Du rôle de l économie sociale dans la question de la dépopulation et du repeuplement de la France - article ; n°1 ; vol.2, pg 425-442
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1891 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 425-442
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1891
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. Diamandy
Du rôle de l'économie sociale dans la question de la
dépopulation et du repeuplement de la France
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 2, 1891. pp. 425-442.
Citer ce document / Cite this document :
Diamandy G. Du rôle de l'économie sociale dans la question de la dépopulation et du repeuplement de la France. In: Bulletins
de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 2, 1891. pp. 425-442.
doi : 10.3406/bmsap.1891.7552
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1891_num_2_1_7552— SUR LA DÉPOPULATION • DE LA FRANCE. 425 DIAMANDY.
ÉLECTIONS.
M. le docteur Garlier est élu membre titulaire de la Société
par 22 voix sur 22 votants.
COMMUNICATIONS.
Du rôle de l'économie sociale dans la question
de la dépopulation et du repeuplement de la France l %
PAR M. G. DIAMANDÏ (DE JASSt).
DE L'IMPORTANCE DES LOIS ÉCONOMIQUES
DANS LES PHÉNOMÈNES SOCIOLOGIQUES.
11 semblerait audacieux de venir discuter une question
débattue par des savants tels que MM. Fauvelle, Laborde,
Lagneau, Ghervin et autres personnes compétentes dont les
paroles ont du poids. Ce qui me permet de le faire, c'est que
la question a été envisagée uniquement au point de vue méd
ical ; c'est que personne n'a essayé de voir si des motifs
d'ordre économique n'influeraient pas sur la dépopulation.
Bien plus, quand MM. Fauvelle et A. Bertillon ont rpononcé
le mot de causes économiques, on s'est récrié, demandant en
quoi l'économie était intéressée dans la question, et qu'avait
à voir cette science dans la Société d'anthropologie. En peu
de mots, M. Georges Hervé a répondu à la question, mais
rien qu'en passant, ce qui nous force de revenir sur ce sujet.
Les phénomènes sociologiques se manifestent-ils sponta
nément, n'ont-ils pas une cause commune, un moteur tout-
puissant qui leur fait prendre différents aspects? Aujourd'hui
que la science est due.à l'analyse, aux recherches minutieuses,
on ne peut plus, raisonnablement du moins, soutenir que les
faits sociologiques sont quelque chose de fatal, qu'ils appa
raissent comme les diables des boîtes à surprises.
1 Résumé succinct d'une communication faite à la Société d'anthropol
ogie. SÉANCE DU 4 JUIN 1891. 426
Il y a donc une raison, une cause, déterminant un fait
plutôt qu'un autre, un progrès ou un regrès, une forme de
préférence à une autre. Cette raison, cette cause est laraison,
la cause économique. En vérité, très souvent ce qui semble
être de la morale pure, n'est jque la manifestation plus ou
moins lointaine, plus ou moins cachée d'une loi économique.
Je vais même plus loin et, à mon humble avis, si vous r
emarquez une uniformité universellement identique dans
l'évolution sociologique, c'est que les lois économiques sont
les- mêmes, n'importe où, pour les milieux sociologiquement
identiques.
Pour appuyer et prouver l'exactitude de cette façon de
voir, je vais vous citer quelques faits sociologiques, tout en
vous priant d'excuser cette digression, que je ne fais,
d'ailleurs, que pour démontrer qu'à la Société d'anthropol
ogie, on a parfaitement le droit de parler économie. Ainsi,
l'anthropophagie qui avait jadis tout un attirail de culte,
semblerait, de prime abord, une simple question de philo
sophie, une phase de l'évolution de la morale. Pourtant il n'en
est rien. Les îles océaniennes, par exemple, étaient dépourvues
de mammifères, et peuplées par un grand oiseau, que les
indigènes appellent moa et qui formait le principal aliment
des sauvages. Dans de nombreux tumulus on a retrouvé des
coquilles d'œufs, des os, de ce gigantesque oiseau (Dinornis
gt'ganteus, patopteryxnigens, etc.). Quand le moa disparut, les
indigènes, poussés par les conditions de milieu, devinrent
anthropophages, ils élevèrent même l'anthropophagie au
rang d'une institution religieuse. Mais que sont ces condi
tions de milieu, sinon des conditions économiques?
Un autre exemple. Aujourd'hui l'Amérique ne compte plus
dans ses immenses prairies que 1091 bisons, dont 550 seul
ement sont libres et sauvages, dans un coin perdu des pos
sessions anglaises1. Les anciens maîtres du sol, les Indiens
1 E. Cartailhac, Extermination des bisons en Amérique {la Nature, 1890,
22 novembre, 18e année). — SUR LA DÉPOPULATION DE LA FRANCE. 427 DIAMANDY.
Sioux, depuis des siècles chassaient le bison, puis une partie
des Sioux devint stable, passa à l'état de peuple agricole,
tandis que les autres Sioux continuèrent à courir les prairies.
Depuis la disparition presque totale du bison, ces malheu
reux Indiens se trouvent dans un état de misère vraiment
pitoyable. Poussés par la faim, manquant de leur principale
alimentation, les Sioux se sont révoltés, sont entrés en guerre
ouverte contre le gouvernement, ont été massacrés et, demain,
de ces Sioux chasseurs il ne restera qu'une vague légende.
Certains groupes d'Esquimaux tendent à disparaître depuis
que les phoques ont abandonné les côtes peuplées par ces
Esquimaux.
Tout dernièrement, M. Rabot1 nous disait ici même qu'une
partie des Ostiaks (Sibérie) disparaissent depuis que le renne
est devenu rare.
Dans ces trois exemples vous voyez trois peuples : les
Sioux, les Esquimaux et les Ostiaks, s'effaçant peu à peu
de la scène humaine par suite des malheureuses conditions
économiques dans lesquelles ils se sont trouvés.
Dans un autre ordre d'idées, il en est de même des ques
tions sociologiques telles que l'évolution de la propriété, de la
politique, de la famille, de la morale, des institutions juri
diques, etc. La propriété individuelle ou collective, le mariage
ou la prostitution, l'altruisme ou l'êgoïsme, la liberté ou l'e
sclavage, la loi du talion, la guerre, etc., ne sont que la cris
tallisation palpable des lois économiques et de leurs appli
cations.
A l'appui de ce que nous avançons, je vais citer un fait
connu de tous. Le christianisme et ses représentants n'ont
pas été persécutés à cause d'un danger moral que pouvait pré
senter la nouvelle doctrine, mais simplement parce que l'appel
à l'égalité des hommes rendait l'esclavage odieux et imposs
ible. Mais tout le monde ancien, le romain y compris, était
i Séance de la Société d'anthropologie. Compte rendu du voyage fait
en Sibérie chez les Ostiaks. SÉANCE' DU 4 JUIN 1891. 428
basé sur le principe de l'esclavage. En gens conscients, les
Romains, tolérants en matière de croyance religieuse, furent
intraitables en matière de théorie économique. Ceci est tell
ement vrai que le monde romain et toute l'ancienne société
s'écroulent, disparaissent sous les attaques des doctrines
égalitaires qui, en affranchissant l'esclave, privaient l'anti
quité de la seule ressource de son existence.
Pour ne pas aller plus loin nous pouvons citer sans insister
la Révolution française et la campagne socialiste actuelle.
Naturellement, la corrélation des lois économiques et des
faits de sociologie est encore mise en doute ou ignorée, car
on écrit l'histoire en abusant des dates et des noms propres
et en oubliant que c'est toujoursl'état économique d'un peuple
qui le pousse à faire ou à éviter la guerre extérieure ou civile,
et non pas le caprice de quelques-uns, dans ces derniers
temps surtout.
Excusez, je vous prie, cette digression, mais je l'ai faite
surtout comme une explication des arguments dont je vais
essayer de me servir dans le cours de ma communication.
EST-IL OU N'EST-IL PAS NÉCESSAIRE DE REPEUPLER LA FRANCE ?
Dans la discussion engagée, cette question est naturell
ement celle qui vient à l'esprit en premier lieu. Nous allons la
discuter tant au point de vue des intérêts des classes sociales
de la société actuelle, qu'au point de vue sociologique des
intérêts supérieurs du progrès et de la civilisation. Tout
d'abord, envisageons-la au point de vue des intéressés de la
société actuelle. Qui sont les intéressés? Le capital d'une
part et le travail de l'autre.
Le capital ne trouve pas, au point de vue é

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