Équipements urbains et services de remplacement : le cas de Santo Domingo (République dominicaine) - article ; n°133 ; vol.34, pg 139-151
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Équipements urbains et services de remplacement : le cas de Santo Domingo (République dominicaine) - article ; n°133 ; vol.34, pg 139-151

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1993 - Volume 34 - Numéro 133 - Pages 139-151
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Denise Douzant-Rosenfeld
Laura Faxas
Équipements urbains et services de remplacement : le cas de
Santo Domingo (République dominicaine)
In: Tiers-Monde. 1993, tome 34 n°133. pp. 139-151.
Citer ce document / Cite this document :
Douzant-Rosenfeld Denise, Faxas Laura. Équipements urbains et services de remplacement : le cas de Santo Domingo
(République dominicaine). In: Tiers-Monde. 1993, tome 34 n°133. pp. 139-151.
doi : 10.3406/tiers.1993.4830
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1993_num_34_133_4830ÉQUIPEMENTS URBAINS
ET SERVICES DE REMPLACEMENT
LE CAS DE SANTO DOMINGO,
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE1
par Denise Douzant Rosenfeld*
et Laura FAXAS**
Les années 80 en République dominicaine marquent une rupture
dans le processus de développement qui a entraîné des changements so
ciaux importants. La crise économique mondiale s'est conjuguée avec la
fin d'un modèle de croissance fondé sur les exportations de produits
bruts agricoles (sucre, tabac, café, viande) ou miniers (or, ferronickel),
les industries de substitution aux importations protégées, l'accès facile
aux crédits internationaux et l'interventionnisme de l'Etat. Du point de
vue social, on assiste à l'effondrement de l'utopie des couches moyennes,
bénéficiaires de la phase de croissance2. La conjoncture économique
alors favorable permettait à la fois une certaine mobilité sociale et une
certaine mobilité spatiale. Ainsi, certains éléments des classes populaires
pouvaient avoir accès aux emplois formels, à des salaires non encore ro
gnés par l'inflation, à l'émancipation par le système scolaire. Les cou
ches moyennes, longtemps brimées sous le règne du dictateur Trujillo
* Géographe (Intergéo-CNRS).
** Sociologue (ehess et equb-integ).
1. Cette analyse a été présentée au Colloque « Grandes métropoles d'Afrique et d'Amérique la
tine », Toulouse, 27-29 novembre 1991.
2. Les couches moyennes et aisées, bien équipées en appareils électriques domestiques, n'avaient
que rarement souffert du manque d'eau, de réfrigération (air conditionné, conservation des al
iments) ; elles avaient un moyen de transport propre, la voiture, et bénéficiaient comme toute la popul
ation de l'essence subventionnée (et même parfois d'exonération des droits sur l'importation des vé
hicules). Les restrictions aux importations, la chute du niveau de vie due à l'inflation non compensée
par un rattrapage des salaires se sont trouvées cumulées aux pannes électriques et à la crise des trans
ports collectifs (lorsque ^ moyens financiers ne permettent plus d'entretenir une voiture). C'est tout
l'idéal d'ascension sociale qui est mis en cause et l'on commence à assister à une émigration des pro
fessionnels vers l'Amérique du Nord, émigration jusque-là réservée aux plus pauvres.
Revue Tiers Monde, t. XXXIV, n° 133, Janvier-Mars 1993 140 Denise Douzant Rosenfeld et Laura Faxas
(1930-1961), s'accroissaient en nombre et influence par l'ouverture des
nouveaux emplois (fonction publique, banques et assurances, nouvelles
industries, services divers). L'université participait au processus de mont
ée sociale. Cette mobilité sociale, même si la ségrégation sociospatiale
est constitutive du fonctionnement urbain, avait des conséquences sur la
formation et l'extension des quartiers résidentiels, par une certaine inte
rpénétration des populations. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
D'autre part, l'édification du « complexe métropolitain » de Santo
Domingo présente les caractéristiques du développement des capitales
de l'aire caraïbe. Le manque de profondeur territoriale de l'île ne per
mettait en aucune façon le développement d'un pôle secondaire1 en rival
ité ou en complémentarité avec le pôle principal. La rupture plus tar
dive du lien colonial, par ailleurs, n'a pas autorisé le développement
d'initiatives entrepreneuriales ou urbanistiques en dehors du modèle de
« ville-port », capitale de la colonie puis de l'Etat indépendant. Le ni
veau de ce que les auteurs anglo-saxons appellent la primatie (primate
city) atteint donc un point au moins égal à celui du continent (plus de
2 millions d'habitants, un tiers des Dominicains). Ainsi le processus
d'urbanisation-exclusion 2, qui s'est amplifié à la chute de Trujillo
en 1961, a permis la modernisation d'une partie de la capitale. L'Etat, en
privilégiant l'investissement dans les grands travaux d'infrastructures, la
construction de monuments et de logements collectifs, a laissé de côté
l'investissement pour les services, lesquels sont restés bloqués au stade
d'une ville de 300 000 habitants. Dans le même temps les quartiers de
pobladores sous-urbanisés ont continué à s'étendre, produisant des ident
ités territoriales différenciées.
La crise économique des années 80 se traduit au niveau urbain par
une généralisation de la crise des services. En effet, la crise des services,
partie prenante du mode de vie traditionnel des classes pauvres accédant
à l'espace urbain, touche aujourd'hui toute la population, le fonctionne-
1. En 1984, la capitale avait 1 600 000 habitants, la deuxième ville Santiago n'arrivait qu'à
327 000 habitants, suivie de La Romana 105 000 habitants et de San Pedro de Macoris avec
% 000 habitants.
2. En moins de vingt ans, avec un taux de croissance urbaine supérieur à 6 %, la République do
minicaine a cessé d'être un pays rural : 52 % de la population était devenue urbaine dès le recens
ement de 1981, surtout au profit de Santo Domingo (prévision 2,8 millions en l'an 2000). En quelques
années la capitale est devenue une métropole moderne accroissant considérablement sa superficie par
un mode de construction essentiellement horizontal (25 km2 en 1950, 194 km2 en 1984, plus de
250 km2 en 1990), concentrant emplois et revenus au détriment des autres villes et régions. Dans les
quartiers populaires et « marginaux » de la capitale habitent plus de 70 % de la population occupant
39 % du territoire. Le taux de croissance annuel de ces quartiers est de 10 % ; la densité oscille
entre 10 000 et 50 000 habitants au km2. urbains et services de remplacements 141 Equipements
ment des activités économiques, les privilèges des couches aisées. Elle est
devenue un problème national. Il faut d'autre part signaler que trad
itionnellement l'Etat a toujours été le principal responsable de la gestion
des services. Mais depuis le début de la décennie 80, et surtout dans les
dernières années, on assiste à la faillite généralisée du système électrique
national, à une diminution de l'offre réelle des transports publics, au dé
ficit dans la distribution de l'eau elle-même dépendant de l'électricité, à
l'assainissement déficient et à une collecte des ordures épisodique, ces
deux derniers éléments posant la question centrale de la pollution. En
bref l'Etat n'est au mieux qu'en capacité de remplir 50 % de la de
mande. C'est pourquoi les pouvoirs publics, faute d'avoir prévu et f
inancé les équipements et le fonctionnement des services, essaient de se
désengager, en oscillant de façon ambiguë entre une privatisation « in
formelle » (électricité) et une déréglementation tolérée (transport), tout
en affirmant haut et fort leur rôle d'organisateur dans ces domaines,
dans la plus pure tradition paternaliste.
Notre réflexion se place à l'articulation entre la crise des services et le
développement de nouvelles pratiques culturelles. Ainsi nous traiterons
successivement des pratiques culturelles nouvelles liées à deux services
urbains particulièrement déficients : d'une part l'électricité, d'autre part
les transports.
Mais auparavant il nous semble important, dans le cas de Santo Do
mingo, de distinguer deux niveaux d'analyse : les équipements et les ser
vices urbains. Ce sont les seconds qui sont concernés ici. A partir d'en
quêtes et d'entretiens récemment effectués sur le terrain dans deux
quartiers différents (l'un populaire-marginal Capotillo, l'autre popul
aire-basses couches moyennes Las Caobas1), nous avons pu constater la
différence qu'établit la population elle-mêm

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents