Étude sur la famille en Basutoland. - article ; n°2 ; vol.1, pg 207-257
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1931 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 207-257
51 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

R. Laydevant
Étude sur la famille en Basutoland.
In: Journal de la Société des Africanistes. 1931, tome 1 fascicule 2. pp. 207-257.
Citer ce document / Cite this document :
Laydevant R. Étude sur la famille en Basutoland. In: Journal de la Société des Africanistes. 1931, tome 1 fascicule 2. pp. 207-
257.
doi : 10.3406/jafr.1931.1510
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1931_num_1_2_1510ÉTUDE SUR LA FAMILLE EN BASUTOLAND,
LE R. P. J. LAYDEVANT.
I. — La Tribu des Basuto.
La contrée occupée par les Basuto est un pays montagneux, situé vers
les sources du fleuve Orange. Il est coupé par les 28e et 29e degrés de lon
gitude et par les 29e et 30e degrés de latitude. Ses dimensions égalent à
peu près celles de la Belgique.
Les habitants parlent la langue sesuto. Ils sont gouvernés par un chef
ou roi ayant sous son autorité une quinzaine d'autres chefs, chacun à la
tête d'un district.
Cette petite nation est formée par les descendants de tribus dispersées
autrefois par les armées du guerrier zoulou Chaka.
Sur les confins du Basutoland vivait alors un petit chef nommé Lepoqo,
mais que plus tard on appela Moshesh. Au lieu d'adopter la politique de
destruction et de dévastation suivie par Ghaka, Moshesh attira à lui les
tribus errantes et affamées qui fuyaient devant les envahisseurs. Protégé
par des forteresses naturelles bien choisies et bien défendues, il put
repousser victorieusement les assauts furieux des ennemis. Son autorité
et son pouvoir grandirent rapidement, si bien qu'à la fin de son règne il
mettait sous la protection du gouvernement anglais une petite nation de
300.000 individus.
Voilà pourquoi on rencontre en Basutoland la plus grande variété de
clans qu'il soit possible de trouver au Sud de l'Afrique.
II. — Les Clans.
Le clan se compose d'individus portant le même nom commun, généra
lement emprunté au totem, et liés entre eux par une origine commune.
Par exemple la tribu des Bakoena ou gens du crocodile, s'appelle
ainsi à cause de leur totem qui est le koena ou crocodile. Ils se disent 208 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
tous les descendants d'un certain Koena, et se croient tenus les uns envers
les autres à certaines obligations d'hospitalité et de secours mutuel.
De même les Batsoeneng ou gens du singe se disent tous les descen
dants d'un certain Khiba, qui abandonna l'emblème du crocodile pour
choisir celui du singe.
D'après la coutume, les membres du clan étaient considérés comme
frères, ils étaient solidairement responsables de leurs actes, quand ils
habitaient le même village. Ils ne pouvaient tuer l'animal totem. Aujourd
'hui encore un Motaung ne doit pas tuer le lion, ni un Mokoena le
crocodile, et si un Mofokeng vient à tuer un lapin, il fera amende hono
rable en se frottant le front avec la peau de cet animal..
On a dit et écrit que cette vénération pour l'animal totem allait autre
fois jusqu'à l'adoration, et que les anciens Basuto non seulement véné
raient leur totem, mais lui rendaient un véritable culte, semblable à celui
que les Égyptiens d'autrefois au bœuf Apis, au vautour et au
crocodile.
Cette assertion semble douteuse. On n'a jamais entendu dire que les
sacrifices, si usités parmi les Basuto, et qui constituent l'acte le plus impor
tant de leur religion, aient été offerts à d'autres divinités que les mânes
des ancêtres. Enfin les changements fréquents de totem montrent bien
que les Basuto n'attachaient pas grande importance à cette vénération
pour le totem. S'ils lui avaient réellement accordé un culte d'adoration,
ils ne l'auraient pas abandonné pour des prétextes futiles, comme firent
les Bakubung lorsqu'ils se disputèrent avec leurs frères, les gens du lion,
au sujet de la carcasse d'un hippopotame. Des abandons en bloc se pro
duisaient de temps en temps ; il y avait aussi beaucoup de désertions indi
viduelles. En questionnant les vieux Basuto, on rencontre assez fréquem
ment des individus dont le père ou le grand-père ont changé de totem par
ordre d'un chef voulant inculquer aux gens qu'il gouvernait des idées
d'union et l'esprit du camp. D'autres avaient demandé eux-mêmes à être
incorporés et assimilés à un clan important comme les Bakoena, et pour
obtenir cette faveur, ils avaient donné au chef de cette tribu 6 ou 8 têtes
de bétail.
Chez les Basuto la communauté de nom générique et de totem n'en
traîne nullement l'exogamie. C'est le contraire qui a lieu. D'après la cou
tume, tout jeune homme est tenu de choisir une épouse dans l'intérieur du
clan. Cette façon d'agir avait l'avantage, disent les vieux Basuto, de con
server les bestiaux et la richesse dans le même groupe.
Mais cette loi n'était pas très rigide, car la tradition rapporte que plu
sieurs chefs et même des clans entiers allèrent contracter mariage non seu
lement dans d'autres clans ou d'autres tribus, mais encore avec des gens
de race complètement différente, comme les Bushmen ou Baroa. SUR LA FAMILLE EN BASUTOLAND 209 ÉTUDE
Voici les clans qui peuplent actuellement le Basutoland :
1. Les Bakhatla ou gens du singe sont, dit-on, une branche des Baro
long, qui habitent dans la colonie de l'Orange. Le khatla, qui leur sert
de totem, est une espèce de singe que l'on rencontre, non pas en Basuto
land, mais sur les bords du Limpopo et du Zambèze. La branche mère
des Bakhatla habite actuellement le nord du Transvaal. Livingstone les
visita en 1844.
Fig. 1. — Carte schématique du Basutoland.
2. Les Bapeli sont une branche des Bakhatla, qui abandonna le singe
pour choisir le porc-épic. Le nom de Bapeli signifie : les premiers. Ils
doivent ce nom au fait que l'un de leurs ancêtres s'appelait Mopeli. Ils
furent les premiers à porter le nom de Basuto, qui leur fut donné par
dérision par les tribus Swazi et Zoulou, à cause de leur vêtement spécial,
le tsea, sorte de pièce de peau ou d'étoffe fixée à la ceinture, et qui passe
entre les jambes pour s'attacher à l'arrière à cette même ceinture. Ils
habitent à l'extrémité nord du Basutoland. Mais le gros de la tribu vit
maintenant à l'est de l'État libre d'Orange. 210 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
3. Les Maphuting sont eux aussi un clan issu des Bakhatla. Pour une
raison qu'on ignore, ils abandonnèrent le singe pour adopter l'antilope
duiker comme emblème. Formant autrefois une puissante tribu, ils sont
à présent peu nombreux et éparpillés dans diverses parties du Basuto-
land.
4. Les Makholokoe, d'après quelques-uns, sont une branche des Bakhat
la. Selon d'autres, ils ne seraient qu'une branche des Maphuting. Leur
totem est le пдоако, sorte de chat sauvage. Ils tiennent leur nom d'une
montagne, Thaba Kholokoe, située au sud-est du Transvaal, et au pied de
laquelle ils habitèrent pendant de longues années.
5. Les Basia ont comme totem le qoabi, ou chat sauvage. Ils formaient
autrefois une puissante tribu, mais ils furent dispersés vers l'an 1820 par
l'invasion des armées zoulou, ainsi que la plupart des autres peuplades
du Sud de l'Afrique. Leur chef, avec leur groupement le plus important,
se trouve à présent à l'ouest de la montagne Matelile.
6. Les Batlokoa sont, d'après Ellenberger, les descendants de Khoali,
fils de Tabane. Ils seraient ainsi une branche des Bakhatla, au même titre
que les quatre tribus précédentes. Une autre tradition, recueillie parmi
les vieux Basuto, en fait une branche des Basia. Leur totem est le qoabi
ou chat sauvage. On retrouve chez eux, plus que chez les autres Basuto,
le culte de la lune. Ils habitent actuellement le pays situé entre les
rivières Orange et Semena.
7. Les Bafokeng, dont le nom vient du mot phoka, la rosée, avaient
autrefois la rosée comme totem. D'après eux-mêmes ils seraient les des
cendants d'un nommé Mofokeng, ou Thora, dont les deux fils, Tseki et
Tsekinyane, seraient les ancêtres de tous les Bafokeng. Actuellement les
uns ont pour totem le mu lia, c'est-à-dire le lièvre, d'autres ont pour
emblème le letsa, c'est-à-dire l'antilope. Pelea capreola ; d'autres enfin
ont pour totem la morara, ou vigne sauvage, c'est-à-dire Cissus cunei-
folia.
Généralement les individus de ce clan ont le teint plus clair que les
autres Basuto. Bien qu'ils soient intelligen

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