L Espagne de Charles Quint et de Philippe II - article ; n°1 ; vol.6, pg 49-60
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1951 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 49-60
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Fernand Braudel
L'Espagne de Charles Quint et de Philippe II
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 6e année, N. 1, 1951. pp. 49-60.
Citer ce document / Cite this document :
Braudel Fernand. L'Espagne de Charles Quint et de Philippe II. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 6e année, N. 1,
1951. pp. 49-60.
doi : 10.3406/ahess.1951.1908
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1951_num_6_1_1908L'ESPAGNE DE CHARLES QUINT ET DE PHILIPPE II
Deux voyages en Espagne, le premier à l'époque de Charles Quint et
presque de Philippe, — celui-ci vient de naître, 1527, et grandit..., — le
second de 1568 à 1598 à travers les trente dernières années du règne de Phi
lippe II. Le premier grâce à un recueil de documents, celui du R. P. José
M. March 1, paru en 1941 et 1942, le second par les faveurs du livre surchargé
d'intelligence et de pensée du Dr Gregorio Maraôon 2, qui, en l'écrivant pour
notre plaisir, a rempli les années d'amertume et de tristesse que l'exil et
les circonstances ne lui ont pas épargnées.
Les deux gros volumes de documents consacrés à l'enfance et à la jeunesse
du futur Philippe II que publie le R. P. J. March, de façon paradoxale,
nous renseignent assez peu sur les premières années du prince. On apprend
à les lire que l'enfant aima moyennement l'étude et davantage la chasse,
que son « maestro » Siliceo, futur cardinal de Tolède, fit preuve de faiblesse
ou, pour le moins, de complaisance à son endroit, que le petit prince fut élevé
dans l'admiration de son père, — on le savait, — qu'il fut d'une foi vive
et précoce. Sur l'homme jeune, sur sa froideur à l'égard de sa première femme,
Marie de Portugal, telle note jette sans doute une lumière aiguë, mais brève.
Au total, peu de chose et donc, en ce qui concerne la biographie des pre
mières années du prince, une assez grosse déception.
Et pourtant, comment dire l'intérêt de ces deux gros volumes riches d'en-
eeignements souvent inattendus sur l'entourage du prince et l'Espagne de
la première moitié du xvie siècle ? Les historiens feront bien de ne pas négli
ger cette source importante. Ils y trouveront une série de notes biographiques
intéressantes, sur Pedro Gonzalez de Mendoza (frère de Diego Hurtado/de
Mendoza), sur Juan Martinez Siliceo, ou Juan de Zúfliga (précepteur et ma
jordome de la maison du Prince) et sa femme, Estefania de Requesens. Ces.
1. Niňez g Juventud de Phelippe H, Madrid, Éditions du Ministère Espagnol des Affaires
Étrangères, 1 vol. in-4°, 1941 et 1942, 271 et 533 p.
2. Antonio Pérez, Madrid, Espasa Calpe, 2e édit., 1948, 2 vol. in-8°, xxxn-1003 p.
Anhaibs (6e année, janvier-mars 1951, n» 1). 4 50 . ANNALES.
deux derniers personnages, celle-ci si douce, si lumineuse, celui-là si honnête
et si rogue, sont les vedettes de ce gros recueil. On devine, au travers de leurs
lettres, une grande famille de la noblesse d'Espagne, à cheval sur Castille
et Catalogne, prise dans mille difficultés, dont celles d'argent, obligée de compt
er pour elle et les siens sur les largesses de l'Empereur, d'où des demande»
réitérées, insistantes, — une famille engagée aussi, ne serait-ce que par se»
liaisons avec les Jésuites, dans les courants religieux les plus vifs du temps.
***
Ce temps se présente à nous de façon inattendue, au fil d'une lecture
souvent divertissante, toujours instructive, dans une pluie de petites et de
grandes nouvelles, extraites des lettres de Charles Quint à ses ministres et
serviteurs d'Espagne, ou des lettres de ces ministres et serviteurs à l'Emper
eur qui s'obstine à poursuivre ses voyages lointains, pour la plus grande *
peine de ses sujets et le chagrin profond de l'Impératrice Isabelle. Mais com
ment choisir, pour ce bref compte rendu, entre tant de nouvelles isolées ?
Elles ne se rapprochent de façon un peu suivie que pour les années^ 1544-
1546 et dessinent alors de façon assez nette une crise des finances publiques
en* Espagne. Oise de l'État, non des particuliers qui n'hésitent pas malgré
les lois somptuaires à gaspiller des fortunes en fanfreluches et vêtements de
soie (I, p. 147-8, 19 janvier 1544), et cependant le trésor est à sec, les ministres
à court d'imagination se sont décidés à convoquer les Cortès bien que le»
« services » passés soient encore en voie de recouvrement et que l'on ait
songé à vendre des biens des ordres, des rentes (juros) et otras cosas ? Juan
de Tavera, archevêque de Tolède (3 février 1544, I, p. 145-6) recommande en .'
tout cas la paix, à cause de la détresse des finances et de la gêne économique
par suite du « manque qui se fait sentir dans les royaumes de l'argent qui
avait l'habitude d'y circuler ». Aussi bien l'État ne peut-il vivre, à Vallado-
lid, qu'au jour le jour (I, p. 146-7, 15 février 1544). Les princesses, sœurs de
Philippe II, n'ont pas d'argent pour dépêcher des courriers urgents (19 et
21 juin 1544, I, ps 175-176). Philippe, chargé depuis 1543 du gouvernement
des royaumes d'Espagne, écrit à son père (Valladolid, 17 sept. 1544, I,
p. 140-42) qu'il faut faire la paix, de plein gré, avant d'y être contraint par
la pénurie du trésor, d'autant « qu'il faut voir ce que souffre la Chrétienté..^
et le manque d'argent pour soutenir la guerre davantage et l'impossibilité .
même d'en trouver pour les dépenses ordinaires... ». Quand la nouvelle de la
paix de Crespy-en- Valois arrive à Valladolid, le 18 octobre 1544 (I, 143), il
n'y a pas de mot pour célébrer la buena nueva de la paz, « chose Ъоппе,
nécessaire, honorable et que l'on doit croire durable » (14 oct. 1544, 1, p. 148).
Mais la paix qui permet aux princes et aux peuples de soupirer d'aise, ne
ramène pas aussitôt l'abondance dans les coffres que surveille Philippe. On
empêche, de justesse, la femme de ce dernier d'engager ses pierres pour obte
nir des avances en argent (18 nov. 1544, p. 143-4). L'année suivante, mêmes
difficultés : l'État ne trouve à emprunter que des sommes dérisoires (25 mars
1545, 1, p. 182). Sans doute, par l'intermédiaire de Philippe, est-ce la voix â&
\ DE CHARLES QUINT ET DE PHILIPPE II 51 L'ESPAGNE
l'Espagne qui cherche à se faire entendre auprès de Charles Quint, maître de
tant d'États et de tant de coffres vides, ou que l'on proclame vides. Écoutons-
la. Qu'on ne compare pas l'Espagne à la France qui, Charles Quint vient de le
souligner, a fourni à son roi un « service » important comparativement au
minuscule emprunt de 20 000 ducats que l'Espagne offre alors. Il y a la fer
tilité de la France, écrit Philippe — à qui on a peut-être fait la leçon — « alors
que la stérilité de ces royaumes d'Espagne est bien connue deJVotre Majesté;
à la suite de la mauvaise récolte d'une année contraire le peuple reste appauv
ri au point de ne pouvoir relever la tête des années durant ». (Philippe à
Charles-Quint, 25 mars 1545, I, p. 182.) Même marasme, en 1546, où la néces
sité est énorme, y tan pocas las consignaciones (28 janvier 1546, I, s. 209). En
septembre on a eu toutes les peines du monde à réunir 150 000 ducats pour
les envoyer à l'Empereur (11 sept. 1546, 1, p. 209) et voilà à l'horizon la guerre
qui se dessine encore, cette fois contre les Protestants d'Allemagne (I, p. 210).
« Qu'en adviendra-t-il si Dieu, dans sa bonté, n'y met la main et n'y remédie ? »
Je ne crois pas que les histoires générales fassent une place à cette crise
financière — et pas seulement financière — des années 1544-1546 ; elles sont
trop occupées à préciser les péripéties d'une nouvelle campagne de France —
ein Marnefeldzug, écrit Karl Brandi — qui amènera Charles Quint jusqu'à
Épernay et ses cavaliers jusqu'à Meaux au début de septembre 1544 (Karl
Brandi, Kaiser Karl F., I, p. 444). Elles sont ensuite trop exclusivement
attentives aux négociations et aux accords publics ou secrets de Crespy (14-
18 sept. 1544). Mais cette crise, que nous voyons si nette en Espagne, n'y est
pas seulement financière. Je ne crois pas sans utilité de signaler à ce propos
un mémoire de Siliceo à Charles

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