L enseignement en Rwanda - article ; n°59 ; vol.15, pg 707-722
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Description

Tiers-Monde - Année 1974 - Volume 15 - Numéro 59 - Pages 707-722
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Erny
L'enseignement en Rwanda
In: Tiers-Monde. 1974, tome 15 n°59-60. pp. 707-722.
Citer ce document / Cite this document :
Erny Pierre. L'enseignement en Rwanda. In: Tiers-Monde. 1974, tome 15 n°59-60. pp. 707-722.
doi : 10.3406/tiers.1974.2034
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1974_num_15_59_2034L'ENSEIGNEMENT AU RWANDA
par Pierre Erny*
Le système d'enseignement que l'on trouve aujourd'hui au Rwanda peut
se comprendre d'abord à partir du système institué par le colonisateur belge
avec l'esprit duquel on n'a jamais vraiment rompu, et ensuite à partir des
efforts réalisés par le gouvernement du Rwanda indépendant pour mieux
adapter l'école aux besoins et aux possibilités du pays. A l'heure où nous
écrivons, un vaste projet de réforme de l'enseignement primaire est à l'étude,
qui devra nécessairement, s'il se réalise, avoir des prolongements au niveau
secondaire et supérieur. Le ministère de l'Education nationale est en train
de procéder à une large consultation sur ce point, dont il est prématuré de
prévoir l'issue. Mais la philosophie de cette réforme a déjà été définie dès
le ier août 1973 par le général-major Habyalimana au moment de son accession
à la présidence de la République :
« Le ministère de l'Education nationale doit assurer la coordination de toutes les études,
auxquelles participeront les représentants des différents secteurs concernés, pour trouver une
meilleure orientation de l'enseignement au Rwanda. Les efforts financiers consentis pour
ce secteur si important doivent rester dans les proportions raisonnables de l'ensemble du
budget. Ainsi l'enseignement primaire doit être conçu, non pour conduire au cycle secondaire,
mais pour donner à la nation des citoyens responsables, capables de participer utilement à
l'effort général de développement. »
l'héritage du passé
L'école débuta au Rwanda à l'époque allemande grâce à l'action très
vigoureuse des missions, principalement catholiques. Quand le pays passa
sous contrôle belge au cours de la première guerre mondiale, l'embryon
d'enseignement officiel laïc laissé par les Allemands connut un certain dévelop
pement, mais sans grand succès. A partir de 1924 on chercha à aligner la poli
tique scolaire pratiquée au Rwanda sur celle du Congo voisin, définie par
une Commission réunie autour du ministre des Colonies Frank en 1922,
et caractérisée par les traits suivants.
* Professeur à l'Université nationale du Rwanda, Butare. PIERRE ERNY
a) L'administration confiait le soin de l'enseignement aux missions
« nationales », c'est-à-dire essentiellement catholiques, à partir de 1925, et
d'une manière plus générale aux missions chrétiennes à partir de l'intervention
du ministre libéral Godding en 1946, en passant avec elles des conventions à
long terme et en accordant à cet enseignement libre et confessionnel de larges
subsides moyennant le respect des réglementations et des programmes définis
par l'Etat. Le vicariat apostolique du Rwanda était ainsi appelé à jouer le
rôle d'un véritable ministère de l'Education nationale. Les établissements
officiels, tel le célèbre groupe scolaire d'Astrida (l'actuel Butare), furent
confiés directement à des congrégations religieuses. C'est cette situation que
l'on a pu qualifier de manière plus ou moins exacte de monopole scolaire des
églises. On lui attribuait les mérites suivants : permettre une extension des
écoles aux moindres frais, présenter un maximum de garanties morales, favo
riser le remplacement des croyances traditionnelles vouées à l'effritement par
un autre système religieux cohérent.
b) Dans les règlements et les schémas d'organisation successifs de 1925,
1929, 1938, 1948 et 1952, le colonisateur belge a toujours mis l'accent sur la
scolarisation de base, touchant la grande masse des enfants, sans prétentions
intellectuelles, à caractère utilitaire, essentiellement agricole et artisanale, où
l'on accordait une importance primordiale à l'éducation morale chrétienne,
prolongée pour une minorité soigneusement sélectionnée par des sections
postprimaires spécialisées destinées à fournir les auxiliaires locaux dont l'Etat
avait besoin dans le domaine de l'administration, de l'assistance médicale, de
l'agriculture et de l'enseignement. Malgré les observations faites à ce sujet
par les Commissions de visite de l'O.N.U. — le Rwanda étant pays sous
tutelle — , l'enseignement secondaire proprement dit n'a été longtemps repré
senté que par le petit séminaire, et ne connaîtra un développement véritable,
quoique modeste, qu'après 1954, sous l'aiguillon, sans doute, des querelles
scolaires introduites alors par le ministre des Colonies Buisseret. Les réglement
ations d'après-guerre rendirent possible la création d'établissements dits
« interraciaux » où quelques enfants autochtones ou asiatiques étaient admis à
être instruits avec les jeunes Européens. La fascination que les programmes
métropolitains ainsi appliqués exercèrent alors sur l'opinion publique annihila
en peu de temps les tentatives d'adaptation et d'africanisation esquissées
en 1948. Les Rwandais eurent accès à l'enseignement supérieur implanté au
Congo à partir de 1954. Une éphémère Faculté d'Agronomie et de Zoo
technie a fonctionné à Butare de 1957a 1959.
c) Le colonisateur belge a toujours jugé préférable de dispenser l'enseign
ement élémentaire dans la langue du pays. Le kinyarwanda a tenu et tient encore
une place importante au niveau primaire et il a évincé en cours de route le
kiswahili dont missions et administration redoutaient qu'il ne devînt le véhicule
708 L'ENSEIGNEMENT AU RWANDA
des influences islamiques montant de la côte est. Le français n'apparaissait
que dans un second temps au cours de la scolarité primaire et il ne s'est jamais
répandu sur une vaste échelle dans la population. Cette politique a eu pour
avantage d'éviter aux Rwandais les complexes linguistiques dont souffrent
tant de populations africaines.
Il nous paraît intéressant pour la suite de l'exposé de relever ici un trait
de la réforme introduite en 1948 par l'administration scolaire belge. Après
les deux premières années de scolarité primaire, elle instituait une distinction
très nette, dans les écoles de garçons, entre un deuxième degré ordinaire où
se donnait un enseignement de masse, et un sélectionné,
destiné à dégager une future élite intellectuelle. Voici comment un de ses
auteurs définit l'esprit de cette réforme :
« Les cours des premier et second degré ordinaires, eux-mêmes précédés de classes gar
diennes ou préparatoires, s'attacheront à préparer directement les jeunes indigènes à la vie
qu'ils auront à mener dans le milieu coutumier, donc à entretenir ou à faire éclore chez eux
le goût des activités agricoles ou artisanales locales et à les éduquer socialement par des
leçons de choses, le commentaire approprié de proverbes ou de fables indigènes, des jeux
éducatifs, etc.
« Organisées le plus souvent sous forme d'internats créés dans les postes de missions, les
écoles du second degré sélectionné contribueront davantage à l'éducation générale des
élèves et s'attacheront spécialement à renforcer leur faculté de raisonnement. L'enseignement
du français y sera assuré de telle sorte que les jeunes gens soient en mesure de suivre sans
effort et avec fruit les cours de l'école secondaire donnés uniquement en langue
européenne » (1).
L'idée du législateur semble avoir été qu'il fallait à tout prix empêcher
de poursuivre des études autres qu'agricoles et artisanales tout enfant dont
on n'était pas certain qu'il en avait les aptitudes. Car l'expérience montrait
qu'une fois qu'il y avait goûté, si peu que ce fût, il ne lui était plus psycholo
giquement possible de retourner dans son milieu. On po

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