Homogamie socioprofessionnelle et ressemblance en termes de niveau d études : constat et évolution au fil des cohortes d unions
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Homogamie socioprofessionnelle et ressemblance en termes de niveau d'études : constat et évolution au fil des cohortes d'unions

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En 1999, près d'un couple sur trois est composé de deux personnes de même position sociale, soit deux fois plus que si les couples s'étaient formés au hasard. Cette proportion est un peu moins forte pour les unions formées dans les années 1990 que pour celles ayant débuté dans les années 1930 et 1940. Dans le même temps, la structure socioprofessionnelle de la population a évolué. Ces changements expliquent dans une large mesure l'évolution de l'homogamie socioprofessionnelle sur la période considérée. Mais une fois les modifications de la structure socioprofessionnelle prises en compte, l'évolution de l'homogamie reste indéterminée : il est difficile de dire si les hommes et les femmes se mettent plus ou moins que par le passé en couple avec un conjoint de même catégorie socioprofessionnelle. Les conjoints ont aussi dans la majorité des couples des niveaux d'études identiques. Cependant, la proportion de couples composés de deux personnes de même niveau d'études est moins élevée pour les unions récentes que pour les unions formées dans les années 1950. Cette évolution résulte en partie des changements importants dans le domaine de l'éducation et en particulier de l'élévation du niveau d'études. Mais indépendamment de cet effet structurel, la tendance à l'homogamie en termes de niveau d'études s'est affaiblie. Les facteurs favorisant la proximité entre conjoints du point de vue de leur niveau d'études sont variés mais s'être mis en couple avant la fin de ses études est déterminant.

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Langue Français

Extrait

SOCIÉTÉ
Homo g amie sociopr ofessionnelle
et ressemblance en termes de niveau
d’études : constat et évolution
au fi l des cohortes d’unions
Mélanie V ander schelden *
En 1999, près d’un couple sur trois est composé de deux personnes de même position
sociale, soit deux fois plus que si les couples s’étaient formés au hasard. Cette propor-
tion est un peu moins forte pour les unions formées dans les années 1990 que pour celles
ayant débuté dans les années 1930 et 1940. Dans le même temps, la structure socio-
professionnelle de la population a évolué. Ces changements expliquent dans une large
mesure l’évolution de l’homogamie socioprofessionnelle sur la période considérée. Mais
une fois les modifi cations de la structure socioprofessionnelle prises en compte, l’évo-
lution de l’homogamie reste indéterminée : il est diffi cile de dire si les hommes et les
femmes se mettent plus ou moins que par le passé en couple avec un conjoint de même
catégorie socioprofessionnelle.
Les conjoints ont aussi dans la majorité des couples des ni veaux d’études identiques.
Cependant, la proportion de couples composés de deux personnes de même niveau
d’études est moins élevée pour les unions récentes que pour les unions formées dans
les années 1950. Cette évolution résulte en partie des changements importants dans le
domaine de l’éducation et en particulier de l’élévation du niveau d’études. Mais indé-
pendamment de cet effet structurel, la tendance à l’homogamie en termes de niveau
d’études s’est affaiblie.
Les f acteurs favorisant la proximité entre conjoints du point de vue de leur niveau d’étu-
des sont variés mais s’être mis en couple avant la fi n de ses études est déterminant.

* Au moment de la rédaction de cet article, Mélanie Vanderschelden appartenait à la division Enquêtes et Études Démographiques de
l’Insee.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 398-399, 2006 33es couples composés de deux personnes l’union entre personnes de même catégorie L appartenant à la même catégorie sociopro- socioprofessionnelle est moindre de nos jours.
fessionnelle (pour la défi nition, cf. encadré 1) Cette baisse de l’homogamie peut en effet être
représentent 30 % de l’ensemble des couples due, partiellement ou totalement, aux évolu-
en 1999 (Vanderschelden, 2006). Cette propor- tions de la structure socioprofessionnelle sur la
tion est près de deux fois supérieure à celle que période.
l’on observerait si les couples s’étaient formés
au hasard. La proportion de couples formés de La propor tion de couples homogames est
deux personnes de même catégorie socioprofes- calculée sur l’ensemble des couples, y com-
sionnelle a un peu diminué au fi l des cohortes pris ceux composés d’au moins un conjoint
d’unions. Il ne faut pourtant pas en conclure n’ayant jamais travaillé. Un couple dans lequel
que l’homogamie socioprofessionnelle est l’homme est ouvrier et la femme a toujours
moindre de nos jours, cette baisse apparente de été inactive est comptabilisé parmi les couples
l’ homogamie (pour la défi nition, cf. encadré 1) hétérogames. Un couple composé de deux per-
pouvant être la conséquence de l’évolution de sonnes n’ayant pas encore fait leur entrée dans
la structure socioprofessionnelle de la popula- la vie active (deux étudiants par exemple) est
tion. Il s’agit donc dans cet article de mesurer considéré comme homogame. Or, au cours des
l’évolution sur le long terme de l’ homogamie soixante-dix dernières années, le taux d’acti-
socioprofessionnelle (pour la défi nition, cf. en- vité professionnelle des femmes s’est fortement
cadré 1), une fois neutralisés les effets des chan- accru : dans 18 % des couples formés dans les
gements structurels. années 1930 et 1940, la femme n’a jamais tra-
vaillé, contre seulement 5 % des couples consti-
tués dans les années 1980 (cf. tableau 1-A). Les La question de la proximité sociale des conjoints
femmes ayant toujours été inactives sont un se pose également en termes de niveau d’études
peu plus nombreuses parmi les unions formées (pour la défi nition, cf. encadré 1). Une analyse
dans les années 1990 (8 %), du fait de la part des ressemblances entre conjoints de ce point de
plus importante de femmes jeunes, n’ayant pas vue complète donc les résultats relatifs à l’ho-
encore terminé leurs études. La part d’hommes mogamie socioprofessionnelle. Elle vise à met-
ayant toujours été inactifs est quant à elle stable tre en évidence une éventuelle tendance à l’ho-
et quasiment nulle. Quelle que soit leur caté-mogamie en termes de niveau d’études, mais
gorie socioprofessionnelle d’appartenance, les aussi, le cas échéant, les principaux facteurs qui
hommes sont de moins en moins nombreux à y contribueraient. Les dernières décennies ayant
vivre avec une femme ayant toujours été inac-été marquées par un allongement de la scolarité,
tive (cf. tableau 1-B).il importe de rapprocher les modifi cations de
la structure de la population par niveau d’étu-
L ’évolution du taux d’homogamie calculé parmi des de l’évolution de la proportion de couples
les seuls couples composés de deux personnes homogames.
ayant eu une activité professionnelle, bien qu’à
la baisse également, est assez différente : il passe
de 42 % pour les unions formées dans les années
La baisse du taux d’homo gamie
n’est pas révélatrice d’une
moindre tendance à l’union entre Graphique I
Proportion de couples composés de deux conjoints de même catégorie
personnes de même position sociale selon
socioprofessionnelle l’année de mise en couple
En %
43
41,9
41
a proportion de couples composés d’un
39 38,0 Lhomme et d’une femme appartenant à la 37
35même catégorie socioprofessionnelle a diminué
34,4 32,9
33 31,7au fi l du temps : elle est passée de 34 % pour les
30,7 30,2
31 30,5
29,1couples formés dans les années 1930 et 1940
29
29,0 28,628,7à 29 % pour ceux constitués dans les années 27
Années Années Années Années Années Années
1930 et 1940 1950 1960 1970 1980 19901990. Elle s’est en fait fortement réduite entre
les années 1930 et 1940 et les années 1960,
Taux d'homogamie pour tous les couples
puis s’est stabilisée (cf. graphique I). Mais il Taux d'homogamie pour les couples composés
de deux personnes ayant déjà travaillé est impossible d’en déduire que la tendance à
34 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 398-399, 2006 1930 et 1940 à 31 % pour celles commencées aux seuls couples composés de deux person-
dans les années 1990 (cf. graphique I). nes ayant déjà eu une activité professionnelle
(cf. encadré 1).
Les couples for més par deux personnes ayant
toujours été inactives sont en grande partie Si le taux d’activité des femmes a fortement
composés d’étudiants, dont la position sociale augmenté, la structure socioprofessionnelle de
changera à court terme. Il est donc préférable la population a également beaucoup évolué au
d’exclure ces couples de l’analyse de l’évo- cours du siècle. La répartition des hommes et
lution dans le temps de l’homogamie socio- des femmes ayant déjà vécu en couple selon leur
professionnelle, d’autant plus que du fait de catégorie socioprofessionnelle a donc changé
l’allongement des études, ces couples sont d’une cohorte d’unions à l’autre (cf. tableau 2).
plus nombreux au sein des cohortes d’unions Cependant, la structure socioprofessionnelle de
les plus récentes. Mais afi n d’éviter de faire la population féminine au sein des différentes
apparaître une évolution artifi cielle de l’ho- cohortes d’unions n’a pas évolué de la même
mogamie, il faut aussi neutraliser l’effet de façon que celle de la population masculine :
l’augmentation du taux d’activité des femmes. 40 % des femmes qui ont formé leur union <

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