L école en Afrique du Sud : entre apartheid et mondialisation - article ; n°159 ; vol.40, pg 597-623
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Description

Tiers-Monde - Année 1999 - Volume 40 - Numéro 159 - Pages 597-623
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Carpentier
L'école en Afrique du Sud : entre apartheid et mondialisation
In: Tiers-Monde. 1999, tome 40 n°159. pp. 597-623.
Citer ce document / Cite this document :
Carpentier Claude. L'école en Afrique du Sud : entre apartheid et mondialisation. In: Tiers-Monde. 1999, tome 40 n°159. pp.
597-623.
doi : 10.3406/tiers.1999.5328
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1999_num_40_159_5328L'ÉCOLE EN AFRIQUE DU SUD:
ENTRE APARTHEID ET MONDIALISATION
par Claude Carpentier*
L'héritage de l'apartheid, dans le domaine de l'enseignement comme en d'autres,
est lourd à porter. Les inégalités d'accès à l'éducation, à tous les niveaux, reposaient
sur une discrimination raciale explicite. Le changement politique de 1994 laissait
envisager la mise en place de réformes radicales au prix d'efforts considérables. Mais
la politique d'austérité budgétaire risque de compromettre gravement la réduction des
inégalités en favorisant, dans le domaine de l'enseignement, l'introduction des règles
du marché caractéristiques d'un environnement économique dominé par le
capitalisme mondial. Si la discrimination raciale a été abolie en tant que telle, ne se
maintient-elle pas sous la forme de disparités considérables d'accès aux ressources, y
compris éducatives, entre classes sociales ? il y a donc lieu de redouter les effets
politiques et sociaux de tant d'espoirs déçus dans une large majorité de la population,
par ailleurs la plus démunie.
Les élections de 1994 ont marqué l'entrée de l'Afrique du Sud dans
une ère nouvelle. Ce processus était porté par l'immense espoir, chez
les victimes de l'apartheid, de voir enfin s'esquisser la perspective
d'une société attachée à la réduction des inégalités. Bien qu'on
manque de recul historique, il n'est pas sans intérêt de se pencher sur
le sens des transformations engagées. Après un bilan de l'héritage de
l'apartheid dans le domaine de l'instruction et de la formation, nous
tenterons de déterminer si les nouvelles orientations vont dans le sens
d'une réduction des inégalités, dans un contexte économique qui est
celui de la « mondialisation ». L'analyse proposée porte sur quelques
domaines sensibles tels que la prise en charge éducative de la petite
enfance, l'instruction et la formation de base des adultes, l'application
effective de l'obligation scolaire...
* Professeur en sciences de l'éducation à l'Université de Picardie Jules Verne.
Revue Tiers Monde, t. XL, n° 159, juillet-septembre 1999 598 Claude Carpentier
1 / l'héritage de l'apartheid
École et scolarisation
Le système scolaire sous l'apartheid avait pour fondement les caté
gories de race et d'ethnie, qui constituaient également les bases de
l'économie politique et de l'idéologie du régime qui a exercé son pou
voir en Afrique du Sud pendant plusieurs décennies. Les dispositions
législatives contenues dans la Loi sur l'éducation bantoue de 1953, la
Loi universitaire de 1959, la Loi sur l'enseignement pour Métis
de 1963, celle relative aux Indiens de 1965 et la Loi sur l'enseignement
national de 1967 faisaient de l'enseignement réservé aux Noirs
l'instrument de leur domination politique, économique et sociale.
Avant même l'apartheid, depuis la première école pour esclaves
en 1658 et pendant toute la période coloniale, l'enseignement était
voué à maintenir la population noire dans une position subalterne,
dans le cadre d'une division du travail racialement structurée.
L'enseignement formel en Afrique du Sud comme ailleurs plonge ses
racines dans les formes missionnaires et coloniales. Dans les années
cinquante, Verwoerd introduisit le célèbre système de l'éducation
bantoue qui retirait au contrôle des missions l'enseignement des Noirs
et le plaçait sous la suprématie d'un État dans les mains des Blancs en
vue de l'application de la politique d'apartheid.
Le développement de l'enseignement primaire, secondaire et supé
rieur pour les Noirs, dans les années 60 et 70, s'est réalisé dans le
contexte de la politique de développement des bantoustans en vertu de
laquelle les aspirations politiques des Africains devaient être réorien
tées vers des homelands artificiels, non viables du point de vue écono
mique. Dans ce contexte, le financement de l'enseignement comportait
des disparités importantes selon qu'il s'agissait d'enfants régis par une
administration scolaire blanche, indienne, métisse ou africaine dans les
différents bantoustans. La domination politique et économique dont
les Noirs furent les principales victimes a abouti au développement
d'une résistance massive de la part de la jeunesse, dans les années 80,
qui est à l'origine de tentatives infructueuses de réformer le système :
en premier lieu le rapport de la Commission Lange publié en 1981 et
qui fut attaqué ; puis l'annonce en 1986 par F. De Klerk, alors
ministre de l'Éducation nationale, d'un plan de dix ans pour financer
une amélioration de l'enseignement dispensé aux Noirs. Quelques
années plus tard, en 1989, il reconnaissait l'échec de ce plan en raison L'école en Afrique du Sud 599
d'une économie engourdie et incapable de rassembler les ressources
indispensables pour faire face à la hausse des effectifs. Devant ces dif
ficultés ou cette mauvaise volonté à scolariser les enfants noirs se déve
loppèrent, en Afrique du Sud, des initiatives privées. Ces écoles privées
ouvrirent leurs portes à un nombre croissant d'enfants noirs, mais le
coût prohibitif des frais de scolarité a réservé ce type de scolarisation
aux plus aisés. Dans les années 80, des écoles alternatives, dont les
droits d'inscription et les « standards » étaient aussi variables que leur
capacité à se maintenir, se sont multipliées comme des champignons
pour absorber un nombre croissant d'enfants. La pression pour obte
nir l'ouverture des écoles blanches se développa dans les grandes villes
comme Le Cap et Johannesburg en 1989 dans le cadre de la « cam
pagne de défiance ». En 1990, les écoles blanches furent autorisées à
recevoir des élèves noirs sous certaines conditions, notamment celle de au moins 51 % de Blancs et de maintenir l'ethos et le carac
tère de l'école.
Dans les écoles noires, sous l'apartheid, l'enseignement se faisait
avec un minimum de ressources, des locaux en nombre insuffisant,
un personnel mal formé et trop peu nombreux, un matériel
pédagogique de faible qualité. A ces tares venaient s'ajouter des
carences pédagogiques considérables : l'apprentissage par cœur, des
pratiques et un encadrement autoritaires, des pro
grammes inspirés par le racisme, le sexisme et des procédures
d'évaluation démodées.
Disparités des dépenses
Les établissements, dont le financement variait selon la race,
avaient été fragmentés en 19 départements d'éducation. En 1986, les
crédits alloués par tête dans les écoles du département d'enseignement
et de formation pour Blancs s'élevaient à 2 365 rands et à 572 rands
pour les Noirs. Dans les homelands, ces crédits étaient encore plus fai
bles (262 rands au Kwa Zulu-Natal). Entre 1985 et 1992, il y a bien eu
une augmentation du montant des dépenses par élève mais le mouve
ment de réduction des inégalités est resté fort limité puisqu'en 1992 les
élèves blancs recevaient quatre fois plus d'argent public que les élèves
noirs et qu'en 1993 la dépense moyenne était de 4 700 rands pour les
Blancs et de 1 440 rands pour les Noirs, selon les données recueillies
par Chisholm et Motala. En 1994, on relève des écarts extrêmes entre
certaines écoles « blanches » aisées qui peuvent dépenser 5 403 rands
par élève et certaines écoles du Transkeï, qui ne disposent que de 600 Claude Carp entier
1 045 rands. La situation actuelle reste caractérisée par des écarts
importants d'une région à l'autre (tableau 1).
Tableau 1. — Dépenses en ronds par élève
et par province (1995-1996 et 1996-1997)
1995-1996 1996-1997
1 East

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