L'anthropologie, la recherche et l'intervention sur le sida en Afrique. Enjeux méthodologiques d'une rencontre - article ; n°2 ; vol.13, pg 5-27

Laurent Vidal

Description

Sciences sociales et santé - Année 1995 - Volume 13 - Numéro 2 - Pages 5-27
El antropólogo, la investigación y la intervención en contra del sida en Africa. Problemas metodológicos de un encuentro
En la investigación sobre el sida en Africa, las ciencias biomédicas y las instituciones internationales requieren análisis antropológicos sin por lo tanto asumir siempre sus bases metodológicas. Las encuestas CACP son características de un conjunto de interrogaciones de naturaleza antropológica, basadas en una conceptualización de prácticas y representaciones y por un enfoque metodológico que no concuerdan con una perspectiva antropológica. Los cuestionarios y los resultados de las encuestas CACP ilustran la dificultad de la contribución de la antropología a los estudios socio-comportamentales. Obligan a redefinir la oposición «cuantitativo / cualitativo» asi como los marcos conceptuales dentro de los cuales puede desarrollarse una colaboración entre instituciones de financiamiento (tipo OMS), ciencias sociales y medicas. Conviene imponer una ética global que confronte las dimensiones personales y organizacionales, las de la investigación y de la intervención, frente a los cuestionamientos epistemológicos provocados por el trastorno de la relación del antropólogo a su tema de estudio (la enferrnedad, la sexualidad).
Medical research and international funding agencies request anthropological analysis on AIDS in Africa without assuming their methodological basis. KAPB surveys contain a set of anthropological questions underlied by phenomena conceptualization and methodological approach which do not correspond to an anthropological point of view. KAPB survey's questionnaire and results show how difficult is the contribution of anthropology to behavioural research. Conceptual framework of the collaboration and opposition between «quantitative» and «qualitative» informations must be modified. The need of a global ethics — in its individual and organisational dimensions, and also in its specificity in scientific research or intervention — proceeds from the epistemological questions generate by the new kind of relations between the anthropologist and his studies object (illness, sexual behaviour).
Résumé. Dans la recherche sur le sida en Afrique, les sciences biomédicales et les institutions internationales sollicitent des analyses anthropologiques sans toujours en assumer les fondements méthodologiques. Les enquêtes CACP sont caractéristiques d'un ensemble d'interrogations de nature anthropologique, sous-tendues par une conceptualisation de pratiques et de représentations et par une démarche méthodologique qui ne s'accordent pas avec une perspective anthropologique. Les questionnaires et les résultats des enquêtes CACP témoignent du difficile apport de l'anthropologie aux études « socio-comportementales » et obligent à redéfinir l'opposition « quantitatif » / « qualitatif » et surtout les cadres conceptuels dans lesquels peut s'inscrire une collaboration entre institutions de financement (type OMS), sciences sociales et médicales. Une éthique globale — confrontant les dimensions personnelles et organisationnelles, celles propres à la recherche et à l'intervention — est à imposer face aux remises en question épistémolo- giques engendrées par le bouleversement de la relation de l'anthropologue à son sujet d'étude (la maladie, la sexualité).
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: SCIENCES_SOCIALES_ET_SANTE4
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 17
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Laurent Vidal
L'anthropologie, la recherche et l'intervention sur le sida en
Afrique. Enjeux méthodologiques d'une rencontre
In: Sciences sociales et santé. Volume 13, n°2, 1995. pp. 5-27.
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Vidal Laurent. L'anthropologie, la recherche et l'intervention sur le sida en Afrique. Enjeux méthodologiques d'une rencontre. In:
Sciences sociales et santé. Volume 13, n°2, 1995. pp. 5-27.
doi : 10.3406/sosan.1995.1324
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_1995_num_13_2_1324Resumen
El antropólogo, la investigación y la intervención en contra del sida en Africa. Problemas metodológicos
de un encuentro
En la investigación sobre el sida en Africa, las ciencias biomédicas y las instituciones internationales
requieren análisis antropológicos sin por lo tanto asumir siempre sus bases metodológicas. Las
encuestas CACP son características de un conjunto de interrogaciones de naturaleza antropológica,
basadas en una conceptualización de prácticas y representaciones y por un enfoque metodológico que
no concuerdan con una perspectiva antropológica. Los cuestionarios y los resultados de las encuestas
CACP ilustran la dificultad de la contribución de la antropología a los estudios socio-comportamentales.
Obligan a redefinir la oposición «cuantitativo / cualitativo» asi como los marcos conceptuales dentro de
los cuales puede desarrollarse una colaboración entre instituciones de financiamiento (tipo OMS),
ciencias sociales y medicas. Conviene imponer una ética global que confronte las dimensiones
personales y organizacionales, las de la investigación y de la intervención, frente a los
cuestionamientos epistemológicos provocados por el trastorno de la relación del antropólogo a su tema
de estudio (la enferrnedad, la sexualidad).
Abstract
Medical research and international funding agencies request anthropological analysis on AIDS in Africa
without assuming their methodological basis. KAPB surveys contain a set of anthropological questions
underlied by phenomena conceptualization and methodological approach which do not correspond to
an anthropological point of view. KAPB survey's questionnaire and results show how difficult is the
contribution of anthropology to behavioural research. Conceptual framework of the collaboration and
opposition between «quantitative» and «qualitative» informations must be modified. The need of a
global ethics — in its individual and organisational dimensions, and also in its specificity in scientific
research or intervention — proceeds from the epistemological questions generate by the new kind of
relations between the anthropologist and his studies object (illness, sexual behaviour).
Résumé
Résumé. Dans la recherche sur le sida en Afrique, les sciences biomédicales et les institutions
internationales sollicitent des analyses anthropologiques sans toujours en assumer les fondements
méthodologiques. Les enquêtes CACP sont caractéristiques d'un ensemble d'interrogations de nature
anthropologique, sous-tendues par une conceptualisation de pratiques et de représentations et par une
démarche méthodologique qui ne s'accordent pas avec une perspective anthropologique. Les
questionnaires et les résultats des enquêtes CACP témoignent du difficile apport de l'anthropologie aux
études « socio-comportementales » et obligent à redéfinir l'opposition « quantitatif » / « qualitatif » et
surtout les cadres conceptuels dans lesquels peut s'inscrire une collaboration entre institutions de
financement (type OMS), sciences sociales et médicales. Une éthique globale — confrontant les
dimensions personnelles et organisationnelles, celles propres à la recherche et à l'intervention — est à
imposer face aux remises en question épistémolo- giques engendrées par le bouleversement de la
relation de l'anthropologue à son sujet d'étude (la maladie, la sexualité).s
Sciences Sociales et Santé, Vol. 13, n° 2, juin 1995
L'anthropologie, la recherche
et l'intervention sur le sida en Afrique.
Enjeux méthodologiques
d'une rencontre
Laurent Vidal*
Résumé. Dans la recherche sur le sida en Afrique, les sciences biomédic
ales et les institutions internationales sollicitent des analyses
anthropologiques sans toujours en assumer les fondements méthodolog
iques. Les enquêtes CACP sont caractéristiques d'un ensemble
d'interrogations de nature anthropologique, sous-tendues par une concep-
tualisation de pratiques et de représentations et par une démarche
méthodologique qui ne s'accordent pas avec une perspective anthropolo
gique. Les questionnaires et les résultats des enquêtes CACP témoignent
du difficile apport de l'anthropologie aux études «socio-comportement
ales » et obligent à redéfinir l'opposition «quantitatif» / «qualitatif» et
surtout les cadres conceptuels dans lesquels peut s'inscrire une collabo
ration entre institutions de financement (type OMS), sciences sociales et
médicales. Une éthique globale — confrontant les dimensions person
nelles et organisationnelles, celles propres à la recherche et à
* Laurent Vidal, anthropologue, ORSTOM, Département Santé, 210, rue Lafayette,
75480 Paris Cedex 10 ; Institut Santé-Développement, ORSTOM, 15-21, rue de
l'Ecole de Médecine, 75005 Paris.
Une première version de ce texte a servi de support à une communication lors des 3es
Journées de l'APAD (Association euro-africaine pour l'Anthropologie du Changement
social et du Développement), tenues à Bamako du 14 au 17 février 1994. LAURENT VIDAL
l'intervention — est à imposer face aux remises en question épistémolo-
giques engendrées par le bouleversement de la relation de
l'anthropologue à son sujet d'étude (la maladie, la sexualité).
Le sida entre médecine et anthropologie :
introduction à une difficile rencontre
L'analyse des fondements et des implications politiques du sida en
Afrique a mobilisé des anthropologues (Dozon et al, 1989 ; Seidel, 1993)
et des médecins (au premier rang desquels J. Mann, ancien responsable du
Programme global sur le sida de l'OMS ; 1993) qui se rejoignent
pour désigner les obstacles politiques à une prévention et une prise en
charge efficaces de la maladie : reconnaissance tardive de l'épidémie par
les Etats en réaction au discours stigmatisant des pays du Nord, faible dis
ponibilité de moyens financiers et non respect des droits de la personne.
Cette concordance des interprétations de la médecine et des sciences
sociales sur les lacunes de l'intervention des responsables politiques afr
icains dans la lutte contre le sida ne débouche toutefois pas sur une mise
en pratique aisée d'activités de recherche pluridisciplinaires, susceptibles
de répondre aux questions — notamment d'ordre politique — posées par
le développement de l'épidémie. Sur ce point essentiel de la réflexion sur
le sida, que l'on peut généraliser à l'ensemble des problèmes sanitaires
rapprochant anthropologues et médecins, J.-L. Jamard (1989-90) pose le
constat de l'existence d' «urgences indiscutables qui, plus d'une fois néan
moins, et c'est fâcheux, induisent à reléguer au second plan, voire sous le
boisseau — délibérément ou non — les complexes causalités imputables
aux systèmes de santé vernaculaires» en mesure d'expliquer
«quelques faillites de ces recherches appliquées», et admet que «c'est
dans la pluridisciplinarité et sa difficile distribution des rôles que s'éta
blissent les «anthropologies scientifiques» (pp. 46-47). C'est de cette
nécessaire et parfois impossible pluridisciplinarité — dans le sens où les
obstacles épistémologiques, méthodologiques et éthiques en découragent
la réalisation — que nous souhaiterions débattre, à partir du cas exemp
laire de l'approche du sida en Afrique.
Avant de présenter ces obstacles plus en détail, il convient dans un
premier temps de se pencher sur les principaux éléments du problème de
la collaboration entre médecins et anthropologues. Une première interro- ANTHROPOLOGIE ET SIDA 7
gation s'impose : la sollicitation par les sciences biomédicales n'est — elle
pas fondée — pour reprendre un terme d'épidémiologie — sur un «biais»,
fruit d'un malentendu ? En effet, face à l'«urgence» — qui a maintenant
plus d'une décennie — constituée par la progression du sida, la médecine