Introduction de la médecine européenne en Iran au XIXe siècle - article ; n°4 ; vol.16, pg 69-96
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Sciences sociales et santé - Année 1998 - Volume 16 - Numéro 4 - Pages 69-96
Résumé. Quoiqu' importée par des missions militaires et diplomatiques britanniques et françaises, le médecine européenne, dans ses versions néohippocratique et post-néohippocratique, fut intégrée par des médecins persans au niveau théorique sans passer par des moyens politiques tels qu'ils étaient employés en Inde, en Egypte et dans d'autres pays d'Afrique du nord. La politique était remarquablement présente dans cette pénétration, mais il s'agissait d'une politique soigneusement choisie par les autorités de la dynastie Qajar. Elle consistait à maintenir le statut institutionnel et politique de la médecine traditionnelle, représentée à la cour par le hakim-bâshi (médecin en chef), face au poste nouvellement créé de tabib-e makhsus (médecin particulier du shah) et à confier ce dernier poste aux médecins européens dont les pays n'avaient pas de visées coloniales ou expansionnistes dans la région. Cette politique explique la prédominance, à partir du milieu du XIXe siècle, des médecins français par rapport aux médecins anglais en Iran Qajar. Le cas échéant, les autres médecins étaient de préférence de nationalité autrichienne, allemande ou hollandaise.
Although european medicine, in its neohippocratic and post-neohippocratic forms, was imported by british and french military and diplomatie missions, persian physicians integrated it at a theorical level, and not by way of political means, as India, Egypt or other North-African countries. Politics were very present in the penetration of european medicine, but the politics in question had been carefully chosen by the Qajar dynastie authorities. They wished on the one hand to maintain the institutional and political status of traditional medicine, represented at court by the cheif physician (hakim-bâshi), faced with the newly created position of the personal physician to the Shah (tabib-e makhsus), and to fill this latter post by european physicians whose countries did not have colonial or expansionist aims in the region. This policy explains the domination from the middle of the XIXth century onwards, of french doctors as versus british ones in Qajar Iran. Otherwise, physicians tended to be often austrian, german or deutsh.
Pese a que la medicina persa tuvo del IX al XI siglo grandes médicos, herederos de la medicina hipocrática y galénica, experimentó una decadencia constante hasta el fin del siglo XIX. En el transcurso de este siglo, marcado por la dominación inglesa y por epidemias de peste y cólera sin precedentes, la medicina de Avicena fue progresivamente desplazada por las teoriás médicas venidas de Francia. Este artículo está consagrado a las etapas de la penetración de los medicos europeos y de sus ideas en la Persia del siglo XIX, tomando en cuenta la evolución de la política internacional, la influencia de las relaciones politicas internas de este país y las consecuencias de la expansión de nuevas pandemias.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hormoz Ebrahimnejad
Introduction de la médecine européenne en Iran au XIXe siècle
In: Sciences sociales et santé. Volume 16, n°4, 1998. pp. 69-96.
Citer ce document / Cite this document :
Ebrahimnejad Hormoz. Introduction de la médecine européenne en Iran au XIXe siècle. In: Sciences sociales et santé. Volume
16, n°4, 1998. pp. 69-96.
doi : 10.3406/sosan.1998.1444
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_1998_num_16_4_1444Résumé
Résumé. Quoiqu' importée par des missions militaires et diplomatiques britanniques et françaises, le
médecine européenne, dans ses versions néohippocratique et post-néohippocratique, fut intégrée par
des médecins persans au niveau théorique sans passer par des moyens politiques tels qu'ils étaient
employés en Inde, en Egypte et dans d'autres pays d'Afrique du nord. La politique était
remarquablement présente dans cette pénétration, mais il s'agissait d'une politique soigneusement
choisie par les autorités de la dynastie Qajar. Elle consistait à maintenir le statut institutionnel et
politique de la médecine traditionnelle, représentée à la cour par le hakim-bâshi (médecin en chef), face
au poste nouvellement créé de tabib-e makhsus (médecin particulier du shah) et à confier ce dernier
poste aux médecins européens dont les pays n'avaient pas de visées coloniales ou expansionnistes
dans la région. Cette politique explique la prédominance, à partir du milieu du XIXe siècle, des
médecins français par rapport aux médecins anglais en Iran Qajar. Le cas échéant, les autres médecins
étaient de préférence de nationalité autrichienne, allemande ou hollandaise.
Abstract
Although european medicine, in its neohippocratic and post-neohippocratic forms, was imported by
british and french military and diplomatie missions, persian physicians integrated it at a theorical level,
and not by way of political means, as India, Egypt or other North-African countries. Politics were very
present in the penetration of european medicine, but the politics in question had been carefully chosen
by the Qajar dynastie authorities. They wished on the one hand to maintain the institutional and political
status of traditional medicine, represented at court by the cheif physician (hakim-bâshi), faced with the
newly created position of the personal physician to the Shah (tabib-e makhsus), and to fill this latter post
by european physicians whose countries did not have colonial or expansionist aims in the region. This
policy explains the domination from the middle of the XIXth century onwards, of french doctors as
versus british ones in Qajar Iran. Otherwise, physicians tended to be often austrian, german or deutsh.
Resumen
Pese a que la medicina persa tuvo del IX al XI siglo grandes médicos, herederos de la medicina
hipocrática y galénica, experimentó una decadencia constante hasta el fin del siglo XIX. En el
transcurso de este siglo, marcado por la dominación inglesa y por epidemias de peste y cólera sin
precedentes, la medicina de Avicena fue progresivamente desplazada por las teoriás médicas venidas
de Francia. Este artículo está consagrado a las etapas de la penetración de los medicos europeos y de
sus ideas en la Persia del siglo XIX, tomando en cuenta la evolución de la política internacional, la
influencia de las relaciones politicas internas de este país y las consecuencias de la expansión de
nuevas pandemias.Sciences Sociales et Santé, Vol. 16, n° 4, décembre 1998
Introduction
de la médecine européenne
en Iran au xixe siècle*
Hormoz Ebrahimnejad**
Résumé. Quoiqu' importée par des missions militaires et diplomatiques
britanniques et françaises, le médecine européenne, dans ses versions
néohippocratique et post-néohippocratique, fut intégrée par des médecins
persans au niveau théorique sans passer par des moyens politiques tels
qu'ils étaient employés en Inde, en Egypte et dans d'autres pays
d'Afrique du nord. La politique était remarquablement présente dans
cette pénétration, mais il s'agissait d'une politique soigneusement choisie
par les autorités de la dynastie Qajar. Elle consistait à maintenir le statut
institutionnel et politique de la médecine traditionnelle, représentée à la
cour par le hakim-bâshi (médecin en chef), face au poste nouvellement
créé de tabib-e makhsus particulier du shah) et à confier ce der
nier poste aux médecins européens dont les pays n'avaient pas de visées
coloniales ou expansionnistes dans la région. Cette politique explique la
prédominance, à partir du milieu du xixe siècle, des médecins français par
rapport aux médecins anglais en Iran Qajar. Le cas échéant, les autres
médecins étaient de préférence de nationalité autrichienne, allemande ou
hollandaise.
* Je remercie P. Bourdelais et A.M. Moulin dont les remarques ont enrichi et amélioré
la présentation de cet article.
** Hormoz Ebrahimnejad, historien, École des Hautes Études en Sciences Sociales,
(EHESS), 54, boulevard Raspail, 75006 Paris, France. HORMOZ EBRAHIMNEJAD 70
Mots clés : médecine traditionnelle, Iran, hakim-bâshi (médecin en chef),
tabibe makhsus (médecin particulier du shah), épidémie, quarantaine,
santé publique, Conseil sanitaire.
La Perse a connu de grands médecins, qu'il s'agisse de Rhazès (850-
932), de Ali-Abbas Majusi (?-994), ou d'Avicenne (980-1037), qui
avaient recueilli l'héritage de la médecine hippocratique et galénique tout
en y incorporant les innovations qui ont caractérisé la médecine dite arabe
du Moyen-Âge. Puis, à partir du xme siècle, la persane enre
gistre un déclin constant jusqu'à la fin du xvnr2 siècle. Le xixe siècle est
marqué par la pénétration de la médecine européenne dans le cadre de
relations diplomatiques et militaires avec l'Europe et un contexte
épidémique sans précédent en Iran. Parallèlement à l'introduction de la
médecine occidentale, la médecine locale se transforme sous l'impact des
épidémies. Confrontée aux flambées de peste et de choléra, une partie des
médecins traditionalistes abandonne les vieilles théories au profit de la
médecine anatomo-clinique, alors que d'autres restent attachés à leur sys
tème tout en essayant d'y chercher une réponse à l'épidémie cholérique.
Ainsi, la médecine d'Avicenne s'efface peu à peu devant les théories
modernes. Dans une zone géographique dominée par l'Angleterre, ce
furent les médecins français qui jouèrent le premier rôle dans cette modern
isation. Doit-on supposer que l'excellence de leur science a constitué le
principal facteur de leur succès ? La réponse de l'historien est plus comp
lexe. Nous voudrions ici restituer les étapes, mal connues, de la pénétra
tion des médecins européens et de leurs idées dans la Perse du xixe siècle,
en prenant en compte l'évolution de la politique internationale, l'influence
des jeux politiques internes au pays et les conséquences de l'expansion de
nouvelles pandémies dès le début du siècle.
Le contexte local
Durant tout le xvme siècle, à l'exception de l'épisode du règne de
Karim-Khan Zand (1760-1779), la Perse a été déchirée par les guerres
civiles, consécutives aux invasions des Afghans, des Russes et des
Ottomans. Avec l'avènement des Qajar (1794-1925), l'activité des médec
ins qui avaient trouvé refuge en Inde depuis des siècles (Wasti, 1974),
reprend dans un climat intellectuel plus libéral. Néanmoins, il faut
attendre les années 1820 et leurs vagues successives d'épidémies pour MEDECINE EUROPÉENNE EN IRAN 7 1 LA
trouver, chez les médecins, une production nouvelle. La littérature médic
ale traditionnelle se contentait pour l'essentiel de recopier les anciens,
désormais elle est le lieu de réflexions nouvelles sur les épidémies. Mais
ce n'est qu'à partir du milieu du siècle que se conjuguent la réflexion
médicale et la volonté politique pour enrayer les épidémies.
En 1852, le kalantar (maire) de Téhéran demande aux médecins
d'écrire des traités sur les précautions et les mesures à prendre pour la
« masse et surtout les indigents » qui ne peuvent pas avoir accès au médec
in

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