L acquisition des conservations et l apprentissage - article ; n°2 ; vol.68, pg 549-575
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L'acquisition des conservations et l'apprentissage - article ; n°2 ; vol.68, pg 549-575

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Description

L'année psychologique - Année 1968 - Volume 68 - Numéro 2 - Pages 549-575
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 3
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Oléron
Tran-Thong
L'acquisition des conservations et l'apprentissage
In: L'année psychologique. 1968 vol. 68, n°2. pp. 549-575.
Citer ce document / Cite this document :
Oléron Pierre, Tran-Thong . L'acquisition des conservations et l'apprentissage. In: L'année psychologique. 1968 vol. 68, n°2.
pp. 549-575.
doi : 10.3406/psy.1968.27633
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1968_num_68_2_27633L'ACQUISITION DES CONSERVATIONS
ET L'APPRENTISSAGE
par Pierre Oléron et Tran Thong
Laboratoire de Psychologie Génétique
Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Paris, Sorbonne
Au cours des dernières années, de nombreuses publications ont été
consacrées au problème de l'acquisition des conservations par l'enfant.
Cet intérêt est certes en rapport avec la faveur dont bénéficient
actuellement surtout outre-Atlantique les travaux de Piaget. Mais il est
plus fondamentalement et plus utilement déterminé par le caractère
énigmatique des faits et la difficulté d'en trouver une interprétation
satisfaisante univoque, malgré ce qui a été écrit à leur propos depuis la
première mention qu'en a faite Piaget. (Il s'agit de 1941 a pour les quant
ités discontinues, 1941 b pour les quantités continues, 1946 a et b,
1948 a et & pour les quantités temporelles et spatiales.)
Une partie de ces études concerne le rôle de l'apprentissage dans
ces acquisitions. C'est à elles que nous nous attacherons ici.
On peut dire que l'intervention de l'apprentissage peut être consi
dérée sous deux points de vue, qui s'emboîtent en une certaine mesure.
D'une part, on peut voir dans l'apprentissage un des grands facteurs
du développement intervenant à côté des facteurs internes, comme la
maturation, et s'articulant avec les influences culturelles, sociales, li
nguistiques. La question posée concerne la part qu'il peut prendre dans
l'apparition des conservations, sa responsabilité dans l'atteinte de
notions qui ne paraissent pas étrangères — a priori — aux expériences
que le contact avec le monde physique et social offre à l'enfant.
Du second point de vue, on s'attachera à l'expérimentation ouverte
au psychologue. Il s'agit de déterminer si, par des exercices plus ou
moins prolongés, il est possible de faire apparaître les réponses de conser
vation chez les enfants qui n'en sont pas spontanément capables. Il est
clair, et c'est pourquoi nous parlions d'emboîtement, que le succès de
l'expérimentation peut être un argument en faveur de la théorie plus
générale du rôle de l'apprentissage dans la genèse des conservations.
Ainsi peut prendre un sens qui dépasse largement
un exercice de laboratoire (encore qu'il faille dans la généralisation faire
preuve de circonspection). Elle peut non seulement permettre d'établir REVUES CRITIQUES 550
un fait, mais surtout aider à le comprendre. En effet, l'apprentissage
peut être envisagé sous diverses modalités, les unes concernant des
constats globaux (la conservation observée de la quantité considérée),
les autres visant à agir sur tels mécanismes dont le rôle peut ainsi être
testé. Ici le recours à l'apprentissage prend un rôle analytique et inter
prétatif, ce qui souligne l'importance qu'il peut prendre quand il est
utilisé judicieusement.
Certains obstacles à la pleine utilisation des résultats obtenus par les
diverses recherches déjà menées ne peuvent, dès le départ, être passés
sous silence. Le plus sérieux tient sans doute au manque de standar
disation dans l'administration et l'interprétation des épreuves. Il n'y
a pas lieu de rappeler ici ce qui a paru longtemps une relative indiffé
rence de l'École de Genève à la codification rigoureuse des modalités
de l'examen. Les psychologues qui pensent en termes de stimuli-
réponses et assimilent la situation expérimentale et les questions de
l'expérimentateur à des stimuli, sont plus sensibles, en principe, à ces
codifications que ceux qui y voient un simple élément de diagnostic
pour l'atteinte de stades ou niveaux traités d'une manière réaliste. Il
s'en faut, cependant, qu'on rencontre chez eux une véritable uniformité
et qu'on puisse ainsi accorder un sens univoque aux résultats publiés.
Les discordances entre ceux qu'ont permis d'obtenir des expériences
faites par des auteurs différents le montrent assez nettement.
Le choix du critère de la conservation est variable selon les auteurs.
Beaucoup d'entre eux, qui se méfient des interventions du langage et
tendent à en sous-estimer l'importance, admettent qu'il y a conservation
quand l'enfant porte un jugement de conservation. D'autres, fidèles à
Piaget, demandent en plus une justification jugée pertinente.
Gruen (1966) a montré qu'en fixant comme critère de la conservation
soit les réponses de l'enfant relatives au maintien de la quantité, soit le
recours à des justifications jugées pertinentes de ce maintien, on obtient
des résultats qui diffèrent significativement et conduisent à conclure à
l'effet favorable de la situation expérimentale quand le critère le plus
large est retenu.
Les justifications sont, comme tout matériel verbal, difficiles à
classer et on peut constater en passant d'un auteur à l'autre des diver
gences dans le mode de classification. Heureusement, dans le cadre
d'une expérience, chaque auteur est fidèle à lui-même. Mais il est clair
que la variable considérée ici n'est pas sans importance a priori, car on
peut s'attendre à ce que, si l'exercice a un effet, il ne porte pas d'une
manière similaire sur le jugement de conservation et sur les justifications
(et sur telle justification plutôt que telle autre).
Du point de vue de la procédure expérimentale, certaines difficultés
apparaissent également qui retentissent sur l'interprétation. La méthode
à peu près universellement suivie consiste à choisir dans une population
de sujets non-conservants d'âge convenable (mais les marges d'âge sont
toujours assez étalées) une partie qui est soumise à l'entraînement et P. OLÉRON ET T. THONG 551
une autre qui sert de groupe contrôle. La nature et la rigueur du test
qui sert à déterminer la conservation sont susceptibles de jouer un rôle,
car il s'est avéré que le seul fait d'être soumis à une épreuve, même avec
des résultats négatifs sur le moment, semble faciliter le passage à la
conservation. Certains enfants sont dans une situation instable, que
Piaget reconnaît en distinguant un stade intermédiaire, mais que la
plupart des autres auteurs négligent, s'en tenant à une dichotomie
conservants-non-conservants. On retrouve le problème des critères
déjà évoqué ci-dessus. Sur la question des méthodes et de leurs effets
sur la diversité des résultats on pourra encore se reporter au travail
récent de Bittner et Shinedling (1968).
Piaget (1967 b), lui-même, a montré qu'il n'était pas indifférent aux
considérations méthodologiques. Il a reproché à Bruner qui avait trouvé,
comme on le dira ci-dessous, des effets favorables de l'apprentissage,
d'avoir utilisé un critère trop lâche de la conservation.
Les premières expériences d'apprentissage ont été effectuées dans le
cadre des travaux du Centre d'Épistémologie génétique (Smeds-
lund (1959) pour le poids et Wohlwill (1959) pour le nombre). On ne peut
que porter d'autant plus au crédit de Piaget l'impulsion donnée à ces
recherches, auxquelles les psychologues behavioristes n'avaient pas pensé
eux-mêmes.
I. — L'expérimentation
1) Conservations physiques
a) Comme on l'a rappelé, Smedslund est le premier à avoir étudié la
conservation des quantités. Sa recherche, effectuée à Genève (1959), a
été la première d'une longue série qu'il a poursuivie en Norvège et aux
États-Unis, avec beaucoup d'ingéniosité dans le choix des techniques
(mais en ne présentant pas toujours ses résultats et ses interprétations
de la façon la plus cla

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