L affaiblissement intellectuel dans la démence précoce, la démence sénile et la paralysie générale - article ; n°1 ; vol.13, pg 260-274
16 pages
Français

L'affaiblissement intellectuel dans la démence précoce, la démence sénile et la paralysie générale - article ; n°1 ; vol.13, pg 260-274

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
16 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1906 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 260-274
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1906
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Masselon
L'affaiblissement intellectuel dans la démence précoce, la
démence sénile et la paralysie générale
In: L'année psychologique. 1906 vol. 13. pp. 260-274.
Citer ce document / Cite this document :
Masselon René. L'affaiblissement intellectuel dans la démence précoce, la démence sénile et la paralysie générale. In: L'année
psychologique. 1906 vol. 13. pp. 260-274.
doi : 10.3406/psy.1906.1300
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1906_num_13_1_1300XVI
L'AFFAIBLISSEMENT INTELLECTUEL DANS LA
DÉMENCE PRÉCOCE, LA DÉMENCE SÉNILE ET
LA PARALYSIE GÉNÉRALE.
Le terme d' affaiblissement intellectuel est appliqué indistinct
ement en psychiatrie à toutes les formes de déchéance psychique,
quels qu'en soient les caractères. Aussi englobe-t-on sous ce
mot des troubles mentaux très différents, et la démence, stade
extrême de tout affaiblissement intellectuel, se présente aux
yeux de l'observateur sous des aspects très variés, suivant le
groupe morbide auquel elle appartient.
L'étude psychologique des affaiblissements intellectuels et
des démences est un fait tout récent. Elle n'a pas encore
différencié toutes les formes d'affaiblissement mental; elle n'en
a pas décrit tous les caractères distinctifs. J'ai choisi, parmi
les démences, les trois formes les mieux caractérisées; leur
étude comparative permettra de juger les variétés de forme,
que revêtent les diverses espèces de déchéance psychique, et
de comprendre, en une certaine mesure, les différences d'as
pect que prennent les actes, les paroles, la pensée, lorsque
l'esprit est lésé dans quelqu'une de ses parties fondamentales.
Quelques mots préliminaires sur la nature des maladies dont
je parlerai ici ne seront pas inutiles.
La démence sénile est le résultat de lésions cérébrales déter
minées par la sénilité. Sous sa forme la plus atténuée, elle n'est
pas autre chose que l'état mental habituel du vieillard. Rare
avant soixante ans, elle devient, relativement, de plus en plus
fréquente, avec les progrès de l'âge. Elle est caractérisée,
anatomiquement, par un processus d'usure et d'atrophie de
l'écorce cérébrale, par de l'athérome des artères cérébrales,
l'épaississement des méninges, la diminution du poids de
'encéphale, l'amincissement de l'écorce, la diminution du
nombre des cellules corticales.
La paralysie générale est, suivant l'excellente définition de R. MASSELON. — L'AFFAIBLISSEMENT INTELLECTUEL 261
Rogues de Fursac et Ballet, « une affection du système ner
veux, plus spécialement du cerveau, qui paraît se développer
sous l'influence de causes multiples, au premier rang des
quelles se place la syphilis; qui s'accompagne de lésions
constantes, irritatives et dégénératives, quant à leur nature,
diffuses quant à leur siège, intéressant l'encéphale et ses enve
loppes, le bulbe et la moelle; et qui se traduit enfin, clinique-
ment, par une évolution apyrétique et par des symptômes
nombreux et variés dont les plus ordinaires et les plus carac
téristiques sont : l'affaiblissement progressif de l'intelligence,
des troubles délirants à forme expansive ou dépressive, de
laparésie pupillaire, de l'embarras de la parole, des désordres
moteurs consistant en tremblement, ataxie et finalement
parésie musculaire ». Rare avant trente ans, la paralysie
générale est une maladie de l'âge adulte; on la rencontre
surtout entre trente-cinq et cinquante-cinq ans.
Les lésions, dont elle est le résultat, portent sur tout le
système nerveux : celles du cerveau nous intéressent seules
ici. Elles sont constituées, macroscopiquement, par une atro
phie généralisée de Técorce du cerveau, plus marquée cepen
dant dans la région frontale et pariétale, par l'épaississe-
ment de la pie-mère et son adhérence à la substance cérébrale;
microscopiquement, par la disparition progressive d'un grand
nombre de cellules cérébrales, par la modification des autres
qui tendent à se réduire à une petite masse granuleuse infiltrée
de pigment, par de Ja chromatolyse, par la destruction des
fibres nerveuses, la dégénérescence des parois des vaisseaux,
la prolifération de la névroglie. La marche de la maladie est
progressive et aboutit à la mort.
La démence sénile est une maladie de la vieillesse : sauf de
rares exceptions, la paralysie générale s'observe surtout dans
l'âge mur : la démence précoce est en règle générale une affec
tion de l'adolescence. Son maximum de fréquence est entre
seize et vingt-cinq ans. Alors que, dans nos deux premiers
groupes morbides, les lésions sont très nettes, très bien carac
térisées, les lésions que l'on a constatées dans la démence pré
coce sont aujourd'hui encore assez mal déterminées et les
interprétations sur leur valeur varient avec les auteurs. Disons
simplement pour mémoire que, d'une façon générale, on a
trouvé un certain degré d'atrophie des cellules cérébrales avec
une chromatolyse incomplète. Aussi, si la démence sénile et la
paralysie générale ont depuis longtemps pris place dans le MÉMOIRES ORIGINAUX 262
groupe des démences organiques, la démence précoce est-elle
encore considérée par beaucoup d'auteurs comme une démence
vésanique, terme qui cache simplement notre ignorance des
lésions fondamentales de l'affection.
Quoiqu'il en soit, elle est essentiellement caractérisée par un
affaiblissement intellectuel spécial, électif, qui s'installe ins
idieusement et qui, en général, progresse vers la démence
complète, incurable.
Ces notions préliminaires bien établies, voyons comment
les malades, caractéristiques de chacun de ces groupes, vont
se présenter à nous dans leur aspect extérieur, dans leur
attitude générale, dans la conversation, à un premier examen.
Nous comprendrons mieux ainsi ce qui les caractérise, et ce
qui les-jdistingue les uns des autres.
Voici précisément deux femmes qui vont nous offrir des
points de comparaison par leur âge : ce sont deux vieillards;
Tune a quatre-vingts ans, l'autre quatre-vingt-deux ans; l'une
est une démente précoce qui est à l'asile depuis plus de qua
rante ans; l'autre est une démente sénile qui est entrée il y a
deux ans seulement; nous appellerons la démente précoce,
Pauline; la démente sénile, Eugénie.
Eugénie a, lorsqu'on la voit de loin, l'aspect d'une personne
normale : ses actes ne trahissent pas que son esprit est troublé;
sans doute on ne doit pas attendre d'elle, à son âge, une grande
activité, néanmoins elle coud, elle s'occupe un peu. Elle fait atten
tion à vous lorsque vous passez près d'elle ; parlez-lui, elle vous
répond. Elle a conservé le sentiment des convenances, des bien
séances, et lorsque vous lui demanderez un entretien, elle sera
empressée à vous répondre, à satisfaire votre curiosité.
Vous voyez au contraire Pauline se promener dans le jardin, le
corps courbé, la face inclinée vers terre, ne prêtant pas attention
en apparence à ce qui se passe autour d'elle, entrant dans une
pièce, en ressortant sans motif, allant casser les branches des
arbres, les bourgeons, mue comme par un mécanisme intérieur,
automatique et irréfléchi. Elle ne travaille pas, mais lit le journal à
voix haute, un peu au hasard et d'une façon incohérente. Lui
adressez-vous la parole, souvent elle ne vous répond pas. Voulez-
vous vous entretenir avec elle, elle refuse de le faire. Elle n'a plus
aucun sentiment des convenances, elle entre, sort, sans dire bon
jour, ne répond pas toujours à vos saluts.
Essayons de causer avec chacune de ces deux femmes. Ce sera
facile avec Eugénie. Elle ne comprend pas pourquoi elle est dans
une maison de santé et elle voudrait bien s'en aller. Aussi va-t-elle
tâcher de répondre à toutes nos questions. Elle va tâcher, mais MASSELON. — L'AFFAIBLISSEMENT INTELLECTUEL 263 R.
bien rarement elle y parviendra. Rapideme

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents