Enjeux et usages de la « crise » dans la philosophie universitaire en France au tournant du siècle - article ; n°2 ; vol.40, pg 377-409
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1985 - Volume 40 - Numéro 2 - Pages 377-409
The meaning and function of the crisis in Academic Philosophy in France at the Turn of the Century
Taking as its starting point the paradoxical nature of the persistence with which the French academic philosophers evoked the critical situation in which they found themselves between 1880 and 1914, this study attempts to bring to light the social stakes involved in the debates over Philosophy at the turn of the century. It begins first by evaluating the strategies of the legitimation and disqualification of individuals and groups and defining the limits of this crisis which fails to call into question the relative social optimism and group-cohesion of, philosophy professors. It then attempts to measure the relative decline of Philosophy within the context of the academic disciplines. The rally of support for the philosophy class and the status quo of the discipline itself appears then as a consequence of this relative decline in position. The rigour and success of this rally of supportaccounts for the fact that no real transformation in the teaching of philosophy took place during the Third Republic. Nevertheless, behind this unmoving façade, the proliferation of references to the crisis of the discipline can be taken as an index of the changes which determine its position within the educational system and the image which the professors have of their activity
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jean-Louis Fabiani
Enjeux et usages de la « crise » dans la philosophie
universitaire en France au tournant du siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 40e année, N. 2, 1985. pp. 377-409.
Abstract
The meaning and function of the "crisis" in Academic Philosophy in France at the Turn of the Century
Taking as its starting point the paradoxical nature of the persistence with which the French academic philosophers evoked the
critical situation in which they found themselves between 1880 and 1914, this study attempts to bring to light the social stakes
involved in the debates over Philosophy at the turn of the century. It begins first by evaluating the strategies of the legitimation
and disqualification of individuals and groups and defining the limits of this crisis which fails to call into question the relative social
optimism and group-cohesion of, philosophy professors. It then attempts to measure the relative decline of Philosophy within the
context of the academic disciplines. The rally of support for the philosophy class and the status quo of the discipline itself appears
then as a consequence of this relative decline in position. The rigour and success of this rally of supportaccounts for the fact that
no real transformation in the teaching of philosophy took place during the Third Republic. Nevertheless, behind this unmoving
façade, the proliferation of references to the crisis of the discipline can be taken as an index of the changes which determine its
position within the educational system and the image which the professors have of their activity
Citer ce document / Cite this document :
Fabiani Jean-Louis. Enjeux et usages de la « crise » dans la philosophie universitaire en France au tournant du siècle. In:
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 40e année, N. 2, 1985. pp. 377-409.
doi : 10.3406/ahess.1985.283169
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1985_num_40_2_283169JEAN-LOUIS FABIANI
ENJEUX ET USAGES DE LA CRISE
DANS LA PHILOSOPHIE UNIVERSITAIRE
EN FRANCE AU TOURNANT DU SI CLE*
Et Monsieur Boutroux
conclut avec une énergique
douceur comment vivrait-on
sans philosophie
Dans un essai sur la situation de la philosophie fran aise contemporaine
Jacques Bouveresse remarque que les considérations métaphilosophiques sur la
crise voire sur la mort de la philosophie constituent hui une sorte de
thème obligé On habitude de dire écrit-il que la philosophie est une
certaine manière en état de crise permanente Mais est justement une manière
de constater que le terme de crise on utilise son sujet perd prati
quement toute espèce de signification affirmation selon laquelle la philo
sophie en finirait pas de finir qui va ailleurs souvent de pair avec annonce
de sa résurrection périodique est assurément pas un trait distinctif de la phi
losophie fran aise Même si les références la crise et la mort constituent
hui des banalités et si certains universitaires savent gérer cette crise de
fa on paisible et prospère il en reste pas moins que le thème de la fin de la
philosophie été central depuis le xixe siècle sous des modes divers et sans
doute opposés3 La Crise des sciences européennes de Husserl constitue le meil
leur exemple de diagnostic de la crise et présente le programme le plus achevé de
restauration de unité et de la fonction perdues des discours philosophiques4
Mais le thème de la crise de la philosophie pris en France des formes particu
lières qui tiennent la fois existence une classe de philosophie dans les
lycées au développement tardif et relativement limité de enseignement supé
rieur la faible institutionnalisation des sciences sociales et existence un
débat idéologique permanent sur les fonctions du système enseignement5 La
remarque de Bouveresse pourrait faire douter de intérêt une étude des
formes prises la réitération une thématique de la crise de la discipline
quand les discours autodéfinition incluent toujours une déploration de état
Annales ESC mars-avril 1985 no pp 377-409
377 HISTOIRE CULTURELLE
des choses il devient difficile de distinguer un état organique un état critique
de la philosophie et il est peut-être vain de attarder exégèse un lieu
commun ou pire une coquetterie universitaires qui aiment croire ils
vivent dangereusement usage universel de la notion de crise est souvent
occasion explications rapides et assimilations hasardeuses est le moyen
énoncer des équivalences entre la crise une discipline la crise du système
enseignement et la crise sociale globale sans il soit jamais besoin de
définir un état organique ou homéostatique6 La notion apparaît alors comme
un opérateur autorisant rendre compte en dernière instance de état une
discipline par autres formes état critique On pourrait trouver un exemple
de ce jeu dans les diverses théories du reflet7 autre part la référence généra
lisée la notion de crise enveloppe souvent la confusion de ce qui pourrait être
la notion de crise sociologiquement construite avec les proclamations que font
les divers agents sociaux sur leur situation propre ou sur état du monde la pre
mière se réduisant quelquefois être une paraphrase des secondes
Si on choisit de prendre au sérieux insistance que les philosophes univer
sitaires de la Troisième République mettent évoquer la situation critique dans
laquelle ils sont on se trouve devant une situation apparemment paradoxale
inquiétude se manifeste un moment qui est pour la philosophie universitaire
fran aise celui une nouvelle fondation chose qui rend les explications de la
crise en termes de déclin social ou de décomposition particulièrement risquées
ou tout le moins contre-intuitives La période 1880-1914 est souvent consi
dérée comme un âge or de la philosophie universitaire les hagiographes
trouvent leur héros et leurs modèles On représente souvent le professeur de
philosophie de époque comme un homme écouté et respecté La représenta
tion commune et le discours savant se rejoignent pour faire de ce moment celui
de la réussite parfaite et de la meilleure adéquation entre la philosophie et ins
titution8 La philosophie est le plus souvent assignée dans histoire de uni
versité deux places également extraordinaires le sommet et les marges au
tournant du siècle la position revendiquée est surtout celle du sommet La
métaphore du couronnement copieusement utilisée dans les discours auto
célébration ou autodéfinition9 est indice du souci que les philosophes ont de
garder leur place au sommet de institution Si la philosophie ne règne pas
effectivement sur les autres disciplines aide un dispositif de police épisté-
mologique par exemple) elle est définie comme instance de définition un
ordre pédagogique et de détermination des fins de enseignement Si on
compare les discours de justification du tournant du siècle avec la définition de
activité philosophique qui domine hui on aper oit on glissé du
sommet vers les marges le philosophe contemporain per oit son rôle comme
celui un inquiéteur institutionnel comme le montre analyse déjà citée de
Bouveresse analyse du passage du sommet aux marges devrait prendre en
compte les transformations des rapports de force entre les disciplines la méta
phore du couronnement ne serait plus tenable hui) et les modifications
de organisation du champ intellectuel notamment instauration un nou
veau type de relations entre les avant-gardes littéraires et les fractions avancées
de université et les transformations du champ de édition Au tournant du
siècle la revendication par les philosophes une position eminente dans le sys
tème enseignement se double de la réitération du thème de la crise ou du
378 FABIANI LA CRISE DE LA PHILOSOPHIE J.-L
malaise Le mot de crise apparaît dans les discours sur état de la discipline
surtout quand il agit de son rapport aux autres savoirs et particulièrement
activité scientifique Mais la référence une situation critique est également
présente dans les nombreuses interrogations sur unité de la philosophie alors
que la mort de la philosophie tat apparaît comme un thème majeur et que
chaque professeur est invité faire uvre personnelle10 comment dans un
contexte de libéralisation idéologique et émergence de stratégies universitaires
individuelles maintenir les conditions une langue philosophique commune
en particulier dans enseignement secondaire et dans celui de la morale La
question est au centre des débats époque est aussi marquée par la fréquence
des interventions sur urgence de la mobilisation contre les ennemis de la philo
s

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