L espérance de vie à la naissance et la surmortalité féminine en Algérie en 1954 - article ; n°6 ; vol.53, pg 1209-1226
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L'espérance de vie à la naissance et la surmortalité féminine en Algérie en 1954 - article ; n°6 ; vol.53, pg 1209-1226

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Description

Population - Année 1998 - Volume 53 - Numéro 6 - Pages 1209-1226
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Kamel Kateb
L'espérance de vie à la naissance et la surmortalité féminine en
Algérie en 1954
In: Population, 53e année, n°6, 1998 pp. 1209-1226.
Citer ce document / Cite this document :
Kateb Kamel. L'espérance de vie à la naissance et la surmortalité féminine en Algérie en 1954. In: Population, 53e année, n°6,
1998 pp. 1209-1226.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1998_num_53_6_6964L'ESPERANCE DE VIE A LA NAISSANCE ET LA
SURMORTALITÉ FÉMININE EN ALGÉRIE EN 1954
Dans la théorie de la transition démographique, la première phase de celle-ci
est caractérisée par une baisse de la mortalité, sans que la fécondité connaisse quant
à elle de modification substantielle, ce qui entraîne un fort taux de croissance natur
elle. Il est par conséquent indispensable, pour connaître l'histoire de la population
des pays en transition, de situer l'amorce de la baisse de la mortalité, ainsi que l'i
mportance de cette baisse. Les travaux récents de J. Vallin et de D. Tabutin ont montré
qu'il existait une surmortalité féminine à différents âges dans les populations d'Afri
que du Nord. En ce qui concerne l'Algérie plus particulièrement, les statistiques an
térieures à l'indépendance ne font pas ressortir suffisamment cette caractéristique de
la mortalité, du fait du sous enregistrement, et la surmortalité féminine a persisté
jusqu'au début des années quatre-vingt (Tabutin, 1991). De plus, les estimations dis
ponibles de l'espérance de vie à la naissance pour les années cinquante semblent
optimistes par rapport à la réalité économique et sociale que vivaient les «Français
musulmans» de l'époque. Le présent travail s'inscrit dans une problématique plus
large, visant à reconstituer une histoire statistique des populations de l'Algérie pen
dant la période coloniale ; on utilisera donc certaines techniques de correction du
sous-enregistrement de la mortalité mises au point au cours de ces vingt dernières
années, pour proposer des estimations de la mortalité en Algérie plus fiables que
celles obtenues par des méthodes plus classiques.
I. - La correction nécessaire des données de l'état civil
Les décès enregistrés à l'état civil indiquent une baisse de la mortalité pour les
populations européennes (Français non musulmans) et indigènes algériennes (désignées
comme «Français musulmans» dans les statistiques de l'époque). L'enregistrement des
décès de la population européenne était effectué, depuis 1935, selon les modes en v
igueur en France et ne souffrait pas d'omission. La mortalité de ce groupe a connu une
baisse continue de 1921 à 1954 : en 33 ans, le taux a baissé de moitié environ, passant
de 16,3 p. 1000 en 1921-1925 à 10 p. 1000 en 1951-1955. Cette tendance s'était
amorcée dès la fin du siècle dernier, le taux passant de 32 p. 1 000 en 1881-1885 à
18,2 p. 1 000 en 1906-1910 (tableau 1), et elle n'a été contrariée que très légèrement
par les deux guerres mondiales.
La baisse de la mortalité enregistrée est, en valeur relative, moins importante
pour la population indigène algérienne. Celle-ci est marquée par une plus grande
irrégularité : le taux est passé de 19,8 p. 1 000 en 1921 à 16,5 p. 1 000 en 1936-
1940, puis est remonté en 1941-1945 à 27,5 p. 1 000 pour tomber à 13,4 p. 1 000
en 1951-1954. Les moyennes annuelles des taux bruts de mortalité semblent s'être
réduites entre les deux grands conflits mondiaux : 19,8 p. 1 000 entre 1921-1925
et 16,5 p. 1 000 entre 1936-1940; puis elles ont connu une hausse sensible au cours
des années quarante, sans qu'on puisse séparer ce qui résultait d'une hausse incon-
Population, 6, 1998, 1209-1226 К. КАТЕВ 1210
Tableau 1.- Évolution de la mortalité en Algérie (par période quinquennale, p. 1 000)
Taux de Taux de mortalité Taux de Taux de
indigènes indigènes Période mortalité Période mortalité
européens européens Corrigé* Corrigé* Enregistré Enregistré
? 1881-1885 32,0 1921-1925 16,3 19,8
1886-1890 32,8 1926-1930 15,4 17,7 35,0
1891-1995 28,8 1931-1935 14,2 16,7 32,0
1896-1900 23,1 1936-1940 12,6 16,5 35,0
40,0 13,4 43,1 1901-1905 21,1 21,3 1941-1945 27,5
32,2 1906-1910 18,2 19,8 1946-1950 11,6 20,9
1911-1915 16,9 17,9 36,0 1951-1955 10,0 13,4 25,0
9 1916-1920 17,4 20,4
* J. Vallin, 1975, « La mortalité en Algérie », Population, 6, p. 1023-1046.
Les corrections apportées par J. Vallin s'appuient sur le calcul du sous-enregistrement des décès à
partir de l'enquête démographique à trois passages, réalisée en 1969-1970, et sur l'enregistrement
relativement correct des décès des communes urbaines et de l'agglomération d'Alger.
testable de la mortalité de ce qui correspondait à un meilleur enregistrement des
décès.
La série chronologique des décès enregistrés de 1921 à 1955 indique un nomb
re de décès proches de 100 000 par an pendant toute la période précédant la Se
conde Guerre mondiale. Pendant cette guerre, leur nombre a augmenté de plus de
100%, atteignant 153 512 en 1941, puis 233 388 en 1942, pour décliner les deux
années suivantes (185 572 et 170 977 décès). La surmortalité enregistrée se poursuit
au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : les décès dépassent les 200 000 en
1945 (massacres du 8 mai dans le Constantinois et sécheresse) et 1946, pour ne
retrouver le niveau d'avant guerre qu'à partir de 1949. La surmortalité des années
1940 à 1948 a des causes multiples : à la guerre et aux perturbations qu'elle a
induites en matière d'approvisionnement en produits alimentaires et en médicaments,
il faut ajouter les épidémies de typhus des années 1941-1942 et de fièvres récur
rentes en 1944-1945, ainsi que la sécheresse des années 1945-1946. Il est fort pos
sible que la période corresponde aussi à un meilleur enregistrement des décès.
Pour la population indigène algérienne, il faut tout d'abord signaler que la
collecte et le traitement des données d'état civil étaient encore réalisés par les com
munes, les services de la Statistique générale ne faisant qu'agréger les tableaux
ainsi élaborés sans possibilités de contrôle. Par ailleurs les taux de mortalité, s'ils
indiquent la tendance générale de la mortalité, ne permettent cependant pas sa me
sure exacte, une partie importante des décès échappant aux enregistrements. J. Breil
considérait que les omissions d'enregistrement des décès à l'état civil rendaient
vaine toute tentative de mesure correcte de la mortalité et, par conséquent, de la
détermination de la tendance réelle de la mortalité des musulmans d'Algérie. Les
taux de mortalité des trente communes urbaines pour lesquelles les enregistrements
étaient relativement corrects indiquent une mortalité plus élevée que celle de l'Algérie
entière (tableau 2) : ceci semble peu probable, dans la mesure où malgré la présence
de bidonvilles dans les principales villes, il n'en reste pas moins que les conditions
d'existence étaient meilleures dans les zones urbaines que dans les zones rurales (ra
ttachement des logements aux égouts, accès à l'eau potable et à l'électricité, revenus
plus élevés...). NOTES ET DOCUMENTS 121
Tableau 2. - Evolution annuelle de la mortalité générale (1947-1954)
Taux de mortalité p. 1 000 Taux de mortalité p. 1 000
Musulmans Musulmans
Année Européens Année Européens Algérie Communes Algérie Communes
entière urbaines entière urbaines
1947 24,5 27,4 12,1 1951 14,3 20,4 9,9
1948 19,5 24,9 10,8 1952 18,4 9,0 13,3
14,9 23,2 13,4 1949 10,3 1953 18,7 8,8
1950 15,0 21,0 10,0 1954 13,1 17,5 8,8
Sources : J. Breil et Statistique générale de l'Algérie.
Le sous-enregistrement des décès est plus manifeste encore si l'on compare
la mortalité des enfants de moins de 1 an dans les populations européenne et i
ndigène : la mortalité infantile dans cette dernière population est inférieure à celle
de la première jusqu'en 1946. Les lacunes de l'état civil ét

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