Généralités, histoire, méthodes - compte-rendu ; n°1 ; vol.98, pg 169-174

Non Renseigné

Description

L'année psychologique - Année 1998 - Volume 98 - Numéro 1 - Pages 169-174
6 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: L-annee-psychologique
• Publié le: 01 janvier 1998
• Nombre de lectures: 10
• Langue: Français

Extrait

Généralités, histoire, méthodes
In: L'année psychologique. 1998 vol. 98, n°1. pp. 169-174.
Citer ce document / Cite this document :
Généralités, histoire, méthodes. In: L'année psychologique. 1998 vol. 98, n°1. pp. 169-174.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1998_num_98_1_28618L'Année psychologique, 1998, 98, 169-193
ANALYSES BIBLIOGRAPHIQUES
GENERALITES, HISTOIRE, MÉTHODES
Jeannerod, M. — (1996) De la physiologie mentale : histoire des rapports
entre biologie et psychologie, Paris, Odile Jacob, 244 p.
Odile Jacob, qui eut dix ans d'éditrice en 1996, publie les livres qui
permettent « de comprendre notre société, les débats qui la façonnent et
les découvertes scientifiques qui en renouvellent la vision». Voici donc,
dans le cru 1996, signé de Marc Jeannerod (physiologiste, cultivé jusqu'à
l'érudition, à l'écriture lisse, clarifiante et agréable), un nouveau livre sur
les relations entre biologie et psychologie. Vieux débat de philosophes et
de scientifiques, mais qui va toucher le grand public cultivé, par la vertu
d'un scientifique passionné et d'une éditrice qui fut étudiante en... psy
chologie.
Pour historique qu'il soit, le regard de l'auteur « n'est pas tourné vers
le passé ». S'il « reconstruit la trajectoire de nos idées » c'est afin d'éviter
« l'erreur qui consisterait à n'en considérer qu'une partie, celle qui émerge
dans le présent, dont on aurait oublié les points de passage et les
inflexions ». Ce regard, rétroprospectif, ne peut être que bienvenu, au
moment où les relations entre le cerveau et l'esprit reviennent sur le
devant du débat d'idées à la faveur « du développement rapide des neuro
sciences et des sciences cognitives » (on ne sait si l'adjectif s'applique aux
deux substantifs ou au seul dernier).
La question posée est de savoir « si une psychologie dégagée de la
métaphysique peut éviter pour autant de devenir un satellite de la biolo
gie ». « Si psychologie et biologie devaient exprimer des réalités distinctes,
où passerait la frontière entre les deux ? L'opposition habituelle entre la
réalité du contenu mental, dont la psychologie décrirait les règles et les
productions, et celle du "véhicule" cérébral, dont la biologie décrirait la
structure et les mécanismes, traduit-elle vraiment l'existence de deux réa- 170 Analyses bibliographiques
lités différentes, ou s'agit-il plutôt de deux niveaux de description de la
même réalité ? »
Les rapports entre biologie et psychologie, i.e. entre cerveau et esprit,
sont examinés à la faveur de cinq chapitres : 1 / « La localisation cérébrale
des facultés » (aires motrices et aires du langage) ; 2 / « La céré
brale des fonctions psychiques supérieures » (l'intelligence relèverait-elle
d'un « substrat nerveux délimité », seraient-ce les lobes frontaux ?) ;
3 / « L'association des idées » (qui marque la rupture avec l'innéisme des
localisations pour privilégier l'interaction de l'organisme avec le monde
extérieur et dégager la notion d'adaptation) ; 4 / « Les voies du réflexe »
(qui radicalise 1' « idéologie adaptative » et dont émergera la « psychologie
objective » : l'activité mentale est réduite à son expression par le compor
tement, lequel est dépendant du milieu) ; et 5 / « Les déchus du cerveau »
(il est ici question de l'héréditarisme, déterminisme d'espèce qui s'impose
aux individus). A chaque fois l'histoire scientifique est trempée dans celle
des idéologies du moment, dans l'interdisciplinarité naissante (cf. le machi
nisme comme source du concept de régulation) et jusque dans l'histoire
tout court (cf. le déterminisme biologique allant à contre-courant de l'idéo
logie égalitaire héritée de la révolution). On mesure les combats livrés et la
puissance de cette arme nouvelle qu'est une « méthodologie garante de la
validité des faits », qui renvoie dans les cordes les arguments de caractère
scolastique. Le livre est souvent une belle illustration de la méthode expé
rimentale (cf. l'hypothèse de Wernicke sur 1' « aphasie de conduction » — et
de quelques problèmes éthiques (lobotomie, stéréotaxie, conditionnement)
à côté desquels ceux d'aujourd'hui paraissent pour certains bien ténus.
L'évolution de la science est aussi rapportée à l'évolution des techniques
(e.g. fixation par l'alcool et coloration des tissus nerveux, neurochimie et
stimulation électrique du cortex) qui permettent peu à peu « de franchir
les barrières du visible ». L'accent est aussi mis sur les us et abus que la
société peut faire du savoir, surtout lorsqu'elle met en pratique des « idées
fausses ».
L'ouvrage se clôt sur un bref plaidoyer pour la « physiologie mentale
qui ne fait encore que débuter ». Quelques belles phrases laissent entendre
que cette voie de recherche ne violera jamais l'individu. Que nous appren
nent de l'homme « la description et la mesure du cerveau : tout, si l'on se
place du point de vue du véhicule commun à tous les individus, c'est-à-dire
des rapports qui relient le fonctionnement du cerveau aux modalités de
traitement de l'information ou aux processus cognitifs ; rien si l'on consi
dère le contenu mental individuel ». « La science explique bien ce qui fait
qu'un individu est un individu, elle n'explique peut-être pas ce qui fait est ce qu'il est. »
Comme l'auteur le dit d'emblée, aucun des problèmes qu'il a évoqués
n'a trouvé de solution ; aucun des débats n'est clos. De la réflexion riche
que suscite l'ouvrage peuvent poindre quelques regrets. On pourra regret
ter que l'histoire traitée s'arrête autour des années cinquante, que « le histoire, méthodes 171 Généralités,
combat contre l'obscurantisme » soit présenté comme celui des seuls biolo
gistes face aux « psychologues », et qu'il ne soit fait aucune mention de la
psychologie cognitive contemporaine, tout aussi objective que la biologie
et peut-être plus expérimentale (par la complexité des situations qu'elle
peut concevoir). L'idée d'ignorer le cerveau pour étudier l'esprit devrait
paraître désormais extravagante. Mais qu'appréhende-t-on et que sait-on
encore du cerveau qui permette aujourd'hui de rendre compte objective
ment à partir de sa structure et son fonctionnement de comportements tels
que les raisonnements, les jugements, les décisions ? Devait-on pour autant
différer leur étude ? Les modèles qu'en (a) produit la psychologie cognitive
seront-ils (sont-ils) inutiles à l'étude du cerveau ? Plus que condamnées à
un hiatus idéologique irréductible, concevons que les deux disciplines, neu
rosciences cognitives et psychologie cognitive, sont appelées à une intersec
tion de plus en plus grande. Ne postulons pas que cette intersection doive
nécessairement se muer en union. Que chacune respecte l'autre et qu'il soit
permis à chacune d'aller au bout d'elle-même. Qu'il s'agisse à terme de
physiologie ou de psychologie n'a que peu d'importance si la connaissance
de l'activité mentale a avancé.
Le livre de Marc Jeannerod est de ceux dont le lecteur sort enrichi et
qu'il n'a pas terminé lorsqu'il l'a fini.
J.-P. Caverni.
Canto-Sperber M. (Édit.) — (1996) Dictionnaire d'éthique et de philoso
phie morale, Paris, PUF, 1720 p.
Dans ce dictionnaire les chercheurs en sciences du comportement, donc
en psychologie expérimentale, trouveront plusieurs articles les intéressant
directement, entre autres : Animaux (Le traitement des — ), Bioéthique,
Comités d'éthique, Consentement, Conséquentialisme, Déontologisme,
Enfant (Droits de 1' — ), Ethique appliquée, Éthique normative, Gènes
(Thérapie génique), Loi, Médicale (Éthique — ), Mensonge, Ordinateur,
Pénale (Éthique — ), Professionnelle — ), Science ( — et éthique),
Sciences sociales (Problèmes éthiques liés à la recherche en — ), Technique,
Vieilless