Espace - Villes - Régions. Chronique de l'actualité bibliographique - article ; n°3 ; vol.33, pg 541-556

Pierre-Henri Derycke

Description

Revue économique - Année 1982 - Volume 33 - Numéro 3 - Pages 541-556
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1982
• Nombre de lectures: 13
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre-Henri Derycke
Espace - Villes - Régions. Chronique de l'actualité
bibliographique
In: Revue économique. Volume 33, n°3, 1982. pp. 541-556.
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Derycke Pierre-Henri. Espace - Villes - Régions. Chronique de l'actualité bibliographique. In: Revue économique. Volume 33,
n°3, 1982. pp. 541-556.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1982_num_33_3_408668- VILLES - RÉGIONS ESPACE
Chronique de ractualité bibliographique
Les publications de langue française concernant l'espace régional et urbain
se sont multipliées ces trois dernières années. On peut les regrouper en deux thèmes
principaux : .
— l'économie régionale et urbaine,
— le renouveau des études foncières.
L'économie régionale et urbaine
La maturité d'une discipline se mesure, entre autres, au nombre de manuels
de base qu'elle produit. A cet égard, la profusion des manuels de microéconomie
et de macroéconomie — plus d'une dizaine édités en France en 1980 et 1981 —
contraste avec l'indigence des ouvrages de base en analyse spatiale, régionale et
urbaine, qui se comptent encore sur les doigts d'une seule main.
1. C'est par le Précis Dalloz de Lajugie, Del-faud et Lacour [5], que com
mencera cette recension. Ce fort volume de près de 900 pages se substitue avan
tageusement à l'ouvrage ancien du regretté René Courtin et Pierre Maillet [20],
que ces auteurs avaient curieusement baptisé Économie géographique en 1962.
C'est d'Es<f)ace régional et d'aménagement du territoire qu'il est question en 1979,
avec cinq parties successives. La première, due à la plume du doyen Lajugie,
retrace le cadre théorique de la formation de la science économique spatiale et
les circonstances d'apparition des politiques d'aménagement du territoire. La
région des économistes est caractérisée et située par rapport à la région des
géographes et l'apport des économistes fiançais à la notion de pôle régional de
développement est particulièrement bien mis en valeur. La seconde partie, écrite
par Pierre Delfaud, est consacrée aux expériences étrangères de politique régio
nale : Etats-Unis, Royaume-Uni, Italie et URSS. Sous une forme concise, le lec-
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Revue économique -N' 3, mai 1982. Revue économique
tëur y trouvera une mine de renseignements sur des politiques contrastées, menées
dans des contextes géographiques et institutionnels fort différents. Un regret toutef
ois, celui que la typologie des politiques régionales esquissée au début (p. 167
et suiv.) : mise en valeur des territoires périphériques, réduction des disparités
initiales de développement, conversion de zones déjà développées, n'ait pas servi
de prisme critique à une comparaison des politiques menées dans les quatre pays
considérés. La troisième partie, rédigée par Joseph Lajugie, est consacrée à la
politique française de développement régional et d'aménagement du territoire :
fondements et institutions sont passés en revue avant d'aborder la régionalisation
du Plan, et la réforme régionale, de 1972, déjà détrônée aujourd'hui par la loi de
décentralisation. L'auteur nous 'fait bénéficier ici de sa double expérience de rap
porteur auprès du Conseil économique et social et de directeur de l'une des plus
anciennes formations de recherches associées au CNRS, spécialisée dans les pro
blèmes régionaux. Sans doute aurait-on pu étudier la régionalisation du Plan dans
une perspective plus formalisée, en situant par exemple les apports et les limites
du modèle REGINA de Raymond Courbis ou en faisant l'étude critique des pro
cédures imaginées par Michel Rousselot et Rémy Prud'homme pour la prépara
tion des PRDE, trop sommairement évoquées page 393. Il y a peut-être là des
enseignements à retenir pour l'articulation future du développement régional à la
planification nationale, dans le cadre de la nouvelle loi de décentralisation. L'amé
nagement du territoire est ainsi une toile de Pénélope indéfiniment recommencée.
L'œuvre de nos trois auteurs aurait pu s'arrêter là et constituer un manuel
solide et complet comportant déjà plus de 500 pages. S'y ajoutent encore deux
dernières parties, l'une de Pierre Delfaud sur le développement régional et l'int
égration européenne, l'autre de Claude Lacour sur les méthodes d'analyse de
l'espace régional et urbain. C'est cette dernière série de développements qui nous
retiendra plus particulièrement. Nous l'aurions, pour notre part, placée en tête
de l'ouvrage car. elle nous paraît traiter — fort bien — de tout un ensemble de
questions fondamentales et préalables : signification de l'espace pour un écono
miste et opposition entre un espace-lieu et un espace-système, spécificités de
l'espace régional et urbain, taille optimale des villes, certitudes des théoriciens
opposées aux inquiétudes des aménageurs, etc. Cela aurait évité certaines redites :
ainsi la loi de Reilly est-elle traitée deux fois (p. 36-46 et p. 580-585). Cela aurait
surtout mieux marqué les fondements théoriques des politiques régionales et
urbaines. On appréciera enfin que Claude Lacour ait fait une large place aux
travaux marxistes et néo-marxistes sur l'espace et la ville (p. 800-818) non sans
mêler parfois les orthodoxes, les dissidents et même ceux qui marient Marx et
Freud, ce qui est une autre histoire.
Tel qu'il est, ce manuel suscite en définitive deux interrogations fondamentales.
La première est celle de l'ampleur du champ couvert : faut-il continuer à ra
ssembler dans un manuel unique de près de 900 pages > — qui s'intitule Précis —
s' appliquant à l'économie spatiale, régionale et la totalité des développements
urbaine ? Nous serions tenté de répondre par la négative et de répartir le champ
couvert en trois ouvrages concernant par exemple : 1) les théories spatiales et
régionales ; 2) les politiques d'aménagement du territoire ; 3) l'économie et la
planification urbaines. Ceci permettrait d'accorder plus d'attention à quelques
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problèmes importants qui, pour avoir été fort bien aperçus par nos trois auteurs,
n'ont pas reçu, ou n'ont pas paru recevoir à nos yeux, de réponse pleinement
satisfaisante : quel est le niveau optimal de centralisation/décentralisation ? Quel
fondement théorique peut-on donner à ces interventions ? Quelle a été enfin leur
efficacité ? Le dernier point est abordé à propos des aides à la décentralisation
(p. 368-370) et en conclusion des expériences françaises d'aménagement du ter
ritoire (p. 485 et suiv.). Il apparaît difficile ou impossible de mesurer précisément
cette efficacité. Mais alors pourquoi tant de politiques sectorielles et ponctuelles se
sont-elles succédé ? C'est bien parce qu'elles visaient une meilleure efficacité,
mais sur la base de quels critères ? C'est en définitive d'une théorie de la
politique économique régionale dont nous manquons le plus et c'est aux écono
mistes d'en élaborer les règles, le contenu et les critères d'efficacité.
2. Le manuel d'Économie urbaine de Chung, Achour et Lapointe [2] pourrait
être qualifié de manuel anglo-saxon de langue française : la quasi-totalité des
références bibliographiques est en effet anglo-saxonne ou canadienne. C'est cepen
dant un bon manuel qui maintient un équilibre constant entre « la présentation
formalisée de la matière et l'analyse actuelle des faits urbains au Canada ». Trois
parties composent l'ouvrage : la ville et la croissance de l'économie locale ; la ville
et l'allocation de l'espace urbain ; le secteur public enfin. C'est cette troisième
partie qui, à nos yeux du moins, marque le mieux la filiation de cet ouvrage par
rapport aux manuels nord-américains d'économie urbaine de Mills, de Segal ou
de Hirsch qui ont incontestablement servi de modèles à nos trois auteurs. Sont
notamment étudiés dans cette troisième partie : le partage des fonctions entre
Etat central et col