Diderot et l actualité politique - article ; n°1 ; vol.18, pg 93-103
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Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1995 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 93-103
Hédia Ouertani-Khadhar : Diderot and Contemporary Politics.
Politics, however defined, permeates all of Diderot's works. This article reviews Diderot's reactions to the political events of his time, taking in many subjects, such as religious problems, the quarrel between doctors and surgeons, governmental incompetence, the Encyclopédie war, the Paris Parlement, free trade in cereals, the establishment of just taxes, military reforms, colonial affairs, France's foreign policy, the fate of Poland, the future of the monarchy and the hopes placed in Louis XVI.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 45
Langue Français

Extrait

Hédia Ouertani-Khadhar
Diderot et l'actualité politique
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 18-19, 1995. pp. 93-103.
Abstract
Hédia Ouertani-Khadhar : Diderot and Contemporary Politics.
Politics, however defined, permeates all of Diderot's works. This article reviews Diderot's reactions to the political events of his
time, taking in many subjects, such as religious problems, the quarrel between doctors and surgeons, governmental
incompetence, the Encyclopédie war, the Paris Parlement, free trade in cereals, the establishment of just taxes, military reforms,
colonial affairs, France's foreign policy, the fate of Poland, the future of the monarchy and the hopes placed in Louis XVI.
Citer ce document / Cite this document :
Ouertani-Khadhar Hédia. Diderot et l'actualité politique. In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 18-19, 1995.
pp. 93-103.
doi : 10.3406/rde.1995.1293
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1995_num_18_1_1293Hédia OUERTANI-KHADHAR
Diderot et l'actualité politique
fictif contemporains. Diderot Le des 31 mourait grands juillet Cinq écrivains à 1784 l'âge ans dans plus de «Père son soixante tard, de appartement la il ne Révolution». et figurera onze de ans pas la mal rue dans connu de le Richelieu, Panthéon de ses
Pourtant, Diderot était bien l'homme de son temps. Ses œuvres
nous permettent de découvrir les multiples facettes de l'actualité au
xvme siècle. De prime abord, il semble qu'aucun aspect de ce qui est
actuel n'échappe au philosophe. Dans le Neveu de Rameau il décrit la vie
littéraire, artistique, musicale... mais le public ne sera atteint qu'au
xixe siècle et d'abord sous la forme d'une traduction allemande. Sur le
plan politique, ses réactions ne seront connues qu'à l'ouverture du fonds
Vandeul en 1951 2.
Il ne faut pas espérer trouver la pensée politique de Diderot ramassée
en un seul volume. Le politique de quelque façon qu'on l'entende
traverse l'œuvre entière, pour l'essentiel posthume ou confidentielle, si
l'on songe aux lettres à Sophie Volland ou à la Correspondance Litté
raire de Grimm.
On a souvent avancé que sur le plan politique « son influence était
nulle»3. On connaît l'aveu de Diderot lui-même sur la question:
«imposez-moi silence sur la religion et le gouvernement, et je n'aurai
plus rien à dire»4 il avouait également que «les problèmes d'économie
et de politique lui embrouillaient la tête».
L'histoire des idées jusqu'au milieu du xxe siècle s'interroge encore
sur son importance politique. On a pu mettre en évidence des points de
1. Voir Hédia Ouertani-Khadhar, Diderot et V actualité politique (1746-1784) , Préface
de R. Pomeau. Publications de la Faculté des Lettres de la Manouba, Tunis, 1992, 330 p.
2. Herbert Dieckmann, Inventaire du Fonds Vandeul. Genève, 1951.
3. Daniel Monert, Les origines intellectuelles de la Révolution française (1715-1787),
1964, 5e édit., p. 92.
4. Diderot, La Promenade du sceptique, DPV, II, 81. HEDIA OUERTANI KHADHAR 94
vue le plus souvent contradictoires. L'homme et l'œuvre ressortissent à
la métaphore de la « girouette langroise » et au portrait — impossible —
d'un Diderot qui apparaît avec « cent physionomies diverses en un seul
jour».
Dès les premiers écrits, Diderot se présente comme un bon citoyen :
« Je suis un bon citoyen, et [. . .] tout ce qui concerne le bien de la société
et la vie de mes semblables est très intéressant pour moi »5 écrit-il dans
la Première lettre d'un citoyen zélé. Désireux de faire le bien du plus
grand nombre, il y propose des solutions pour résoudre la querelle
entre médecins et chirurgiens. Dénoncé comme un: «garçon plein
d'esprit mais extrêmement dangereux»6, il est, en 1749, incarcéré à
Vincennes. Au bout de cent jours, il en sort après avoir signé un « enga
gement» où il reconnaît sa soumission et son obéissance au Roi. Et s'il
se consacre entièrement à Y Encyclopédie, il continue à écrire sur toutes
les questions qui agitent le royaume. Parmi les commentaires que lui
inspirent les circonstances depuis les Pensées philosophiques et le
scandale des convulsionnaires jusqu'aux ultimes réflexions sur l'Indépen
dance américaine on peut suivre Diderot au jour le jour consigner ses
sentiments sur l'attentat de Damiens, la guerre de Sept ans, les réformes
de Silhouette, la suppression des jésuites, l'affaire Calas, l'intolérance
du Parlement, les réformes de l'enseignement, la politique extérieure
de la France, le sort de la Pologne, l'avenir de la monarchie et les espoirs
en Louis XVI. Il semble bien que rien ne pouvait laisser Diderot
indifférent.
L'intérêt de Diderot pour l'actualité politique allait croissant au fil
des années. Il faut avoir présent à l'esprit que Diderot en tant que
responsable de Y Encyclopédie, se sentait tenu à une grande réserve.
De 1757 à 1762, la crise religieuse, apaisée un moment depuis la
mort du cardinal de Fleury, reprend violemment pendant les dernières
années de la guerre de Sept ans. Les persécutions des protestants
s'amplifient. L'attentat de Damiens contre le Roi est présenté à l'opinion
comme un acte bénéficiant de l'appui des Jésuites. Sur cette affaire,
Diderot garde le silence7. Il n'en parlera que quelques années plus
tard de façon inattendue dans une lettre à Sophie Volland8.
5. Diderot, Lettre d'un citoyen zélé, DPV, VIII, 218.
6. Voir le rapport du Commissaire d'Hémery, cité par R. Darnton dans Le grand
Massacre des chats, R. Laffont, 1985, p. 173.
7. Ce régicide manqué appartient aux journées qui pendant quelques mois ébranlé
la France (28 mars 1757), cf. L'attentat de Damiens. Discours sur l'événement au xv ïif siècle,
PU. Lyon, 1979.
8. Lettre à Sophie Volland, 14-15 octobre 1760, Lew., IV, 890 (en réalité Diderot
ne porte pas de jugement sur le régicide et encore moins sur le supplice de Damiens. Il
semble bien plus admirer une action forte dans le vice qui doit avoir son penchant dans le
domaine de la vertu). DIDEROT ET L'ACTUALITÉ POLITIQUE 95
En 1762, un an avant la fin de la guerre de Sept ans, le scandale du
père La Valette précipite la perte des jésuites. Au même moment, sont
exécutés à Toulouse, le pasteur Rochette et Jean Calas.
De 1762 à 1764, Diderot n'intervient pas publiquement. Pourtant
il semble bien qu'il est parfaitement informé : « les Jésuites ont été
jugés vendredi au soir. A minuit les chambres étaient encore asemblées.
Aussitôt que les Arrêts paraîtront, je les ferai partir pour Isle ». Diderot
note avec discernement que l'affaire La Valette n'est qu'un prétexte
pour se débarrasser d'ennemis qui, depuis deux cents ans, «brouillaient
l'Église et l'État». C'est ainsi qu'il condamne les Jésuites et révèle les
contradictions de leur système9. Décrivant les dernières heures de la
Compagnie, il en parle comme d'un événement fabuleux, inimaginable,
imprévisible, qui a surpris aussi bien les condamnés que leurs ennemis :
« cette boutique des Jésuites contenait toutes sortes de denrées, bonnes,
mauvaises, mais elle était bien formée. Ceux qui la tenaient étaient de
grands charlatans» (p. 710). Pour Diderot, la suppression des Jésuites
est une délivrance. C'est ainsi qu'il l'écrit à Sophie Volland : «Me voilà
délivré d'un grand nombre d'ennemis puissants ». Cette joie est redoublée
à l'idée que le départ des Jésuites entraînera la chute des Jansénistes,
comme il se plaît à le dire en évoquant : « la fable des deux chevrons
arcs-boutés et en querelle sur le faîte de la maison. Le maître impatienté
de leur mésintelligence abattit l'un et l'autre tomba» (p. 711).
La suppression des jésuites devait avoir des conséquences particu
lièrement graves dans le domaine de l'enseignement. La Compagnie
possédait en effet, un nombre important d'établissements. Par jugement
du 6 août 1762, le Parlement de Paris décréta que le recrutement des
jésuites serait suspendu et que leurs collèges serai

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