Découvertes de stèles monolithiques dans le pays Guragué - article ; n°1 ; vol.19, pg 83-117
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Description

Annales d'Ethiopie - Année 2003 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 83-117
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Claude Tournemire
Découvertes de stèles monolithiques dans le pays Guragué
In: Annales d'Ethiopie. Volume 19, année 2003. pp. 83-117.
Citer ce document / Cite this document :
Tournemire Claude. Découvertes de stèles monolithiques dans le pays Guragué. In: Annales d'Ethiopie. Volume 19, année
2003. pp. 83-117.
doi : 10.3406/ethio.2003.1040
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ethio_0066-2127_2003_num_19_1_1040d'Ethiopie, 2 003, vol. XIX: 83-117. Annales
DÉCOUVERTES DE STÈLES MONOLITHIQUES
ANS LE PAYS CURAGE
Claude Tournemire
Historique
Le pays du Soddo, dans lequel s'inscrit une partie du Guragé actuel, corres
pond à une entité historique imprécise, au sud d'Addis Abeba, des rives de
l'Awash, au nord, jusqu'au sud de Kella, localité à une quinzaine de km de
Butajira. Ce pays traditionnel, flou dans ses limites, ne doit pas être confondu
avec le Soddo-Wolaita contemporain, plus au sud, séparé de lui, par la région de
Meskan, Silté, Hosaina Haddia et Kambata.
Ce Soddo ancien englobe, essentiellement, deux cantons (woréda) administ
ratifs actuels en restant, par commodité, sur l'axe routier Addis Abeba —
Butajira :
- le woréda de Lemen, au nord, dans l'Oromiya Region au sud de l'Awash
- le woréda de Bui, au sud, dans la zone du Guragé, Southern Nations,
Nationalities and Peoples Region.
La limite nord, entre le pays Oromo et le pays Guragé, passe entre Haro et
Tiya. Les interpénétrations ethniques sont fréquentes.
Le Soddo ancien est, donc, depuis la fin du xixe siècle, l'objet de l'attention
de voyageurs et plus tard, au xxe siècle, d'archéologues.
- Alfred Ilg, ingénieur suisse, au service de Menelik II, le parcourt dans les
années 1880, prend des photos de stèles qui ne laissent pas d'intriguer. Deux
d'entre elles, dont les légendes sont erronées, paraissent dans le catalogue de
l'Exposition 2002 Alfred Ilg and Ménélik II au Musée ethnographique de
l'Institut des Etudes Ethiopiennes, à l'Université d'Addis Abeba.
- la première mention documentée est celle de Chollet V. et Neuville H. dans
"Notes préliminaires sur des mégalithes observés, dans le Soddo", Bulletin
de la Société Philomatique de Paris, 1905, portant sur les sites de Tiya,
Sombo, Ambet et Seden.
- en 1907, le Dr Lincoln de Castro parcourt le Kondaltiti, région de Ilya, et 84
publie un compte rendu dans le Bulletin de la Société de géographie italienne,
avec une photo d'Alfred Ilg.
- les premières recherches et fouilles approfondies sont entreprises, de 1922
à 1926 par le Père Azaïs F., capucin de la Mission catholique de Harar dont
Mgr. Jarosseau était l'intransigeant Vicaire apostolique, et Chambard R.,
éthiopisant {Cinq années de recherches archéologiques en Ethiopie, Paris
1931). Leur récit fait date dans la connaissance du mégalithisme en Ethiopie
orientale et méridionale.
- En 1934-1935, deux membres de la Mission Frobenius de Francfort, mis
sion centrée sur l'étude ethnographique du Sidamo, découvrent des stèles au
sud du Soddo (Kefel Damo, Meskan Kachaber), relativement hors de notre
champ d'étude.
- Enfin, deux archéologues effectuent, à partir des années 1970, des
recherches fondamentales en Ethiopie et en particulier dans le Soddo :
Francis Anfray, dans les années 1970-1980, arpente toute la région au sud de
l'Awash, répertorie 195 sites mégalithiques comprenant plus de 600 stèles, tra
vail considérable résumé dans "Les stèles du sud Shoa et Sidamo" en 1982. En
1990, dans Les Anciens Ethiopiens, il reprend, dans son chapitre consacré aux
mégalithes du sud (p. 225-257), les éléments essentiels de sa précédente étude.
Roger Joussaume, déjà présent dans les années 1970 dans le Harar {Le
Mégalithisme en Ethiopie, 1974), entreprend des campagnes de fouille, à partir
de 1982, sur le site de Tiya, sous l'égide de la Mission Française d'Archéologie
et du Centre Ethiopien pour la Recherche et la Conservation du Patrimoine -
Culturel (sigle anglais CRCCH). La recherche devient pluridisciplinaire : publi
cation, en 1995, sous sa direction, de l'ouvrage de référence : Tiya, l'Ethiopie des
Mégalithes, du biface à l'art rupestre, dans la Corne de l'Afrique.
- A noter, deux articles récents, par des universitaires éthiopiens :
• un survol des principaux sites archéologiques de "Southern Nations,
Nationalities and Peoples Region" par Metasebia Bekele, du Bureau
Culturel et d'Information d'Awasa {Ethiopia in Broader Perspective vol. 1,
1997). Neuf sites sont indiqués pour le Guragé, y compris Tiya, avec un
total de 118 stèles, ce qui semble sous-estimé.
• des notes préliminaires, sur des stèles du nord Shoa, par Tekle Hagos
{Annales d'Ethiopie 2000) qui débordent géographiquement de l'étude
présente. Fig. 1 Carte de la région de Bui A 86
Environnement : Deux aires riches en mégalithes se partagent le pays situé
entre l'Awash supérieur (région de Melka Kunture) et le piémont de Butajira :
• Celle du Nord, avec Tiya pour epicentre, domaine des stèles anthropomorp
hes, des stèles à épées, des stèles au masque, des stèles tambour.
• Celle du Sud, centrée autour de Butajira avec les sous-groupes de Kefel
Damo, Meskan et Kibet Silté où dominent les stèles dites historiées.
Entre les deux, la région de Bui (fig. 1, carte), à une vingtaine de km au sud
de Tiya, présentait un vide archéologique qui suscitait des interrogations. Le
"blanc" de la carte de F. Anfray, Annales d'Ethiopie 1982, n° 12, planche III, ne
pouvait qu'intriguer.
Les recherches de surface devaient s'avérer concluantes, aussi bien dans la
proximité occidentale du chef-lieu du Woréda, le long de la Meki river, qu'au
pied de l'escarpement et sur les hauteurs, à l'est de la localité, en direction de
Medrekebd, haut lieu de pèlerinage en l'honneur d'un des plus grands saints
éthiopiens, Gebre Manfas Qeddus. La tradition fait remonter son apostolat,
depuis le mont Zukwala, à des temps proches de l'érection des stèles, xii-xme
siècle. C'est en fait une zone intermédiaire, palier d'altitude (2000-2200 m)
entre, à l'ouest, l'escarpement de faille occidental (monts du Guragé, 3000 m en
moyenne) et à l'est, la dépression de la Rift Valley (plaine de Mekki et du lac
Ziway, 1700 m).
Escarpement Escarpement
occidental inférieur occidental supérieur
Mt Curage «3719 m)
. Mukona 2077 m
M*kim*V.M}7*t
Fig. 2 : Profil ouest-est
Le croquis (fig. 2) n'est pas un profil géographique à l'échelle, mais il donne
une idée générale du relief d'ouest en est. La latitude de chacun des sites décou
verts est comprise entre 8° 18'et 8° 21'de nord. Leur altitude varie de
2000 à 2500 m. Ils s'échelonnent de l'ouest à l'est : 87
08° 19'543 08° 21 '840 Firshi Fato
08° 21*620 08° 21'546 Zerishi Nika
08° 19'114 08° 20776 Oddo Tibo Makona
08° 20'538 08° 18'499 Village Dubis 1
08° 19*221 08° 20'429 Gemise 2
Le mont Guragé est à une latitude plus basse, mais l'escarpement qui le con
tinue au nord a des altitudes voisines de 3000 m, jalonné par des sites à stèles,
en particulier la région d'Amwate, Wacho Balemotabi, Gayet Gareno, Wuchetti
Aguffi, Gayeno Gayet et plus au nord la ligne de crête dominant Haro et Tiya
à l'ouest : Belba, Tchormi, Tcheka Gabriel, Tcheka-Dawe, Dimbo Der, Tekle
Haymanot.
Le terroir a l'aspect d'un bocage qui contraste avec l'openfield, au nord de
l'Awash. Il est fait d'un émiettement de parcelles, avec, pour chacune d'entre
elles, la hutte ronde, entourée d'un enclos d'ensète, puis les champs cultivés
(maïs, nug, pois, lentilles, berbère, le teff même), plus loin, à la périphérie, sur
les hauteurs "des friches et des lambeaux forestiers" (Gascon A. 1990).
L'altitude, de 2000-2200 m, correspond à la zone bioclimatique de la waina
daga, la plus propice à la polyculture à ces latitudes.
L'occupation humaine est forte, sans atteindre les densités du Guragé occi
dental plus élevé, plus arrosé ou de la plaine de Butajira. Le paysan guragé,
domine mais l'empreinte oromo y paraît sensible, c'est une zone de cohabitat

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