Industrialisation et crise économique : le Brésil et le Mexique, 1970-1982 - article ; n°91 ; vol.23, pg 669-677
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Industrialisation et crise économique : le Brésil et le Mexique, 1970-1982 - article ; n°91 ; vol.23, pg 669-677

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Tiers-Monde - Année 1982 - Volume 23 - Numéro 91 - Pages 669-677
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Pascal Arnaud
Industrialisation et crise économique : le Brésil et le Mexique,
1970-1982
In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°91. pp. 669-677.
Citer ce document / Cite this document :
Arnaud Pascal. Industrialisation et crise économique : le Brésil et le Mexique, 1970-1982. In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°91.
pp. 669-677.
doi : 10.3406/tiers.1982.4152
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1982_num_23_91_4152INDUSTRIALISATION ET CRISE ÉCONOMIQUE
LE BRÉSIL ET LE MEXIQUE
(1970- 1982)
par Pascal Arnaud
L'évolution des économies semi-industrielles latino-américaines au cours
des années 70 est riche de signification. Succès, la forte croissance économique
a reposé sur une industrialisation dynamique, exportatrice, en dépit de la
faible croissance en pays développé. Echec aussi, car l'aggravation des désé
quilibres eut des répercussions socio-politiques très négatives. En fait, il s'est
produit une nouvelle rupture dans le développement économique de la région
qui relance le débat « classique » sur l'Amérique latine : Comment a lieu et que
signifie une croissance économique fondée sur une régression institutionnelle
périodique ? Seule la mise en perspective au sein de l'évolution économique
mondiale peut permettre de le comprendre.
Le Brésil et le Mexique représentent les exemples les plus célèbres, mais
aussi les plus surprenants de ce tour nouveau de l'industrialisation en Amérique
latine. Leur poids relatif dans la région, leur entrée sur les marchés interna
tionaux de produits manufacturés, enfin leur récent «essoufflement», confèrent
à leur évolution un sens prémonitoire quant au devenir des autres pays latino-
américains. En outre, les explications de l'inflation et du déséquilibre extérieur,
proposées depuis trente ans par les économistes de la cepal, ont été reprises
parfois, même inconsciemment, pour comprendre la montée des déséquilibres
en économie développée depuis 1970. C'est dire que l'expérience de ces pays
s'inscrit dans la crise générale que connaît l'économie mondiale aujourd'hui.
Il est question ici de revenir sur l'industrialisation brésilienne et mexicaine,
puis sur la régulation originale qui caractérise ces économies, afin de mettre
en relief le sens de la rupture survenue dans leur développement depuis le
début des années 70.
1. Industrialisation et régulation économique
II y a environ un siècle et demi que des industries ont été créées au Mexique.
Au Brésil, c'est en complément de la croissance des exportations dans la
seconde moitié du siècle dernier que certaines industries sont apparues. Le
secteur industriel est donc très ancien en Amérique latine, à la différence d'autres
Revue Tiers Monde, t. XXIII, n» 91, Juillet-Septembre 1982 670 PASCAL ARNAUD
régions récemment industrialisées, comme les pays d'Asie. Le type de déve
loppement ainsi mis en place reposait toutefois sur la croissance des export
ations en direction des pays industriels, soit sur les revenus du secteur externe,
dont la redistribution dans l'économie avait un effet multiplicateur. L'indust
rialisation « induite » est restée naturellement d'actualité. Par exemple, la
forte croissance des revenus obtenus, il y a peu, des exportations de pétrole
mexicain et de café brésilien a recréé les conditions d'une certaine expansion
industrielle. Comme au siècle dernier, la caractéristique de ce type d'indust
rialisation est l'articulation originale avec les centres industriels étrangers :
la possibilité de produire des biens industriels dépendait, et dépend toujours,
des limites à leur achat à l'extérieur, engendrées par une structure particulière
de la balance des paiements.
A partir de la crise des années 30, perçue en Amérique latine à travers la
brusque chute des revenus d'exportation et les retraits de capitaux, un deuxième
type d'industrialisation a vu le jour, qualifié plus tard de substitution d'import
ations. A partir de 1950, face au retour de la concurrence étrangère, avec la
croissance des pays développés, les marchés intérieurs latino-américains furent
protégés; la politique économique visait à promouvoir l'industrie nationale,
jugée « naissante » et fragile, par des mesures très diverses : taux d'intérêt de
faveur, tarifs des services publics très faibles, avantages fiscaux, protections
tarifaires et cambiaires, contrôles des coûts salariaux. Tout cet environnement
au développement industriel mexicain et brésilien est encore d'actualité, pour
partie, et la substitution d'importations suit toujours son cours.
Mais depuis la fin des années 60, un troisième type d'industries est apparu.
La croissance industrielle repose aussi sur des exportations industrielles en
direction des marchés étrangers. La part de celles-ci dans les exportations
totales du Brésil et du Mexique est passée de 2,2 et 12,6 % respectivement
en i960 à 15,4 et 27 en 1970, puis 39,6 et 36,4 % en 19751. Le dynamisme de ce
nouveau développement industriel exprime une participation accrue aux
marchés industriels étrangers, ce qui pourrait indiquer une certaine autonomie
par rapport à la croissance des pays développés, considérée en général comme
le moteur de l'économie mondiale. En effet, la croissance économique du
Brésil et du Mexique a été beaucoup plus forte que celle, ralentie depuis 1973,
des économies industrielles : respectivement un taux de croissance de 10,8 %
et 5,9 % entre 1970 et 1975, puis 6,7 et 5,1 entre 1976 et 19802.
Ainsi, la croissance industrielle des années 70 inclut un type d'industria
lisation différent de celles connues jusque-là par le Brésil et le Mexique, induite
par les exportations primaires d'une part, et de substitution d'importations
d'autre part. Ces nouvelles industries exportatrices rappellent naturellement
celles des pays asiatiques, mais elles s'insèrent dans un contexte économique
national très éloigné, en partie du fait justement de la présence des autres types
d'industries. Pour apprécier ces résultats économiques, à première vue positifs
1. D'après Statistical Yearbook for Latin Лтегка, Santiago du Chili, cepal, 1978, p. 109.
Après 1976, le Mexique est devenu un important exportateur de pétrole, ce qui a ramené la
part des exportations industrielles dans le total à 21 % eni98i, alors qu'au Brésil elle était
de 45,4 % au premier semestre de 1980. D'après Comercio Exterior, Mexico, numéro de
janvier 1982, et Banco Central do Brasil, cité par J. Brasseul, Le développement des Export
ations industrielles du Brésil, Revue Tiers Monde, n° 85, janvier-mars 1981.
2. Mêmes sources. LE BRÉSIL ET LE MEXIQUE 67 1
entre 1970 et 198 1, il faut revenir sur l'articulation originale des économies
latino-américaines avec l'extérieur, les centres de l'accumulation du capital;
l'industrialisation de la dernière décennie apparaît comme un essai d'adaptation
au nouveau contexte économique international qui s'est mis en place
depuis 1970, à partir de la régulation économique spécifique des économies
brésilienne et mexicaine.
Ces économies dépendent depuis les années 50 d'un niveau d'importation
peu compressible à court terme ; même si le secteur externe est statistiquement important, les exportations représentant environ 8 % du pib au Brésil,
n % au Mexique, la reproduction de ces économies est fonction de leur
capacité d'importation, compte tenu des besoins en produits intermédiaires,
matières premières industrielles, sinon agricoles même, et enfin en biens d'équi
pement. Ces besoins résultent tout simplement du type d'industrialisation de
substitution d'importations, caractérisé par le recours à des techniques de
production étrangères principalement. Quelles qu'en soient la raison et la
mise en œuvre, on constate une conformité aux normes « internationales »
de production, et de consommation. Cette recherche ou cette exigence de
conformité se traduit par la remise en question périodique des systèmes pro
ductifs latino-américains, suite non pas à leur évolution propre, mais à

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