Ghadakpour - These - Partie 2
90 pages
Français

Ghadakpour - These - Partie 2

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
90 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Partie 2 :Questions concernant la nature des concepts Partie 2 : Questions concernant la nature des concepts Introduction Dans la littérature des sciences cognitives, la notion de “concept” renvoie, de manière non exclusive, à l’une ou l’autre des trois acceptions suivantes. Représentation : Il s’agit d’une entité mentale qui réfère à, ou désigne, une réalité dans le monde ou une donnée de la perception. Cette acception de la notion de concept, suggérée aussi par la notion d’idée, est sous-jacente aux théories classiques de l’entendement, de la connaissance, et de la signification. Dans ce sens, les concepts garantissent l’interaction du fonctionnement cognitif avec l’environnement, et ils se doivent disposer d’un ancrage dans cette interaction. Prédicat : Une capacité cognitive largement étudiée par la psychologie est la faculté de raisonnement. Face à un objet perçu particulier, l’être humain ne retient que certaines de ses caractéristiques pour le considérer comme étant un élément d’une classe d’objets. Il peut alors utiliser le prédicat attribué à cette classe pour intégrer sa perception dans un processus de raisonnement. Dans ce cadre, la possession d’un concept garantit la convocation des connaissances associées et permet d’en tirer certaines inférences. Les concepts se voient donc dotés d’un rôle inférentiel. Mot : La construction du sens exprimé par les langues humaines est un problème central de toute théorie linguistique. Le rôle ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 44
Langue Français

Extrait


Partie 2 :
Questions concernant la nature
des concepts

Partie 2 :
Questions concernant la nature des concepts
Introduction
Dans la littérature des sciences cognitives, la notion de “concept” renvoie, de manière
non exclusive, à l’une ou l’autre des trois acceptions suivantes.
Représentation : Il s’agit d’une entité mentale qui réfère à, ou désigne, une réalité dans
le monde ou une donnée de la perception. Cette acception de la notion de concept, suggérée
aussi par la notion d’idée, est sous-jacente aux théories classiques de l’entendement, de la
connaissance, et de la signification. Dans ce sens, les concepts garantissent l’interaction du
fonctionnement cognitif avec l’environnement, et ils se doivent disposer d’un ancrage dans
cette interaction.
Prédicat : Une capacité cognitive largement étudiée par la psychologie est la faculté de
raisonnement. Face à un objet perçu particulier, l’être humain ne retient que certaines de ses
caractéristiques pour le considérer comme étant un élément d’une classe d’objets. Il peut alors
utiliser le prédicat attribué à cette classe pour intégrer sa perception dans un processus de
raisonnement. Dans ce cadre, la possession d’un concept garantit la convocation des
connaissances associées et permet d’en tirer certaines inférences. Les concepts se voient donc
dotés d’un rôle inférentiel.
Mot : La construction du sens exprimé par les langues humaines est un problème central
de toute théorie linguistique. Le rôle que jouent les mots dans le processus se révèle
incontournable. Dans une analyse cognitive des mécanismes sémantiques, les concepts
constituent la projection mentale des mots. Leur manipulation dans des processus de
composition serait dictée par la grammaire de la langue concernée. Les concepts acquièrent
ainsi un caractère compositionnel.
Ces différentes acceptions sont rarement distinguées dans les textes et sont souvent
suggérées simultanément lors de l’emploi du mot “concept”. La confusion qui en résulte
parfois peut être évitée si l’on se place dans l’hypothèse d’un système conceptuel autonome.
Les trois acceptions ci-dessus correspondent à trois facettes des entités internes au système
conceptuel.

Perception : ancrage des concepts
Systè me Conceptuel Raisonnement : rôle inférentiel des concepts

Langage : caractère compositionnel des concepts


Sachant que le système conceptuel possède trois interfaces, avec la perception, avec le
raisonnement et avec le langage, il n’est pas étonnant que les concepts soient dotés d’un
ancrage, d’un rôle inférentiel et d’un caractère compositionnel. Étant donné que les concepts
ne sont pas directement observables, les différents auteurs ont utilisé l’une ou l’autre de ces
trois interfaces pour tenter de caractériser les concepts. Nous organiserons donc notre revue
sélective des textes selon ces trois interfaces. Nous ne chercherons pas à être exhaustive. Nous
retiendrons les théories des concepts susceptibles d’étayer la réflexion que nous mènerons
dans les parties suivantes sur le problème de la construction du sens.

89
Chapitre 3 :
Ancrage des concepts

Chapitre 3 :
Ancrage des concepts
Introduction
Les concepts ne sont pas des entités suspendues dans un éther cognitif. En tant que
supports mentaux de la signification, ils constituent un intermédiaire entre un mot et l’objet
ou la situation que ce mot permet de désigner dans le monde perçu. De ce fait, les concepts
doivent être ancrés dans nos expériences. En d’autres termes, le système conceptuel, qui a en
charge la construction du sens et héberge les significations, doit posséder une interface avec la
perception pour que les significations puissent porter sur les données de nos expériences.
3.1. Les données du problème
À partir du moment où les concepts sont considérés comme des représentations
mentales, le problème de leur ancrage se pose. Or, la manière dont cet ancrage peut être
réalisé fait l’objet de débats opposant des positions bien distinctes. Ces débats touchent à des
questions fondamentales comme la nature du contenu et de la forme des représentations
conceptuelles, et sont indissociables du type de modélisation auquel on souscrit. Dans ce
chapitre, notre objectif n’est pas d’argumenter et de prendre parti, mais plutôt de présenter
certaines positions présentes dans la littérature concernant cette question centrale de
l’ancrage. Nous ne chercherons pas à être exhaustive, ne retenant ici que les théories qui
interfèrent avec notre problématique. Nous commençons, dans cette section, par clarifier
certains points de vocabulaire.
Représentations, modélisation et ancrage
La notion de représentation est avant tout un outil théorique pour l’explication du
fonctionnement cognitif. La variété des comportements humains ne saurait être expliquée par
une simple correspondance avec des configurations de stimuli. La majorité des modèles de la
cognition humaine utilisent la notion de représentation pour médiatiser le lien complexe entre
l’expérience du sujet et le comportement observable qu’il produit. Toutefois, ces modèles se
divisent en deux groupes, selon le type de calcul qu’ils postulent, si bien que la notion de
représentation est utilisée dans deux sens radicalement différents.
Standard explanations of how systems come to exhibit sophisticated cognitive
performances advert to internal representations. Computationalists take representations to
be static configurations of symbol tokens. Dynamicists conceive representations very
differently. They find their representations among the kind of entities that figure in
[dynamic system theory] [...] Unlike digital computers, dynamical systems are not
inherently representational. A small but influential contingent of dynamicists have found
the notion of representation to be dispensable or even a hindrance for their particular
purposes. (VAN GELDER 1998 [105] p. 622)
Un modèle computationnel de la cognition repose sur l’application séquentielle de
règles explicites à des représentations symboliques. Les représentations jouent le rôle de
tokens, de simples “jetons” manipulés par le système d’après leur forme. Les règles, dans la
mesure où elles sont explicites, sont elles-mêmes constituées de tokens. Ces tokens sont
supposés avoir une existence physique identifiable dans le système (NEWELL 1980 [78]).
Cette nécessité de considérer l’implantation matérielle des tokens mise à part, un modèle
93 Le système conceptuel, à l’interface entre le langage, le raisonnement, et l’espace qualitatif : vers un modèle de représentations éphémères

symbolique constitue une description qui se situe à un niveau relativement abstrait, celui des
manipulations symboliques formelles telles que celles qu’effectue une machine de Turing.
Cependant, du fait de l’existence matérielle des symboles manipulés, un tel modèle est bien
davantage qu’un simple outil théorique permettant de prédire l’évolution du système. Il existe
un isomorphisme supposé entre les opérations décrites dans le modèle et les mécanismes
physiques qui se déroulent dans le système. Dans un tel schéma, la notion de représentation
est donc incontournable. Non seulement les tokens constituent les ingrédients fondamentaux
du modèle, mais le modèle prédit même la possibilité de caractériser ces tokens de manière
indépendante, par exemple par une technique de neurophysiologie.
Cette manière de concevoir le traitement cognitif introduit automatiquement une
distinction de type syntaxe versus sémantique. La manipulation des représentations est une
mécanique formelle, une syntaxe, qui dépend exclusivement de la structure de ces
représentations. Pour que cette mécanique ne tourne pas à vide, il faut bien que ces
représentations soient ancrées, soit dans les mécanismes perceptifs, soit dans les mécanismes
effecteurs. Elles possèdent, de ce fait, une sémantique : elles sont interprétables dans le
domaine des perceptions ou dans celui des actions.
We need the syntactic or the symbolic level because we must preserve certain
interpretations over mental operations […] This we can do only if we have a semantic
function whose definition has access to the generative structure of the symbolic
expressions. […] To count as a computation rather than simply any functi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents