Influence de la vie émotionnelle sur le cœur, la respiration et la circulation capillaire - article ; n°1 ; vol.3, pg 65-126
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Description

L'année psychologique - Année 1896 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 65-126
62 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1896
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Alfred Binet
J. Courtier
Influence de la vie émotionnelle sur le cœur, la respiration et la
circulation capillaire
In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp. 65-126.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Courtier J. Influence de la vie émotionnelle sur le cœur, la respiration et la circulation capillaire. In: L'année
psychologique. 1896 vol. 3. pp. 65-126.
doi : 10.3406/psy.1896.1829
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1896_num_3_1_1829INFLUENCE DE LA VIE EMOTIONNELLE SUR LE CŒUR,
LA RESPIRATION ET LA CIRCULATION CAPILLAIRE
HISTORIQUE
L'étude, qui a été faite jusqu'ici, des modifications organiques
produites par les émotions, est à la fois riche et confuse ; elle
est riche en documents de toutes sortes, mais ces documents
sont de provenance diverse ; il y a beaucoup d'anecdotes d'une
authenticité douteuse, il y a beaucoup de descriptions classiques
qui manquent totalement de preuves; la psychologie expériment
ale proprement dite tient une très petite place dans la question.
Nous entendons ici par psychologie expérimentale — et il est
bon de rappeler le sens des mots à tous ceux quil l'oublient
aujourd'hui, — une étude faite non seulement par la voie de
l'observation et de l'expérimentation, mais dans laquelle le
protocole des observations et des expériences est entièrement
donné, une étude contenant des indications sur le nombre des
sujets, la nature des expériences, les résultats numériques, le
tout accompagné de tables et de tracés.
La question a été abordée a deux points de vue bien différents,
par des expériences de laboratoire sur des sujets sains, et par
des observations sur des aliénés l . Ces dernières ont été les plus
rares, et on ne voit guère à citer, en somme, que celles que
G. Dumas a publiées, cette année même, à la Revue philoso
phique sur le mécanisme de la joie et de la tristesse. La psycho
logie normale, au contraire, a suscité des travaux beaucoup
plus nombreux, ceux de Lehmann, de Mentze en Allemagne,
i Nous excluons de notre étude les expériences sur les animaux, bien
qu'elle aient donné des résultats curieux.
l'année psychologique, m. 5 66 MÉMOIRES ORIGINAUX
d' Angell en Amérique; à tout cela il faut ajouter les expériences
de Mosso, de Sarlo et de Patrizi sur des sujets ayant des pertes
osseuses du crâne. Nous essayerons de mettre un peu d'ordre
dans cet ensemble de résultats, qui sont singulièrement dispa
rates.
Enfin, il faut rappeler que de nouvelles théories psycholo
giques, auxquelles nous avons fait allusion plus haut, celles de
James-Lange A , ont exercé une influence marquée sur l'esprit
des expérimentateurs. Ces théories peuvent, par brièveté, se
résumer dans les deux propositions suivantes :
1° II y a dans la joie et les états analogues une vaso-dilatation
des artérioles, et dans la tristesse et dans les états analogues
une vaso-constriction des artérioles ; 2° Ces modifications vaso-
motrices sont les véritables causes des états de joie et de tris
tesse, ce n'en sont pas des résultats. Nous aurons à revenir, en
finissant, sur ces théories, pour indiquer dans quelle mesure
les faits d'observation les ont confirmées ou infirmées.
L'essai de G. Dumas2 a abouti à des conclusions très com
plexes ; l'auteur a étudié un grand nombre d'aliénés, mélancol
iques, paralytiques généraux, délirants chroniques, etc., qui
présentaient des états bien caractéristiques de joie et de tris
tesse, et il a pris la respiration, la circulation capillaire, le
nombre de pulsations, et la pression artérielle à la radiale. Il
a distingué 2 types différents de joie et 3 types différents de
tristesse, en se fondant uniquement sur les symptômes circula
toires et autres présentés par ses différents malades.
L'examen de ses résultats n'est pas absolument favorable à
la théorie de Lange, car il constate qu'il peut y avoir de la vaso
constriction dans la joie comme dans la tristesse, à la condition
toutefois d'admettre avec l'auteur que pas de pouls capillaire est
synonyme de vaso-constriction, ce qui nous paraît fort aventuré.
La tension artérielle ne présenterait non plus rien de caracté
ristique, puisqu'elle peut être forte ou faible dans les deux
états contraires de joie et de tristesse. L'accélération du cœur
et de la respiration présente, au contraire un caractère plus
stable ; elle existe dans la joie et manque dans la tristesse, sauf
1 James a publié sa théorie dans le Mind, en 1879, pour la première fois •
ceile de Lange est exposée dans son livre sur les Émotions (Paris, Alcan
1893).2 Recherches expérimentales sur „ la joie el la tristesse (Revue philoso
phique, juin juillet et aoûtl896). BINET ET COURTIER. LA VIE ÉMOTIONNELLE 67
dans un cas, dont l'exception peut s'expliquer par des effets
d'excitation ; la douleur active, mêlée de colère, d'indignation
et de désespoir, produit des effets d'excitation analogues à ceux
de la joie ; c'est ce que G. Dumas a observé sur des malades
de Saint-Lazare, quand on leur refuse leur billet de sortie.
D'autre part, M. de Fleury * a publié une observation très
curieuse d'une jeune fille anémique et déprimée dont il a relevé
le moral au moyen d'injections de sérum ; il a pris en même
temps que l'observation psychologique de la malade sa pression
à la radiale, et a vu que la joie, l'excitation, la colère, la violence
s'accompagnent d'une hausse croissante de pression, tandis
que la tristesse, la modestie et tous les états analogues vont de
pair avec de l'hypotension. Malgré des divergences, il y a év
idemment quelque accord entre ces observations et celles de
G. Dumas; et, d'autre part, il faut rappeler que Féré a noté,
dans la colère spontanée chez des cochers de fiacre et des imbéc
iles, une augmentation du tiers de la pression sanguine.
Les expériences de laboratoire, faites sur des sujets sains,
auxquels il est difficile de donner des sensations bien vives de
douleur et surtout de plaisir, et encore moins des émotions vio
lentes et sincères, n'ont pas abouti à des résultats parfaitement
clairs.
Angell et M. Lennan 2 ont fait surtout des expériences sur
des sensations désagréables et pénibles ; ces ne
leur ont pas donné des conclusions bien précises et des décou
vertes notables ; tout leur article exprime une sorte de dépit et
comme un regret d'avoir perdu beaucoup de temps pour rien.
Ils ont vu, en effet, ce simple fait que les excitations agréables
produisent de la vaso-constriction, comme le font les excitations
désagréables, la seule différence consistant en ce que les effets
des premières sont moins marqués que ceux des secondes. Il
faut leur objecter que les sensations pénibles qu'on peut pro
voquer dans un laboratoire sont toujours plus fortes que les
sensations agréables, et que la différence de leurs effets peut
tenir, en dehors de leur qualité, à leur différence d'intensité.
Les expériences très longues et très minutieuses de Mentz :i
ont porté uniquement sur le pouls radial, et l'auteur n'a pas pris
1 Traitement de la tristesse (Nouvelle Revue, 1896).
* Psych. Review, juillet 1896, p. 371.
3 Vie Wirkung akustischer Sinnesreize auf Puls und Athmung (Phil.
Stud., XI, p. 61 et seq^. MÉMOIRES ORIGINAUX 68
le pouls capillaire ni même étudié la forme du pouls radial ; il
mesure (à un dizième de millimètre près!) ses changements
de durée, dont la signification précise nous paraît bien problé
matique, du moment qu'on ignore ce qui se passe du côté des
capillaires. Apart quelques remarques sur l'influence de l'atten
tion volontaire et involontaire, nous ne voyons pas ce qu'on
peut retenir de son travail, en ce qui concerne les émotions.
V. Henri, qui l'a étudié de près, le critique vivement. La
recherche de Patrizi, dont nous avons parlé plus haut, a eu
des conclusions presque entièrement négatives ; des mélodies
tristes n'ont pas produit sur la courbe pléthysmographique des
gaies et différences appréciables.
Signalons aussi les expériences de Lehmann ', qui a suivi
sur la circulation de 5 individus les effets des impressions
agréables et dé

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