L'absence au travail : indicateur social ou indicateur de santé ? - article ; n°3 ; vol.10, pg 47-65

Marcel Goldberg, Anne Chevalier

Description

Sciences sociales et santé - Année 1992 - Volume 10 - Numéro 3 - Pages 47-65
Résumé. À partir d'un contexte particulier, celui des entreprises Électricité de France - Gaz de France où l'existence d'un Régime particulier de Sécurité sociale permet de connaître les causes médicales des interruptions de travail, les auteurs tentent d'apprécier les aspects de l'absentéisme plus spécifiquement médicaux et ceux qui relèvent de facteurs socio-professionnels. Pour cela, différentes mesures d'absence sont calculées et analysées en fonction de paramètres individuels ou collectifs.
Parmi les mesures étudiées, la durée d'absence apparaît comme un indicateur de morbidité, tandis que le pourcentage d'absents pendant une période donnée semble être sensible aux facteurs socio-professionnels. Tout se passe comme si, à côté d'un « noyau dur » d'absence dû à la maladie, des facteurs plus immédiats, liés soit à l'individu lui-même, soit à son environnement de travail, intervenaient pour générer un absentéisme de courte durée constituant peut-être la première étape d'un processus de dégradation de la santé.
Anne Chevalier, Marcel Goldberg : El ausentismo laboral : ¿ indicator social de la salud ?
A partir de un contexto particular, las empresas Electricité de France - Gaz de France, en las que la existencia de un régimen particular de la Seguridad Social permite conocer las causas médicas de las interrupciones de trabajo, los autores intentan apreciar los aspectos del ausentismo laboral particularmente médico y aquel debido a factores socio-profesionales. Con este fin se calcularon y analisaron diferentes formas de evaluar el ausentismo en funciôn de paramétras individuales o colectivos.
Dentro de las medidas estudiadas, la duraciôn de la ausencia parece un indicador de morbilidad mientras que el porcentaje de ausentes en un periodo dado tiene una relaciôn con los factores socio- profesionales. Todo sucede como si al lado de un nûcleo duro de ausencias debido a la enfermedad, otros factores mas inmediatos, ligados al individuo mismo ô a su medio ambiente laboral, inter- vinieran para generar un ausentismo de corta duraciôn constituyendo quiza la primera étapa de un proceso de degradaciôn de la salud. formas de evaluar el ausentismo en función de paramétras individuales o colectivos.
Dentro de las medidas estudiadas, la duración de la ausencia parece un indicador de morbilidad mientras que el porcentaje de ausentes en un periodo dado tiene una relación con los factores socio-profesionales. Todo sucede como si al lado de un núcleo duro de ausencias debido a la enfermedad, otros factores mas inmediatos, ligados al individuo mismo ó a su medio ambiente laboral, intervinieran para generar un ausentismo de corta duración constituyendo quiza la primera étapa de un proceso de degradación de la salud.
Anne Chevalier, Marcel Goldberg: Absenteeism: social indicator or heaith indicator?
On the basis of a defined context - the company Electricité de France - Gaz de France - in which the medical reasons for absenteeism are recorded, the authors attempt to distinguish between absenteeism for medical reasons and that due to socio-professional factors. Various measures of time off work were calculated and analyzed as a function of individual and collective parameters.
Among these measures, the duration of absence from work emerged as an indicator of morbidity, whereas the percentage of the personnel absent during a given period was influenced by socio-professional factors. It is as if, in addition to a «hard nucleus» of absenteeism due to illness, more immediate factors related to the individual himself or to the work environment generate short-term absenteeism which, in turn, could be the first step in a process of health deterioration.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: SCIENCES_SOCIALES_ET_SANTE4
• Publié le: 01 janvier 1992
• Nombre de lectures: 43
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Anne Chevalier
Marcel Goldberg
L'absence au travail : indicateur social ou indicateur de santé ?
In: Sciences sociales et santé. Volume 10, n°3, 1992. pp. 47-65.
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Chevalier Anne, Goldberg Marcel. L'absence au travail : indicateur social ou indicateur de santé ?. In: Sciences sociales et
santé. Volume 10, n°3, 1992. pp. 47-65.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_1992_num_10_3_1233Résumé
Résumé. À partir d'un contexte particulier, celui des entreprises Électricité de France - Gaz de France
où l'existence d'un Régime particulier de Sécurité sociale permet de connaître les causes médicales
des interruptions de travail, les auteurs tentent d'apprécier les aspects de l'absentéisme plus
spécifiquement médicaux et ceux qui relèvent de facteurs socio-professionnels. Pour cela, différentes
mesures d'absence sont calculées et analysées en fonction de paramètres individuels ou collectifs.
Parmi les mesures étudiées, la durée d'absence apparaît comme un indicateur de morbidité, tandis que
le pourcentage d'absents pendant une période donnée semble être sensible aux facteurs socio-
professionnels. Tout se passe comme si, à côté d'un « noyau dur » d'absence dû à la maladie, des
facteurs plus immédiats, liés soit à l'individu lui-même, soit à son environnement de travail, intervenaient
pour générer un absentéisme de courte durée constituant peut-être la première étape d'un processus
de dégradation de la santé.
Resumen
Anne Chevalier, Marcel Goldberg : El ausentismo laboral : ¿ indicator social de la salud ?
A partir de un contexto particular, las empresas Electricité de France - Gaz de France, en las que la
existencia de un régimen particular de la Seguridad Social permite conocer las causas médicas de las
interrupciones de trabajo, los autores intentan apreciar los aspectos del ausentismo laboral
particularmente médico y aquel debido a factores socio-profesionales. Con este fin se calcularon y
analisaron diferentes formas de evaluar el ausentismo en funciôn de paramétras individuales o
colectivos.
Dentro de las medidas estudiadas, la duraciôn de la ausencia parece un indicador de morbilidad
mientras que el porcentaje de ausentes en un periodo dado tiene una relaciôn con los factores socio-
profesionales. Todo sucede como si al lado de un nûcleo duro de ausencias debido a la enfermedad,
otros factores mas inmediatos, ligados al individuo mismo ô a su medio ambiente laboral, inter- vinieran
para generar un ausentismo de corta duraciôn constituyendo quiza la primera étapa de un proceso de
degradaciôn de la salud. formas de evaluar el ausentismo en función de paramétras individuales o
colectivos.
Dentro de las medidas estudiadas, la duración de la ausencia parece un indicador de morbilidad
mientras que el porcentaje de ausentes en un periodo dado tiene una relación con los factores socio-
profesionales. Todo sucede como si al lado de un núcleo duro de ausencias debido a la enfermedad,
otros factores mas inmediatos, ligados al individuo mismo ó a su medio ambiente laboral, intervinieran
para generar un ausentismo de corta duración constituyendo quiza la primera étapa de un proceso de
degradación de la salud.
Abstract
Anne Chevalier, Marcel Goldberg: Absenteeism: social indicator or heaith indicator?
On the basis of a defined context - the company Electricité de France - Gaz de France - in which the
medical reasons for absenteeism are recorded, the authors attempt to distinguish between absenteeism
for medical reasons and that due to socio-professional factors. Various measures of time off work were
calculated and analyzed as a function of individual and collective parameters.
Among these measures, the duration of absence from work emerged as an indicator of morbidity,
whereas the percentage of the personnel absent during a given period was influenced by socio-
professional factors. It is as if, in addition to a «hard nucleus» of absenteeism due to illness, more
immediate factors related to the individual himself or to the work environment generate short-term
absenteeism which, in turn, could be the first step in a process of health deterioration.Sciences Sociales et Santé, Vol. X, n° 3, septembre 1992
L'absence au travail : indicateur social
ou indicateur de santé ?
Anne Chevalier, Marcel Goldberg*
Résumé. À partir d'un contexte particulier, celui des entreprises Électricité de
France - Gaz de France où l'existence d'un Régime particulier de Sécurité
sociale permet de connaître les causes médicales des interruptions de travail,
les auteurs tentent d'apprécier les aspects de l'absentéisme plus spécifique
ment médicaux et ceux qui relèvent de facteurs socio-professionnels. Pour
cela, différentes mesures d'absence sont calculées et analysées en fonction de
paramètres individuels ou collectifs.
Parmi les mesures étudiées, la durée d'absence apparaît comme un indicateur
de morbidité, tandis que le pourcentage d'absents pendant une période don
née semble être sensible aux facteurs socio-professionnels. Tout se passe
comme si, à côté d'un « noyau dur » d'absence dû à la maladie, des facteurs
plus immédiats, liés soit à l'individu lui-même, soit à son environnement de
travail, intervenaient pour générer un absentéisme de courte durée constituant
peut-être la première étape d'un processus de dégradation de la santé.
L'absence au travail est un phénomène complexe suscitant l'inté
rêt aussi bien des sociologues que des économistes et des médecins. Les
travaux portant sur ce thème sont nombreux (Coté-Desbiolles, 1985 ;
Heilbronner, 1977 ; Dodier, 1982 ; Dubois, 1977 ; Jardillier et Bauduin,
1979 ; Klaric, 1982 ; Thebaud et Lert, 1983 ; Weiss, 1979). Cependant,
bien que la principale raison d'absence au travail soit un état de santé
déficient, curieusement, l'aspect médical de l'absence ne fait l'objet que
de rares analyses (Bourbonnais, 1990 ; Darbon, 1979 ; Jardillier et
Baudin, 1979).
* Anne Chevalier, statisticienne épidémiologiste, Marcel Goldberg, épidémiologiste,
EDF-GDF, Service Général de Médecine de Contrôle, 22/30, avenue de Wagram,
75008 Paris. 48 ANNE CHEVALIER, MARCEL GOLDBERG
La plupart des travaux sont essentiellement descriptifs et portent
surtout sur les facteurs d'absence. Les chercheurs qui se sont intéressés
à ce sujet reconnaissent comme déterminants de l'absence au travail un
grand nombre de facteurs ; ils peuvent être classés en :
- facteurs individuels : sexe, âge, statut marital, enfants à charge,
niveau d'étude, niveaux de qualification professionnelle et de rémunér
ation, fonction exercée, motivation au travail, possibilités de promot
ion, santé (Coté-Desbiolles, 1985 ; Fournier, 1989 ; Jardillier et
Bauduin, 1979) ;
- facteurs collectifs liés à l'entreprise : secteur d'activité, type
de rémunération (Vlassenko et Willard, 1984), taille de l'entreprise
ou du service (Coté-Desbiolles, 1985 ; Vlassenko et Willard, 1984),
durée de travail réglementaire (Coté-Desbiolles, 1985), statut, condi
tions de et pénibilité, conditions d'indemnisation des absences
(Depardieu et Lollivier, 1985), menace de chômage (Beale et
Nethercott, 1988), ...
- facteurs collectifs liés à l'environnement général : facteurs cl
imatiques, niveau de développement socio-économique de la région,
facteurs culturels, densité médicale (Luce, 1987), ...
Cette liste montre combien les interprétations de l'absence au tra
vail peuvent être multiples et faire l'objet de controverses. Pour certains
auteurs, par exemple, l'absentéisme est l'indicateur d'un malaise social
dans l'entreprise au même titre que les grèves (Dubois, 1977) ; pour
d'autres, il s'agit d'un moyen individuel de conserver son autonomie
face aux contraintes du travail. Entre l'absentéisme considéré comme
un phénomène individuel et son interprétation structurelle, toutes les
positions existent. En fait, comme le souligne Weiss (1979), il n'existe
pas de théorie générale de l'absentéisme. Il est même difficile d'en trou
ver une définition claire.
L'examen de la littérature montre en effet une grande hétérogé
néité dans les critères définissant le type