Globalisation et relations professionnelles - article ; n°156 ; vol.39, pg 727-752
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Description

Tiers-Monde - Année 1998 - Volume 39 - Numéro 156 - Pages 727-752
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Guy Caire
Globalisation et relations professionnelles
In: Tiers-Monde. 1998, tome 39 n°156. pp. 727-752.
Citer ce document / Cite this document :
Caire Guy. Globalisation et relations professionnelles. In: Tiers-Monde. 1998, tome 39 n°156. pp. 727-752.
doi : 10.3406/tiers.1998.5279
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1998_num_39_156_5279GLOBALISATION ET RELATIONS
PROFESSIONNELLES
par Guy CAIRE
Si les systèmes productifs ont su, dans divers pays, s'adapter au nouveau
contexte induit par la « globalisation », les marchés du travail restent, eux, soumis
aux réglementations nationales ; cette dualité profite aux grandes entreprises qui en
jouent pour délocaliser leurs productions. L'article fait le point sur la situation des
relations professionnelles dans les pays en développement puis décrit l'effort
d'organisation des travailleurs à l'échelle internationale ; il tente enfin d'imaginer de
nouvelles règles pour permettre un fonctionnement correct du marché du travail dans
le cadre de cette « globalisation ».
Globalisation, mondialisation, internationalisation, autant de te
rmes qui, par leur désinence, tentent d'appréhender les transformations
dont les économies contemporaines sont l'objet. En retenant le
concept de globalisation qui semble être celui actuellement privilégié
encore faut-il, pour ne pas simplement succomber à un effet de mode,
en donner une définition précise : « La globalisation des vingt derniè
res années se distingue en effet de la multinationalisation des
années 60 et 70 par une série de caractères :
« — le caractère multiforme des canaux de l'internationalisation : les
investissements tiennent désormais la première place mais, paral
lèlement, de multiples alliances stratégiques sans transferts de
propriété se développent ;
« — une géographie multipolaire, très différente de la division interna
tionale du travail des années 60 et 70 : les États-Unis qui étaient,
de loin, les premiers investisseurs à l'étranger, deviennent le pre
mier pays d'accueil des investissements étrangers. Le Japon entre
activement dans le jeu. Et l'Europe devient à la fois le principal
exportateur de capitaux et l'une des premières zones d'accueil du
monde :
Revue Tiers Monde, t. XXXIX, n° 156, octobre-décembre 1998 728 Guy Caire
« — une division croissante entre le monde développé, quelques pays
d'Asie et d'Amérique latine en forte croissance, et le reste du
monde, qui est en réalité de plus en plus exclu. »•
La globalisation de l'économie s'effectue ainsi dans un contexte de
transformations profondes concernant respectivement :
— les bases technologiques de la production avec en particulier les
possibilités offertes par l'informatique qui entraîne l'apparition de
nouveaux domaines d'activité et bouleverse les modes de fonctio
nnement des secteurs plus traditionnels2 ;
— les structures de l'entreprise avec des opérations de fusions, acqui
sitions mais aussi d'externalisation d'un certain nombre de
fonctions3 ;
— les structures de l'offre avec renouvellement rapide des modèles et
spécifications, ce qui se traduit par exemple au Japon par le fait
que les modèles de l'automobile sont renouvelés tous les quatre ans
avec une centaine de variantes par modèle ;
— les structures de la demande désormais plus volatile et soucieuse de
différenciation des produits ;
— les fondements institutionnels de l'économie avec les procédures de
libéralisation et de déréglementation en cours ;
— les relations de la finance et de avec une déconnection
croissante des marchés financiers : dans un monde où les progrès
techniques liés à l'informatisation assurent un fonctionnement en
continu des marchés financiers, décloisonnés et animés par des in
vestisseurs institutionnels, l'apparition de nouveaux outils finan-
1. P. Veltz, Des territoires pour apprendre et innover, Éditions de l'Aube, 1994, p. 35-36.
2. « Les fils du réseau mondial sont des ordinateurs, des fax, des satellites, des écrans à haute résolu
tion, des modems ; ils relient entre eux, partout dans le monde, les dessinateurs, les ingénieurs, les entre
preneurs, les concessionnaires et les revendeurs» (R. Reich, L'économie mondialisée, Dunod, 1993,
p. 102).
3. On a une entreprise-réseau apte à fournir une production personnalisée et dont les produits sont
des assemblages internationaux, revêtant des modalités d'organisation et d'action diverses : centres de
profits indépendants, partenariats externes ou internalises, concession, courtage pur, etc. De manière plus
précise on peut opposer les anciennes et les nouvelles formes d'organisation : « Les anciennes formes
d'organisation sont de deux types : centralisées, c'est-à-dire adaptées à des économies d'échelle, à une dif
férenciation compétitive par le coût et au mass marketing ; décentralisées, c'est-à-dire adaptées à des éco
nomies d'envergure, à une différenciation compétitive par la qualité et le service et à du marketing seg
menté. La "nouvelle entreprise-réseau" apparaît comme une forme d'organisation adaptée aux modes de
structuration et de fonctionnement des économies globalisées : économies de relation (linkage) obtenues
par des partenariats externes et internalises ; différenciation compétitive par le partage des valeurs, déte
rminant dans un contexte d'interconnexions des concepteurs, des producteurs et des distributeurs, des comp
étiteurs, des fournisseurs et des clients ; micro-marketing, correspondant non à l'offre produit mais à une
offre solution globale, où le produit doit être adapté à une solution personnalisée, à un design sociocultur
el plutôt qu'à un simple besoin économique. Les nouvelles formes d'organisation intègrent trois systèmes
clés pour l'adaptabilité : système d'information (neuronal), système réseau (network), système autonome
(cellulaire) » (S. Airaudi, Le destin de la globalisation, Revue française de gestion, septembre-octobre 1994
reproduit in Problèmes économiques, nQ 2415-2416 des 15-22 mars 1995, p. 30). Globalisation et relations professionnelles 729
ciers, de produits dérivés utilisés à des fins purement spéculatives a
provoqué de nouveaux comportements caractérisés par une « mo-
biliérisation » de l'intermédiation avec effet en retour sur
Г intermédiation de crédit traditionnelle conduisant à parler de
« marchéisation » des conditions bancaires.
Cet ensemble de transformations est générateur d'incertitudes
grandissantes, ce qui conduit les observateurs à multiplier les interro
gations sur le devenir industriel : au made in America du mit réplique
ainsi le made in France de Taddei et Coriat ou le made in Japan de
Morita. Mais si, d'une façon générale, on peut considérer que les sys
tèmes productifs ont su s'adapter à ce nouveau contexte, avec notam
ment une transformation des structures et des modes de gestion des
entreprises dites multinationales, les marchés du travail demeurent
pour l'essentiel régis par des réglementations nationales. Ce qui permet
notamment aux firmes de jouer de cette dualité pour délocaliser si
nécessaire leurs productions compte tenu d'une analyse élargie des
coûts d'usage de la main-d'œuvre.
Le cadre général de notre réflexion étant ainsi mis en place, et
nous situant dans la perspective des travailleurs des pays en dévelop
pement1, trois problèmes seront successivement abordés : nous com
mencerons par présenter un bref panorama de la situation des rela
tions professionnelles dans les ped2 ; nous décrirons ensuite l'effort
d'organisation internationale du monde du travail pour s'adapter aux
nouvelles structures qui se mettent ainsi en place ; nous verrons enfin
comment, pour que le marché du travail puisse fonctionner de façon
correcte à l'échelle internationale, de nouvelles règles peuvent être
imaginées.
I. BREF PANORAMA DES RELATIONS INDUSTRIELLES
DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT
Présentant les recherches collectives d'un ouvrage consacré aux
dimensions internationales du syndicalisme, après avoir noté « la min
ceur des travaux consacrés à l'

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