Etude de la production de métaphores chez des enfants de 3 à 7 ans - article ; n°4 ; vol.87, pg 535-551
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Etude de la production de métaphores chez des enfants de 3 à 7 ans - article ; n°4 ; vol.87, pg 535-551

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Description

L'année psychologique - Année 1987 - Volume 87 - Numéro 4 - Pages 535-551
Summary : A study of the production of metaphors in 3 to 7 year old children.
In a study of the production of metaphors in young children (3 to 7 years old) in an unrestricted game condition, it was found that this type of utterance represents about 4 % of all productions in every age-group.
Three types of analyzes were performed :
— the link between topic and vehicle : it is based on action in the youngest (3;5 years old), and later on the perceptual characteristics of objects (5-7 years old);
— the syntactic form : in most cases, it is of the following type : « It is a (the) SN2 » with an ellipsis of SN1;
— explicit metaphorisations : in this case the occurrence of metaphor is marked by the use of the conditional : « it would be » (from 5 years old) ; in 7 years old the following form : « on dirait » (it looks like) has the same frequency of occurrence.
The development with age is more evident on the qualitative than on the quantitative level.
Key words : production, metaphor, children.
Résumé
L'étude de la production de métaphores, chez de jeunes enfants âgés de 3 à 7 ans, dans une situation de jeu libre, montre qu'elles représentent un pourcentage d'environ 4 % pour tous les groupes, par rapport à l'ensemble des productions.
Sur le plan qualitatif, nous avons étudié :
— le lien entre topique et véhicule : il se fait sur la base de l'action pour les plus jeunes (3;5 ans), puis des caractéristiques perceptives des objets (5 à 7 ans);
— la forme syntaxique : elle est majoritairement du type : « c'est un (le) N2 », avec ellipse de NI ;
— les métaphorisations explicites : dans ce cas, l'apparition de la métaphore est marquée par l'utilisation du conditionnel : « ce serait » (à partir de 5 ans) et chez les plus grands (7 ans), également par : « on dirait ».
L'évolution avec l'âge se situe donc plus au plan qualitatif que quantitatif.
Mots clés : production, métaphore, enfant.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Claude Fourment
Nelly Emmenecker
Valérie Pantz
Etude de la production de métaphores chez des enfants de 3 à
7 ans
In: L'année psychologique. 1987 vol. 87, n°4. pp. 535-551.
Citer ce document / Cite this document :
Fourment Marie-Claude, Emmenecker Nelly, Pantz Valérie. Etude de la production de métaphores chez des enfants de 3 à 7
ans. In: L'année psychologique. 1987 vol. 87, n°4. pp. 535-551.
doi : 10.3406/psy.1987.29233
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1987_num_87_4_29233Abstract
Summary : A study of the production of metaphors in 3 to 7 year old children.
In a study of the production of metaphors in young children (3 to 7 years old) in an unrestricted game
condition, it was found that this type of utterance represents about 4 % of all productions in every age-
group.
Three types of analyzes were performed :
— the link between topic and vehicle : it is based on action in the youngest (3;5 years old), and later on
the perceptual characteristics of objects (5-7 years old);
— the syntactic form : in most cases, it is of the following type : « It is a (the) SN2 » with an ellipsis of
SN1;
— explicit metaphorisations : in this case the occurrence of metaphor is marked by the use of the
conditional : « it would be » (from 5 years old) ; in 7 years old the following form : « on dirait » (it looks
like) has the same frequency of occurrence.
The development with age is more evident on the qualitative than on the quantitative level.
Key words : production, metaphor, children.
Résumé
L'étude de la production de métaphores, chez de jeunes enfants âgés de 3 à 7 ans, dans une situation
de jeu libre, montre qu'elles représentent un pourcentage d'environ 4 % pour tous les groupes, par
rapport à l'ensemble des productions.
Sur le plan qualitatif, nous avons étudié :
— le lien entre topique et véhicule : il se fait sur la base de l'action pour les plus jeunes (3;5 ans), puis
des caractéristiques perceptives des objets (5 à 7 ans);
— la forme syntaxique : elle est majoritairement du type : « c'est un (le) N2 », avec ellipse de NI ;
— les métaphorisations explicites : dans ce cas, l'apparition de la métaphore est marquée par
l'utilisation du conditionnel : « ce serait » (à partir de 5 ans) et chez les plus grands (7 ans), également
par : « on dirait ».
L'évolution avec l'âge se situe donc plus au plan qualitatif que quantitatif.
Mots clés : production, métaphore, enfant.L'Année Psychologique, 1987, 87, 535-551
Laboratoire de Psychologie expérimentale
Université René-Descarles, EPHE
Unité associée au CNBS1*
Déparlement de Psychologie
Université Paris-Nord***
ÉTUDE DE LA PRODUCTION DE MÉTAPHORES
CHEZ DES ENFANTS DE 3 A 7 ANS
par Marie-Claude Fourment*
Emmenecker* et Valérie Pantz** Nelly
SUMMARY : A study of the production of metaphors in 3 to 7 year old
children.
In a study of the production of metaphors in young children (3 to
7 years old) in an unrestricted game condition, it was found that this
type of utterance represents about 4 % of all productions in every age-
group.
Three types of analyzes were performed :
— the link between topic and vehicle : it is based on action in the youngest
(3;5 years old), and later on the perceptual characteristics of objects
(5-7 old);
— the syntactic form : in most cases, it is of the following type : « It is
a (the) SN2 » with an ellipsis of SN1;
— explicit metaphor is ations : in this case the occurrence of metaphor
is marked by the use of the conditional : « it would be » (from 5 years
old) ; in 7 years old the following form : « on dirait » (it looks like)
has the same frequency of occurrence.
The development with age is more evident on the qualitative than on
the quantitative level.
Key words : production, metaphor, children.
Le but de ce travail est double : il consiste tout d'abord à
montrer que les enfants, même jeunes, sont capables de produire
des métaphores dans une situation qui s'y prête (ici, le jeu libre),
1 * 28, rue Serpente, 75006 Paris.
2 * * Avenue J.-B. Clément, 93430 Villetaneuse. 536 M.-C. Fourment, N. Emmenecker et V. Panlz
et ensuite d'entreprendre un inventaire de ces métaphores et de
leur évolution entre 3 et 7 ans.
C'est Aristote qui a, le premier, défini la métaphore dans un
cadre où elle restera longtemps enfermée : la rhétorique, qui
recouvre le discours politique et la poétique ; pour lui, c'est
« Le transport à une chose d'un nom qui en désigne une autre »
(trad, franc., 1979, p. 60). Cependant, il n'y a pas obligatoirement
substitution entre un mot propre et un mot figuré, la métaphore
pouvant venir combler une lacune sémantique. Elle a pour base
la ressemblance entre deux événements, noms ou idées car
« bien métaphoriser, c'est percevoir le semblable » (Aristote, 1979).
Au xixe siècle, Fontanier la classe dans Les figures du dis
cours (1830, éd. 1977), parmi « les tropes en un seul mot »,
n'accordant que peu d'importance aux métaphores proportionn
elles, s'enchaînant par filiation tout au long d'un texte ou d'un
discours, nécessairement élaboré. Bien que cette conception soit
restrictive, c'est celle que nous adopterons étant donné l'âge
de notre population.
Sur le plan syntaxique, elle peut prendre des formes variées,
dont Tamine (1979) donne une bonne typologie. Nous n'en retien
drons ici que deux :
a I NI est un N2 : « Cet homme est un lion » ; il s'agit de la
forme canonique, dans laquelle NI est appelé « topique », N2
« véhicule » et la relation qui les unit « idée de base » (d'après
Molino, Soublin et Tamine, 1979). Dans ce cas, la métaphore est
une comparaison implicite pour laquelle le locuteur ne retient
que quelques traits appartenant à N2 pour les attribuer à NI.
b I NI de N2 : « Le nez du mensonge » (J., 6;6 ans). Dans
cette forme, plus élaborée, l'idée de comparaison est plus loin
taine, mais on retrouve un fonctionnement analogue à celui de
la forme (a) : transfert d'attributs de N2 sur NI.
C'est entre autres grâce à la linguistique que la métaphore
est sortie de « la rhétorique restreinte » (Genette, 1970), où sa
fonction était surtout ornementale, pour apparaître comme partie
intégrante du discours. Au-delà même de ce point de vue,
Lakofî et Johnson (1980) ont opéré une très intéressante classi
fication, faisant ressortir l'idée que la métaphore dépasse le
cadre du langage et structure même nos processus de pensée,
dans la mesure où, dans beaucoup de cas « un concept est struc
turé métaphoriquement dans les termes d'un autre concept » Production de métaphores 537
(1980, p. 6). Nous donnerons un seul exemple, celui des méta
phores d'orientation : les termes « haut-bas » structurent le champ
de la santé morale (« son moral est au plus haut »), de la santé
physique (« il est bien bas »), du bien et du mal (« une action
basse »), etc.
De plus, la métaphore, qui représente un usage particulier
du discours, relève bien de la pragmatique, c'est-à-dire de l'étude
de l'usage qui est fait du discours par les locuteurs (Récanati,
1979) ou encore de l'étude des relations entre le langage et ses
utilisateurs (Morris, 1946). Elle comporte aussi une part d'implic
ite, portant sur la comparaison sous-jacente à la métaphore,
et surtout sur les traits de N2 que l'on doit attribuer à NI, et
qui sont souvent l'objet de conventions sociales. Le locuteur
peut l'utiliser à plusieurs fins (persuasion, sous-entendus...),
mais d'une façon générale, elle semble avoir pour but, du moins
chez l'adulte, une meilleure communication, en présentant,
comme le disent Molino et al. (1979), « une idée sous le signe d'une
autre idée plus frappante ou plus connue, qui, d'ailleurs, ne
tient à la première par aucun autre lien que celui d'une certaine
conformité ou analogie ».
Cet aspect est vivement contesté par certains auteurs
(Hobbes, Bentham et Edelman, cités par Billow, 1977) qui
pensent au contraire que la métaphore joue un rôle « subversif »
dans la communication, en tentant d'obscurcir nos processus de
pensée et en donnant prise à la fiction. Pour l'auditeur, elle
demanderait alors un traitement plus complexe qu'un énonc

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