Keynes et les probabilités : un aspect du « fondamentalisme » keynésien - article ; n°5 ; vol.33, pg 839-861
24 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Keynes et les probabilités : un aspect du « fondamentalisme » keynésien - article ; n°5 ; vol.33, pg 839-861

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
24 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1982 - Volume 33 - Numéro 5 - Pages 839-861
En dépit des controverses qui entourent son interprétation, le chapitre xn de la Théorie générale de Keynes (« L'état de la prévision à long terme ») constitue l'une des contributions essentielles de cet auteur à la macroéconomie, contribution que A. Coddington qualifie de « fondamentalisme » keynésien. Le présent article montre que les développements de ce chapitre sont éclairés par la lecture
Keynes and probability :
An insight into « fundamentalist Keynesianism »
Jean Arrous
The main argument developed in this paper is that one of the most fundamental contributions of }. M. Keynes to macroeconomics, namely Chapter 12 of the General Theory (« The state of long-term expectation ») can be better understood with the analytical framework of his much earlier Treatise on Probability. The above subject is certainly one of the most controversial aspects of Keynes' theory and at the same time a cornerstone of what A. Coddington has called « fundamentalist keynesianism ». The analysis of uncertainty being so central to investment and thus to ouerall macroeconomic instability we do have to shed a light upon its probabilistic foundations.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 65
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean Arrous
Keynes et les probabilités : un aspect du « fondamentalisme »
keynésien
In: Revue économique. Volume 33, n°5, 1982. pp. 839-861.
Résumé
En dépit des controverses qui entourent son interprétation, le chapitre xn de la Théorie générale de Keynes (« L'état de la
prévision à long terme ») constitue l'une des contributions essentielles de cet auteur à la macroéconomie, contribution que A.
Coddington qualifie de « fondamentalisme » keynésien. Le présent article montre que les développements de ce chapitre sont
éclairés par la lecture
Abstract
Keynes and probability :
An insight into « fundamentalist Keynesianism »
Jean Arrous
The main argument developed in this paper is that one of the most fundamental contributions of }. M. Keynes to
macroeconomics, namely Chapter 12 of the General Theory (« The state of long-term expectation ») can be better understood
with the analytical framework of his much earlier Treatise on Probability. The above subject is certainly one of the most
controversial aspects of Keynes' theory and at the same time a cornerstone of what A. Coddington has called « fundamentalist
keynesianism ». The analysis of uncertainty being so central to investment and thus to ouerall macroeconomic instability we do
have to shed a light upon its probabilistic foundations.
Citer ce document / Cite this document :
Arrous Jean. Keynes et les probabilités : un aspect du « fondamentalisme » keynésien. In: Revue économique. Volume 33, n°5,
1982. pp. 839-861.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1982_num_33_5_408683KEYNES ET LES PROBABILITÉS :
UN ASPECT
DU « FONDAMENTALISME » KEYNÉSIEN *
O Fausse et perfide Probabilité
Ennemie du vrai, et amie du pervers.
Par tes yeux troubles l'Opinion apprend à reconnaître
La faiblesse du parti de la vérité, ainsi que sa stérilité.
J. M. Keynes, Traité de probabilité, p. 514.
1. Si l'importance d'un auteur pouvait se mesurer à l'aune des
controverses que suscite l'interprétation de sa pensée, il n'est pas
douteux que Keynes tiendrait un rang plus qu'appréciable. Dans un
article de 1976, A. Coddington [7] est intervenu dans ce débat en
proposant une analyse qui réduit l'intensité de ces controverses : il dis
tingue en effet trois « variétés » de « keynésianisme », et indique que,
loin de s'opposer, elles sont « largement complémentaires ». Ces trois
variétés de keynésianisme sont, selon lui, l'approche « fondamentaliste »,
qui est exposée de la façon la plus éloquente par un auteur comme
G.L.S. Shackle ([37], [38]), l'approche «hydraulique», qui fait réfé
rence aux courbes IS/LM et à la macroéconomie des « manuels » ([16],
[35]), et l'approche « réductionniste reconstituée », qui fait notam
ment référence aux travaux plus récents de R. W. Clower [6] et
A. Leïjonhufvud [29].
D'une manière générale, l'approche « fondamentaliste » voit dans
les concepts d'anticipation, d'incertitude et d'ignorance l'essence de la
contribution de Keynes à la théorie économique. Quelle que soit en
* Une version antérieure de cet article a bénéficié des remarques de Madame
Le Minor, de MM. Ph. et C. Nanopoulos. Qu'ils en soient ici remerciés. Est
également omniprésente la dette intellectuelle que j'ai à l'égard du professeur
N. Georgescu-Roegen.
839
Revue économique — N° 5, septembre 1982. Revue économique
définitive la dénomination que différents auteurs attribuent à ce que
recouvre le « fondamentalisme » keynésien, l'accord se fait sur la loca
lisation principale de cette variété de keynésianisme dans l'œuvre
même de Keynes. Il s'agit essentiellement du chapitre xn, « l'Etat de la
prévision à long terme », de la Théorie générale [20], et de l'article
de 1937 du Quaterly Journal of Economies [26]. Le chapitre xvn de
la Théorie générale est également concerné, mais dans une moindre
mesure. Or, dans une des rares notes de bas de page du chapitre xn,
— et cette note est aussi fréquemment citée qu'elle est brève ([20],
p. 148) —, Keynes mentionne que, par « très incertain », il n'entend
pas la même chose que « très improbable », et renvoie le lecteur au
chapitre vi de son Traité de probabilité.
Bien que fréquemment citée, cette note n'a pas, à notre connais
sance, donné lieu à des investigations spécifiques. Aussi est-ce cet
aspect du « fondamentalisme » keynésien que nous allons tenter d'ap
profondir ici. D'une façon générale, cette étude renvoie à la théorie
des probabilités, sujet immense dont il est hors de question pour nous
de rendre compte ici de façon exhaustive. Nous nous bornerons à
exposer ce qui, dans la théorie des probabilités ainsi que dans la
conception de Keynes exposée dans son Traité de probabilité, fait
apparaître certains éléments essentiels du « fondamentalisme » keyné
sien en général et notamment du chapitre xn de la Théorie générale :
nous montrerons ainsi que, pour Keynes, la probabilité n'est mesurable
que dans un nombre limité de cas. Dans tous les autres cas, et notam
ment ceux relatifs à des décisions qui engagent l'avenir — tant l'agent
économique que l'économiste lui-même sont concernés par ces cas — ,
la probabilité n'est pas mesurable. Bien plus, l'étude du comportement
de l'agent face à l'incertitude passe par la prise en compte de deux
dimensions dont l'une est la probabilité et l'autre ce que, au chapitre
vi du Traité de probabilité, Keynes appelle le « poids » des raisonne
ments et qui, au chapitre xn de la Théorie générale, sera repris dans
l'idée d'« état de la confiance ». L'exposé de ces différents éléments
permettra de revenir sur l'idée de complémentarité des variétés de
keynésianisme suggérée par A. Coddington dans la conclusion de son
article : nous insisterons notamment sur la des appro
ches « fondamentaliste » et « hydraulique ». Jean Arrous
2. Si notre propos n'est pas d'exposer de façon exhaustive la théorie
des probabilités, il nous paraît néanmoins nécessaire de faire précéder
de quelques remarques ce qui, de cette théorie, est véritablement perti
nent pour notre sujet. La première remarque pourra paraître para
doxale à qui n'est pas familier de l'épistémologie des mathématiques,
mais elle n'en demeure pas moins essentielle. Il se trouve en effet que
le concept de probabilité ne fait pas l'unanimité autour de sa définition
et que les controverses relatives au fondement même du calcul des
probabilités sont loin d'être closes. En témoigne l'extrait suivant de
L. J. Savage dont le nom reste attaché à l'un des courants d'interpré
tation de la probabilité, sur lesquels nous reviendrons : « II doit y
avoir des douzaines d'interprétations différentes de la probabilité
défendues par des autorités vivantes, et certaines autorités soutiennent
que plusieurs interprétations différentes de la probabilité peuvent
être utiles, c'est-à-dire que le concept de probabilité peut avoir diffé
rents sens significatifs dans différents contextes. » ([36], p. 2.)
Les controverses qui entourent le concept de probabilité paraissent
relever de deux ordres différents. Le premier n'est pas véritablement
pertinent pour notre propos, car il se situe à l'intérieur du concept
mathématique de probabilité, à l'intérieur de ce que nous appellerons,
en référence à G.L.S. Shackle ([37], p. 371), l'interprétation axioma-
tique de la probabilité : la controverse concerne le fait de savoir si
l'on doit imposer de façon axiomatique la propriété de a-additivité
au concept de mesure de probabilité.
Nous laisserons de côté ce point de désaccord (dont on trouvera
mention dans [36], p. 42-43), et considérerons que la théorie mathé
matique de la probabilité connaît un large consensus : la construct
ion axiomatique de cette

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents