Déséquilibre et ajustement en République Centrafricaine - article ; n°114 ; vol.29, pg 409-428
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Description

Tiers-Monde - Année 1988 - Volume 29 - Numéro 114 - Pages 409-428
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Rietsh
Déséquilibre et ajustement en République Centrafricaine
In: Tiers-Monde. 1988, tome 29 n°114. pp. 409-428.
Citer ce document / Cite this document :
Rietsh Christian. Déséquilibre et ajustement en République Centrafricaine. In: Tiers-Monde. 1988, tome 29 n°114. pp. 409-428.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1988_num_29_114_3547DÉSÉQUILIBRES ET AJUSTEMENT
EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
par Christian Rietsch*
La république Centrafricaine est un des pays les plus pauvres de la terre. Elle
connaît tous les traits caractéristiques des pays sous-développés, peut-être même
à un niveau plus exacerbé qu'ailleurs. Comme nombre d'autres pays, elle a
connu une montée des déséquilibres depuis l'indépendance, déséquilibres qui
ont été contenus un certain temps, puis cachés, enfin qui ont éclaté au grand
jour lors d'un changement de régime politique.
Des programmes d'ajustement ont été proposés puis appliqués selon les
directives de différents acteurs, en vue de résorber ces déséquilibres.
Ces ont connu des succès variés, tenant tant à leur logique qu'à
leur faiblesse. Leur réévaluation devrait permettre d'aménager les procédures
d'ajustement.
I. — Les déséquilibres
En 1960, quand l'indépendance de la rca est proclamée, celle-ci connaît
une situation typique de pays sous-développé, une propension à consommer
élevée, une épargne de 9 % du pib et un déséquilibre important des échanges
extérieurs (1 1 % du pib) combiné avec une forte extraversion.
La plupart de ces caractéristiques vont se dégrader. Les principaux indica
teurs macro-économiques de la rca ont connu les évolutions suivantes que l'on
peut résumer en cinq traits :
1 . Une propension à consommer de plus en plus forte
En 1960, la consommation totale (privée et publique) représente 91 % du
pib; elle augmente régulièrement et connaît un maximum de 109,8% en 1980.
On note une croissance impressionnante de la consommation totale : sur la
période 1960 à 1980, elle augmente au rythme annuel de 2,7 %. Pendant ce temps,
* Université d'Orléans, Université de Bangui.
Revue Tiers Monde, t. XXIX, n» 114, Avril-Juin 1988 410 CHRISTIAN RIETSCH
la consommation privée croît au taux de 3,3 % par an et la consommation des
administrations, après avoir augmenté jusqu'en 1970, régresse ensuite.
Sur la période 1960-1980, on se trouve en présence des fonctions macro
économiques de consommation suivantes : Ctot = 1,084 pib — 15,47 et Cmén
= 1,095 pib — 35,78. On remarque une propension marginale à consommer supé
rieure à l'unité, ce qui signifie qu'une croissance du produit fait augmenter plus que
proportionnellement la consommation.
Ensuite, ces chiffres indiquent que la rca a financé sa consommation courante
par autre chose que sa production.
Enfin, la consommation croît à un taux supérieur à celui de la population
(de 1,9 à 2,5 %), mais malheureusement le pib augmente moins rapidement (2,3 %)
que la consommation et que la population : l'évolution devient menaç
ante et le côté sympathique d'une du Tiers Monde qui améliore son
niveau de vie est complètement retourné par la croissance lente de l'indicateur
du produit.
2. L'épargne intérieure devient négative
En utilisant l'équation macro-économique des ressources et emplois :
Y + M = C + S+X, on détermine l'épargne S = (Y — C) + (M — X). L'épar
gne intérieure ne dépend que de Y — С ; or Y — С se réduit de plus en plus
pour devenir négatif en fin de période : en 1980, on n'épargne plus en rca, on
désépargne.
En pourcentage du pib, et lissé par une moyenne mobile, le taux d'épargne
passe de 10% en 1960 à — 6% en 1981. Toutefois la situation s'améliore à
partir de 1984 (+ 0,95 %).
Il est évident que, dans une telle situation, l'investissement sera relativement
faible ou du moins qu'il aura tendance à régresser parallèlement à l'épargne.
3. L'investissement se réduit
A l'indépendance, la rca est un pays qui investit beaucoup : 20 % environ de
son pib, alors que le Sénégal en est à 16 % ou la Côte-dTvoire à 15 %.
Sur la période, en pourcentage du pib et en moyenne, les chiffres sont les
suivants :
1960-1964 1965-1969 1970-1974 1975-1979 1980-1984
Investissement en % du pib 21,6 19,8 18,9 11,7 9,8
Ainsi, pendant que le Sénégal et la Côte-d'Ivoire portaient respectivement
leurs taux d'investissement à 20 et 24 % du pib, la rca en est aujourd'hui à 13 %
environ après être passée par un creux de 6,8 % en 1980. La chute du taux d'inves
tissement en rca se combine donc avec une hausse du taux de ses concurrents : on
se doute du danger d'une telle évolution ! DÉSÉQUILIBRES ET AJUSTEMENT EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE 411
En fait, la RCA connaît un désinvestissement progressif qui culmine avec
Vincapadté du maintien en état du stock de capital. Ceci se constate avec les
chiffres ci-dessus; mais la réalité en fournit des images plus cruelles encore :
de 1975 à 1980 de nombreux indices illustrent la dégradation du stock de capital :
les routes sont devenues de plus en plus impraticables et certaines ont disparu
dans la végétation; les services d'eau et d'électricité se sont arrêtés progressive
ment de fonctionner dans tout le pays et, vers la fin, même la capitale commençait
à être touchée par des pannes de plus en plus fréquentes; le courrier ne sortait
plus de la capitale; il n'existait plus qu'environ 200 lignes téléphoniques en état
de fonctionner; la paye des fonctionnaires ne pouvait plus être organisée en
dehors de la capitale...
4. Le solde extérieur se creuse
Le solde montre un déficit d'environ 10 % du pib en 1960, ce qui est
fort courant pour un pays sous-développé cherchant à s'équiper. Mais à mesure
que la base économique du pays s'effondre, il faut importer de plus en plus pour
consommer et, à intervalles irréguliers, pour reconstituer à grands frais le capital
que l'on a laissé se dilapider. A l'exportation, les cycles de type brésilien se suc
cèdent : coton, diamant, coton, bois, diamant et café puis effondrement génér
alisé. Du fait des cycles, les termes de réchange s'améliorent en moyenne sur la
longue période avant de connaître finalement une chute brutale. Cette amélio
ration lente et continue cache surtout une énorme instabilité par produit.
5. Un déficit des finances publiques
Les documents retraçant l'histoire financière du pays sont rares, dispersés et
hétérogènes; les budgets exécutés sont fort différents des prévisions; après la
centrafricanisation des postes du Trésor en 1970, celui-ci joue le rôle d'une caisse
d'encaissement et de paiement cherchant à équilibrer le mieux possible et au jour
le jour la situation.
Le solde budgétaire est excédentaire jusqu'en 1967, ce qui est étonnant dans un
pays sous-développé manquant de tout et qui gonfle rapidement sa fonction
publique après l'indépendance. Puis le déficit s'installe et devient rapidement
inquiétant selon le terme même des autorités : en 1970 ce déficit est de 1,4 mil
liard CFA, soit 2,8 % du pib, en 1976 et 1977 ce déficit atteint 4,4 et 4,8 % du pib
et il culmine en 1981 à 5,4 % du pib (10,2 milliards cfa).
Il convient de remarquer que ce déficit provient d'une baisse relative des
recettes plutôt que d'un gonflement excessif des dépenses.
En effet, passé les premières années de l'indépendance où les dépenses
publiques montent en flèche (+ 9,3 % par an en termes réels de 1961 à 1968), la
stagnation devient la règle sur la décennie. L'intervention du fmi fera même
chuter les dépenses publiques au niveau de 1963.
Par contre, la ventilation des dépenses publiques est plus inquiétante : la
masse salariale passe de moins de 40 % des dépenses publiques à plus de 60 % 412 CHRISTIAN RIETSCH
en 1979 (représentant 90% des recettes publiques!). Corrélativement, les achats
de biens et services après une augmentation brutale (de 16,6% des dépenses
publiques en 1960 à 28 % en 1964) régre

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