Françoise Gadet : Saussure, une science du langage; Michel Arrive : Linguistique et psychanalyse  ; n°1 ; vol.39, pg 95-100
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Françoise Gadet : Saussure, une science du langage; Michel Arrive : Linguistique et psychanalyse ; n°1 ; vol.39, pg 95-100

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Langage et société - Année 1987 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 95-100
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Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Pierre Achard
Françoise Gadet : Saussure, une science du langage; Michel
Arrive : Linguistique et psychanalyse
In: Langage et société, n°39, 1987. pp. 95-100.
Citer ce document / Cite this document :
Achard Pierre. Françoise Gadet : Saussure, une science du langage; Michel Arrive : Linguistique et psychanalyse. In: Langage
et société, n°39, 1987. pp. 95-100.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1987_num_39_1_2347- - 95
COMPTES RENDUS:
Françoise GADET: Saussure, une science du langage. Paris: P.U.F.
1987
Michel ARRIVE: Linguistique et psychanalyse (Freud, Saussure,
Hjelmslev, Lacan et les autres) Paris: Méridiens/Klincksieck 1986
II y a un paradoxe Saussure, qui pourrait se formuler en
disant que rien (ou presque) de la linguistique saussurienne ne
subsiste dans l'appareillage technique de la linguistique
actuelle, et pourtant l'oeuvre du "maître de Genève" ne cesse pas
d'être lue et commentée, comme si sa caution continuait à être
nécessaire même à ceux qui ne s'en réclament pas. C'est à ce
paradoxe que s'attaque Françoise Gadet dans un petit ouvrage (128
pages) remarquable par sa clarté, sa densité et sa pertinence.
D'emblée, l'auteur rejette deux solutions de facilité:
opposer Saussure aux transcripteurs du Cours de Linguistique
Générale (C.L.G.), opposer l'auteur du Cours à un autre Saussure
qui serait celui des Anagrammes. S'il est vrai que l'enseignement
de Saussure, désormais inaccessible, n'est pas toujours identique
à ce qui en a été retenu, ce sur quoi s'est fondée la
linguistique, c'est le cours publié par Bally et Sechehaye.
F. Gadet place donc ce texte au centre de son étude. Mais depuis
20 à 30 ans, ce texte lui-même a fait l'objet d'éditions
critiques, d'examens des sources, de comparaisons avec d'autres
parties de l'oeuvre de Saussure. Ce qu'il faut donc examiner, ce
n'est pas une vulgate dogmatisée, mais la problématique de
construction des concepts qui aboutit au C.L.G.. De ce point de
vue, on ne peut opposer deux Saussures schizophreniquement
incompatibles, mais on peut au contraire dégager une démarche
conceptuelle cohérente appliquée à des objets opposés. La
démarche de Françoise Gadet permet donc de dégager une double
cohérence: celle d'un Saussure appliquant des solutions
différentes à des problèmes différents, mais en restant fidèle à
Langage & société no 39 - Mars 1987 - - 96
"grille" de questionnements; celle d'une linguistique une même
qui a remis en question à peu près toutes les solutions
concernant' du CL. G. aux questions la langue, mais pour laquelle
la grille saussurienne reste le cadre implicite.
Pour éviter de confondre les questions de départ et les
solutions apportées, F.Gadet se centre donc sur quatre problèmes
qui font autant de chapitres: le signe, le système, l'objet, le
mécanisme. Chaque chapitre est introduit par une longue citation
(resp.: nature du signe linguistique, la valeur linguistique
considérée dans son aspect conceptuel, place de la langue dans le
langage, rôle des entités abstraites en grammaire), qui permet de
juger de la pertinence du commentaire autrement que sous la forme
de l'extrait argumentatif tronqué au minimum. Le commentaire
analytique présenté ensuite montre comment les renvois de
problème a problème permet une réflexion d'ensemble qui fonde
épistémologiquement la discipline. Ainsi, la problématique de
l'arbitraire du signe exclut une interprétation simpliste du
rapport mot/chose et reste compatible avec une linguistique où le
signe abstrait ne correspond pas forcément à un segment
délimitable ou à un objet pré-existant; seule la dimension du
système (et donc de la synchronie) permet d'atteindre cette
dimension abstraite du "signe" ; pour pouvoir ainsi délimiter son
objet, la linguistique doit donc se distinguer méthodologiquement
des disciplines connexes auxquelles reviennent les dimensions de
motivation relatives ("le système n'admet que son ordre propre");
enfin cette problématique achope sur les faits de l'ordre du
syntaxique (morphologie, syntaxe proprement dite) où la
délimitation de la langue et de la parole devient dificile: sur
ce dernier point, les hésitations du C.L.G. délimitent le champ
théorique qu'investit la linguistique contemporaine.
Si je comprends bien F.Gadet, lire Saussure aujourd'hui est
toujours important parce que celui-ci effectue une coupure entre
le fonctionnement signifiant -la langue- et le sens effectivement
produit -la parole-, les deux n'étant bien entendu que grâce à - - 97
l'abstraction fondatrice de la discipline. Au nom de cette
distinction, Saussure tendait à considérer que la phrase -ou le
syntagme, ce qui revient au même- relève de la parole. La
linguistique actuelle -et ceci sans doute bien avant Chomsky (cf.
Harris, Tesnières ou Benveniste)- a renoué avec la tradition
grammairienne et récupéré la phrase mais en la "purifiant" de sa
dimension sémantique. D'un autre côté, les "sciences connexes"
ont vu s'enrichir leur propre approche des phénomènes langagiers
grâce au concept de discours. Mais le problème de la spécificité
de la linguistique se pose toujours dans les mêmes termes que
pour Saussure: il faut décider à chaque moment ce qui, dans
l'analyse de discours ou dans la sémantique, relève de la
linguistique proprement dite et ce qui relève d'autres
disciplines. A l'autre pôle de l'étude du langage, ce sont les
générativistes qui remettent en question la distinction
phonétique/phonologie. Il n'y a alors, ainsi que l'écrit F.Gadet
en conclusion, "que deux attitudes pour les linguistes: rivaliser
avec ces disciplines ["les sciences connexes"] sur leur terrain
(souligné par moi, P.A.), pour ceux qui ne se résolvent pas à ce
que quelque chose du langage doivent leur échapper; ou bien, pour
les autres, savoir ce qui fait la spécificité de leur pratique".
Peut-être d'ailleurs ces deux options n'en sont-elles
qu'une: le "linguiste qui rivalise avec les spécialistes des
autres disciplines sur leur terrain" produit un discours où il
serait sans doute possible de distinguer ce qui est de la
linguistique et ce qui relève de la discipline connexe. Et, pour
savoir ce qu'est la spécificité de sa pratique, le linguiste
ayant opté pour la pureté est dans un sens contraint à avoir un
minimum de théorie sur ce que les autres ont à dire de l'activité
de langage.
C'est dans cette perspective qu'on peut aborder l'ouvrage de
Michel Arrivé sur les rapports entre linguistique et
psychanalyse. Ceci n'est pas surprenant, puisque les deux
ouvrages semblent une prolongation d'un travail commun des deux - - 98
auteurs (1). La démarche adoptée est analogue à celle de F.Gadet:
partir des textes et de l'histoire des concepts pour comprendre
les effets de reprise entre "disciplines connexes". Linguistique
et psychanalyse et non, par conséquent, langage et inconscient.
Rapprocher Freud et Saussure ne résulte certes pas d'une
nécessité historique directe: Saussure n'a vraisemblablement pas
lu Freud, et bien qu'il ait psychanalysé son fils, Freud ne se
réfère pas à Saussure. Il est vrai qu'il n'a recouru aux linguis
tes qu'autour du problème de l'origine des langues, sujet forclos
de la linguistique post-saussurienne. L'entreprise se justifie
par l'existence du courant lacanien où les deux références
fonctionnent conjointement.
Arrivé a choisi de s'intéresser au traitement de la notion
de symbole. Celle-ci apparaît sporadiquement dans le CLG, et
occupe une place centrale dans les anagrammes, alors que "signe"
n'apparaît pas. Il examine ensuite cette notion chez Hjelmslev.
Et, bien sûr, chez Freud. Chez les linguistes, on voit en fait
non une définition positive du symbole, mais sa dérivation à
partir du signe, dans le domaine non du linguistique mais d'une
sémiologie plus large, et avec référence au fait que le symbole
serait, d'une certaine manière, motivée. Le symbole reste de ce
fait marginal aussi bien chez Saussure que chez Hjelmslev. Si on
le trouve abondamment dans les Anagrammes, c

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