L éducation pour la santé : affaire de professionnels ? (Commentaire) - article ; n°3 ; vol.2, pg 105-115
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Sciences sociales et santé - Année 1984 - Volume 2 - Numéro 3 - Pages 105-115
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 38
Langue Français

Extrait

Jean-Pierre Deschamps
L'éducation pour la santé : affaire de professionnels ?
(Commentaire)
In: Sciences sociales et santé. Volume 2, n°3-4, 1984. pp. 105-115.
Citer ce document / Cite this document :
Deschamps Jean-Pierre. L'éducation pour la santé : affaire de professionnels ? (Commentaire). In: Sciences sociales et santé.
Volume 2, n°3-4, 1984. pp. 105-115.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_1984_num_2_3_981Sociales et Santé - vol. II - n° 3-4 - octobre 1984 Sciences
Commentaire
L'ÉDUCATION POUR LA SANTÉ :
AFFAIRE DE PROFESSIONNELS ?
Jean- Pierre Deschamps '■
Pendant bien longtemps, l'article de Françoise Bouchayer
m'a laissé perplexe et sans possibilité de réagir. Peut-être était-
ce parce que d'emblée l'auteur m'a entraîné dans les profon
deurs (obscures pour moi) de la sociologie, où la «rationalité
politico-sanitaire» et la «rationalité politico-économique» se
substituent à des concepts d'apparence plus évidente - ou plus
simplement formulés pour le commun des hommes - qui légit
iment l'éducation pour la santé: diminuer la souffrance, aider à
lutter contre la maladie, partager les savoirs, rendre les indivi
dus plus libres.
A la réflexion, ma perplexité a une autre origine: l'article
ne traite pas de l'éducation pour la santé, il traite de l'action
d'un organisme officiel appelé Comité Français d'Education
pour la Santé. Assimiler l'une à l'autre, c'est passer sous
silence le seul domaine de l'éducation pour la santé que je
connaisse: celui de l'éducation sanitaire réalisée au quotidien,
sur le terrain, celle qui généralement n'est pas nommée, ni
financée, ni encensée, celle à laquelle s'attachent ceux que J. P.
Aujoulat appelait si bien les «acteurs permanents de l'éduca
tion sanitaire»: enseignants, animateurs de vie associative,
professionnels de la santé...
Entendons-nous bien : je ne fais pas reproche à l'auteur de
n'avoir pas évoqué ces aspects. Je regrette un peu, pourtant,
que le titre laisse attendre un large panorama alors que le
texte se focalise sur un point particulier, qui est loin d'être le
* J.P. Deschamps, Professeur de Santé publique (Faculté de Médecine de
Nancy), Centre de médecine préventive, 2 avenue Jacques Parisot, 54500
Vandœuvre-les- Nancy. JEAN-PIERRE DESCHAMPS 106
plus intéressant à mon avis. Parce qu'à partir de là le raiso
nnement est faussé. Non, l'éducation pour la santé n'est pas une
discipline et ne cherche pas à l'être; dès lors il est réducteur de
ne s'intéresser qu'à «la principale institution spécialisée» en ce
domaine. Non, l'éducation pour la santé n'est pas d'abord
affaire de spécialistes, fussent-ils médecins ou... sociologues.
Non, ce ne sont pas les 50 personnes et les 50 millions de
francs du Comité Français d' Education pour la Santé (CFES)
qui font l'éducation pour la santé en France; ce sont des mill
iers de personnes... sans aucun moyen, mais qui, en revanche,
attendent formation, reconnaissance, conseils, encourage
ments.
Entendons-nous bien encore: loin de moi l'idée de faire le
procès du CFES, que je connais très peu. Il n'y a pas de juge
ment de valeur dans mes propos, mais le désir de clarifier
certains schémas. Il n'y a pas en France une éducation pour la
santé, mais des actions différentes et complémentaires les unes
des autres:
- Celle du CFES, que Françoise Bouchayer a analysée, et
dont il faut dire que, jusqu'à ces dernières années, elle était
fort éloignée des réalités du terrain, puisque limitée à des
«campagnes» et à la réalisation de documents, l'ensemble
devant s'adresser à cinquante millions d'individus censés être
des «français moyens», ou au moins à de larges catégories
d'entre eux (enfants, personnes âgées...) (Pourquoi n'a-t-elle
pas cité, à ce propos, l'excellent rapport d'E. Levy au Conseil
économique et social?); ce type d'actions n'est pas plus mauv
ais que les autres; il est différent et ne peut prétendre résu
mer l'éducation pour la santé.
- Celle des comités régionaux et départementaux d'éducation
pour la santé, non financés par le CFES, devant consacrer
une grande partie de leur énergie à récolter un peu d'argent,
mais effectuant souvent un travail remarquable, plus proche
des réalités que celui qu'on peut faire dans le 76eme arrondisse
ment de Paris. Je pense, par exemple, aux actions de format
ion d' «acteurs permanents» telles qu'elles se déroulent à
Grenoble, à Toulouse ou à Nantes. Il est dommage que l'arti
cle ne se soit pas intéressé à l'action de ces organismes.
- Celle des organismes «spécialisés» dans l'approche d'un pro
blème (cancer, consommation de tabac ou d'alcool, maladies
sexuellement transmises...). Françoise Bouchayer a raison de
mentionner le manque de coordination de ces organismes
entre eux et avec le CFES, et, pire, les divergences qui les
opposent parfois. COMMENTAIRE 107
- Celle, enfin, j'y insiste, de tous les sans-grade de l'éducation
pour la santé, à laquelle j'ai consacré un papier récent et un
tantinet provocateur dans les colonnes d'une revue médicale et
dont quelques extraits figurent ici en annexe. La mise en
place, ces dernières années, des actions menées au moyen des
crédits décentralisés de prévention, notamment par les comités
départementaux et locaux de promotion de la santé, a fait se
multiplier des projets dynamiques et novateurs d'éducation
pour la santé. Ce phénomène d'ampleur jusqu'alors inconnue
me paraît bien plus significatif que le fonctionnement du
CFES.
Cela étant dit, quelques propos ont suscité mon adhésion
enthousiaste ou au contraire mon désaccord attristé.
Oui, d'accord, l'éducation pour la santé stigmatise trop les
comportements individuels et ne prend pas assez en compte
les problèmes d'environnement. Oui, elle est trop souvent, sur
tout au travers des grandes campagnes, directive et culpabili
sante; elle utilise de façon sélective les connaissances
bio-médicales et épidémiologiques ; elle est fréquemment nor
mative; elle confond souvent des comportements-réponses (la
consommation de drogue ou d'alcool chez les jeunes) avec des
problèmes que l'on va alors essayer d'éradiquer sans prendre
garde à leur origine et à leur contexte.
L'éducation pour la santé n'est-elle pas, au fond, comme
tout processus éducatif, parfois purement informative, direct
ive, autoritaire, individualiste, d'autres fois responsabilisante,
libérale, communautaire? Sans doute serait-ce idéal que tous
les «éducateurs de santé» (non, ce ne sont pas des profession
nels) soient à l'éducation pour la santé ce que Montessori,
Freinet ou Korczack ont été à la pédagogie. Honnêtement,
combien la pédagogie a-t-elle compté de Montessori, etc.. au
regard de tous ces éducateurs autoritaires et normatifs que
chacun a connus ? D'accord, l'argument est tiré par les che
veux, mais il peut aider à comprendre pourquoi l'éducation
pour la santé n'est pas forcément conforme à ce que l'on sou
haiterait qu'elle soit.
Non, pas d'accord. Il n'est pas sérieux de contester les
effets du tabac sur le développement de l'enfant in utero ou
sur les non-fumeurs exposés à la fumée du tabac des autres.
C'est une autre utilisation sélective des connaissances bio- JEAN-PIERRE DESCHAMPS 108
médicales et épidémiologiques, exactement symétrique de celle
que Françoise Bouchayer récuse quelques lignes plus haut.
Bien sûr, fumer 1 ou 20 cigarettes par jour n'expose pas aux
mêmes risques. Mais quel fumeur de 20 cigarettes réussira à
réduire de 20 à 1 plus facilement qu'à arrêter totalement de
fumer?
Plus concrètement, l'auteur a-t-il vécu le calvaire d'un
malade atteint de cancer de l'œsophage, les derniers mois
patient mourant d'un cancer du poumon,

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