Il nous faut dire la fin, et parler d Âge romantique - article ; n°132 ; vol.36, pg 97-110
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Il nous faut dire la fin, et parler d'Âge romantique - article ; n°132 ; vol.36, pg 97-110

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Romantisme - Année 2006 - Volume 36 - Numéro 132 - Pages 97-110
Pour l'histoire de la culture et de la littérature, fondements déterminants de la pensée de l'Histoire, il convient de parler d' Âge romantique (de 1778 à 1989) et non de période ou d'époque contemporaine. Cela n'enlève rien à la spécificité des Romantismes européens et ne nie pas l'originalité des esthétiques qui les ont suivis pour affirmer, dans le mouvement même de la nouvelle conscience établie, leur différence symphonique. C'est ce qu'indique un examen de la conception des moyens de l'expression du sens par le langage verbal aux XIX e et XX e siècles. L'essence et la finalité de l' Âge romantique ne sauraient être abstraits, notamment, de la nécessité ressentie pour le langage verbal artistement exercé de prendre une nouvelle position face aux évidences théoriques et aux performances pratiques des sciences et des techniques, tout imbues de rationalité, et face à leur conquête progressive des «sciences humaines». C'est ainsi que le champ de la littérature s'est vu de plus en plus condamné à l'alternative d'un double confinement: d'un côté, l'ordre d'un sacré sans transcendance, c'est-à-dire le décorum de la doxa; de l'autre côté, l'ordre des imaginaires et de la fiction, c'est-à-dire l'univers des loisirs. Manquant, face aux discours technoscientfiques efficaces, d'ancrage convaincant dans le réel, et ayant épuisé les ressources initiales de sa révolution esthétique (faire du génie la source aussi bien de la rationalité du monde que de l'absolu de l'homme), la littérature de l' Âge romantique se trouve, aujourd'hui, réduite à un matériau pour sciences humai- nes ou condamnée à se prétendre, en dépit de toute norme, l'ultime revendication de la liberté de parole (dire tout, n'importe quoi, se taire, n'importe comment). Le phénix de l'expression renaît cependant des cendres de l' Âge romantique pour introniser peu à peu un nouveau régime du sens et de la rhétorique, fondé sur une analyse attentive des discours et sur un usage modeste du langage. Cette rénovation présente de remarquables analogies avec celle qu'a connue le XV e siècle, où Lorenzo Valla, plus que tout autre sans doute, a compris que tout art de dire, de savoir et d'enseigner est fondé sur l'adéquation de la langue au réel tel qu'il peut être directement connu.
As far as culture and literature (which govern the thought of History itself) are concerned, it is now necessary to speak of Romantic Age (of 1778 to 1989) and to abandon the concept of Contemporary Period. This does take nothing away from the specific character of the European Romanticisms nor does not deny the originality of the subsequent aesthetics having affirmed, in the very move of the new established conscience, their symphonic differences. That is what an examination of the conception of the means of expressing the sense through verbal language during the 19 th and 20 th centuries indicates. The essence and the aim of the Romantic Age would not be separated, among others, from the very necessity for the verbal language artistically performed of taking a new position facing the theoretical evidences and the practical performances of the sciences and the techniques, both full of the importance of rationality, and facing their progressive conquest of the «human sciences». Thus the field of literature saw itself increasingly condemned to the alternative of double confinement: on the one hand, the sacred order without transcendence, i. e. the decorum of the doxa; on the other side, the order of the worlds of imagination and fiction, i. e. the universe of leisure. Lacking, against the effectivity of the technoscientfic discourses, convincing •in terms of reality •steadfast arguments, and having exhausted the initial resources of its aesthetic revolution (to consider genius as the source both of the rationality of the world and of the absolute of man), the literature of the Romantic Age is, today, reduced to a material for social sciences or condemned to maintain to be, in spite of any norm, the last claim for the freedom of speech (to say all, anything, to keep silent, anyhow). However, the Phoenix of the expression rose again from the ashes of the Romantic Age gradually establishing a new system of sense and of rhetoric, founded on an attentive analysis of the speeches and on modest use of the language. This reform presents remarkable analogies with that of 15 th
century, where Lorenzo Valla, more than all other, probably, understood that any art of saying, of knowing and of teaching is based on the adequacy of tongue to the real such as it can directly be known.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

90 om-R32 1ol-P  et
Jean-Claude POLET
IlnousefradutÂdgiererolamfainnt,ique et parl
9
Romantisme n o 132 (2006-2)
D’abord, une mise au point générale : cet article entend stimuler la réflexion en proposant des positions qui ne sont, pour beaucoup, que des défis adressés à l’esprit de synthèse. On ne trouvera donc pas ici d’analyses approfondies ni de démonstrations patientes et érudites. Il y faudrait plus qu’un livre : il y faudra surtout l’assentiment et la conver-gence d’un grand nombre d’historiens de la culture. C’est donc un article consciemment risqué, qui répond à une invitation, et qui se fonde sur une expérience et un point de vue personnels. Ensuite, une mise au point particulière, qui explique la présente réflexion dans ce recueil d’articles : il ne paraît plus guère acceptable aujourd’hui de faire l’histoire de la littérature en suivant, le nez dans l’aujourd’hui d’hier, les événements et les séquences de la vie littéraire et d’en rendre compte en y distinguant, avec la susceptibilité de leurs acteurs et de leurs tenants, les différentes écoles, mouvements et courants qui s’y sont succédé ou combattus : romantisme, réalisme, naturalisme, symbolisme, modernisme, futurisme, unanimisme, surréalisme, existen-tialisme, post-modernisme et tous les -ismes  intermédiaires, parasitaires ou surnuméraires. Nous avons pris suffisamment de recul pour que le moment de la synthèse et de l’enseigne soit venu ; et une rupture histo-rique majeure s’est récemment produite qui autorise à déterminer une séquence d’époque ad quem , et de proposer une dénomination qui couvre la période esthétique – intellectuelle et artistique – ainsi déterminée. C’est dans ce cadre que je propose, pour l’histoire de la culture, dont la littérature a encore été – peut-être pour une dernière fois à ce degré –
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