L édition parisienne au XVIIe siècle : quelques aspects économiques - article ; n°3 ; vol.7, pg 303-318
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1952 - Volume 7 - Numéro 3 - Pages 303-318
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri-Jean Martin
L'édition parisienne au XVIIe siècle : quelques aspects
économiques
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 7e année, N. 3, 1952. pp. 303-318.
Citer ce document / Cite this document :
Martin Henri-Jean. L'édition parisienne au XVIIe siècle : quelques aspects économiques. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 7e année, N. 3, 1952. pp. 303-318.
doi : 10.3406/ahess.1952.2079
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1952_num_7_3_2079PARISIENNE AU XVïïe SIÈCLE L'ÉDITION
QUELQUES ASPECTS ÉCONOMIQUES1
Une constatation frappe dès l'abord : entre les grandes dynasties de
libraires du xvie siècle et celles du xvne, il existe une coupure très nette.
Les noms mêmes des grands éditeurs ont changé ; les Guerres de Religion
sont passées par là. Non pas tant que les troubles économiques de la seconde
partie du xvie siècle aient fait disparaître les grandes entreprises ; mais,
entre les partis politiques et religieux, les libraires ont dû opter. Ceux qui sont'
se rangés dans le camp de la Réforme n'ont eu qu'à fermer boutique et à
partir pour l'étranger, tandis que leurs biens étaient saisis. Le cas des Estienne
et des De Tournes, qui durent s'établir à Genève, ne fut pas isolé. De grands
imprimeurs parisiens, qui se rangèrent dans le parti du roi, furent contraints
eux-mêmes de quitter pour un temps la capitale, et de se réfugier en pro
vince ; ils travaillèrent sur un matériel de fortune. En fait, les seuls libraires
parisiens qui purent poursuivre leurs affaires à peu près librement durant
cette époque, furent ceux qui se rangèrent dans le parti de la Ligue.
1. [Les Annales publient avec plaisir V article solide et substantiel qu'on ça lire. Leur caractère
même de revue générale — et préoccupée de coopération entre disciplines — leur interdit de multiplier
les travaux intéressant un même secteur de la recherche. Mais non de s'intéresser aux recherches
indicatives, si je puis dire — aux recherches qui en suggèrent d'autres. Et c'est le cas aujourd'hui
pour l'article de M. H.-J. Martin.
L'histoire du Livre, terra incognita. Non que fassent défaut les travaux d'érudition, dignes
de tout éloge. Et, par exemple pour les XVe et XVIe siècles (dont M. Martin n'avait point à s'occuper),
outre le vieux et précieux Maittaire qui nous a conservé toute une série de catalogues des grandes
firmes du temps, la monumentale Histoire de V Imprimerie de Claudin — et cette mine de rense
ignements de toule nature qui s'appelle le Baudrier. Mais l'exploitation de ces richesses n'est pas
faite par les historiens. L'histoire de l'Imprimerie n'est que trop rarement intégrée à l'histoire génér
ale. Des historiens « littéraires » peuvent encore disserter à longueur de journée sur leurs auteurs
sans se poser les mille problèmes de l'impression, de la publication, de la rémunération, du tirage,
de la clandestinité, etc.. qui feraient descendre leurs travaux du ciel sur la terre. Des historiens
économiques peuvent toujours ne prêter qu'une attention distraite à une industrie créée de toutes
pièces, sans tradition, à une époque où le grand capital se forme et commence à intervenir avec force
dans la vie des sociétés humaines : industrie spécifiquement capitaliste par tant de ses aspects — et
qui pose des problèmes de financement, de paiement, de transfert, de salaires aussi, des plus compli
qués et des plus intéressants. Même chose, s'agissant des historiens de la religion, de la morale ou
de la politique. Ils sont tous sans excuse, puisqu'il y a déjà de bons recueils de textes et que, par
ailleurs, les documents inédits abondent. Voilà des années que je m'en suis préoccupé. Que j'ai
professé des cours ď initiation (à Strasbourg notamment) ou des cours de recherche (à Paris, au
Collège) sur tous ces problèmes d'intérêt capital. Avec peu de succès, je dois le dire. Le travail d'éru
dition continue à se faire — mais le travail d'histoire à s'étayer smr lui et à partir de lui : non pas.
Et c'est grande pitié. Un article comme celui que nous publions porte ses leçons en lui-même. Il ne
dit pas tout. Bien sûr. Il en dit assez pour réveiller les dormeurs, s'ils le veulent bien. C'est le but
même des Annales. — L. F.] 304 ANNALES
De là, l'ascension prodigieuse d'une famille de libraires, les Nivelle,
éditeurs attitrés de la Sainte-Union et des Jésuites, dont les héritiers réus
sirent, au début du xvne siècle, à racheter plusieurs des grandes entreprises
parisiennes, et à monopoliser durant un demi-siècle une grande partie du
trafic du livre parisien. Ces héritiers des Nivelle, ce sont les Ghappelet (qui
rachetèrent la fameuse entreprise des Kerver), les Buon, et surtout les
Cramoisy, petits-fils de Sébastien Nivelle : l'un d'entre eux, Claude, dirigea
l'ancienne entreprise des Langelier, tandis que son frère, Sébastien, prenant
la succession de son grand-père à la tête de la maison d'édition familiale,
fait figure de chef de file et édite à lui seul le dixième des livres publiés à
Paris. Pas d'année qu'il ne fasse paraître plus de trente éditions différentes
— et grâce aux compagnies de libraires qu'il dirige, il a la main sur une grande
partie de l'édition parisienne. Plus tard, après la ruine des Cřamoisy, un
autre grand libraire, Frédéric Léonard, ancien apprenti des Plantin Moretus
et soutenu par le pouvoir royal, obtiendra dès monopoles analogues1.
Si un groupe de libraires a pu réaliser entre ses mains une pareille concent
ration, c'est que le régime de l'édition est, dans la première partie du
xvne siècle, celui du monopole : peu à peu, le roi a pris l'habitude d'accorder
des privilèges exclusifs non seulement pour des livres paraissant /pour la
première fois, mais aussi pour des livres déjà édités, correspondant à ce que
nous appellerions des livres «tombés dans le domaine public». Les plus
célèbres de ces monopoles furent celui dont bénéficia, à partir de 1571, le
libraire Kerver, puis la Compagnie des Usages, pour l'édition des livres de
liturgie réformés selon les décisions du concile de Trente — et celui qu'obtint
la Compagnie du Navire, détentrice (à partir de 1582) du monopole des
principaux Pères de l'Église. Réorganisées à plusieurs reprises sous la direc
tion du Pouvoir royal et du Clergé de France, ces deux Compagnies conser
vèrent leurs privilèges durant plus d'un siècle, jusqu'en 16602.
1. Afin d'éviter la multiplication des notes, indiquons une fois pour toutes un certain
nombre d'ouvrages qui ont été d'un usage constant dans la préparation de cet article : Phi
lippe Renouard, Documents sur les imprimeurs parisiens, libraires... ayant exercé à Paris de 1450
à 1600, Paris, 1901, in-8° ; Georges Lépreux, Gallia typographica, Série parisienne, t. I : Livre
ďor des imprimeurs du Roi, Paris, 1911, in-8°, ouvrage très précieux, contenant notamment
les résultats d'un dépouillement systématique des arrêts du Conseil privé (série V 6 des Archives
Nationales) ; Jean de la Caille, Histoire de l'imprimerie et de la librairie, Paris, 1694, in-4°:
publication d'un imprimeur parisien du XVIIe siècle ; renseignements intéressants sur la filia
tion des fonds de librairie. — Principales sources manuscrites utilisées : archives de l'inspection
de la librairie, Collection Anisson (Bibl. Nat., ms. fr. 22061-22193) qui contiennent de nom
breux recueils de documents concernant le xvii° siècle ; archives de la Communauté des impri
meurs et libraires parisiens {Ibid., ms. fr. 21813-22060) ; Archives Nationales ; enfin Minutier
central des notaires (nombreux actes intéressants, notamment dans l'étude XLIII).
— Nous remercions les notaires qui nous ont autorisé à consulter ces actes, et les archivistes
qui nous ont guidé dans nos recherches.
2. La Compagnie des Usages et celle du Navire étaient de grosses affaires de librairie.
Vers 1640, elles commandèrent, ainsi que l'Imprimerie royale qui venait d'être créée, et dont
on constituait les stocks, tant de papiers que les réserves des papeteries du centre de la France .
s'

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