Islam et développement politique - article ; n°92 ; vol.23, pg 795-817
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Description

Tiers-Monde - Année 1982 - Volume 23 - Numéro 92 - Pages 795-817
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Ahmed Moatassime
Islam et développement politique
In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°92. L'Islam et son actualité pour le Tiers Monde (sous la direction d'Ahmed
Moatassime). pp. 795-817.
Citer ce document / Cite this document :
Moatassime Ahmed. Islam et développement politique. In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°92. L'Islam et son actualité pour le
Tiers Monde (sous la direction d'Ahmed Moatassime). pp. 795-817.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1982_num_23_92_4175ISLAM ET DÉVELOPPEMENT POLITIQUE
par Ahmed Moatassime*
Ce rappel historique et contemporain ne s'adresse pas aux spécialistes.
Ils n'y trouveront probablement rien de ce qu'ils ne savent déjà. Il se destine
avant tout aux lecteurs non islamisants : chercheurs, enseignants, étudiants
ou autres. Parmi eux tous ceux qui s'intéressent plus particulièrement au Tiers
Monde mais qui ne s'estiment pas assez informés de la dynamique sociologique
propre à ces sociétés, notamment dans les pays musulmans. Il ne se passe plus
un débat international sur le développement, ni une rencontre universitaire,
ni enfin un stage de coopérants sans que la sphère islamique ne soit évoquée,
ce qui est très significatif. Néanmoins nous nous sommes aperçu que certains
ne connaissent paradoxalement l'Islam que par quelques bribes de son aspect
« religieux » : faire la prière en tournant cinq fois par jour la face vers La
Mecque, pratiquer le jeûne au mois du Ramadan et, éventuellement, s'abstenir
d'absorber des boissons fermentées. Exigences rituelles que n'observent guère
tous les Musulmans. Mais ceux-ci ne renoncent pas, pour autant, à leur islamité
dont les fondements spirituels, rappelons-le, transcendent les rites. Il est en
revanche un aspect qui, consciemment ou non, reste mal perçu. Pourtant, il
consacre un deuxième versant du Message islamique, et non des moindres,
à savoir sa dynamique temporelle. En l'occurrence, sa fonction politique qui a
joué et joue encore un rôle historique et social déterminant. On ne comprendra
rien à l'actualité musulmane si ce phénomène central de l'expression islamique
est réduit à des épithètes péjoratives comme « fanatisme » ou « extrémisme »,
« obscurantisme » ou même « intégrisme ».
Aussi les changements et remises en cause politiques au nom de l'Islam,
dans le monde musulman contemporain, paraissent-ils surprendre. En fait,
pour quiconque ayant suivi l'évolution de l'histoire islamique depuis ses
origines, un tel phénomène n'a rien d'exceptionnel. Au contraire, il confirme
une attitude fondamentale de l'Islam face à la politique depuis sa naissance.
Mohammed, le premier, en a fait la condition sine qua non de son dessein spiri
tuel et social. Les schismes dans l'Islam n'ont jamais eu de divergences dogmat
iques, mais bien politiques : c'est sur la nature du pouvoir que l'Islam s'est
divisé dès le vne siècle en « sunnites » (caractère électif ou collégial) et « chiites »
* Professeur à Tiedes, chercheur au cnrs, Paris. Auteur du Bilinguisme sauvage {Revue
Tiers Monde, n° 59-60, juillet-décembre 1974, p. 619-670).
Revue Tiers Monde, t. XXIII, n° 92, Octobre-Décembre 1982 AHMED MOATASSIME 796
(caractère héréditaire ou personnel). La renaissance arabo-islamique depuis
la fin du xixe siècle comme tous les mouvements de résistance à la domination
coloniale se sont déterminés par et dans le cadre de l'Islam, bien qu'ils aient
emprunté aux idéologies libérales et /ou marxistes leurs moyens d'action.
Cette dynamique sociale paraît d'autant plus intéressante à observer qu'elle
élimine à la longue la poignée de « Religieux » ayant servi de tremplin initial
à un soulèvement populaire. Les exemples sont si nombreux que seule une
étude globale est en mesure d'élucider. Non seulement en vue de tirer la leçon
du passé, mais aussi et surtout pour mieux comprendre l'actualité et se projeter
sur l'avenir. Tant il est vrai que l'Islam est impliqué chaque jour, culturelle-
ment et politiquement, dans la lutte pour le développement économique et
social.
Il n'est évidemment pas possible, dans une étude limitée, d'envisager une
analyse exhaustive. Mais nous nous arrêterons plus particulièrement à cette
dialectique permanente entre « légitimité islamique » et « légalité étatique ».
Dialectique qui, à travers le temps et l'espace, paraît avoir donné aux ruptures
révolutionnaires en Islam une fonction régulatrice. D'autant que les prolon
gements actuels semblent vouloir reproduire, malgré la nouvelle version
planétaire, la même dynamique.
I. — LÉGITIMITÉ ISLAMIQUE
Elle se fonde généralement sur un triptyque allant d'un choix institutionnel
fondamental à une méthodologie juridique aux sources multiples, en passant
par une recherche intellectuelle en perpétuel mouvement.
a) Un choix institutionnel fondé sur la nature du pouvoir
Ce choix remonte à un événement historique d'importance capitale pour
l'Islam, qui eut pour origine le problème posé par le pouvoir après la mort du
Prophète Mohammed en 632. Celui-ci n'a désigné aucun successeur de son
vivant, comme pour laisser aux Musulmans le soin de régler eux-mêmes la
question de leur propre gouvernement. Aussi pendant un quart de siècle
environ, des élections locales improvisées ont-elles porté successivement à
la tête de l'Etat musulman, en pleine expansion, les quatre premiers Califes
(proches compagnons du Prophète) dit « orthodoxes » ou « rachidoun »
(bien dirigés) : Abou-Bakr, Omar, Othman, enfin Ali, gendre du Prophète,
époux de sa fille, Fatima.
Mais, en 657, l'élection du quatrième Calife, Ali, fut vigoureusement
contestée par Aïcha, jeune veuve du Prophète, et Mo'awya, gouverneur de
Damas. Aussi, Ali abdiqua-t-il au profit de ce dernier à la suite du célèbre
« arbitrage d'Adrouh » rendu par une commission instituée à Siffîne, sur la
rive droite de l'Euphrate. Cette défaite historique éloigne Ali d'anciens
partisans appelés, depuis lors, les « Kharijïtes » ou« Sortants » et dont il subsiste
encore une très faible minorité au Maghreb et à Oman. Mais les répercussions
politiques de Siffîne sont surtout d'ordre institutionnel. Elles impriment à la
légitimation du pouvoir un caractère héréditaire pour les fidèles partisans
d'Ali et sa descendance, ou chiites, et une portée élective pour les autres
Musulmans, appelés sunnites. C'est-à-dire fidèles à la Sunna ou Tradition du ISLAM ET DÉVELOPPEMENT POLITIQUE 797
Prophète qui semble avoir laissé le gouvernement des Hommes à l'initiative
des Hommes.
Actuellement les chiites représenteraient environ 10 % de la population
islamique mondiale. Ils sont surtout concentrés en Iran et dans une partie de
l'Irak, avec des minorités plus ou moins denses au Liban et en Afghanistan
ou disséminés à travers la partie asiatique du monde musulman. Quant à la
majorité sunnite, elle s'étend de l'Atlantique à l'Indus et se réserve l'exclusivité
du Maghreb et de l'Afrique noire. C'est donc au sein de cette masse considér
able, longtemps fécondée par la dimension dialectique de ses minorités
turbulentes, que se sont forgés, dans le temps et dans l'espace, les instruments
idéologiques de gouvernement, résultat d'une longue et profonde recherche
intellectuelle.
b) Une recherche intellectuelle basée sur /' « Ijtihad » (effort)
Chez les non-spécialistes, il y a souvent une confusion sémantique entre
jihad et ijtihad. Mais les deux mots diffèrent, bien qu'ils aient une racine
commune : jehd (effort).
Le Jihad, malencontreusement traduit par « guerre sainte », signifie tout
simplement « lutte », « combat ». Car l'arabe possède le terme harb pour dire
« guerre », mais aucun pour dire « sainte » dans le sens qu'on lui donne. Le
jihad peut certes s'exprimer dans une lutte armée révolutionnaire lorsqu'il
s'agit d'un combat existentiel. D'où le mot « Moujahidoun » donné aux
Combattants et même à leur expression écri

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