L Amérique latine et la Communauté économique européenne - article ; n°6 ; vol.17, pg 983-1007
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Description

Revue économique - Année 1966 - Volume 17 - Numéro 6 - Pages 983-1007
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Moran
L'Amérique latine et la Communauté économique européenne
In: Revue économique. Volume 17, n°6, 1966. pp. 983-1007.
Citer ce document / Cite this document :
Moran Pierre. L'Amérique latine et la Communauté économique européenne. In: Revue économique. Volume 17, n°6, 1966. pp.
983-1007.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1966_num_17_6_407740LATINE L'AMERIQUE
ET LA
COMMUNAUTE ECONOMIQUE EUROPEENNE*
Evolution récente de leurs échanges et perspectives
des régionalisations en cours
« Cette Europe n'est dirigée contre personne ; elle n'a aucun
dessein d'agression, aucun caractère égoïste ou impérialiste, ni dans
son sein ni à l'égard d'autres pays. Elle reste accessible à qui voudra
y adhérer. Elle a comme raison d'être la solidarité et la coopération
internationales, une organisation rationnelle du monde dont elle devra
constituer une partie essentielle. » Malgré le ton de sincérité de cette
déclaration de Robert Schuman, les délégués des pays d'Amérique
latine à la session du G.A.T.T., à Genève, en septembre 1957,
prirent assez violemment à partie les auteurs du traité de Rome,
et cela avant même que celui-ci fût en vigueur et que la Commission
fût nommée. En réponse, au printemps de 1958, les six pays de la
Communauté économique européenne crurent bon d'adresser un
mémorandum à tous les gouvernements latino-américains, afin de
leur faire connaître toute leur bonne volonté.
Il peut paraître étonnant que l'Amérique latine, dont on sait
qu'elle subit traditionnellement la domination anglo-saxonne, ait été
aussi préoccupée des incidences d'un marché commun réalisé en
Europe continentale. Cela peut se comprendre à condition de rappel
er quelques faits :
* Nous remercions vivement M. le professeur André Marchai de nous avoir
donné l'idée de ce travail, puis de tout l'intérêt qu'il a bien voulu y prendre
par la suite en nous conseillant et en nous faisant des suggestions dont nous
espérons avoir pu tirer tout le profit. Toute notre reconnaissance va également
à M. le professeur Luc Bourcier de Carbon qui a bien voulu lire le manuscrit
et nous faire part de nombreuses remarques et indications qui nous ont été très
précieuses. 984 REVUE ECONOMIQUE
1. Tout d'abord, le ralentissement très net du taux moyen de
croissance économique pour l'ensemble de l'Amérique latine depuis la
fin de la seconde guerre mondiale. Ce taux annuel a été de 3 % de
1945 à 1955, puis de 1,5 % de 1955 à 1960. Les premières années
d'après-guerre avaient été, pour l'Amérique latine, des années bénéf
iques, car les exportations étaient importantes et les termes de
l'échange favorables ; de plus, les ressources qu'elle avait pu accu
muler pendant les hostilités ont constitué un adjuvant précieux pour
la croissance économique.
2. Si les Etats-Unis absorbent encore un plus fort pourcentage
des exportations latino-américaines que les six pays du Marché
commun, c'est le dynamisme européen qui retient davantage l'atten
tion. Il concerne, en effet, des pays dont le revenu par tête, pour
élevé qu'il soit, laisse encore espérer, pour beaucoup de produits,
une marge de développement en raison de la valeur relativement forte
des élasticités par rapport au revenu ; cela contribue à faire du mar
ché des Six un marché de tout premier ordre. D'ailleurs, des éco
nomistes d'Amérique du Nord prévoient que, pour la période 1957-
1970, le taux annuel d'accroissement des importations des Etats-
Unis en provenance d'Amérique latine n'atteindra même pas 2 % 1.
Il en résulte que l'Europe est un marché d'avenir pour les pays
d'Amérique latine ; de plus, il y a tout lieu de penser que l'intégration
européenne doit accélérer la croissance des Six et que le reste du
monde doit bénéficier de l effet-revenu européen.
3. Ceci est d'autant plus intéressant pour l'Amérique latine que
la plupart des pays qui la composent ont des économies dont la
croissance est directement liée aux progrès du commerce extérieur.
On constate, par exemple, que le Brésil et le Pérou connurent les
taux de croissance les plus élevés lorsqu'ils augmentèrent le plus
leurs ventes à l'étranger et qu'inversement, les pays qui développèrent
le moins leurs exportations présentèrent des rythmes de croissance
plus lents. Malheureusement, les possibilités qu'offre une
ouverte pour un pays du tiers-monde semblent généralement assez
limitées. Rappelons simplement le phénomène de dégradation des
termes de l'échange: de 1950 à 1961, l'Amérique latine a perdu, de
ce seul fait, 10 milliards de dollars, ce qui a suffi à annihiler l'inc
idence des 9,6 de dollars d'apports de capitaux extérieurs.
Rappelons aussi que, selon les estimations de l'O.N.U., la demande
1. Etude pour la «National Planning Association» (1960). LATINE ET LA C.E.E. 985 L'AMERIQUE
des pays industriels ne se développera pas suffisamment d'ici à 1980
pour assurer au tiers-monde les recettes en devises nécessaires à la
couverture de ses dépenses de développement : en se plaçant dans
la meilleure hypothèse, cette demande n'augmentera que de 150 %
alors qu'elle devrait s'accroître de 250 % pour que l'objectif précité
puisse être atteint^. Ceci est à relier à la constatation que ce sont
les échanges de produits manufacturés qui se développent le plus et
qu'un pourcentage croissant du commerce mondial est désormais
représenté par les échanges entre pays industrialisés.
L'Amérique latine a donc des raisons d'être inquiète. Au surplus,
elle peut constater que sa position relative dans tes échanges inte
rnationaux se détériore: de 11,5% des exportations mondiales, en
1950, ses exportations passent à 9,3 '% en 1953, puis à 7 ■% en 1960
et à 6,5'% en 1962 3. Cela s'explique par le fait que la quasi-totalité
(90 :% ) de ses exportations porte sur des produits de base 4 et que
sa place traditionnelle sur les marchés de certains de ces produits
s'est restreinte par suite d'une baisse de sa production ou d'une
diminution du surplus exportable. En recourant à un examen par
pays, on doit constater la faiblesse structurelle des économies latino-
américaines ; une importante partie de leurs exportations dépend sou
vent d'un seul produit : le pétrole représente 90 % des recettes d'ex
portation du Venezuela, le cuivre procure au Chili 70 % de ses
recettes en devises, l'étain entre pour 60 % dans la valeur des export
ations de la Bolivie, tout comme les bananes pour l'Equateur ; six
pays réalisent plus de la moitié de leurs ventes avec le seul café.
Par ces caractéristiques, l'Amérique latine appartient bien au
tiers-monde, même si un auteur a pu constater qu'elle est « ambi
valente dans le conflit des riches et des pauvres, des blancs d'Eu
rope et des peuples de couleur, des anciens colonisateurs et des
anciens colonisés ». Nous pouvons ajouter que tout se passe vérita
blement comme si elle était un continent tiers, non partie, non associé.
Un diplomate a même écrit que « sur le marché mondial, c'est une
" clause du continent le moins favorisé " qui s'applique à l'Amérique
latine » 5. Certes, son indépendance juridique date de plus d'un siècle,
2. O.N.U., Economic Survey of Europe in I960, chap. V.
3. Le commerce et le développement économique. Actes de la Conférence des
Nations-Unies, Genève, 1964. Tome VI : « Expansion du commerce international
et groupements régionaux» (lre partie), Dunod, Paris, 1965, p. 417, tableau IV-13.
4. Seize produits seulement fournissent 80 % des recettes, cinq d'entre eux
(pétrole, café, sucre, coton, cuivre) 60%, les trois premiers plus de 50% et le
pétrole seul 35 %.
5. Alberto Galindo, « L'Amérique latine devant l'Europe des Six : une demeure
nouvelle et plus vaste », Tiers-Monde, juil.-sept. 1964, p. 387. 986 REVUE ECONOMIQUE
mais le « gros bâton » a très vite remplacé les insignes des royautés
espagnole et

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