Femmes et violences dans les fueros castillans du Moyen Âge - article ; n°1 ; vol.28, pg 307-339
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Cahiers de linguistique hispanique médiévale - Année 2005 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 307-339
Ce travail se propose d’étudier la façon dont les «fueros» castillans du Moyen Âge légifèrent sur les violences subies par des femmes: séquestrations, viols, coups et blessures… mais aussi la violence «légale» supposée châtier un comportement féminin considéré comme illégal comme l’adultère ou l’abandon du domicile conjugal. À travers ces dispositions somme toute assez théoriques qui n’arrivent pas vraiment à «protéger» les femmes, ce qui transparaît, c’est surtout l’absence d’un «sujet juridique» féminin dans le code médiéval.
Este trabajo estudia la manera en que los fueros castellanos medievales legislan sobre las violencias padecidas por mujeres: secuestros, violaciones, agresiones físicas… pero también la violencia «legal» que supuestamente debe castigar una conducta femenina juzgada ilegal, como el adulterio o el abandono del domicilio conyugal. A través de unas disposiciones al fin y al cabo bastante teóricas que no consiguen amparar del todo a las mujeres, trasluce ante todo la ausencia de un «sujeto jurídico» femenino en el código medieval.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2005
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Langue Français

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Femmes et violences dans lesfueroscastillans du Moyen Âge
Carlos HEUSCH École normale supérieure Lettres et Sciences humaines (Lyon) CIHAM(UMR5648) –SIREM(GDR2378)
RÉSUMÉ Ce travail se propose d’étudier la façon dont lesfueroscastillans du Moyen Âge légifèrent sur les violences subies par des femmes : séquestrations, viols, coups et blessures… mais aussi la violence « légale » supposée châtier un comportement féminin considéré comme illégal comme l’adultère ou l’abandon du domicile conjugal. À travers ces dispositions somme toute assez théoriques qui n’arrivent pas vraiment à « protéger » les femmes, ce qui transparaît, c’est surtout l’absence d’un « sujet juridique » féminin dans le code médiéval. RESUMEN Este trabajo estudia la manera en que los fueros castellanos medievales legislan sobre las violencias padecidas por mujeres: secuestros, violaciones, agresiones físicas… pero también la violencia «legal» que supuestamente debe castigar una conducta femenina juzgada ilegal, como el adulterio o el abandono del domicilio conyugal. A través de unas disposiciones al fin y al cabo bastante teóricas que no consiguen amparar del todo a las mujeres, trasluce ante todo la ausencia de un «sujeto jurídico» femenino en el código medieval.
Cette communication est la première étape d’une réflexion sur le rôle de la femme dans la société, les institutions et les pratiques politiques de l’Es-pagne médiévale qui devrait, par la suite, être poursuivie collectivement dans le cadre d’un programme de recherche encore à l’état de projet. Il m’a semblé que la réflexion pouvait partir de ce qui s’impose comme une évidence : la place « à part » qu’occupe la femme dans une société établie et contrôlée par les hommes, ce qui explique, en grande partie, que les CEHM,, ,p.
   études historiques sur la femme se soient souvent confondues avec celles sur les groupes minoritaires, marginalisés ou exclus1. Si les femmes se retrouvent donc dans ce que l’on pourrait appeler, pour aller vite, le groupe des « dominés », se pose alors la question de savoir comment s’exerce cette domination sur elles est-elle individuelle, familiale, institutionnelle… ? C’est ainsi que l’on vient tout naturellement à la question de la violence : la violence n’est-elle pas le moyen et l’ex-pression privilégiés de la domination de l’homme sur la femme, tant sur le plan personnel que social ? Mais, en contrepartie, l’organisation sociale ne doit-elle pas fixer les limites de cette violence de façon à ce qu’elle ne mette pas en question l’ordre social et moral dont la femme est l’un des principaux agents et vecteurs ? Il y a donc une ambiguïté fondamentale – que l’on retrouve à tous les niveaux, à commencer par le domaine amoureux2– dans la question des relations inter-sexuelles au Moyen Âge : certes, la femme apparaît comme un être assujetti mais, de ce fait, elle devient un être vulnérable que l’ordre social se doit de protéger, au moins de façon théorique. Cette tension entre, d’une part, l’impératif d’assujettissement de la femme pour la sauvegarde de la domination masculine et, d’autre part, la nécessité afférente de limiter, par la législation, les formes de cet assujet-tissement, me paraît spécialement présente dans les chapitres desfueros3 qui doivent légiférer à propos des violences commises sur les femmes. C’est pourquoi j’axerai les considérations qui vont suivre à propos des
1. Les exemples ne manquent pas d’ouvrages qui étudient conjointement femmes, enfants, minorités… comme autant de groupes considérés dans la société médiévale comme « périphé-riques ». J’emprunte cette expression à l’ouvrage de M.ª del Carmen Carlé,Grupos periféricos : las mujeres y los pobres(CARLÉ, 2000). Elle explique ce rapprochement par ces mots dont les derniers renvoient au cœur de notre problématique : «Mujeres y pobres no han sido reunidos arbitrariamente. Unas y otros constituyen, en el campo social, grupos periféricos. Forman parte de la sociedad pero, como tales grupos, jamás aparecen en el centro de la escena histórica. […] Todos ellos son vistos por sus contemporáneos como disminuidos en sus capacidades; a la vez pasibles de abusos y atropellos, necesitados de protección y, de hecho, protegidos» (p. 9). 2. Il est intéressant de noter que dans la relation amoureuse, telle qu’elle est socialement et littérairement codifiée au Moyen Âge, une contradiction se fait souvent jour entre la place que la femme occupe dans la société et celle qu’elle occupe dans la relation privée. Comme je l’ai écrit à plusieurs reprises, il me semble que cette contradiction explique le caractère antithé-tique de la vision de la femme, notamment dans les productions littéraires, tantôt encensée, divinisée, tantôt décriée, avilie et souvent par les mêmes auteurs (songeons au poète catalan du XVesiècle Pere Torrellas). Voir, pour ces questions, HEUSCH, 1993. 3. Je rappelle brièvement qu’il s’agit de ces recueils de droit coutumier ou territorial théori-quement donnés par la Couronne aux villes nouvellement conquises. De fait, ils sont surtout le résultat de l’effort de compilation juridique mené sous Ferdinand III qui va établir desfueros, en quelque sorte, « prototypiques » que chaque ville reprendra à son compte en y ajoutant sa touche « personnelle ». Du coup, le travail sur lesfueroscastillans se révèle très suggestif pour ce qui est de la variance textuelle en raison de toutes ces adaptations du modèle juridique réali-sées par chaque ville.
    FUEROS femmes et de la violence sur un parcours analytique des textes juridiques en la matière, à partir d’un corpus qui, s’il ne saurait être en aucune manière exhaustif, me paraît, au moins, représentatif eu égard au carac-tère répétitif desfuerosmineurs4. C  La législation concernant les violences, notamment celles qui sont com-mises sur des femmes, est omniprésente dans les plus anciens textes de loi castillans. Parmi elles, on retrouve systématiquement les dispositions concernant les agressions sexuelles et physiques5. Cette espèce d’obses-sion des textes législatifs en la matière est, cependant, à nuancer, comme le fait Ricardo Córdoba de la Llave (1994, p. 15), dans son ouvrage sur le viol dans la Castille de la fin du Moyen Âge, ce qui doit nous conduire à formuler, à sa suite, quelques remarques préliminaires. La première concerne la configuration idéologique et sociale dans laquelle prend forme un discours juridique et législatif sur le viol des femmes. Ce discours sur le viol est avant tout une « métaphore sociale », pour reprendre les termes de Le Goff sur l’injure, « un lieu clé pour la compréhension d’un système de valeurs » (Madero, 1992, p. 21). Ainsi, on doit d’abord remarquer qu’il n’y a pas dans lesfuerosde réalité juri-dique pour des agressions sexuelles en tant que telles commises sur des hommes. Celles-ci, dans les rares cas où elles apparaissent sont détour-nées vers d’autres cas de figure qui, de façon très significative, les éloi-gnent du viol féminin. Aussi l’expressionforçarappliquée à un homme ne se retrouve pas dans mon corpus, le législateur ne se souciant que de la réalité prouvée de l’acte, ce qui permet de renvoyer la question au péché « sodomitique ». Dans leFuero de Cuencanous lisons : Del que fuer fallado en pecado sodomítico(xxviij. Cap.XII. Form sist.).Qual quier que fuere fallado en pecado sodomítico, quémenlo; e qual quier que a otro dixere «yo te fodí por el culo», si pudiere ser prouado / aquel pecado que es verdad, quémenlos amos; si non, quemen a aquel que tal pecado dixo(Ureña, 1935, p. 353).
4. Je vais me fonder essentiellement sur lesfuerossuivants :Fuero viejo de Alcalá(Alcalá, Arch. mun.),Fuero de Briviesca(BNM 9199),Fuero de Burgos(Phil., Free Library E 245),Fueros de Castiella (BNM 431),Fuero de CuencaetFuero de Heznatoraf(Ureña, 1935),Fuero juzgo(New York Hispanic Society B2567),Fuero realz.III.16), dont la plupart peut être consultée grâce aux trans-(Esc. criptions publiées d’abord sous forme de microforme par le HSMS de Madison puis dans les divers cédéroms d’Admyte. On se référera également à d’autres textes juridiques importants comme l’Especulo(BNM 10123), lesPartidas(édition de G. López, Salamanque, 1555) ou l’Or-denamiento de Alcalá(BNM Res. 9). 5. Il suffit de prendre l’exemple, étudié par Nieto Soria, duLibro de los fueros de Castillaqui consacre 5 de ses titres au viol des femmes et 7 titres aux agressions physiques commises sur des femmes (NIETOSORIA, 1984, p. 77).
   Comme on voit, à la fin de la loi, le « péché de la langue », purement verbal, qui devient dès lors undenuesto, une injure, n’est pas moins sanc-tionné que le péché effectif, eu égard à la gravité supposée du péché en question, ce qui tendrait à confirmer, encore une fois, les conclusions de Grande et Casavecchio (1991), ainsi que de Madero (1992)6. En outre, on aura compris, à la lecture de la loi, qu’on ne se pose pas la question du consentement ou du caractère forcé de cette agression (alors que, comme on va le voir, ce point sera l’un des éléments juridiques déterminants dans le cas des viols de femmes). Dans cette société encore marquée par une opposition très forte entre le pur et l’impur, cet acte souille le corps à un point tel que la victime devrait se laisser tuer plutôt que de le permettre sur son corps. Si tel est le cas, aux yeux du législateur la victime ne sau-rait échapper elle-même ni à la souillure ni au péché ni, par conséquent, à la sanction ; aussi devient-elle passible de la peine capitale autant que l’agresseur. On se rend compte que si cette disposition légale a sans doute été prise pour éviter des pratiques homosexuelles qui, sous couvert de « viol », auraient peut-être pu échapper à la justice, il n’en demeure pas moins qu’elles ont probablement favorisé la non-déclaration de ce type d’agressions, auxquelles étaient particulièrement exposés des individus jeunes ou fragiles. Comment oser porter plainte alors qu’on courait le risque d’être exécuté ? Les autres cas de figure où il existe un acte assimilable à une agression sexuelle commise sur un homme sont à mettre sur le compte des nom-breuses vexations et blessures, lesdenuestos e feridas, répertoriés par le légis-lateur, pour lesquels, généralement, la peine se limite à une amende pou-vant, cependant, être très élevée. On retrouve, pêle-mêle, des coups et blessures tels que : «echar manos en los cabellos», «empellar», «ferir con puño», «fazer rascadura en la cara», «quebrar el ojo», «tajar el dedo», «la oreja» ou «las narizes», «quebrantar la pierna», «castrar»… qui sont systématiques dans les fueroset que l’on retrouve à côté d’autres actes dont la gravité – eu égard à la peine imposée – est, davantage, le fait d’interdits culturels forts, comme «trasquilar», «mesar la barva», «echar manos en las riendas de alguno», «dar analgadasmais également des actes en rapport avec la représen-»… tation culturelle de l’impur et de la souillure – le « thème de l’analité », 6. Dans le prologue du livre de Marta Madero, Jacques Le Goff insiste bien, d’ailleurs, sur le fait que les terrains de prédilection de la violence verbale sont la prostitution et la sodomie : «sexo perverso y marginalidad social ofrecen expresiones privilegiadas a la injuria» (MADERO, 1992, p. 13). Sur l’importance accordée par lesfuerosaux injures en rapport avec la sodomie, Madero écrit : «La constancia con la que las injurias defodido,fududunculo, aparecen en los fueros tiene varias razones: se inserta en el vasto tema de la analidad al que aluden muchas otras injurias; revela tal vez, un pensamiento atormentado por el terror del castigo feroz reservado a los homosexuales por las cortes laicas; está por encima de todo, marcada por los trastornos con los que en el inaginario medieval, la homosexualidad amenazaba el orden necesario de la naturaleza» (MADERO, 1992, p. 70).
    FUEROS pour reprendre l’expression citée de Madero – : «poner el culo en la cara» ou «dar con el pedo en la cara», «ferir con un huevo o con cogonbro o con pepinillo o con pepinillo o con otra cosa que pueda al omne ensuziar» ou «fazer comer cosa suzia»7. C’est dans ce genre de séries que l’on trouve, dans certainsfueros, le cas de figure de celui qui sodomise quelqu’un avec un bâton : Qual quier que a otro fuera de su casa metiere palo por el / culo, peche dozyentos mr. e salga enemigo, si le fuere prouado(Ureña, 1935, p. 355)8. La peine prévue pour punir un teldenuestose limite à une amende, certes du montant le plus élevé qui soit (200 maravédis)9, le même que pour la castration, mais force est de constater que le caractère purement économique de la peine est significatif d’une différence fondamentale avec les pratiques sexuelles que nous évoquions plus haut, alors que dans le Droit moderne cette dernière agression serait, en tant qu’atteinte à l’intimité corporelle de l’individu, assimilable à un viol. L’autre remarque qui s’impose, à la suite de la lecture de l’ouvrage de Córdoba de la Llave, est qu’en tant que reflet d’un « système de valeurs », en tant que « métaphore sociale », le discours légal sur le viol – qui comme on vient de le voir exclut toute forme de viol sur l’homme – ne prend la défense juridique d’un groupe spécifique, celui des femmes, que pour cimenter l’ordre social dans lequel il est pris. Ce ne sont pas les femmes en tant que telles, comme individus, qui intéressent le législateur mais en tant que maillons de l’engrenage social que la Loi est censée défendre. C’est donc comme être social, pris dans des règles définies par les hommes, que la femme intéresse le législateur et que son agression sexuelle peut faire l’objet d’un discours d’ordre juridique et non en raison de la souffrance et du tort individuels subis. Pour Córdoba de la Llave l’omniprésente législation sur le viol est là pour veiller au maintien d’un ordre social et économique dont la femme fait partie au premier chef, à travers la représentation que l’on se fait du mariage10: c’est le caractère 7. Je suis, dans cette énumération, le catalogue duFuero de Cuencaqui est, de loin, l’un des plus complets en la matière. Voir, dans l’édition d’UREÑA, les pages 335 à 355. 8. La version duFuero de Heznatorafest très semblable : «Otrosí qual quier que fuera de su casa a alguno metiere palo por el fondón, peche .cc. mrs. E salga enemigo, si el querelloso firmar pudiere» (UREÑA, 1935, p. 355). 9. À titre de comparaison, toujours selon leFuero de Cuenca, les plus fortes amendes concer-nent : 200 mrs, pour la castration ou la barbe arrachée (mesar la barba) ; mrs, pour un œil 100 crevé, un pied amputé, ou le nez coupé avec la lèvre ; 50 mrs, pour un pouce amputé, une jambe brisée ou le nez coupé (sans la lèvre) ; 20 mrs, pour chaque doigt coupé ou les deux oreilles. 10. Voir, au sujet de l’insertion de la femme dans l’ordre économique de la société médié-vale à travers le mariage, les travaux « classiques » de G. DUBY(1981 et 1988), mais de nom-breux colloques et études ont été consacrés, dans les dernières décennies, à cette question. Voir BROOKE(1990), SHEEHAN(1996), TEYSSOT(1997) et, enfin, quoique dans une perspective presque exclusivement littéraire, l’important ouvrage de BUSCHINGERet CRÉPIN(1984).
   matrimonial de la femme, comme « bien » potentiel ou acquis, qui est en jeu et qui doit être défendu. C’est lorsque la femme appartient, à travers l’institution du mariage, à la société des hommes11, lorsqu’elle est un bien appartenant à cette société, que le Droit veut la protéger d’un viol qui relève surtout du vol, de l’usurpation de propriété. On cherche ainsi à préserver les intérêts économiques et sociaux des chefs de famille, d’où l’attention particulière portée au cas des jeunes filles (doncellas) dans la documentation étudiée par Córdoba de la Llave, datant, il est vrai, de la deuxième moitié duXVesiècle. L’importance de cette question dans les textes de loi, depuis lesfueros jusqu’auxordenanzasduXVesiècle, au point de devenir l’une des princi-pales préoccupations des législateurs, s’explique donc essentiellement par sa dimension sociale et économique bien plus que par l’éventuelle fré-quence de ces agressions dans la vie quotidienne de la Castille médiévale. D’après Córdoba de la Llave, auXVesiècle les viols se situent en 4eposi-tion, après les homicides, les coups et blessures et, enfin, le vol, pouvant même être relégués à une cinquième position pour certaines périodes12. Cela dit, l’auteur de l’étude est lui-même conscient de la difficulté qu’il y a à se faire une idée de la réalité historique du viol à partir de la docu-mentation de la chancellerie. On peut supposer, et Córdoba de la Llave le fait avant nous, que dans bien des cas des arrangements « à l’amiable » (mariage ou compensation économique), prévus, d’ailleurs, dans les textes de lois, depuis lesfueros, et dont les traces arrivent jusqu’auxNou-velles exemplairesde Cervantes13, permettaient aux familles d’éviter une procédure longue et coûteuse, pourvu que l’honneur fût sauf14! Ajoutons à cela tous les cas où les victimes ont préféré se taire de peur de ladeshonra publique ou même des représailles familiales. On peut même faire la sup-position que lorsque l’agression était commise sans témoins et qu’elle n’était pas suivie d’une grossesse, l’affaire était plus ou moins étouffée, surtout s’il n’y avait pas eu défloration. En effet, comme le souligne Cór-doba de la Llave, la Castille de la fin du Moyen Âge est bien plus sou-cieuse que les autres pays d’Europe, notamment le royaume d’Angle-terre, de la virginité des futures mariées, tant et si bien que des documents notariés étaient souvent produits pour certifier une défloration acciden-11. Comme le suggère très justement Nieto Soria, dans ce contexte, la femme n’acquiert une véritabledignitassociale que par le mariage : «la mujer alcanza un cierto reconocimiento jurídico y social sólo en tanto que mujer casada» (NIETOSORIA, 1984, p. 78). 12. C’est le cas de la période 1474-1486 dont voici les statistiques : 58 % d’homicides, 28 % de vols, 9,5 % de coups et blessures, 3 % d’adultères et 1,5 % de viols. Voir CÓRDOBA, 1994, p. 15. 13. Voir BATAILLON(1947). 14. «Fue un delito relativamente poco destacado y poco usual, dada la escasez de procesos llegados a la última instancia de la justicia» (CÓRDOBA, 1994, p. 15).
    FUEROS telle, complètement étrangère à des rapports sexuels ; des certificats pour l’établissement desquels était nécessaire le concours de voisines et de sages femmes (Córdoba, 1994, p. 20-21). Valeur mercantile desdoncellasou sociale descasadasetviudas15, c’est-à-dire toutes les femmes qui représentent lahonrad’un groupe d’hommes16 – lignage ou clan –, dès lors, on ne sera pas étonné que les législateurs se soient vite désintéressés de toutes les femmes qui se trouvaient démunies de ce lien social avec les hommes : les prostituées, bien entendu qui constituent le groupe le plus emblématique des bas-fonds de la ville médiévale17, mais aussi lesmancebasoumujeres solteras18, vivant librement sans tutelle masculine, et qui seront souvent associées à des métiers infa-mants (hechiceras– dans toutes ses variantes :adevinas,sorteras,ligadoras… –, alcahuetas,herboleras…) ou à des hommes peu recommandables dont elles deviennent lesamigassporadiques : « » amigas de pícaros y delincuentes (Dillard, 1993, p. 231) C’est bien l’existence d’un lien stable et perma-. nent avec un homme, citoyen libre d’une ville, qui détermine la protec-tion ou non qu’une femme pourra attendre des instances juridiques municipales. Nous avons pour preuve le cas tout à fait significatif dans l’Espagne médiévale de l’institution de labarraganíaqui a fonctionné dans les derniers siècles du Moyen Âge comme parfaite alternative légale au mariage. Le concubinage entre des personnes célibataires accorde aux intéressés, au bout d’un an de vie commune, pratiquement les mêmes droits économiques et sociaux que le mariage19et dans les milieux défa-15. Apparemment, les veuves étaient moins protégées légalement que les femmes mariées et devaient s’en remettre à la protection de leur famille ou descendants bien plus qu’à la pro-tection de la loi municipale desfuerosd’ailleurs, poussait les jeunes veuves à se remarier, ce qui, dès qu’elles le pouvaient, d’autant qu’elles n’avaient pas même besoin de l’accord de leurs parents. Voir DILLARD(1993), chapitre 4 (« Las viudas de la Reconquista, un grupo nume-roso ») : «La ley castellana ignoraba a las viudas ya que las hijas eran los principales objetivos» (p. 172). 16. Comme le dit Alejandro Morín, «la mujer carece en principio de honra propia y sólo es vehículo de las de los varones con poder sobre ella» (MORÍN, 2001, p. 359). 17. «importante de los bajos fondos medievales era la prostitutaLa figura más » (DILLARD, 1993, p. 232). Au sujet de l’impunité avec laquelle on peut injurier les prostituées, qu’aucun disposi-tif légal ne défend, Marta Madero écrit : «puede injuriar y violar sin sufrir lasa quienes en principio se consecuencias de la ley» (MADERO, 1992, p. 65 et 114). 18. Lesmozasetcriadasparticipent de lahonrade la maison dans laquelle elles travaillent. Les fueroscatégories sociales un complexe système de peines allé-prévoient, cependant, pour ces gées pour les auteurs d’agressions sexuelles au sein de la maisonnée. Écoutons Madero : «Pero la honra de unamalada allena(empleada dependiente sin domicilio fijo) se disgregaba —según el fuero de Zamora— en diferentes y menudos objetos compensatorios (“un fustan dun mr e una toca dun ss. e çapatas dun ss. et cinta de seys dn”)» (MADERO, 1992, p. 114). Certainsfuerosprévoient même que, dans cer-tains cas, de telles femmes ne puissent accuser leur maître de viol, comme le rappelle Nieto Soria, au sujet duLibro de los fueros de Castilla: «especial dentro de la normativa sobre el delitoUn tema de violación es el de la manceba que viviendo en casa de su señor estuvieraasoldada e fuere su apaniaguada. En tal caso, no se podría querellar de haber sido forzada por su señor. Es de suponer que esta norma estaría cau-sada por la condición de la manceba de dependiente» (NIETOSORIA, 1984, p. 83). 19. Voir DILLARD(1993), p. 158-165.
   vorisés il a été souvent pratiqué comme alternative provisoire (générale-ment chez les personnes jeunes et en attente de trouver un « meilleur » conjoint) ou même définitive au mariage religieux. Ainsi, lesbarraganas d’hommes célibataires jouissent également de la même protection légale que les femmes mariées en cas d’agression20et leur enfants peuvent héri-ter de leur père, y compris la qualité defijodalgo21. Córdoba de la Llave confirme cette alternative au mariage en évoquant les «compañías de cama y mesa», espèce de déclaration de concubinage ou de « mariage civil » qui auXVepouvait être une alternative au mariage religieux dans biensiècle des cas, notamment s’il y avait eu perte de virginité22. Si le Droit semble s’arrêter avec les «mujeres sin honor» (Dillard, 1993, p. 229), il se heurte aussi parfois à des impératifs qui le dépassent, comme par exemple l’existence de droits non écrits – et impossibles à écrire – liés à des coutumes ou des pratiques ancestrales qui pouvaient autoriser cer-taines violences sur les femmes. Tel serait le cas du supposé droit de cuis-sage et, d’une façon plus générale, des violences qu’on peut considérer comme « seigneuriales », entendons les violences exercées par un membre des groupes dominants (civils ou religieux) sur un femme rele-vant du groupe des dominés (vassaux, personnesinermes…). A priori, on pourrait penser que c’est sur de tels groupes, spécialement vulnérables, que la justice doit étendre son bras protecteur, or comme l’a montré Car-los Barros dans divers travaux (1990 et 1991), notamment sur les révoltes populaires en Galice et leurs motivations, dans la plupart des cas les textes de loi ne soufflent mot sur de tels cas de figure qui, au moment où lesfuerosont été octroyés, étaient censés s’appuyer sur une longue tradi-tion destinée à inscrire dans des actes rituels la suprématie politique du seigneur sur ses vassaux, au sein de la société féodale. Faute de docu-mentation directe (Barros renvoie à des témoignages indirects pouvant évoquer la pratique duius primae noctis23), on est tenté d’étendre à la 20. «La barragana era la compañera legítima de un hombre soltero» (DILLARD, 1993, p. 164), une légitimité qui la protégeait face aux autres hommes : «se eximía a la barragana del pago de los impues-tos como a cualquier esposa y se multaba a las personas que la insultaran o la asaltaran» (DILLARD, 1993, p. 159). 21. Voir les titres 169 et 175 duLibro de los fueros de Castilla, analysés par NIETOSORIA(1984, p. 83). 22. Córdoba de la Llave qui a étudié plus spécifiquement ces déclarations de concubinage dans un autre travail (CÓRDOBAet BENITO1993), précise que dans ces contrats on s’engage à, vivre sous le même toit, sous peine d’amende en cas de non-respect de cette clause. L’amende pouvait atteindre 10 000 mrs., comme on le voit dans un document de 1479 (CÓRDOBA, 1994, p. 24). 23. Barros cite, par exemple, une loi de la version galicienne duFuero real: «E indirectamente se refieren al derecho de pernada cuando fijan en quinientos sueldos la multa a pagar en caso de que “alguu ome desonrrar nouho casando ou nouha en dia de voda”. ¿Qué hombre si no uno poderoso y con ascendiente sobre los novios puede imponer tal deshonra del día de la boda? ¿No prueba este delito la vigencia en el sigloXIIIdel cere-monial señorial de reservarse a sus vasallas la primera noche de bodas?» (BARROS, 1991, § 4). La version
    FUEROS péninsule Ibérique les réserves d’Alain Boureau (1998) sur la réalité his-torique d’un tel droit dans la France féodale. Mais son inexistence effec-tive comme droit coutumier spécifique n’enlève rien à la réalité castillane d’une fondamentale violence nobiliaire, ou, de façon plus générale encore, de la gent armée, notamment en période de crise monarchique, qui s’est exercée sur les individus spécialement vulnérables, la paysanne-rie, le petit clergé rural et, bien sûr, les femmes24. En ce sens, les travaux de Barros sont précieux et doivent être mis au crédit des recherches sur les conflits sociaux dans le bas Moyen Âge hispanique. Pour ce qui est de cette violence seigneuriale, exercée par le seigneur lui-même ou par ses hommes, les exemples ne manquent pas concernant les viols et séques-trations de femmes. Barros en fait l’un des principaux motifs des révoltes populaires qui ont secoué la Galice autour de 1467, période qui corres-pond à une recrudescence de viols et violences commis sur les femmes en milieu rural, notamment pendant le travail des champs25. Barros cite également les cas célèbres de Fadrique Enríquez, comte de Trastamare et duc d’Arjona, grand amateur des «mujeres casadas e por casar», celui de Rodrigo de Luna, archevêque de Saint-Jacques, «presunto violador de don-cellas recién casadas» (Barrios, 1991, § 30) et enfin celui de Fernán Gómez de Guzmán, tristement célèbre seigneur de Fuenteovejuna. Au-delà des individualités, plus ou moins légendaires, il apparaît clai-rement que, parallèlement aux dispositions de la justice municipale contenues dans lesfueros, un discours va se structurer autour, cette fois-ci, de l’Escurial duFuero realdit pour cette loi : «Si algún omne desonrrare novio o novia el día de su boda, peche quinientos sueldos» (Esc. z.III.16, fol. 100vº). Il me semble que la présence du marié et de la mariée dans la loi atténue pour ne pas dire élimine toute allusion à un type dedeshonraqui serait d’ordre sexuel. Si le législateur avait voulu battre en brèche cette pratique seigneuriale, la loi eût sans doute été plus explicite. Telle qu’elle est formulée elle évoque une spéciale protection juridique accordée aux mariés le jour où ils reçoivent un saint sacrement. Les autres exemples de Barros sont encore moins concluants, à l’exception du récit de Diego de Valera mettant ouvertement en cause l’archevêque de Saint-Jacques, Rodrigo de Luna, neveu naturel d’Álvaro de Luna, qui selon Valera aurait usé duius primae noctis: «Y entre otras cosas asaz feas que este arço-bispo avía cometido, acaesció que estando una novia en el tálamo para celebrar las bodas con su marido, él la mandó tomar y la tuvo consigo toda una noche» (Memorial de diversas hazañas, PENNA, 1959, p. 53). Les termes sont ici très explicites, cependant, il faut se demander dans quelle mesure ce récit ne tient pas davantage de la stratégie politique pour ternir l’image de l’archevêque en l’accusant ouvertement de ce qu’il y avait alors de plus inacceptable et choquant, preuve, assurément, qu’au moins auXVesiècle cette prétendue pratique seigneuriale féodale était tout sauf monnaie courante. 24. Voir Valdeón (1975), II et IV ; Gibello (1999), IIepartie, chapitre 4. 25. «El forzamiento de mujeres del común por parte de los hombres del señor, especialmente los soldados de las fortalezas, será uno de los grandes tipos de agravios que desencadenan la ira justiciera y antiseñorial de los irmandiños en 1467. La propagación en los escalones inferiores del poder señorial de un derecho de pernada en decadencia, incrementa el número de violaciones y la violencia con que éstas se producen. El guerrero del castillo, a diferencia de nuestro todavía sutil granjero de Carballotorto, tomará sin más por la fuerza a la doncella que encuentra con el ganado en el monte o trabajando las viñas, violándolain situ » (BARROS, 1991, § 10).
   de la justice royale tendant à mettre en lumière les agressions commises sur des femmes par des personnes armées. Comme si la royauté voulait emboîter le pas à une justice municipale trop complexe ou frileuse au moment de châtier de telles violences, dans les premières décennies du XIVeprend forme une nouvelle conception de la gravité de ces actessiècle et une nouvelle façon bien plus expéditive d’exécuter la justice du roi en la matière. Sur le plan idéologique, ces conceptions sont sous-tendues par l’affirmation voulue par Alphonse XI du modèle chevaleresque courtois qu’il « importe » dans une Castille livrée à tous les excès, depuis la mort de Sanche IV, à partir de la France et de l’Angleterre des Plantagenêts. Selon ce modèle, le roi et son prolongement armé, la chevalerie, ont pour mission première de combattre la violence par la violence, surtout celle qui s’exerce sur les populations les plus vulnérables. Pour mettre en place ce modèle on va se servir d’un vaste éventail de dispositifs discursifs travers l’historiographie, la réforme juridique et même la littérature) et de mesures politiques (justice implacable du roi, création de l’ordre de la Banda…). Le résultat est que, à partir du règne personnel d’Alphonse XI, peu à peu, le sujet de la femme victime de la violence des hommes va passer véritablement au premier plan. Cela provoquera sans doute une plus grande sensibilisation à ce que l’on pourrait appeler de façon fort anachronique la « cause » des femmes, manifeste à plusieurs niveaux. Sur le plan juridique, on assiste à la modification de certaines disposi-tions légales ou de certains comportements municipaux, notamment en matière de femmes séquestrées dont l’installation dans les villesfronterizas commencera à être perçue comme problématique et moins indispensable que dans la perspective colonisatrice du siècle précédent26. De même, l’application desPartidas, à la suite de l’Ordenamiento de Alcala(1348) fait relever les cas de viols directement de la justice royale (en application de Partidas, III,III, 527), pour lesquels on prévoit, d’ailleurs, une enquête spé-cifique (pesquisaà établir la vérité des faits () de façon Partidas, III,XVII, 3)28. Ces mêmesPartidasconsidèrent parmi les délits les plus graves – ceux qui 26. Comme le montre Dillard (1993, p. 165-180), au plus fort du mouvement de repeuple-ment de la Reconquête, les villes avancées fermaient les yeux sur l’arrivée d’hommes accom-pagnés d’une femme qui avait été séquestrée et/ou violée. Vers la fin duXIIIesiècle, les autori-tés municipales commenceront à être plus regardantes au sujet de cesasentamientosdouteux et la pratique déclinera tout au long desXIVeetXVesiècles. 27. Cette disposition était toutefois déjà prévue dans certainsfueroscomme leLibro de los fue-ros de Castillaau titre 117, comme le rappelle Nieto Soria :,  «se indica que todas las querellas sobre violación habrán de reservarse a la justicia real» (NIETOSORIA, 1984, p. 82). 28. Cette disposition reprend quelque chose qui figurait déjà dans leFuero de Burgos, mais réservé aux cas litigieux. LesPartidasl’étendent donc à tous les cas de figure : «estas tres cosas deve el rey pesquirir, avyendo querellosos, de muger forçada et de omne muerto sobre salva et de quebrantamiento de camino» (F. Burgos, 117).
    FUEROS n’admettent aucun recours possible – le viol ou la séquestration des vierges, des veuves et des religieuses (Partidas, III,XXIII, 16). Aussi, le serf qui dénonce un tel acte obtient immédiatement la liberté, même contre l’avis de son maître (Partidas,V,IXXII, 3). Enfin, dans le titre entier que les Partidasconsacrent au viol et à la séquestration des femmes (VII,XX), on constate une extension et une simplification de la procédure par rapport au modèle desfueros. D’abord parce que toute personne («cada uno del pue-blo ante el judgador del lugarloi 2) est susceptible de dénoncer le délit,», même si la famille ne le souhaite pas, car il s’agit d’une faute «contra el señor, forçándola en desprecio del señor de la tierra do es fecho» (loi 1), ce qui per-met de réduire les arrangements à l’amiable entre les familles. Puis, parce qu’il n’y a pas ces dispositifs suspensifs ou conditionnels qui abondent dans la casuistique desfuerosremettre en cause la réalité du viol.tendant à C’est bien pour cela qu’un enquêteur est requis. Enfin, la détermination de la peine est sans appel : condamnation à mort du violeur, quel qu’il soit, et confiscation de tous ses biens au profit de la femme violée. Sur le plan discursif cette importance nouvelle accordée à la femme sous Alphonse XI est visible dans la littérature chronistique où de façon très significative dans la liste des méfaits des hommes apparaissent ces «mugeres forçadas» que l’on va souvent retrouver sous la plume de Fernán Sánchez de Valladolid. Face à cesmalhechoresla réponse d’Alphonse XI est sans appel : la peine de mort à la suite d’une justice sommaire29. Mais c’est dans la littérature, terrain de prédilection pour la mise en œuvre de l’idéologie chevaleresque qu’Alphonse veut mettre en place, que ce thème acquiert sa plus grande expression. Le thème des reines ou prin-cesses injustement accusées, persécutées ou violentées par des hommes méchants et sans scrupules est quasiment omniprésent dès les premières adaptations castillanes de romans français, encore marquées par l’hagio-graphie, comme celles que l’on peut voir dans le codex h.I.13 de la biblio-thèque de l’Escurial et dont la diffusion a dû avoir lieu dans les premières décennies du règne d’Alphonse XI30. Mais de façon bien plus évidente encore le sujet de la violence exercée sur les femmes par une « mauvaise » chevalerie que la « bonne » chevalerie doit combattre se retrouve dans les premières productions autochtones de cette littérature chevaleresque. Dans leCaballero Zifar, dès le début de leur périple, Grima et Zifar vont faire la rencontre avec un de ces méchants chevaliers que l’on a le mal-
29. Voir, par exemple, le chapitre CXV de laGran crónicaentièrement consacré à la façon dont, pendant l’été 1331, le jeune Alphonse en a fini avec des bandes de malfaiteurs qui, entre autres, «forçauan las mugeres e fazian otros muchos males». La justice d’Alphonse n’hésitera pas un seul instant : «mandolos prender e matar» (CATALÁN, 1977, p. 494-495). 30. Voir sur ces premiers « romans » chevaleresques espagnols et sur la place de la femme HEUSCH, 2001 et 2005.
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