L âge de l Homme fossile de Rabat - article ; n°1 ; vol.3, pg 74-88
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'âge de l'Homme fossile de Rabat - article ; n°1 ; vol.3, pg 74-88

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1942 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 74-88
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1942
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Neuville
Armand Ruhlmann
L'âge de l'Homme fossile de Rabat
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, IX° Série, tome 3, 1942. pp. 74-88.
Citer ce document / Cite this document :
Neuville René, Ruhlmann Armand. L'âge de l'Homme fossile de Rabat. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie
de Paris, IX° Série, tome 3, 1942. pp. 74-88.
doi : 10.3406/bmsap.1942.2786
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1942_num_3_1_2786L'AGE DE L'HOMME FOSSILE DE RABAT
par MM. René NEUVILLE et Armand RUHLMANN
Au cours de l'année 1933, des fragments d'un crâne humain
fossile, comprenant notamment la partie gauche du maxillaire et
la mandibule, furent découverts près de Rabat. Ces restes, mis au
jour par une mine de carrière, furent recueillis par M. Jean Mar-
çais, qui en signala à l'époque tout l'intérêt dans une note prél
iminaire (1).
Ces ossements avaient été trouvés dans une des carrières de
grès situées au quartier de Khébibat, gisement qui avait déjà
donné d'abondants restes fossiles de mammifères (2).
M. Marçais avait, alors, relevé la coupe suivante :
1° surface actuelle du sol : limon rouge ;
2° grès dunaire à Helix, contenant le crâne humain en ques
tion ;
3° « lumachelle lenticulaire faite de débris de mollusques mar
ins » ;
4° grès assez grossier, à coquilles marines ;
5° sol de la carrière au mois de février 1933.
Faute de données précises sur la stratigraphie du Quaternaire
marocain, M. Marçais avait dû se borner à considérer l'assise
gréseuse contenant le crâne humain comme simplement posté
rieure au cordon littoral que certains croyaient être, sur toute la
côte atlantique du Maroc, le même et unique vestige d'une seule
transgression quaternaire.
De son côté, M. D- Jaranoff, qui avait peu après étudié ce
même gisement, relevait la coupe suivante (3) :
8° terra rossa (couche 1 de M. Marçais) ;
7° « croûte calcaire très épaisse » (?) ;
(1) Marçais (J). Découverte de restes humains fossiles dans les grès quaternaires
de Rabat (Maroc). L'Anthropologie, t. XLIV, 1934, pp. 579-583.
(2) Cf. Arambourg (C). Mammifères fossiles du Maroc. Mémoires de la Société
des Sciences Naturelles du Maroc, t. XLVI, 1938, pp. 2 ss.
(3) Jaranoff (D.). L'évolution morphologique du Maroc atlantique pendant le
Pliocène et le Quaternaire. Revue de Géographie physique et de Géologie dynamique,
t. IX, 1936, p. 303 ; cf. également, mais dans un sens quelque peu divergent, Bour-
cart (J.). Résultats d'ensemble d'une étude du Quaternaire et du Pliocène marin
du littoral atlantique du Maroc et du Portugal. Comptes rendus du IVe Congrès des
Géographes et des Ethnographes slaves, Sofia, 1936, p. 63 ; Arambourg (G.), op. cit.,
p.3. ET RUHLMANN. L'HOMME FOSSILE DE RABAT 75 NEUVILLE
6° grès dunaire supérieur (couche 2 de M. Marçais) ;
5° lumachelle supérieure 3 de M. ;
4° ancienne surface d'abrasion à marmites d'érosion (ait. -(-
12 m.);
3° grès dunaire à croûte calcaire mince interstratifiée (couche 4
de M. Marçais ?) ;
2° grès dunaire inférieur ;
1° lumachelle inférieure, plongeant sous le niveau de la mer.
Cependant, au lieu de dater les restes humains d'après la s
équence géologique, M. Jaranoff estimait tout au contraire que
« cette trouvaille fournissait un document capital pour déterminer
l'âge de la seconde dune » (x), c'est-à-dire de l'assise contenant
les restes fossiles. Et il trouvait une confirmation de cette manière
de voir dans le fait que dans une coupe des environs de Témara
(10 km. au sud de Rabat) une terra rossa sous-jacente à cette
même « dune supérieure » lui avait fourni un silex moustié-
rien (2).
Le gisement de Khébibat n'ayant livré aucun outil préhisto
rique, et la faune malacologique de ses diverses formations mar
ines n'ayant aucunement été précisée, il était fort difficile de dire
à quelle phase du Quaternaire appartenait l'Homme de Rabat
(« Pleistocene moyen ou même ancien » d'après M. Marçais,
« Moustiérien » selon M. Jaranoff). A noter que les caractéris
tiques ostéologiques du crâne ne nous sont connues que dans
leurs grandes lignes : M. le Professeur Roule, à qui les fragments
avaient été confiés, n'a rien publié à leur sujet.
Etant récemment parvenus à établir une stratigraphie générale
du Quaternaire du Maroc atlantique (8), nous nous sommes ef
forcés de serrer de plus près la question de l'âge de l'Homme de
Rabat.
Les recherches effectuées au cours de ces derniers mois au g
isement de Khébibat nous ont d'abord permis de reconnaître la
séquence suivante (fig. 2 et 3) :
A. limons rouges, situés à l'altitude de + 16 m. : 0 m. 60 ;
B. grès dunaire, dégradé par endroits et entamé par des lapiès :2 m. 40.
C1. mince nappe d'argile rouge, se manifestant notamment par le
fait qu'elle a imprégné les deux bancs de grès qu'elle sépare
(Bet D) : 0m. 15 ;
(X plus près du rivage que le front de taille actuel, et semblant la-
(1) Jaranoff (D.), op. cit., p. 303.
(2) Ibid., p. 305.
(3) Neuville (R.) et Ruhlmann (A.). La place du Paléolithique ancien dans
le Quaternaire marocain, Casablanca, 1941. société d'anthropologie de paris 76
téral à la couche Cl : poudingue coquillier fluvio-marin, à gra
vier en roches allogènes et ciment argilo-sableux, contenant
les espèces malacologiques caractéristiques de l'étage marin
marocain de + 12-15 m. : 0 m. 40 ;
D. grande dune consolidée, d'où proviennent les restes de l'Homme
de Rabat : 4 m. 80 ;
E. lumachelle très compacte, à ciment calcaire, contenant la faune
typique de la plage marocaine de + 28-30 m. : 0 m. 70 ;
F. grès dunaire, contenant quelques coquilles marines : 1 m. 50 ;
G. lumachelle peu compacte, à ciment sablo-calcaire cristallisé,
dont la faune relativement froide indique l'étage marin maro
cain de + 50-60 m. : 0 m. 60 ;
H. grès marin : 2 m. 20 ;
I. lumachelle peu compacte, à ciment sablo-calcaire cristallisé,
contenant très sensiblement la même faune que la lumachelle G:
1 m. ;
J. grès, probablement dunaire, visible sur une épaisseur de 2 m.
et dont la base constitue la plate-forme actuelle d'abrasion, à la
hauteur du niveau moyen de l'Océan (ait. 0 m.).
Cette stratigraphie, simple de prime abord, ne se dégage net
tement, comme nous allons le voir, qu'après un examen minutieux
du terrain.
Fig 1. — Plan de la carrière de Khébibat.
La carrière de Khébibat qui nous occupe ici, creusée dans la
falaise gréseuse constituant le littoral actuel, s'étend parallèl
ement à la mer sur une longueur de quelque 300 mètres et une
largeur moyenne de 120 mètres. Avant même d'avoir été creusé
par les carriers, le site devait former, de toute évidence, une
sorte de petit bassin de réception, limité au Nord, à l'Est et au
Sud par des formations dunaires et ouvert à l'Ouest sur la mer NEUVILLE ET RUHLMANN. L'HOMME FOSSILE DE RABAT 77
(fig. 4). Sans doute faut-il attribuer l'origine de cette dépression
à la configuration dunaire, mais elle a dû être accentuée et mod
elée par l'écoulement des eaux de ruissellement, comme le t
émoigne entre autres le poudingue fluvio-marin C2.
En effet, alors que dans le front de taille actuel la lumachelle
G est recouverte par diverses formations, — l'une marine, les
autres continentales, mais parmi lesquelles ne figure pas le pou
dingue fluvio-marin (C2), — plus près du rivage cette lumac
helle G est surmontée par le dépôt fluvio-marin, de constitution
et de composition extrêmement différentes. La trace de cette der
nière formation, qui plus près de la mer est un dépôt d'estuaire,
ne se retrouve, à la plus grande altitude du front de taille actuel,
que sous forme de dépôt alluvial (Cl). Il semblerait donc que le
petit cours d'eau qui fut à l'origine du poudingue C2 ait raviné,
en se rapprochant du rivage, l'assise gréseuse D ; à sa rencont

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents