L estimation du temps : perspective développementale - article ; n°3 ; vol.100, pg 443-464
23 pages
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L'estimation du temps : perspective développementale - article ; n°3 ; vol.100, pg 443-464

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Description

L'année psychologique - Année 2000 - Volume 100 - Numéro 3 - Pages 443-464
Summary : The estimation of time : A developmental perspective.
Psychologists ceased debating the subjective and objective experience oftime 10 years ago due to the findings of experiments suggesting that an internal clock is devoted to the treatment of temporal information in animals as well as human adults. Nevertheless, in the face of 1- to 6-year-old children's inaccurate temporal judgements, this discussion continued in developmental psychology. In particular, a dissociation has been established between the first forms of temporal experience in infants (temporal discrimination, temporal conditioning) and the adult-like representation of time. Recent studies reveal that 3-year-olds are also able to judge precisely time, but only under particular experimental conditions (filled duration, simultaneous imitation...). Thus, 3-year-olds representation of time differs clearly from older children's notion oftime. It appears that 3-year-olds possess a highly concrete sense of time that is specific to each action or experienced event.
Key words : time, development, representation.
Résumé
A partir des années 80, les psychologues ont cessé de débattre la nature objective ou subjective du temps, les recherches suggérant l'existence chez l'animal comme chez l'homme d'une véritable horloge interne dévolue au traitement de l'information temporelle. Mais devant les mauvaises estimations temporelles des enfants âgés, notamment, de 1 à 6 ans, cette opposition a subsisté en psychologie du développement. En effet, une scission a été établie entre les premières formes d'expérience du temps chez le nourrisson (discrimination temporelle, conditionnement au temps) et la représentation du temps. Les travaux récents menés auprès d'enfants âgés de 3 ans ont permis de montrer qu'ils sont aussi capables de jugements temporels précis, mais dans des conditions particulières (durée pleine, imitation-copie...). Aussi, leur représentation du temps différerait-elle de la notion de temps absolu des enfants plus âgés. Il s'agirait d'une sorte de « temps éclaté » spécifique à chaque action ou événement dont l'enfant a fait l'expérience.
Mots clés : temps, développement, représentation.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

S. Droit-Volet
L'estimation du temps : perspective développementale
In: L'année psychologique. 2000 vol. 100, n°3. pp. 443-464.
Abstract
Summary : The estimation of time : A developmental perspective.
Psychologists ceased debating the subjective and objective experience oftime 10 years ago due to the findings of experiments
suggesting that an internal clock is devoted to the treatment of temporal information in animals as well as human adults.
Nevertheless, in the face of 1- to 6-year-old children's inaccurate temporal judgements, this discussion continued in
developmental psychology. In particular, a dissociation has been established between the first forms of temporal experience in
infants (temporal discrimination, temporal conditioning) and the adult-like representation of time. Recent studies reveal that 3-
year-olds are also able to judge precisely time, but only under particular experimental conditions (filled duration, simultaneous
imitation...). Thus, 3-year-olds representation of time differs clearly from older children's notion oftime. It appears that 3-year-olds
possess a highly concrete sense of time that is specific to each action or experienced event.
Key words : time, development, representation.
Résumé
A partir des années 80, les psychologues ont cessé de débattre la nature objective ou subjective du temps, les recherches
suggérant l'existence chez l'animal comme chez l'homme d'une véritable horloge interne dévolue au traitement de l'information
temporelle. Mais devant les mauvaises estimations temporelles des enfants âgés, notamment, de 1 à 6 ans, cette opposition a
subsisté en psychologie du développement. En effet, une scission a été établie entre les premières formes d'expérience du
temps chez le nourrisson (discrimination temporelle, conditionnement au temps) et la représentation du temps. Les travaux
récents menés auprès d'enfants âgés de 3 ans ont permis de montrer qu'ils sont aussi capables de jugements temporels précis,
mais dans des conditions particulières (durée pleine, imitation-copie...). Aussi, leur représentation du temps différerait-elle de la
notion de temps absolu des enfants plus âgés. Il s'agirait d'une sorte de « temps éclaté » spécifique à chaque action ou
événement dont l'enfant a fait l'expérience.
Mots clés : temps, développement, représentation.
Citer ce document / Cite this document :
Droit-Volet S. L'estimation du temps : perspective développementale. In: L'année psychologique. 2000 vol. 100, n°3. pp. 443-
464.
doi : 10.3406/psy.2000.28653
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_2000_num_100_3_28653L'Année psychologique, 2000, 700, 443-464
Laboratoire de Psychologie sociale de la cognition
CNRS UPRESA 6024
Université Biaise Pascal, Clermont-Ferrand1
L'ESTIMATION DU TEMPS :
PERSPECTIVE DÉVELOPPEMENTALE
par Sylvie DROIT- VOLET
SUMMARY : The estimation of time : A developmental perspective.
Psychologists ceased debating the subjective and objective experience of time
10 years ago due to the findings of experiments suggesting that an internal clock
is devoted to the treatment of temporal information in animals as well as
human adults. Nevertheless, in the face of 1- to 6-year-old children's inaccurate
temporal judgements, this discussion continued in developmental psychology.
In particular, a dissociation has been established between the first forms
of temporal experience in infants (temporal discrimination, temporal
conditioning) and the adult-like representation of time. Recent studies reveal
that 3-year-olds are also able to judge precisely time, but only under particular
experimental conditions (filled duration, simultaneous imitation...) . Thus,
3-year-olds representation of time differs clearly from older children's notion
of time. It appears that 3-year-olds possess a highly concrete sense of time that
is specific to each action or experienced event.
Key words : time, development, representation.
1. 34, avenue Carnot, 63037 Clermont-Ferrand Cedex. E-mail :
droit@srvpsy.univ-bpelermont.fr Sylvie Droit- Volet 444
« Pourquoi dois-je attendre que le sucre
fonde ? Si la durée du phénomène est rela
tive pour le physicien en ce qu'elle se réduit
à un certain nombre d'unités de temps et
que ces unités sont ce que l'on voudra,
cette durée est absolue pour ma conscience
car elle coïncide avec un certain degré
d'impatience. »
Bergson (1968).
L'OPPOSITION
ENTRE LES CONCEPTIONS COGNITIVE
ET SENSORIELLE DU TEMPS
« La question embarrassante est de savoir si sans l'âme, le
temps existerait ou non. » Depuis cette question posée par Aris-
tote, les philosophes n'ont cessé de débattre de la réalité subjec
tive ou objective du temps. Pour Kant, comme pour Heiddeger,
sans la conscience de sa fînitude, l'homme n'aurait nulle idée de
temps. En revanche, pour Plotin, on ne peut nier sa réalité. Le
cycle des saisons, le temps d'éclosion d'une fleur, notre propre
vieillissement prouvent son existence. Comme il l'écrit, « là où il
y a vie et changement, il y a du temps ».
On retrouve cette controverse sur la nature du temps dans le
domaine de la psychologie où s'opposent deux conceptions du
temps, l'une « cognitive » et l'autre « sensorielle » (Macar,
1980).
Selon la conception « cognitive », le temps résulte d'une mise
en relation de différents événements par essence non temporels.
Pour Fraisse (1967), la durée est déduite à partir du nombre de
changements perçus. Il reconnaît néanmoins l'influence, sur les
jugements temporels, des liens unissant ces changements en une
structure d'ensemble. Il va même jusqu'à concevoir le rôle de
l'attitude des sujets et cite l'exemple de l'étudiant motivé par
son cours pour qui le temps passe plus vite. Comme déterminant
de la durée subjective, Ornstein (1969) ajoute la notion de comp
lexité de l'information. Pour lui, ce qui compte, c'est la charge
que représente en mémoire le traitement de l'information.
Comme il l'explique, plus son occupe de « place en
mémoire » (storage size) et plus la durée subjective s'allonge. Estimation du temps 445
Depuis les années 70, Block (1978, 1989, 1990) a souvent crit
iqué cette notion de complexité. Selon son propre modèle,
l'estimation du temps dépendrait plutôt de la récupération en
mémoire des changements contextuels, incluant aussi bien le
contexte situationnel que représentationnel ou émotionnel.
En dépit de l'absence de consensus sur la nature de
l'information à la base de la durée subjective, les psychologues
d'obédience cognitive s'accordent néanmoins pour considérer
que le temps dérive d'informations non temporelles. Aussi, son
jugement relèverait-il de processus généraux de traitement de
l'information. Dans cet esprit, Ornstein (1969) conteste l'intérêt
de la recherche d'un quelconque mécanisme interne, spécialisé
dans la mesure du temps.
La conception « sensorielle » considère, en revanche, le
temps comme une information en soi, dont l'existence est indé
pendante du sujet. Aussi, peut-on supposer que l'être humain
possède un système spécialisé dans le traitement de l'i
nformation temporelle ? De quel système s'agirait-il ? Dans les
premiers modèles, on a d'abord envisagé un mécanisme, simi
laire à une horloge (timer), composé d'une base de temps et d'un
simple compteur (Church, 1984 ; Gibbon, 1977 ; Treisman,
1963) (fig. 1). La base de temps, dont on ignore la nature, émett
rait en permanence des impulsions qui, lors de l'évaluation
d'une durée, transiteraient vers le compteur pour s'y accumuler
comme de simples unités arithmétiques. La durée subjective
dépendrait donc du nombre d'impulsions comptabilisées.
Switch
CLOCK
MEMORY
DECISION
Fig. 1. — Le modèle d'horloge interne
(Church, 1984) (extraite de Ferrara, 1998)
The internal Clock model (Church, 1984) Sylvie Droit- Volet 446
Rien jusqu'à présent ne permet de soutenir l'existence d'un
tel mécanisme. D'abord, la diversité des durées auxquelles
l'homme doit s'adapter (de quelques millisecondes à plusieurs
minutes) rend peu crédible la thèse d'une base de temps
unique. Treisman lui-même, qui défendait cette position, a été
conduit à introdu

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