Étude sur la fabrication des Lambamena - article ; n°1 ; vol.34, pg 7-34
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1964 - Volume 34 - Numéro 1 - Pages 7-34
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

E. Vernier
Étude sur la fabrication des Lambamena
In: Journal de la Société des Africanistes. 1964, tome 34 fascicule 1. pp. 7-34.
Citer ce document / Cite this document :
Vernier E. Étude sur la fabrication des Lambamena. In: Journal de la Société des Africanistes. 1964, tome 34 fascicule 1. pp. 7-
34.
doi : 10.3406/jafr.1964.1377
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1964_num_34_1_1377SUR LA FABRICATION ÉTUDE
DES LAMBAMENA
PAR
E. VERNIER
A une époque où les techniques de fabrication évoluent avec une
très grande rapidité, il a semblé utile de noter les détails de l'une
d'entre elles qui joue un rôle important sur les « Hauts-Plateaux »
de Madagascar : la fabrication des lambamena ou suaires en soie
naturelle.
Les lambamena sont utilisés immédiatement après le décès et aussi
au cours de cérémonies familiales (famadihana) qui consistent, entre
autres rites, à envelopper à nouveau les restes des ancêtres. Il s'en
fait une très large utilisation chaque année, tout particulièrement
pendant la saison froide.
Nous avons pu visiter au Betsileo un village où, non seulement
on peut étudier le cycle complet en partant de la culture du mûrier
pour arriver au tissu terminé, mais encore noter des techniques
tinctoriales très anciennes et encore en usage.
Ce sont les résultats de cette enquête qui sont exposés ici.
Quartier d'Andina : onze villages.
TOTAL ENFANTS TOTAL ADULTES
TOTAUX
adultes enfants garçons hommes femmes filles
Merina. .. 37 -45 82 53 60 113 195
Betsileo . 460 545 1 005 370 410 780 1 785
497 590 1 087 423 470 893 1 980 SOCIETE DES AFRICANISTES
Village d'Andina.
ADULTES TOTAL ENFANTS TOTAL
TOTAUX
adultes enfants hommes femmes garçons filles
Merina. . . 27 25 52 41 61 102 154
Betsileo . 31 28 59 21 26 47 106
58 53 111 62 87 149 260
Le village d'Andina.
Le d'Andina est un chef-lieu de canton en pays Betsileo,
à 17 km à l'ouest d'Ambositra, auquel il est relié par une route caros-
sable en toutes saisons (Fig. 1). C'est un village petit, mais très ancien
où une alliance (à moins que ce soit un contrat) a dû être conclu dans
les temps immémoriaux ainsi que le nom même de la localité semble
l'indiquer — Andina, de dina = serment.
La population du « quartier » d'Andina, qui groupe onze villages,
est en grosse majorité Betsileo et s'adonne à la culture de magnifiques
rizières en gradins dont la superficie totale est évaluée à 1 043 ha.
Une colonie Merina, établie depuis plusieurs générations (Merina
valovotaka), compte au total 195 individus (enfants compris), dont
les 8/10e réside dans le seul village d'Andina. Cette colonie Merina
est originaire d'Ambohimanambola, agglomération qui se trouve
sur la voie ferrée Tananarive-Tamatave, à 15 km de la capitale.
Ces Merina portent le nom d'Andrian'Ambohimanambola et
tiennent particulièrement à cette dénomination nobiliaire. Ils con
tribuent à la prospérité du pays et à son développement, soit par
la culture du riz, des agrumes et des caféiers (347 ha de ces derniers),
soit en participant tous plus ou moins à l'industrie particulière au
pays : l'élevage des vers à soie et la fabrication des lambamena ou
suaires en soie. On compte une quinzaine de métiers dans le village,
1/3 entre les mains des Betsileo, 2/3 utilisés par les Merina.
Culture du mûrier \
Mûrier : noms vernaculaires : voaroy hazo en dialecte betsileo,
hazon-dandy en Merina.
1. Il semble bien que les premiers mûriers introduits à Madagascar l'aient été dès 1826 par
M. Cummins, agent technique de la Mission Protestante britannique. ETUDE SUR LA FABRICATION DES LAMB AMEN A
Vert Anlatilfoês/
FANDRtANA
A- bary' VTsaras&otra
Fig. 1. — Carte de la région d'Andina. ' SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 10
A Andina les plantations de mûriers sont faites par boutures, de
préférence au mois d'août. Il existe sur place deux variétés : Morus
alba var. indica à petites feuilles (tongotr-akoho), Morus alba var.
latifolia à grande feuilles (be ravina) (Perrier de La Bathie, Flore de
Madagascar).
L'éleveur de vers à soie plante plus volontiers l'espèce dite be-
ravina (latifolia), dont les feuilles sont larges et peu découpées. Les
boutures sont mises en terre, à peu près à 80 cm l'une de l'autre ;
dans un terrain proche du village et, à l'heure actuelle, encore assez
riche pour ne pas exiger de fumure.
En culture intercalaire, on plante des haricots nains ou des ara
chides, l'expérience a été faite de semer du maïs, mais s'est révélée
malencontreuse, l'ombre donnée par cette plante empêche les feuilles
du mûrier de se développer normalement et surtout d'être franche
ment vertes (miamena volo ny ravina).
Les divers soins apportés aux mûriers sont :
1° Un sarclage annuel (miava), peu profond, juste pour détruire
les herbes folles et aérer le sol, il se pratique simplement à la bêche
malgache (angady).
2e Une taille (manety) également annuelle qui se fait à la saison
froide, de préférence en juillet. Elle est pratiquée à 50 cm du sol et
transforme l'arbuste en têtard, les branches taillées sont utilisées
en partie comme boutures, le reste comme combustible.
3° Les têtards trop vieux sont recépés (mamarana) au niveau du
sol.
4° Les pieds recépés qui repartent mal ainsi que ceux qui sont
morts, sont arrachés et immédiatement remplacés par une bouture.
Les plantations de mûriers sont individuelles, et chacun plante
le nombre de pieds qu'il juge nécessaires à l'élevage de ses vers à
soie. Si, pour une raison ou pour une autre, un propriétaire de mûrier
n'utilise pas ses feuilles, elles ne sont pas perdues pour autant, il les
vend en bloc sur pied. Le prix varie avec la superficie du champ.
Au moment de l'enquête le lot le moins important s'est vendu 150 f
(3 NF) — le plus vaste 4 000 f (80 NF) — un lot moyen de 35 pieds :
800 f (16 NF).
Il ne semble pas que les mûriers d'Andina soient parasités de
façon dangereuse, ce que les planteurs redoutent ce sont les pulvé
risations d'agricide pratiquées sur les caféiers au moment où ceux-ci
sont atteints par le parasite dit anano. Les feuilles des mûriers voi
sins touchées par le produit deviennent toxiques pour les vers à
soie.
A l'avenir, il serait bon que les planteurs séparent très nettement ÉTUDE SUR LA FABRICATION DES LAMBAMENA 11
les caféiers des mûriers, gardant ceux-ci près des habitations pour
avoir les feuilles fraîches sous la main, les caféiers étant groupés
en dehors de la zone plantée en mûriers.
Élevage des vers a soie.
Il importe de préciser qu'on distingue deux sortes de vers à soie
à Madagascar :
1° Le landy-kely qui est le vers à soie classique qui a été importé
et qu'on élève : c'est le Bombyx sericaria mauri.
2° Le landy-be qui vit spontanément sur les « tapia » (Chrysopia
bojeri Baill.), et dont les cocons blanc sale avec des pointes noi
râtres sont récoltés à la saison.
A Andina, on élève exclusivement les landy-kely et ceci depuis
soixante-dix ans. Il ne semble pas que cet élevage soit réservé à tel
ou tel clan, ni même que des tabous créent des sortes de privilèges.
La « graine » est achetée chez un des cinq « graineurs » de la pro
vince de Tananarive, soit à la Station de Nanisana (Tananarive),
soit à Mahitsy près d'Ambohidratrimo. L'expérience a prouvé que
l'élevage des papillons sur place à Andina donnait des déboires,
aussi tous les éleveurs font-ils leurs achats à partir d'octobre dans
les centres spécialisés.
Les papillons ayant été contraints de pondre sur une surface limi
tée de papier Kraft, chaque ponte est nettement isolée ; elle compte
en moyenne 350 œufs, porte le nom de « cellule » et se vend 5 f (0, 10 NF).
Une cellule se dit : iray тепу.
En moyenne, un éleveur d'Andina achète 60 cellules, au minimum
20 et au maximum 200. Notons en passant que les Betsileo élèvent
beaucoup moins que les Merina, ils achètent en moyenne 5 fois moins
de cellules.
Cette « grai

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