui se sachant touchés mort pré
fèrent appeler au djihâd tout de suite Saïd fait savoir le point de vue de
la ara qui opte pour la solution pacifique appelant les fidèles et le pou
voir plus de raison5
Cette ferme volonté du pouvoir affronter opposition islamiste est
bien entendu une réponse la recrudescence de la violence urbaine consé
cutive arrêt du processus électoral le 17 janvier 1992 Aucune autre alter
native est laissée au pouvoir qui au risque de disparaître immédiatement
doit contenir la marche de ceux un vote populaire par deux fois déjà
massivement légitimés Fort de expérience de juin 1991 qui provoqua la
chute un gouvernement cause de ces mêmes élections6 Etat dès le ven
dredi 17 janvier 1992 déploie les forces de ordre autour des mosquées où la
prière du vendredi se déroule désormais sous haute surveillance Les quar
tiers chauds de la capitale et des autres villes du pays son

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