Femmes et enfants dans les fondations de Locres et de Tarente - article ; n°5 ; vol.25, pg 1240-1270
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 5 - Pages 1240-1270
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Simon Pembroke
Christian Le Roy
Femmes et enfants dans les fondations de Locres et de Tarente
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 5, 1970. pp. 1240-1270.
Citer ce document / Cite this document :
Pembroke Simon, Le Roy Christian. Femmes et enfants dans les fondations de Locres et de Tarente. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 5, 1970. pp. 1240-1270.
doi : 10.3406/ahess.1970.422270
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_5_422270LES DOMAINES DE L'HISTOIRE
Locres et Таг ente :
le rôle des femmes dans la fondation
de deux colonies grecques
présentait J. J. Au Bachofen, cours comme des Das cent une Mutterrecht années phase qui nécessaire (1861), se sont le écoulées et concept universelle depuis de matriarcat, de la l'histoire publication que des cet du sociétés livre auteur de
humaines, a subi une sorte de démembrement, rendu nécessaire par la connaissance
plus approfondie^ des sociétés primitives que nous devons à l'ethnographie. Les
systèmes dits matrilinéaires, dans lesquels la descendance se fait par ligne féminine,
ne sont plus considérés comme la manifestation, dans un cas particulier, d'un phé
nomène plus général, et presque absolu dans le passé, de suprématie féminine, et
l'on n'a plus recours à l'hypothèse d'une telle suprématie pour donner une solution
d'ensemble aux problèmes que pose l'organisation sociale préhistorique. Cepend
ant, dans le champ plus restreint des études classiques (c'est avant tout dans l'anti
quité que Bachofen puisait ses preuves, et les récits des voyageurs contemporains
n'y jouaient qu'un rôle secondaire), la situation n'a pas changé de façon aussi
radicale. Mis à part une minorité d'érudits qui s'accrochent à des schémas évolu-
tionnistes dépassés, il reste un solide noyau de témoignages où l'on s'accorde à voir
la preuve qu'il a existé, dans diverses régions du monde grec, des formes anormales
d'organisation familiale. Ces formes étaient sans doute exceptionnelles, dans un
monde où dominaient l'héritage et la filiation par ligne masculine, mais n'en ont
pas moins réellement existé. Ce sont ces témoignages qu'il convient de réexaminer.
On a étudié ailleurs 1 le cas de la Lycie, société non grecque d'Anatolie, qui a fourni
des témoignages épigraphiques indépendants de la tradition historique grecque, et
permettant par conséquent de la contrôler. La présente recherche porte uniquement
sur une cité grecque de la Méditerranée occidentale, la colonie de Locres Épizéphy-
1. « Last of the matriarchs ; a study in the inscriptions of Lycia », JESHO 8 (1965), pp. 217-
247 ; « Women in charge : the function of alternatives in early greek tradition and the ancient
idea of matriarchy », JWCI 30 (1967), pp. 1-35. Les abréviations utilisées sont celles de Y Année
philologique.
1240 DE LOCRES ET TARENTE S. PEMBROKE FONDATIONS
riennes en Italie du Sud, fondée, durant la haute époque archaïque, dans des ci
rconstances que la tradition antique présente avec persistance comme anormales,
et dont les anomalies, selon l'historien Polybe, se reflétaient encore dans la structure
sociale de la cité quelque cinq siècles plus tard. A Locres, d'après lui, ce qu'il appelle
la noblesse de lignée tirait son origine des femmes, non pas des nommes, et cette
situation s'était maintenue depuis la fondation de la colonie. Mais il convient d'étu
dier cette affirmation de façon indirecte, et ce pour deux raisons. Tout d'abord, on
la trouve, non dans le corps même du récit, mais dans une digression dont nous ne
possédons qu'un texte incomplet, et que l'auteur a écrite pour intervenir dans une
controverse entre deux de ses prédécesseurs. Étant donné que sont perdues les
œuvres originales de ces derniers, grâce auxquelles nous pourrions déterminer
exactement leurs thèses (thèses que Polybe tient pour connues, et qu'il rappelle
plutôt qu'il ne les résume), il convient d'être très prudent lorsqu'on veut reconsti
tuer, fût-ce à grands traits, la discussion. En second lieu, dans les deux versions, la
fondation de la colonie est étroitement liée à celle de Tarente, autre cité grecque,
située non dans l'orteil de la péninsule italienne, comme Locres, mais dans son
talon. Les modernes ont discuté de la fondation de Tarente tout comme les anciens
de celle de Locres, et, puisqu'il est indispensable, pour comprendre la seconde,
d'avoir une idée claire de la première, c'est par là qu'il nous faut commencer.
Tarente était une colonie de Sparte ; mais on ne trouve dans son régime politico-
social rien de ce qu'évoque l'adjectif « Spartiate » : à l'époque classique, elle dépassait
en richesse et en prospérité toutes ses voisines de la péninsule, au point que Sparte
n'eût pu soutenir même l'ombre d'une comparaison, fût-ce sur le plan de la dimens
ion. Mais les débuts de la colonie avaient été moins brillants. Elle avait été fondée
par une minorité indésirable, que les Spartiates trouvèrent en face d'eux à la fin de
leur guerre contre le peuple voisin des Messéniens : au vrai, ce n'était pas une petite
minorité, mais une génération entière, qui avait grandi pendant que les Spartiates
combattaient au loin, et dont ils n'avaient aucune raison de soupçonner l'existence
avant leur retour : c'étaient les partheniai, que les femmes Spartiates avaient conçus
de leurs esclaves 1.
Les traditions touchant les partheniai sont fort divergentes. Celle qui vient
d'être citée est la plus simple, et, de bien des manières, la plus importante. Mais
ce n'est pas celle qui apparaît dans les plus anciennes sources écrites, et les tradi
tions précédentes, qui sont plus élaborées et semblent avoir circulé plus largement,
ne font pas intervenir les esclaves exactement de la même façon. La plus connue
remonte au IVe siècle avant J.-C. et a été enregistrée par l'historien Éphore. D'après
lui, les Spartiates, avant de partir pour la guerre, prêtèrent le serment de ne pas
retourner chez eux vivants avant d'avoir pris Messène. Mais cela prit plus de temps
qu'ils ne s'y étaient attendus : au bout de dix ans, la victoire n'était pas encore en
vue ; leurs femmes, vers cette époque, leur envoyèrent une délégation pour leur
faire observer que, dans ces conditions, elles devraient renoncer à toute descen
dance, si l'on n'y portait remède. Tout en leur donnant raison sur ce point, les Spart
iates répugnaient à se parjurer. Aussi, au lieu de rentrer chez eux, ils envoyèrent à
1. Pseud. Act. ad H. Od. II, 6, 12 ; Serv. ad Aen. III, 551 ; cf. Héraclid. Pol. XXVI (FHG, II,
p. 220) = Arist. fr. 611, 57 Rose ; Serv. ad Ed. X, 57.
1241
Annales (25* année, septembre-octobre 1970, n° 5) 3 LES DOMAINES DE L'HISTOIRE
Sparte leurs plus jeunes soldats, qui n'avaient été enrôlés qu'après le début des
hostilités, et qui, par conséquent, pas prêté le serment. Chacun d'entre
eux reçut explicitement pour instructions d'avoir des relations avec le plus de femmes
qu'il pourrait, de façon à assurer le plus grand nombre possible de naissances.
Ainsi fut fait, avec un succès total, et les enfants qui naquirent furent appelés par-
theniai. Entre temps, les Spartiates continuèrent ia guerre et sept ans plus tard
Messène fut prise. Mais quand les vainqueurs rentrèrent chez eux, les deux générations
entrèrent en conflit : les Spartiates refusèrent aux partheniai l'égalité des droits,
arguant qu'ils étaient nés hors mariage. Les partheniai le prirent fort mal, et, de
concert avec les Hilotes, formèrent une conjuration contre leurs aînés. Mais le
complot fut dénoncé, et les partheniai durent accepter de partir et de se trouver un
nouveau foyer. C'est ainsi que fut fondée Tarente x.
La version d'Éphore implique que les partheniai auraient été dans l'impossibilité
de désigner individuellement leurs pères, tout en pouvant avec certitude se dire les
enfants d'hommes libres. Dans ce sens, elle s'oppose expressément à celle qui en
faisait les enfants d'esclaves (auquel cas l'id

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