L'aide de la République fédérale aux pays en voie de développement - article ; n°3 ; vol.13, pg 321-338

Bruno Knall

Description

Revue économique - Année 1962 - Volume 13 - Numéro 3 - Pages 321-338
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1962
• Nombre de lectures: 20
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Bruno Knall
L'aide de la République fédérale aux pays en voie de
développement
In: Revue économique. Volume 13, n°3, 1962. pp. 321-338.
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Knall Bruno. L'aide de la République fédérale aux pays en voie de développement. In: Revue économique. Volume 13, n°3,
1962. pp. 321-338.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1962_num_13_3_407509L'AIDE DE LA REPUBLIQUE FEDERALE
AUX PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT
INTRODUCTION
A l'heure actuelle, le problème du sous-développement économique et
social est tellement débattu qu'il ne semble guère possible d'ajouter encore
quelque chose d'absolument nouveau. Pourtant, la notion même d'aide aux
pays en voie de développement risque de devenir un slogan qui prête à
malentendu. En fait d'aide aux pays dits sous-développés, précisons donc
d'abord nos pensées :
a) Dans le tiers monde, nous assistons aujourd'hui à une évolution
rapide et irréversible. Dans ces pays, des centaines de millions d'êtres
humains réalisent de plus en plus qu'ils n'ont aucune part à l'épanouisse
ment économique et social qui, dans le monde développé, paraît tout
naturel. Les pays en voie de développement reconnaissent parfaitement leur
« sous-développement » et ils savent que celui-ci est ni prédestiné ni inévi
table.
b) Si l'on aspire à la paix mondiale sur le plan économique et social,
cet état sous -développé des pays déshérités ne peut pas nous laisser indiffé
rents. D'où la nécessité impérieuse pour les pays déjà développés de venir
en aide à ceux qui en ont besoin. A cet effet, nous devrons mettre à
leur disposition nos connaissances, nos expériences, nos techniques, bref
nous devons les aider à la fois sur le plan technique et spirituel. En coopé
rant avec ces peuples, nous espérons réaliser en même temps une commun
auté de vie qui donnera son visage au monde, exerçant ainsi une influence
décisive sur notre propre avenir.
c) L'efficacité de l'aide aux pays sous-développés dépend de beaucoup
de choses. Très souvent ce n'est pas le montant absolu (exprimé en monn
aie) qui décide de cette efficacité. Ce qui compte, c'est donner rapidement
et sous une forme qui soit parfaitement adaptée aux besoins réels du pays
sous-développé en considération. Mais il y a plus : la coopération entre
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celui qui donne et celui qui reçoit doit se faire sur la base d'une véritable
« Partnerschaft », ce qui inclut par définition l'idée de l'égalité des droits
et des obligations. Des considérations de politique de puissance sont donc
incompatibles avec notre conception qui respecte le partenaire sur un pied
d'égalité. Le but final de l'aide économique et sociale aux pays en voie
de développement, c'est de les rendre capables de rompre le cercle vicieux
de la pauvreté et d'asseoir des structures économiques et sociales équi
librées.
La République fédérale allemande, qui vient de recouvrer sa santé éco
nomique, est placée toujours davantage devant sa responsabilité à l'égard
des pays sous-développés. Cependant, la prise de conscience en Allemagne
en ce qui concerne l'aide proprement dite est d'une date relativement
récente. Bien entendu, le nombre croissant des pays ayant acquis récem
ment l'indépendance (et qui sont souvent pleins de rancune à l'égard des
anciennes puissances coloniales) se révéla un facteur favorable pour l'All
emagne. Ainsi la République fédérale s'est assurée des positions intéres
santes sur les marchés neufs en augmentant ses échanges commerciaux avec
ces pays. Mais la fédérale est venue assez tardivement à l'aide
de- développement et à l'assistance technique. Aujourd'hui, il est générale
ment reconnu dans les milieux allemands responsables que la contribution
au de ces pays constitue une nécessité impérieuse.
/ Le but de ce travail est de donner une vue d'ensemble des institutions
et des activités en Allemagne fédérale dans le domaine de ce qui est
devenu une préoccupation majeure sur l'échiquier mondial : les pays en
développement. Dans la République fédérale, comme partout d'ailleurs,
l'aide aux pays sous-développés est le résultat des efforts privés et publics.
Bien qu'il soit parfois difficile de tracer exactement une ligne de démarc
ation entre l'aide privée et publique, nous allons essayer d'analyser ces
deux entités séparément.
I. L'APPORT GOUVERNEMENTAL ALLEMAND
A L'AIDE AUX PAYS SOUS-DEVELOPPES
II est bien connu que l'aide aux pays en voie de développement peut
être bilatérale (c'est-à-dire conclue entre un Etat industrialisé et un pays
sous-développé) , régionale (accordée par un ou plusieurs pays industria- EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT 323 PAYS
lises pour une région déterminée, qui peut inclure plusieurs pays sous-
développés) et multilatérale (prestations accordées par un pays industrialisé
à des institutions internationales qui se chargent de les transmettre aux
pays de développement). Nous verrons plus loin la façon avec laquelle
ont été distribués les fonds selon les différents types d'aide. On peut dire
dès maintenant qu'en Allemagne l'aide régionale n'a pas été très import
ante, comparée aux aides bilatérale et multilatérale. Ce qui intéresse ici
c'est d'examiner les formes d'aide et le principe de base pour l'octroi de
cette aide.
A) Les différentes formes d'aide de développement
a) L'assistance technique. technique (prise au sens le plus large du mot) aux pays en
voie d'industrialisation paraît être la vocation d'une Allemagne hautement
industrialisée. Cette assistance peut revêtir différentes formes qui ont été
utilisées toutes dans le cadre de l'aide gouvernementale allemande :
— l'envoi des experts pour donner aux pays de développement les conseils
requis ;
— l'élaboration et la mise en œuvre de projets déterminés visant l'assaini
ssement de la structure économique et sociale dans ces pays ;
— la création de centres de formation de tout ordre et de projets-pilotes;
— la formation ou le perfectionnement de stagiaires et d'étudiants en Alle
magne.
Le bilan de l'assistance technique allemande, couvrant une période
allant de 1956 à 1961, peut être considéré comme encourageant si l'on con
sidère que c'était dans les plus récentes années seulement que cette assis
tance est devenue décisive (1). Pendant cette période ont été créés 75 centres
de formation (écoles artisanale, ateliers d'apprentissage, écoles commerci
ales, etc.), et 30 centres-modèles (fermes-modèles, projets-pilotes, etc.)
ont été établis ou sont en train d'être construits. 600 experts allemands
furent envoyés aux pays sous -développés et environ 5 000 stagiaires ont
terminé leur formation en Allemagne (à l'heure actuelle, plus de 10 000
1. L. Westrick, « L'aide allemande au développement des jeunes
Etats», Bulletin de l'Office de Presse et d'Information du Gouvernement
fédéral, Bonn, 1961, numéros 44 et 45, pp. 341 et suiv. — Nachrichten für
den Aussenhandel, Cologne, 1961, N° 292 (20 décembre) . 324 REVUE ÉCONOMIQUE
stagiaires reçoivent une formation technique). On compte aujourd'hui envi
ron 14 000 étudiants étrangers provenant des pays sous-développés, dans
nos Facultés et Ecoles Supérieures Techniques (dans la seule année univers
itaire 1960/61, plus de 800 bourses ont été accordées aux étudiants étran
gers). En 1956 et 1961, ont été achevés ou commencés environ 85 projets
déterminés (économie, transports, santé publique, etc.), dont 40
seuls furent commencés entre le milieu de I960 et octobre 1961 (d'autres
20 projets sont sur le point d'être commencés). Pour toutes les activités
d'assistance technique mentionnées ci-dessus, le gouvernement fédéral a
déboursé plus de 500 millions d