Eléments d une Sociologie religieuse en Yougoslavie socialiste - article ; n°4 ; vol.14, pg 694-709
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1959 - Volume 14 - Numéro 4 - Pages 694-709
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Georges Castellan
Eléments d'une Sociologie religieuse en Yougoslavie socialiste
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 14e année, N. 4, 1959. pp. 694-709.
Citer ce document / Cite this document :
Castellan Georges. Eléments d'une Sociologie religieuse en Yougoslavie socialiste. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 14e année, N. 4, 1959. pp. 694-709.
doi : 10.3406/ahess.1959.2867
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1959_num_14_4_2867HISTOIRE ET TEMPS PRÉSENT
Éléments d'une Sociologie religieuse
en Yougoslavie socialiste
Dans tous les Etats marxistes se pose pour les différentes rel
igions le problème de leurs conditions d'existence. Comment hiérar
chies et fidèles le comprennent, comment ils réagissent, la question est
capitale ; et nous n'avons le plus souvent que des plaidoyers passionnés
comme réponses. Les pages qui suivent sont un essai d'approche scien
tifique. Appuyées sur les statistiques et sur plusieurs voyages d'études, il
leur manque toutefois ces enquêtes précieuses dont Gabriel Le Bras fut
en Occident l'initiateur. Certains en Yougoslavie commencent à en sentir
l'urgence : on ne peut qu'y applaudir К
Religions et nationalités sont étroitement liées dans l'Europe centrale
et balkanique ; nous supposerons donc connu le contexte politique et
humain, dont nous avons traité ailleurs a.
Quelques données statistiques
Le recensement de 1953, à la différence de celui de 1948, comportait une
question « Attitude envers la religion », et les instructions des enquêteurs
précisaient qu'il ne s'agissait pas seulement d'une appartenance stricte
à une communauté religieuse. On comprend l'intérêt d'une telle question
pour un gouvernement marxiste : déterminer le nombre de ceux qui, sur
ce point essentiel, manifestent leur accord avec la doctrine officielle ;
2,4 millions d'individus (13,6 % de la population) exprimèrent leur adhé
sion à la philosophie matérialiste.
1. Voir Archives de Sociologie religieuse, 1957, n° 2, p. 116.
2. « Les nationalités yougoslaves dans la Fédération socialiste • (article à paraître
dans la Revue française de Science politique, octobre 1959).
694 SOCIOLOGIE RELIGIEUSE EN YOUGOSLAVIE
La répartition exacte des confessions n'a finalement donné lieu qu'à
la publication de chiffres globaux К
Orthodoxes. 48 % soit 7 008 000
Catholiques romains 36 % — 5 256
Musulmans » - 14 % — 2 083 000
Protestants8 1,01% — 147 000
Autres chrétiens 3 0,47 % — 68 600
Israélites 0,013 — 1 898
Divers non chrétiens 0,006 — 876
1. Note du service d'information : « Les Musulmans et la
Communauté confessionnelle de l'Islam en R. P. F. Y. »
2. Les Protestants comprennent : les Eglises évangéliques
slovaque, Slovène, hungaro-allemande, croate-bosniaque-herzégo-
vinienne, l'Eglise baptisté, l'Eglise méthodiste, l'Eglise du Christ
des Frères Libres, l'Eglise chrétienne adventiste, et d'autres
sectes de moindre importance.
3. Surtout l'Eglise Vieille Catholique, l'Eglise Orthodoxe
roumaine et Orthodoxe russe.
Si l'on rapproche les chiffres des confessions et des nationalités, la
coïncidence n'est pas parfaite ; on peut cependant dire que sont ortho
doxes, dans leur grande majorité, les Serbes, de quelque république qu'ils
soient, les Macédoniens et les Monténégrins. Sont catholiques, la presque
totalité des Croates et des Slovènes," auxquels s'ajoutent, parmi les minor
ités nationales, la majorité des Hongrois, des Allemands, des Italiens
et des Tchèques. Quant aux musulmans, d'après leur nationalité
d'origine ils se répartissent en 1 183 000 Yougoslaves, 800 000 Shqiptares
(Albanais) et 100 000 Turcs. Ils forment trois groupes géographiquement
distincts : le plus nombreux en Bosnie Herzégovine, composé de
920 Обо musulmans yougoslaves ; le second dans la Région Autonome
de Kosovo-Metohija (Kosmet), environ 550 000 qui sont surtout des
Shqiptares ; le troisième dans la République de Macédoine, 390 000,
pour la plupart Shqiptares et Turcs. Les musulmans yougoslaves, en
dehors de la Bosnie-Herzégovine, se trouvent en Serbie dans l'ancien
Sand jak de Novi Pazar et, dans une moindre proportion, en Macédoine,
au Monténégro, en Voïvodine, en Croatie 2. En 1953, 25 % des musulmans
yougoslaves habitaient les villes, et 75 % les campagnes.
L'importance des autres groupes religieux est très faible, sauf dans
les minorités nationales. Ainsi les 85 000 Slovaques sont en majorité
protestants ; les 60 000 Roumains se rattachent surtout à l'Eglise Ortho
doxe Roumaine.
1. Note du Service d'Information : La religion dans la République Populaire Fede
rative de Yougoslavie. Seuls les pourcentages sont indiqués. Ils sont calculés par rap
port à la population ayant déclaré avoir des convictions religieuses.
2. Un article de Borba (7 octobre 1950) avançait pour la population musulmane
yougoslave les chiffres suivants : 800 000 Yougoslaves non spécifiés, 161 000 Serbes,
37 000 Macédoniens, 20 000 Croates.
695 ANNALES
Ainsi la Yougoslavie est un état multinational et multiconfessionnel,
dans lequel nationalités et religions coïncident à peu près dans le cas des
religions chrétiennes (orthodoxe et catholique), tandis que l'Islam s'est
maintenu à l'extérieur du cadre national.
II
Principes et cadres juridiques *
La Constitution de 1946, article 25, affirme : « La liberté de conscience
et la liberté de religion sont garanties aux citoyens. L'Eglise est séparée
de l'Etat. Les communautés religieuses dont l'enseignement n'est pas
contraire à la Constitution sont libres dans leurs affaires religieuses et
dans leur culte. Les écoles religieuses destinées à la formation des prêtres
sont libres et sont placées sous le contrôle général de l'Etat. L'abus de
l'Eglise et de la religion à des fins politiques et l'existence d'organisations
politiques établies sur des bases religieuses sont interdits. L'Etat peut
octroyer une aide matérielle aux communautés religieuses. » Ce texte
laisse deviner une liberté religieuse étroitement surveillée, le domaine
d'action des Eglises étant strictement limité au culte et aux problèmes
religieux.
Cette position s'expliquait à la fois par le rôle historique des religions
dans la Yougoslavie ancienne et par la philosophie du parti dirigeant.
N'insistons pas sur le premier facteur, les bases religieuses des rivalités
nationales l. Mais, notons-le, lorsque la Constitution interdisait « l'abus
de l'Eglise et de la religion à des fins politiques et l'existence politique
d'organisations établies sur une base religieuse », il ne s'agissait pas d'une
clause de style. Les Oustachis se réclamaient ouvertement du cathol
icisme, les Tchetniks de l'orthodoxie, les musulmans de Bosnie, de leur
côté, avaient leur organisation pro-fasciste. La guerre civile des années
1941-1944 fut fondée sur les divisions religieuses. Le principe d'égalité
des nationalités proclamé par Tito dès 1942 se doublait du principe de
l'égalité religieuse : « C'est par un moyen idéologique — le de
fraternité et d'unité, véritable principe de base de notre Révolution
— que la haine et l'intolérance religieuses furent paralysées au cours de
la guerre. * » La séparation de l'Eglise et de l'Etat s'imposait dans un
pays multi-confessionnel qui sortait d'une guerre religieuse : « En garan
tissant à ses citoyens la liberté de conscience et de confession, l'Etat
yougoslave considère en même temps la religion comme une affaire privée
de chacun. Par conséquent chaque citoyen peut appartenir en toute
1. Voir notre étude : « Les nationalités yougoslaves dans la Fédération Socialiste »,
article cité.
2. Note du Service d'Information, op. cit.
696 SOCIOLOGIE RELIGIEUSE EN YOUGOSLAVIE
liberté à la communauté religieuse de son choix. Mais chaque citoyen peut
de même être athée s'il le désire. 1 » Cette situation était nouvelle en 1946,,
puisque la Yougoslavie monarchiste avait pratiqué le système des rel
igions reconnues, c'est-à-dire des accords de type concordataire entre
l'Etat et les principal

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