Évolution récente de la fécondité des mariages dans les pays occidentaux - article ; n°1 ; vol.16, pg 49-70

Jean-Noël Biraben

Description

Population - Année 1961 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 49-70
La fécondité des populations occidentales a, depuis une vingtaine d'années, commandé une révision complète des concepts anté- D'une part, en effet, cette fécondité a évolué d'une façon différente de celle qui était le plus généralement prévue. Longtemps à peu près limitée à la France, la baisse de la fécondité s'était généralisée de 1875 à la première guerre, s'était poursuivie après celle-ci, accélérée même sous l'effet de la grande dépression économique. Ce recul, qu'on pouvait déjà qualifier de séculaire, a fait place à une tendance plus favorable pendant et après la seconde guerre. D'autre part, les méthodes de mesure qui s'étaient imposées entre les deux guerres et qui, par l'introduction du facteur âge (fécondité par âge), avaient donné pour principaux instruments de mesure les taux de reproduction et les taux de Lotka ont été reconnus insuffisants. Comme les populations européennes se trouvaient assez près de l'équilibre démographique, défini par le remplacement intégral d'une génération par la suivante, des instruments de mesure plus précis devenaient nécessaires. En outre, il a été reconnu que les taux cités ci-dessus ne conviennent pas à des populations qui ont subi des variations en sens contraire et des perturbations accidentelles. Dans l'optique nouvelle, on attache plus d'importance qu'avant la guerre à la nuptialité, facteur intermédiaire, et à la fécondité des mariages. C'est cette fécondité des mariages que M. Louis Henry a étudiée spécialement, par la méthode des « probabilités d'agrandissement » et que le Dr. J.N. Biraben observe, dans cet article, pour analyser l'évolution des dernières années en divers pays et dégager les tendances nouvelles.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1961
• Nombre de lectures: 12
• Langue: Français
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Extrait

Jean-Noël Biraben
Évolution récente de la fécondité des mariages dans les pays
occidentaux
In: Population, 16e année, n°1, 1961 pp. 49-70.
Résumé
La fécondité des populations occidentales a, depuis une vingtaine d'années, commandé une révision complète des concepts
anté- D'une part, en effet, cette fécondité a évolué d'une façon différente de celle qui était le plus généralement prévue.
Longtemps à peu près limitée à la France, la baisse de la fécondité s'était généralisée de 1875 à la première guerre, s'était
poursuivie après celle-ci, accélérée même sous l'effet de la grande dépression économique. Ce recul, qu'on pouvait déjà qualifier
de séculaire, a fait place à une tendance plus favorable pendant et après la seconde guerre. D'autre part, les méthodes de
mesure qui s'étaient imposées entre les deux guerres et qui, par l'introduction du facteur âge (fécondité par âge), avaient donné
pour principaux instruments de mesure les taux de reproduction et les taux de Lotka ont été reconnus insuffisants. Comme les
populations européennes se trouvaient assez près de l'équilibre démographique, défini par le remplacement intégral d'une
génération par la suivante, des instruments de mesure plus précis devenaient nécessaires. En outre, il a été reconnu que les
taux cités ci-dessus ne conviennent pas à des populations qui ont subi des variations en sens contraire et des perturbations
accidentelles. Dans l'optique nouvelle, on attache plus d'importance qu'avant la guerre à la nuptialité, facteur intermédiaire, et à
la fécondité des mariages. C'est cette fécondité des mariages que M. Louis Henry a étudiée spécialement, par la méthode des «
probabilités d'agrandissement » et que le Dr. J.N. Biraben observe, dans cet article, pour analyser l'évolution des dernières
années en divers pays et dégager les tendances nouvelles.
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Biraben Jean-Noël. Évolution récente de la fécondité des mariages dans les pays occidentaux. In: Population, 16e année, n°1,
1961 pp. 49-70.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1961_num_16_1_76206*1
ÉVOLUTION RÉCENTE
DE LA FÉCONDITÉ DES MARIAGES
DANS LES PAYS OCCIDENTAUX
La fécondité des populations occidentales a, depuis une ving
taine d'années, commandé une révision complète des concepts anté-
D'une part, en effet, cette fécondité a évolué d'une façon diffé-
rente de celle qui était le plus généralement prévue. Longtemps à
peu près limitée à la France, la baisse de la fécondité s'était génér
alisée de 1875 à la première guerre, s'était poursuivie après
celle-ci, accélérée même sous l'effet de la grande dépression éco
nomique. Ce recul, qu'on pouvait déjà qualifier de séculaire, a
fait place à une tendance plus favorable pendant et après la
seconde guerre.
D'autre part, les méthodes de mesure qui s'étaient imposées
entre les deux guerres et qui, par l'introduction du facteur âge
(fécondité par âge), avaient donné pour principaux instruments de
mesure les taux de reproduction et les taux de Lotka ont été
reconnus insuffisants. Comme les populations européennes se
trouvaient assez près de l'équilibre démographique, défini par le
remplacement intégral d'une génération par la suivante, des
instruments de mesure plus précis devenaient nécessaires. En
outre, il a été reconnu que les taux cités ci-dessus ne conviennent
pas à des populations qui ont subi des variations en sens contraire
et des perturbations accidentelles.
Dans l'optique nouvelle, on attache plus d'importance qu'avant
la guerre à la nuptialité, facteur intermédiaire, et à la fécondité
des mariages. C'est cette fécondité des mariages que M. Louis
Henry a étudiée spécialement, par la méthode des « probabilités
d'agrandissement » (1) et que le Dr. J.N. Biraben observe, dans
cet article, pour analyser l'évolution des dernières années en
divers pays et dégager les tendances nouvelles.
(1) Louis Henry. Fécondité des mariages, nouvelle méthode de mesure. Paris, P.U F.
1953, 1 vol. m-8°, 180 p., I.N.E.D., Travaux et documents. Cahier n° 16.
Louis Henry et R. Pressât: с Évolution de la fécondité en Italie». Population, n° 3/1955,
p. 501.
J. P. 100201. '1 50 ÉVOLUTION RÉCENTE DE LA FÉCONDITÉ DES MARIAGES
INTRODUCTION
Depuis 1934, les naissances dans les pays d'Europe occidentale et d'Amér
ique du Nord ont cessé de diminuer. Dans plusieurs de ces pays, les grandes
fluctuations dues au dernier conflit mondial ont gêné l'étude de ce phéno
mène. Mais, à nouveau, depuis 1951 en Amérique du Nord et 1956 en Europe
occidentale, les naissances, et même les taux de natalité semblent, soit se
maintenir à un niveau supérieur à celui d'avant-guerre, soit s'accroître.
Il faut une analyse approfondie de la fécondité de chaque pays pour inter
préter ces chiffres absolus ou ces taux et savoir si leurs augmentations ou leurs
diminutions correspondent à des aléas de la conjoncture ou à des changements
de comportement qui influenceront la dimension finale des familles.
Cette analyse a été faite dans les pays disposant de statistiques détaillées
pour la période qui a suivi la dernière guerre. Nous nous proposons ici de
mettre à jour ces études pour les toutes dernières années, spécialement dans
les pays d'Europe occidentale et aux États-Unis, pour essayer d'éclairer les
causes de l'accroissement assez rapide des naissances constaté généralement
depuis quatre à cinq années.
I. — EUROPE OCCIDENTALE
Les faits. Nous avons pu rassembler des données comparables sur le
nombie moyen de naissances vivantes par mariage (indice du
moment) dans neuf pays d'Europe occidentale : l'Allemagne fédérale, l'Angle-
terre-Galles, la Belgique, la France, l'Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Suède
et la Suisse.
Pour certains pays, les calculs étaient déjà publiés jusqu'à une date
récente : par exemple pour l'Italie, la Suisse, la Belgique, la France (l). Nous
avons repris ces séries, en les complétant pour l'Italie et la Suisse.
Pour les Pays-Bas, la Norvège et la Suède, nous avons effectué le calcul,
pour les années d'après-guerre seulement, en servant soit des stati
stiques de mouvement de population de ces pays, soit des données plus som
maires de l'Annuaire démographique des Nations Unies pour 1959.
Pour l'Allemagne fédérale, nous avons dû procéder à un ajustement des
données, pour tenir compte de l'importante immigration de ménages en pro
venance d'Allemagne orientale. De plus, les statistiques très peu détaillées
que nous possédons pour l'année 1949 ne permettent pas d'être très assuré
de l'exactitude et de la comparabilité du résultat des calculs pour cette année-là.
11 ' Voir les articles déjà cités pour l'Italie et la France. Pour la Suisse, voir: « Évolution
récente de la fécondité en bmsse » par Luigi Solari dans Revue suisse d'Économie politique
et de Statistique, décembre 1954. Pour la Belgique : « Aspects récents du mouvement de la
population en Belgique » par Raymond Olbrechts dans Revue de l'Institut de Sociologie
Solvav, 1960, n° 2. Voir en outre Études démographiques, n°t27, Nations-Unies « Tendances
récentes de la fécondité dans les pays industrialisés » New- York, 1958. LES PAYS OCCIDENTAUX 51 DANS
Dans son étude « Die Fruchtbarkeit der Ehen in Deutschland vor und
nach dem zweiten Weltkrieg » ^ Karl Schwarz utilise des données beaucoup
plus complètes et détaillées que celles dont nous avons disposé. Cet auteur
a tenu compte des ruptures d'union, ce qui donne un total d'enfants plus
important puisque rapporté chaque année à une promotion de mariés qui
diminue, voici les deux séries mises en