L anthropologie des peuples primitifs, fouilles dans la grotte de Montesquieu (Ariège) - article ; n°1 ; vol.4, pg 476-486
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L'anthropologie des peuples primitifs, fouilles dans la grotte de Montesquieu (Ariège) - article ; n°1 ; vol.4, pg 476-486

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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1869 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 476-486
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1869
Nombre de lectures 10
Langue Français

Extrait

Félix Regnault
L'anthropologie des peuples primitifs, fouilles dans la grotte de
Montesquieu (Ariège)
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 4, 1869. pp. 476-486.
Citer ce document / Cite this document :
Regnault Félix. L'anthropologie des peuples primitifs, fouilles dans la grotte de Montesquieu (Ariège). In: Bulletins de la Société
d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 4, 1869. pp. 476-486.
doi : 10.3406/bmsap.1869.4380
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1869_num_4_1_4380séance du 17 juin 1869. 476
L'anthropophagie des peuples primitifs.
Fouilles dans la grotte de Montesquieu (Ariége) ;
PAR M. REGNAULT.
Parmi les questions qui ont attiré l'attention du Congrès
d'anthropologie, il en est une, l'anthropophagie, qui a été
dans ces dernières années l'objet de laborieuses recher
ches, et nous pouvons espérer de la voir bientôt complète
ment élucidée.
L'anthropophagie paraît avoir régné de tout temps chez
les peuples barbares. Sans parler des horribles festins de
Tantale, de Lycaon, de Thyeste, si célèbres dans la fable,
sans parler de Polyphème et des Lestrygons qui, suivant
Homère, dévorèrent les compagnons d'Ulysse; les Scythes,
les Ethiopiens, les Germains, les Celtes, les Carthaginois
furent anthropophages , au dire de Strabonet de Pline. Sui
vant Hérodote, certains peuples de l'Inde pratiquaient cette
coutume.
Galien rapporte qu'au temps de l'empereur Commode,
certains Romains allèrent par raffinement de gourmandise
jusqu'à goûter de la chair humaine1. Lors de la découverte
de l'Amérique, on trouva l'anthropophagie chez les Ca
raïbes des Antilles, chez d'autres peuples du nouveau con
tinent.
« De nos jours encore, elle règne chez quelques peu
plades de l'Amérique du Nord, dans le centre de l'Afrique,
surtout chez les Jaguas; en Asie, dans les îles de la Sonde,
à Sumatra, Taïti, chez les Battas, dans l'Australie, la Nou
velle-Zélande, les îles de la Polynésie2.
« On a souvent débattu, affirmé ou nié l'existence de
* Bachelet, Diet, des sciences morales et politiques.
* ibid. L* — SDR 477 REGNAULT. ANTHROPOPHAGIE»
l'anthropophagie parmi les peuples de cette zone (côtes de
Guinée) ; le doute n'est plus admissible à cet égard...
« Le fait est que, s'ils ne s'adonnent pas quotidiennement
à cette horrible coutume, comme le faisaient certainement
leurs ancêtres, ils la pratiquent encore chaque fois que superstitions leur en font une loi. »
Ont-ils à célébrer quelque grand anniversaire funèbre,
il leur faut une victime, humaine pour écarter le mauvais
esprit... Veulent-ils fonder un nouveau village, il leur faut
une victime humaine à sacrifier aux fétiches. S'ils n'ont pas
de condamné dans leur tribu, ils en achètent un dans le
voisinage, et quand le jour fixé pour la cérémonie est
arrivé, ils enivrent le malheureux avec du vin de palme,
puis on le conduit au son du tam-tam au lieu choisi pour
le sacrifice. Après avoir cruellement torturé la victime,
« le captif enfin décapité , son cadavre est ouvert , et
dans les viscères palpitants les féticheros viennent, comme
les anciens aruspices, tirer les augures et interroger les
dieux. Puis le cœur, le foie, les entrailles de la victime
humaine, jetés pêle-mêle dans une grande chaudière avec
une poule, un chevreau et du poisson fétiche, forment le
menu d'un festin auquel tous les assistants doivent prendre
part, sous peine de mort inévitable dans le courant de
l'année. »
Ainsi, à 3 000 et 4 000 lieues d'intervalle, les rites san
glants des nègres de Guinée rappellent dans leurs affreux
détails les homicides sacrés des Gonds et des Garrons de
l'Inde, des Battas de Sumatra et des noirs Arfakis de la
Papouasie ; et ces hideuses épaves ethnologiques, à défaut
de traditions perdues, semblent indiquer entre tous ces
rameaux attardés de l'humanité une fraternité d'origine
qui remonte, sans doute, aussi loin dans les siècles que les
Bakchas des épopées sanscrites et que les Daysions des
Védas. séance pu 17 juin 1869. 478
Ces détails curieux des mœurs actuelles de quelques peu
plades de l'Afrique sont extraits du Niger et les explorations
de l'Afrique centrale depuis Mungo-Park jusqu'au docteur
Barth, p. 440 à 143.
Dans l'île de Taïti, les hécatombes de prisonniers étaient
suivies de repas cannibalesques. « Après avoir immolé les
prisonniers, l'honneur de manger leur œil était réservé
au roi, et le premier nom de la reine Pom are (Aïmata, je
mange l'œil), était un reflet du triste privilège auquel lui
donnait droit sa naissance *. »
M. Barthélémy Saint-Hilaire nous donne les détails les
plus précis sur l'anthropophagie pratiquée parles Kaoudes.
En 1836, c'était par centaines qu'il fallait compter les vic
times immolées, et cette horrible coutume, qui remonte aux
temps les plus reculés, se perpétuerait encore, si les Ang
lais, qui ont ces peuples barbares sous leur domination,
ne s'efforçaient par des lois sévères de faire disparaître ces
coutumes horribles. Leur déesse Berra ne recevait que des
sacrifices humains. La victime (méria), désignée d'avance,
était vénérée et respectée. Si le méria était marié, tous ses
enfants à un certain âge devaient suivre son sort. A l'épo
que de la fête de la déesse, qui durait trois jours, les mérias
étaient étouffés dans le sang d'un porc, les cadavres divisés distribués pour être mangés dans chaque tribu, ou
bien ils étaient rôtis avec le plus grand raffinement de
cruauté. Le supplice variait selon les tribus. Ces détails
sont récents, ils datent, je crois, du mois d'août 1867 8.
L'anthropophagie, comme nous le voyons, a été com
mune à tous les peuples à l'état de barbarie. Malgré les
efforts de quelques écrivains pour justifier les hommes du
1 Congrès international d'anthropologie. Compte rendu de la deuxième
sessiqn 1867, p. 16t.
2 Cours du docteur Joly, professeur à la Faculté des sciences de Toul
ouse. L* — SUR $79 REGNAI}!^. ANTHROPOPHAGIE.
reproche de manger leurs semblables, fait qui ne s'observe
dans le règne animal que dans quelques espèpes rares, U
n'en est-pas moins certain que notre espèce semble mont
rer un goût naturel pour l'anthropophagie.
Il n'est pas de notre tâche d'examiner comment a pu se
perpétuer, chez quelques peuplades, l'horrible coutume de
dévorer leurs semblables ; la privation d'aliments est sans
contredit; une des causes principales. Je citerai comme
exemple les Arabes, peuple qui a joui des bienfaits de la
civilisation et que la famine a poussé à la nécessité de se
nourrir de chair humaine. Je cite un extrait de VAkhbar
d'Alger (n° 4652, 5 mai 1868), qui s'exprime ainsi :
« Les cas d'anthropophagie se multiplient par la conta
gion de l'exemple. C'est la folie de la faim, folie réelle, car
il n'y a pas une impossibilité assez absolue de se procurer
d'autres aliments pour qu'on puisse expliquer autrement
les scènes de cannibalisme qui arrivent chaque jour p. notre
connaissance, sans compter ceux qu'on ignore. Sept mères
ont égorgé un de leurs enfants pour en nourrir leur fa
mille. »
C'est à la philosophie, à rechercher sous quelle influence
cette coutume devra disparaître ; il est un fait que nous
voulions établir , c'est que l'anthropophagie date des temps
historiques les plus reculés et se produit encore de nos
jours.
L'homme primitif contemporain des grandes espèces
(ours des cavernes, le mammouth, le renne, le rhinocéros
à toison, le grand tigre, etc.) a dû d'abord pourvoir à ses
besoins les plus pressants, chercher à apaiser sa faim. La
chair des animaux devait lui offrir une nourriture salutaire
et agréable. Mais une fois l'animal tué par la flèche ou par
la lance, les chasseurs devaient diviser l'animal avant de le
manger ; la peau leur -offrait une précieuse ressource pour SÉANCE DU 17 JUIN 1869. 480
les vêtements. Les os de cesanimaux tués, puis dépecés, ont
incontestablement subi

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