Gestion étatique de la  monnaie, parités fixes et dépendance : le cas de la zone franc - article ; n°91 ; vol.23, pg 549-567
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Description

Tiers-Monde - Année 1982 - Volume 23 - Numéro 91 - Pages 549-567
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marc Raffinot
Gestion étatique de la monnaie, parités fixes et dépendance : le
cas de la zone franc
In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°91. pp. 549-567.
Citer ce document / Cite this document :
Raffinot Marc. Gestion étatique de la monnaie, parités fixes et dépendance : le cas de la zone franc. In: Tiers-Monde. 1982,
tome 23 n°91. pp. 549-567.
doi : 10.3406/tiers.1982.4142
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1982_num_23_91_4142GESTION ÉTATIQUE DE LA MONNAIE
PARITÉS FIXES ET DÉPENDANCE :
LE CAS DE LA ZONE FRANC
par Marc Raffinot*
Le champ monétaire est resté jusqu'ici relativement secondaire dans
les négociations Nord-Sud. Pourtant, les pétro-dollars accumulés par
les pays du Golfe jouent un rôle structurel dans le système monétaire
international, et cela se traduit par de sensibles modifications des inst
itutions internationales, à commencer par le Fonds monétaire international
(P. Fabra, 1980).
Au sein des pays dominés, la position du groupe des pays périphé
riques de la гопе franc tranche sous de nombreux aspects. La centra
lisation des réserves au niveau de la Banque de France alimente une
polémique qui tourne autour du thème « A qui profite la zone franc ? ».
Ce n'est pourtant qu'un aspect de la question, et sans doute pas le
plus important. Car la zone franc est surtout le lieu d'une gestion cen
tralisée de la « monnaie banque centrale ». Ceci implique une limitation
de la souveraineté nationale des pays périphériques de la zone franc au
niveau de la politique monétaire (fixation du taux de change, régulation
de la masse monétaire et fixation des taux d'intérêt) (J. H. Frimpong-
Ansah, 1980). Ainsi le maintien prolongé, depuis 1948, d'une parité
fixe (1 FF = 50 F cfa), pour être une sorte de « non-politique », n'en
exerce pas moins de profonds effets tant sur le plan de l'accumulation
du capital que sur l'évolution sociale et la structuration des appareils
d'Etat. П en va de même pour les limitations au niveau de la création
monétaire et des politiques de taux d'intérêt.
* Professeur d'économie à l'Ecole supérieure de Gestion des Entreprises (esge) de Dakar,
membre du Collectif Economie du Développement-Recherche et Education (cedre) de
l'Université de Paris-Dauphine.
Revue Tiers Monde, t. XXIII, n° 91, Juillet-Septembre 1982 MARC RAFFINOT
II semble toutefois difficile de débattre de ces questions sans s'imposer,
auparavant, une sorte de détour épistémologique qui consiste à inter
roger, sous l'apparente annonce du réel, le « naturel » du fonctionnement
monétaire de la zone.
I. La zone franc :
UN « ENSEMBLE INCOHÉRENT DE MARCHANDISES »
La zone franc se présente comme un « ensemble incohérent de mar
chandises » en ce sens que les marchandises qui y circulent proviennent
de formes de production très diverses, capitalistes et non capitalistes,
monétarisées ou non. L'hétérogénéité des modes de production de ces
marchandises est très forte, même au sein du secteur capitaliste, compte
tenu des différences entre les taux de profit, taux de salaire et conditions
institutionnelles .
La stabilité financière qui se traduit par la fixité de la parité du
franc CFA par rapport au franc français est d'autant plus curieuse que
l'environnement mondial est caractérisé par le flottement généralisé
des monnaies et par de grandes difficultés pour créer des zones où les
fluctuations soient atténuées. Les problèmes de mise en place du système
monétaire européen illustrent assez le caractère aléatoire d'une telle
entreprise, malgré la complémentarité des économies participantes, leur
niveau de développement relativement proche et l'existence de certaines
politiques économiques communautaires. Si la monnaie est bien ce qui
assure le fonctionnement d'un ensemble cohérent de marchandises
comme l'avance P. Grou (1977), il paraît paradoxal que le cadre rigide
de la zone franc puisse échapper aux bouleversements monétaires
actuels.
Il semble que le fondement de cette « stabilité » doive être recherché
dans la structure même des économies africaines de la zone. Ces pays
exportent en effet des produits primaires principalement agricoles et
importent encore l'essentiel des produits manufacturés qu'ils consom
ment. En ce qui concerne les biens manufacturés, les économies afri
caines de la zone franc constituent encore largement des « appendices »
de l'économie métropolitaine. Par contre, les produits primaires exportés
sont produits dans des conditions particulières : principalement non
capitalistes en ce qui concerne les biens agricoles et, le plus souvent
aujourd'hui, dans des de propriété juridique de l'Etat local
en ce qui concerne les produits miniers.
Dans le premier cas, c'est la rémunération des paysans qui absorbe GESTION ETATIQUE DE LA MONNAIE 5 5 1
les fluctuations des prix des produits exportés, alors que, dans le second
cas, ce rôle revient à la rente minière prélevée par l'Etat.
Une condition essentielle du fonctionnement de la zone franc appar
aît ainsi : les pays qui la composent ne sont pas des pays capitalistes
« cohérents », en lutte pour le maintien de taux de profit dans des condi
tions de taux de salaire institutionnellement bloqués à la baisse.
Cette présentation schématique permet de cerner les facteurs écono
miques susceptibles de remettre en cause la stabilité monétaire de la zone
franc.
1. 1m diversification des courants d'échange
La plupart des auteurs notent qu'un risque majeur de désagrégation
de la zone franc réside dans la diversification croissante des échanges.
Il s'agit là d'une tendance lourde marquée depuis l'indépendance des pays
africains de la zone franc, comme le montre le tableau i. Les conventions
de Lomé favorisent d'ailleurs cette tendance, du moins dans le cadre
européen.
Tableau i
Commerce extérieur entre la France et la ^pne franc : part de la France (en %)
Dans les exportations de Dans les importations de
1978 1978 1959 197З 1959 1973
Côte-d'Ivoire 60 26 23 64 44 39
Illustration non autorisée à la diffusion Sénégal 48 7б О 66 О 39 47 39
76 Bénin 40 37 23 63 29
Niger 51 85 64 43
Togo 76 31 38 14 47 34
Cameroun 30 61 53 47
0 1961.
Source : P. Penouil, Socio-économie du sous-développement, Dalloz, 1979,
p. 11 8-1 19, complété par bceao, Statistiques économiques et monétaires, n° 296.
2. Le maintien de la structure « primaire-extravertie »
des économies africaines de la ^pne franc
Le maintien de cette structure est conditionné par la reproduction
de l'articulation des formes de production sur lesquelles elle repose. Les
structures non capitalistes jouent un double rôle dans cette articulation : 5J2 MARC RAFFINOT
procurer des biens primaires exportables d'une part, assurer à bas prix
la nourriture des salariés du secteur industriel-urbain d'autre part.
Ces deux rôles sont devenus de plus en plus contradictoires, l'insistance
mise sur le développement des cultures d'exportation dans des conditions
de détérioration des termes de l'échange s'ajoutant à la forte croissance
démographique et à l'exode rural.
Ainsi, par exemple, au Sénégal depuis le début des années 70, environ
30 % du total des produits vivriers de base consommés dans le pays
sont importés, soit près de 44 % des produits vivriers de base consommés
dans le secteur capitaliste/urbain. Mais l'incapacité du secteur agraire à
fournir ces produits vivriers n'a pas débouché, jusqu'ici, sur une crise
conduisant à une élévation rapide du taux de salaire, comme le suggère
P. P. Rey (1977, p. 48). Un phénomène fondamental qui explique cette
absence de crise ouverte est le développement d'importations aliment
aires et de l'aide alimentaire. Or les prix de ces produits importés sont
équivalents à ceux des produits locaux — certes à un coût
très inférieur à leur prix de production « capitaliste » local (force de
travail payée à sa valeur et profit moyen), mais à un prix équivalent à
celui du marché mondial compte tenu du différentiel des productivités,

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