Effets de la consanguinité et de l endogamie. Une enquête en Morbihan et Loir-et-Cher - article ; n°2 ; vol.7, pg 249-266
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Effets de la consanguinité et de l'endogamie. Une enquête en Morbihan et Loir-et-Cher - article ; n°2 ; vol.7, pg 249-266

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Description

Population - Année 1952 - Volume 7 - Numéro 2 - Pages 249-266
L'interdit existant dans toutes les législations et coutumes à rencontre des mariages entre apparentés de certains degrés, paraît relever de considérations à la fois biologiques et sociales. La question de l'inocuité ou de la nocivité des unions consanguines est cependant encore discutée, notamment dans les milieux médicaux, en raison de l'éparpillement des données. La présente étude, qui s'inscrit dans une série d'articles sur l'aspect qualitatif des problèmes de population, donne les premiers résultats d'une enquête réalisée dans deux déparlements français très différents sur le plan de l'endogamie. Comparées à des groupes témoins, 262 familles consanguines dans le Morbihan et 264 familles consanguines dans le Loir-et-Cher sont étudiées du point de vue de la mortalité, de la fréquence des anormaux et de la masculinité. Les familles consanguines apparaissent fortement défavorisées.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Sutter
Léon Tabah
Effets de la consanguinité et de l'endogamie. Une enquête en
Morbihan et Loir-et-Cher
In: Population, 7e année, n°2, 1952 pp. 249-266.
Résumé
L'interdit existant dans toutes les législations et coutumes à rencontre des mariages entre apparentés de certains degrés, paraît
relever de considérations à la fois biologiques et sociales. La question de l'inocuité ou de la nocivité des unions consanguines est
cependant encore discutée, notamment dans les milieux médicaux, en raison de l'éparpillement des données. La présente étude,
qui s'inscrit dans une série d'articles sur l'aspect qualitatif des problèmes de population, donne les premiers résultats d'une
enquête réalisée dans deux déparlements français très différents sur le plan de l'endogamie. Comparées à des groupes témoins,
262 familles consanguines dans le Morbihan et 264 familles consanguines dans le Loir-et-Cher sont étudiées du point de vue de
la mortalité, de la fréquence des anormaux et de la masculinité. Les familles consanguines apparaissent fortement défavorisées.
Citer ce document / Cite this document :
Sutter Jean, Tabah Léon. Effets de la consanguinité et de l'endogamie. Une enquête en Morbihan et Loir-et-Cher. In:
Population, 7e année, n°2, 1952 pp. 249-266.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1952_num_7_2_2687EFFETS DE LA CONSANGUINITÉ
ET DE L'ENDOGAMIE
UNE ENQUÊTE EN MORBIHAN ET LOIR-ET-CHER
L'interdit existant dans toutes les législations et coutumes
à rencontre des mariages entre apparentés de certains degrés,
paraît relever de considérations à la fois biologiques et so
ciales. La question de l'inocuité ou de la nocivité des unions
consanguines est cependant encore discutée, notamment dans
les milieux médicaux, en raison de l'éparpillement des don
nées. La présente étude, qui s'inscrit dans une série d'articles
sur l'aspect qualitatif des problèmes de population, donne les
premiers résultats d'une enquête réalisée dans deux dépar
lements français très différents sur le plan de Vendo garnie.
Comparées à des groupes témoins, 262 familles consanguines
dans le Morbihan et 264 familles consanguines dans le Loir-
et-Cher sont étudiées du point de vue de la mortalité, de la
fréquence des anormaux et de la masculinité. Les familles1
consanguines apparaissent fortement défavorisées.
Un des effets de la civilisation est d'avoir, depuis une centaine
d'années, favorisé les échanges de toutes natures entre les
populations les plus diverses. Sur le plan biologique, par
exemple, ce que l'on peut appeler « l'éclatement des isolais » a pro
voqué indirectement une véritable révolution biologique, dans de
nombreuses populations (1)*. La possibilité pour chaque individu de
choisir son conjoint parmi un plus grand nombre de sujets modifie
sensiblement les caractéristiques des populations auxquelles ils
appartiennent. Ayant pris un grand essor, depuis 20 ans, la géné
tique de population fournit maintenant des instruments précieux
à ceux qui se soucient de mesurer l'ampleur des phénomènes quali
tatifs à l'échelle démographique.
Dès 1946, pour notre part, nous avons tenté, à l'aide de ces
techniques, de mettre en évidence l'influence de l'endogamie sur
le taux de la mortalité périnatale (mortinatalité -\- mortalité des
* Les notes renvoient aux références p. 266. 250 EFFETS DE LA CONSANGUINITÉ ET DE l'eNDOGAMIE
premiers jours). La « résistance » de cette mortalité au regard
de la baisse de la mortalité générale, et plus particulièrement de
la mortalité infantile, mérite attention. Nous avons déjà exposé,
dans cette revue, l'ensemble des problèmes soulevés (2). La part
des phénomènes génétiques dans cette mortalité n'est pas négli
geable et l'on ne peut nier l'existence, dans les populations humaines,
d'une létalité biologique comparable à celle qu'on observe dans
les élevages d'animaux de toutes espèces (3).
Pour mesurer l'effet de cette létalité, il était nécessaire de
disposer de deux instruments permettant de mesurer :
a) l'un, le degré d'homogénéité génétique des populations
étudiées;
b) l'autre, le niveau de la mortalité périnatale à la même
échelle.
Le coefficient moyen de consanguinité, introduit par Bernstein
en 1930, appelé coefficient a, permettait de répondre au premier
objectif; il n'est autre qu'une moyenne pondérée des divers coeffi
cients de consanguinité de tous les individus ou de tous les couples
qui composent la population. Très rapidement, ce coefficient s'est
révélé d'une grande importance, car il donne des indications pré
cieuses sur le nombre théorique de porteurs d'un caractère que
l'on peut s'attendre à trouver dans une population où est pratiqué
un certain niveau d'endogamie.
Le coefficient de Bernstein put être établi en France, par
département, pour la période 1926-1945, à partir des dispenses
accordées par l'Eglise Catholique à l'interdiction des mariages
entre apparentés jusqu'au 6e degré inclus, c'est-à-dire jusqu'aux
unions entre cousins issus de germains (4). Sans doute, se trou
vait-on amené à commettre une erreur par défaut, en limitant
le calcul du coefficient aux seules unions de degrés inférieurs
au 6e, ce qui revenait à supposer que toutes les autres unions ont
lieu entre personnes n'ayant aucun lien de parenté. Nous avons
précédemment discuté de ce point (5) et montré qu'une telle
approximation doit suffire dans les régions les plus ouvertes aux
mouvements migratoires, comme c'est le cas pour le département
du Loir-et-Cher. Par contre, pour les régions ne recevant que de
faibles contingents d'immigrants, dont le Morbihan est un exemple
typique, le coefficient a ainsi calculé est une mesure approchée
par défaut.
Le taux de la mortalité périnatale, deuxième instrument néces
saire à l'étude de la létalité, a été calculé par une technique biomé
trique mise au point par J. Bourgeois-Pichat (6). Cette technique
permet de séparer, au point dit a, la mortalité infantile en deux
parties : dans la première, figurent des décès dus à des facteurs
biologiques (endogènes) et, dans la seconde, des décès dus au péril
infectieux et alimentaire (exogènes). La mortinatalité, accrue de
la mortalité jusqu'au point a, constitue une très bonne représen
tation de la mortalité périnatale. La série établie au cours de cette UNE ENQUÊTE EN MORBIHAN ET LOIR-ET-CHER 251
recherche intéressa chaque département pour la période 1930-1938.
Entre les deux séries de valeurs ainsi établies, le coefficient
de corrélation s'élève à -\- 0,74 ± 0,08, chiffre très élevé pour le
domaine biologique. De même que pour toute corrélation, sa signi
fication peut être discutée, les facteurs intéressés par les deux
séries précédentes étant nombreux et divers.
C'est pourquoi il s'est avéré utile de faire une recherche monog
raphique, afin de contrôler sur place, dans deux types différents
de population, la réalité de cette corrélation. Autrement dit, il était
nécessaire d'établir :
1°) si la mortalité dans les familles consanguines de différents
degrés, jusqu'au 6e, était supérieure à celle observée dans les
familles non-apparentées à ces degrés, et habitant les mêmes
localités.
2°) si l'endogamie est assez efficiente, en elle-même, pour provo
quer les différences observées, suivant les départements, dans le
tau de mortalité périnatale.
Cette recherche ne pouvait constituer l'objet unique de l'enquête :
la qualité même des populations intéressées devait soigneusement
être examinée. Nous avons montré précédemment (7) comment les
unions consanguines provoquent des manifestations pathologiques
souvent fort graves parmi leurs descendants. Il est

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